Ghardaia, le 3 avril 2014/2964
A l’aimable attention de Monsieur John Kerry
Secrétaire d’Etat des USA
Objet: persécution de la communauté amazighe Mozabite d’Algérie
Monsieur le Secrétaire d’Etat
En Algérie, les populations amazighe, d’une façon générale, et celles du M’zab en particulier, font l’objet d’une persécution, d’abus, d’exactions et de crimes conduits et orchestrés par le pouvoir algérien. Celui-ci, à travers ses « forces de l’ordre » et par le biais de bandes chauvinistes arabes ou d’extrémistes islamistes, commet des crimes, portant atteinte aux droits humains élémentaires et nourrit un climat permanent de terreur contre les populations précitées. Les évènements de la ville de Ghardaïa, dans le M’zab, pour ne citer que ce cas, ne sont qu’un exemple, parmi d’autres, de la violation des droits humains en Algérie
Diverses institutions telles que Human Rights Watch, le Réseau Euro-méditerrannéen et autres relèvent dans leurs rapports une partie des crimes et violations commis
L’action du pouvoir algérien est en contradiction flagrante avec les engagements pris vis-à-vis de la communauté internationale à travers la souscription aux différentes chartes et conventions relatives aux respects des droits de l’homme et dont on peut citer particulièrement la charte des droits de l’homme des Nations Unies, la Déclaration et le Plan d’action de Vienne, l’accord d’association conclu avec l’Union Européenne et l’ensemble des conventions de coopération de développement contractées avec l’Algérie en vertu de la Politique européenne de bon voisinage
La conduite du pouvoir algérien ne s’apparente pas à un excès d’autorité ; il s’agit d’une politique dont l’objectif est la négation de l’identité, de la culture et de la civilisation amazighes. Cette politique s’insère dans le cadre d’une vision globale dont la finalité consiste à instaurer un ordre social dont les fondements philosophiques reposent sur la suprématie de la civilisation arabo-musulmane, et s’inscrit dans la continuité du processus initié par les premiers conquérants arabes. Ordre, qui à travers l’interaction de la religion et de la langue et d’une lecture salafiste d’un islam politique violent, ne tolère aucune différence risquant de remettre en cause les intérêts de l’élite au pouvoir
La constitution algérienne ne reconnaît pas de caractère officiel à la langue amazighe, des mesures destinées à effacer de la conscience individuelle et de la mémoire collective toute idée de l’appartenance à l’identité et à la culture amazighe ont été prises et le recours à la répression se poursuit contre toute communauté revendiquant des droits quant à sa culture et à son identité
La portée d’une telle façon de concevoir et de gérer la société n’a pas seulement pour effet d’étouffer les libertés individuelles et collectives du peuple algérien, mais aussi et surtout de semer les gènes de la production et du développement du radicalisme religieux. Celui-ci, à travers des groupes comme l’AQMI, affilié à Al QAIDA, n’épargne aucun effort pour imposer un obscurantisme total aux sociétés d’Afrique du nord et du Sahel
Je vous demande en conséquence de bien vouloir réévaluer la coopération de votre pays, aussi bien bilatérale que multilatérale, avec le pouvoir algérien à la lumière de la situation des droits de l’homme en général et du respect de l’identité et de la culture du peuple amazighe en particulier
Monsieur le Secrétaire Général
Nous ne comprenons pas comment un Etat qui ne respecte pas les droits les plus élémentaires de l’homme, qui commet des crimes contre l’humanité, qui refuse même de délivrer des visas d’entrées en Algérie aux associations des droits de l’homme soit admis a siéger au Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies et bénéficie des avantages conférés par les accords d’association alors qu’il ne remplit pas l’une des conditions de sa composante politique : celle du respect de la dignité humaine
Je vous prie, monsieur le secrétaire d’Etat, de croire à l’assurance de notre considération distinguée
M. Sekouti Khoudir
Le président délégué de
L’Assemblée Mondiale Amazighe pour l’Algérie
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Adresse: N° 35 Place la reine, 1030 Bruxelles/ Belgique
E-mail : assemblee.mondiale.amazighe@gmail.com
AMA est une ONG de défense des droits du peuple amazigh
Publiée au Moniteur belge le 01/03/2012 –ASBL / N° d’entreprise: 844.083.805