Aspects du soft power marocain

Dr. Mohamed Chtatou

Qu’est-ce que le soft power ?

Le rééquilibrage mondial actuel doit être interprété comme un appel urgent à l’action pour les dirigeants, les diplomates et les responsables de la politique étrangère. Il ne fait aucun doute que ceux qui sont chargés d’élaborer la politique étrangère de leur pays doivent être prêts à affronter les temps incertains qui s’annoncent. Alors que les pays s’efforcent de comprendre l’évolution rapide du contexte et d’ajuster leurs stratégies en conséquence, les ressources de la puissance douce soft power dont disposent les gouvernements constitueront un élément essentiel des outils de politique étrangère nécessaires à l’avenir.

Les pays les plus habiles à utiliser la puissance douce soft power pour faciliter une collaboration positive seront mieux placés pour surmonter l’incertitude et l’instabilité géopolitique actuelles et, en fin de compte, pour façonner les événements mondiaux. D’où la question suivante : comment déployer efficacement la puissance douce soft power?

Dans les relations internationales, le pouvoir est traditionnellement défini et évalué en termes « durs » facilement quantifiables, souvent compris dans le contexte de la puissance militaire et économique. La puissance dure est déployée sous forme de coercition : recours à la force, à la menace de la force, aux sanctions économiques ou à l’incitation au paiement.

Contrairement à la nature coercitive du hard power, le soft power décrit l’utilisation de l’attraction positive et de la persuasion pour atteindre les objectifs de la politique étrangère. Le soft power évite les outils traditionnels de la politique étrangère que sont la carotte et le bâton, et cherche plutôt à exercer une influence en construisant des réseaux, en communiquant des récits convaincants, en établissant des règles internationales et en s’appuyant sur les ressources qui rendent un pays naturellement attrayant pour le monde.

Joseph Nye a inventé le terme « soft power » à la fin des années 1980. Il est aujourd’hui utilisé fréquemment, et souvent à tort, par les dirigeants politiques, les éditorialistes et les universitaires du monde entier. Qu’est-ce que le « soft power » ? Le soft power réside dans la capacité à attirer et à persuader. Alors que le hard power – la capacité à contraindre – découle de la puissance militaire ou économique d’un pays, le soft power résulte de l’attrait de la culture, des idéaux politiques et des politiques d’un pays.

S.M. Le Roi Mohammed VI en Afrique : le soft power marocain en action
S.M. Le Roi Mohammed VI en Afrique : le soft power marocain en action

Le hard power reste crucial dans un monde où les États tentent de préserver leur indépendance et où les groupes non étatiques sont prêts à recourir à la violence. Il est au cœur de la stratégie de sécurité nationale de l’administration US. Mais selon Joseph Nye, les néo-conservateurs qui conseillent les présidents commettent une grave erreur de calcul : Ils se concentrent trop sur l’utilisation de la puissance militaire de l’Amérique pour forcer les autres nations à se plier à la volonté américaine, et ils font trop peu de cas de son « soft power« . C’est la puissance douce qui permettra d’empêcher les terroristes de recruter des partisans au sein de la majorité modérée. Et c’est la puissance douce qui aidera à traiter les questions mondiales cruciales qui nécessitent une coopération multilatérale entre les États. C’est pourquoi il est essentiel que l’Amérique comprenne et applique mieux sa puissance douce.

Nye a popularisé le terme dans son livre de 1990, Bound to Lead : The Changing Nature of American Power. [i] Dans cet ouvrage, il écrit :

« lorsqu’un pays obtient des autres pays qu’ils veuillent ce qu’il veut, on peut parler de puissance coopérative ou douce, par opposition à la puissance dure ou de commandement qui consiste à ordonner aux autres de faire ce que l’on veut ».

Il a développé le concept davantage dans son ouvrage de 2005, Soft Power : The Means to Success in World Politics.

Joseph Nye de l’Université de Harvard, l’initiateur du concept dans les années 80 du siècle dernier. Il a initialement défini trois sources principales de puissance douce soft power lorsqu’il a développé le concept. Nye définit la puissance douce soft power comme « la capacité d’obtenir ce que l’on veut par l’attraction et la persuasion plutôt que par la coercition ou le paiement » (Nye, 2004, p. 16). [ii]

Les trois piliers du soft power selon Joseph Nye sont :

  • Les valeurs politiques ;
  • La culture ; et
  • La politique étrangère.

Mais à l’intérieur de ces trois catégories, les sources individuelles de soft power sont multiples et variées.

Le soft power marocain

L’étude la plus complète au monde sur la perception des marques nationales, le Global Soft Power index, a classé le Maroc comme 55e pays dans un classement des 121 nations les plus influentes au monde.

