Les Amazighs d’Europe demandent à l’Union Européenne d’assumer leurs responsabilités et de se préoccuper du drame libyen

Les Amazighs d’Europe demandent à l’Union Européenne d’assumer leurs responsabilités et de se préoccuper du drame libyen

A Leurs Excellences :

  • Mme Ursula Von Der Leyen, Présidente de la Commission Européenne;
  • M. Charles Michel, Président du Conseil Européen;
  • M. David Sassoli, Président du Parlement Européen;
  • M. Josep BORRELL, Haut Représentant de l’Union Européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité

Objet: insertion urgente, dans vos plans et programmes, la question de la résolution du chaos libyen

Excellences,

Tel que vous le savez, les populations libyennes subissent le drame d’une guerre civile, fomentée par des états étrangers qui se livrent une guerre par procuration où le seul perdant est le peuple libyen. Cette guerre a des conséquences catastrophiques sur les pays méditerranéens de l’Union Européenne, par la recrudescence de l’émigration clandestine et la «mercantilisation» d’êtres humains.

Alors que l’Europe est empêtrée dans la lutte contre la propagation du coronavirus Covid-19 et ses conséquences sanitaires et économiques, certains pays profitent de cette tragédie humaine pour tenter d’avancer leurs positions sur l’échiquier international. En l’occurrence, la Turquie et les Emirats Arabes Unis, qui continuent de financer et d’armer les deux camps libyens en guerre, en défiant et en violant toutes les résolutions de l’ONU et des accords signées en France à la conférence internationale de l’Elysée en mai 2018, puis en Italie (Palerme) le 12 novembre 2018 et dernièrement en Allemagne (Berlin) le 19 janvier dernier.

Ainsi la Turquie ne s’est pas arrêtée d’envoyer des armements lourds et de transférer des milliers de mercenaires djihadistes syriens vers Tripoli, en menaçant maintenant d’intervenir directement dans le conflit. Selon certaines sources journalistiques, certains de ces mercenaires terroristes, envoyés en sol libyen, voyant leurs salaires réduits de moitié, essaient de s’infiltrer au sein des réseaux de l’émigration clandestine pour rejoindre l’Europe[1].

Derrière la Turquie se cache un autre Etat qui finance le terrorisme islamiste international, à savoir le Qatar qui tire les ficelles du gouvernement de Fayez Serraj, à travers un ex-membre d’Al Qaida[2]. Le gouvernement Serraj qui a eu le mérite de la reconnaissance onusienne, à la suite des accords de Skhirat, s‘est fait piéger par les milices armées tribales. De l’autre côté se dresse le camp de l’autoproclamé Général Khalifa Haftar qui se trouve sous l’influence directe des princes des Emirats qui financent toute sa logistique incluant le transfert des mercenaires russes dont le secrétaire général de l’ONU vient de révéler récemment l’existence.[3]  Une guerre civile fratricide, par procuration, de deux camps qui ont malheureusement et profondément trahis les aspirations démocratiques du peuple libyen (Amazighs, Toubous et Arabophones…).

Devant cette tragédie, l’Union européenne devrait assumer ses responsabilités et se préoccuper davantage du drame libyen, dans son propre intérêt.

Or, l’ordre du jour des différentes réunions de Bruxelles et de Strasbourg, du Conseil de l’Union Européenne des Affaires extérieures, prévues ce mois de mai et pour les 7-11 et 15 du mois de juin, prochain montre la quasi absence de la question Libyenne, alors qu’elle devrait être d’une urgence totale, avant que cette situation ne se traduise par une déstabilisation totale de tous les pays d’Afrique du Nord, allant de l’Egypte jusqu’à la Mauritanie.

Il est urgent d’envoyer sur place une force internationale de maintien de la paix, sous l’égide de l’ONU, pour vérifier la réalité de l’application des accords de Berlin et faire pression pour obliger les Etats étrangers impliqués à retirer leurs aides militaires et leurs mercenaires respectifs. Cela permettrait de préparer le terrain pour une résolution politique à travers l’organisation d’élections législatives et présidentielles, après l’adoption d’une charte constitutionnelle.

Cette Constitution inclurait la reconnaissance des langues et identités libyennes, dont la langue amazighe comme langue nationale et officielle, ainsi  qu’un régime politique de type fédéral avec la représentation aux plus hautes instances du pouvoir des trois importantes régions de la Libye (par exemple, si le président élu est d’origine de la région de la Tripolitaine, le chef de gouvernement et le président du parlement devront être des autres régions, de la Cyrénaïque et du l’Ouest-Sud (Nefussa-Fezzan).

Excellences,

Dans le processus de résolution de ce conflit, à la différence de tous les sommets antérieurs, il serait opportun, logique et judicieux d’impliquer activement, primo, les Amazighs, et secundo tous les pays frontaliers et notamment d’Afrique du Nord, à savoir l’Algérie, la Tunisie, L’Egypte, le Maroc et la Mauritanie.

Si nous voulons éviter un nouveau drame de type « syrien » en Méditerranée, les pays de l’Union Européenne et les pays d’Afrique du Nord (qui sont appelés à reconstruire une nouvelle union régionale, alternative à la moribonde UMA) devraient s’impliquer d’avantage et plus que jamais à la pacification de la Libye et à sa reconstruction.

Le temps est venu de la mise en place d’une nouvelle politique de coopération internationale entre les pays des deux rives de la Méditerranée. Autrement, le chaos libyen nous précipiterait dans plus de ruptures et nous acheminerait vers plus de fractures.

En espérant avoir réveillé votre humanité, veuillez agréer, Excellences, nos salutations les plus distinguées.

Premières ONGs et associations signataires:

  • Agraw Amadlan Amazigh (AMA), Bruxelles (Belgique) ;
  • Association TAMETTUT des femmes amazighes pour la culture et le développement (Catalogne);
  • Association TIFAWIN, Bruxelles (Belgique);
  • Association EUROKASSITA de développement solidaire, Bruxelles (Belgique);
  • Association TAMAZIGHT, Liège (Belgique);
  • Survie Touarègue TEMOUST, Lyon (France);
  • Association TIWIZI 59, Lille (France);
  • Association socio-culturelle ARIF (Allemagne);
  • Association ADRAR (Pays Bas);
  • Fondation Méditerranéenne DAVID M. HART des Etudes Amazighs (Espagne);
  • Association Culturelle IMAZIGHEN de Melilla (Espagne);

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