A ce propos Libre Entreprise écrit : [iii]

‘’Contrairement au classement Global Soft Power Index 2022, cette année le Maroc a perdu des points. En 2022, notre pays était classé 6éme parmi les pays arabes et 46é à l’échelle mondiale. Dans le classement 2023, le Maroc dégringole à la 9éme place sur la liste des pays arabes et à la 55éme au monde. En tête, on trouve les Émirats arabes unis, qui revendique pour la première fois la 10e position du classement mondial. S’en suivent, respectivement, l’Arabie saoudite, le Qatar, le Koweït, l’Égypte, Oman, le Bahreïn, la Jordanie, le Maroc, la Tunisie, l’Algérie et l’Irak qui arrive à la 13e place.’’

Malgré ce classement impressionnant, le pays a perdu des places par rapport au même classement en 2022.

Le Global Soft Power Index comprend des données sur les affaires et le commerce, la gouvernance, les relations internationales, et la culture et les traditions, sur sa liste composée de huit piliers.

Avec un score de 39, l' »influence nette » du Maroc selon le rapport s’élevait à 22%, en baisse par rapport aux 24% de l’année précédente.

Le classement du Maroc en matière de relations internationales s’est amélioré, le pays passant de la 62e place en 2022 à la 53e en l’espace d’un an. Alors que le Maroc n’était pas pris en compte dans le sous-indice de l’avenir durable, il se classe désormais à la 86e place, ce qui reflète l’ambitieux programme du pays en matière d’énergie verte et de développement durable.

Dans le sous-indice des médias et de la communication, le Maroc a connu la plus forte baisse dans le classement, passant de la 71e place l’année dernière à la 89e en 2023.

L’ordre politique mondial bipolaire de la fin du XXe siècle a cédé la place à un ordre de plus en plus multipolaire. Les régions et les organisations régionales sont désormais au cœur de l’architecture politique internationale et sont façonnées par les dynamiques changeantes au niveau sous régional. Depuis la fin des années 2000, le Royaume du Maroc a profité de cette fenêtre d’opportunité et a commencé à se repositionner à la jonction du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord et de l’Afrique subsaharienne.

La nouvelle approche du Royaume et sa quête d’intégration régionale ont temporairement atteint leur apogée lors de son retour au sein de l’Union africaine en 2017. Alors que les puissances régionales traditionnelles, l’Algérie, l’Égypte et le Nigéria, étaient aux prises avec des troubles politiques internes, la stabilité politique et l’économie en croissance du Maroc ont fait du pays une destination très attrayante pour les investissements et lui ont permis de s’implanter sur le marché africain. En plus d’établir une influence économique, par le biais de traités bilatéraux ou d’une part significative des flux d’IDE vers les pays africains, le Maroc est devenu un acteur régional dominant dans le domaine de la sécurité au Sahel.

Il faut dépasser le cadre traditionnel des politiques économiques et sécuritaires de puissance « dure » et s’intéresser à la dimension manquante de l’influence de puissance douce soft power. Aussi, il est nécessaire d’examiner la réorientation de la politique étrangère du Maroc vers les pays d’Afrique du Nord et d’Afrique subsaharienne en termes de légitimation externe et poser la question centrale de savoir si et comment le Maroc renforce sa position régionale par le biais de la dimension de la puissance douce soft power. Il y a trois domaines de politique  » douce  » dans lesquels le Maroc a récemment été très actif : la religion, la migration et la durabilité environnementale.  En analysant le développement de la politique étrangère, avec un accent particulier sur l’activité du Roi Mohammed VI, on peut contribuer à la question de savoir si le Maroc a le potentiel de devenir une puissance régionale émergente. [iv]

Le Maroc récolte les bénéfices diplomatiques de son approche de la coopération sud-sud et de sa politique africaine à plusieurs niveaux capitalisant sur le soft power. Le retour au sein de l’Union africaine après plus de trois décennies d’absence a été un point d’inflexion montrant le poids croissant du Royaume, notamment en Afrique de l’Ouest, une région dans laquelle les banques et les entreprises marocaines opèrent depuis des années.

Le Royaume a exploité le potentiel de son économie diversifiée pour accroître son influence par le biais de projets gagnant-gagnant à travers le continent, stimulés par la mobilisation habile de la religion en tant que puissance douce soft power.

Le premier exportateur mondial de phosphates, l’Office chérifien des phosphates (OCP) du Maroc, Maroc Telecom, Royal Air Maroc, le promoteur immobilier Addoha Group et Attijariwafa Bank sont bien implantés dans plusieurs pays africains.

Contrairement à l’économie algérienne dominée par le pétrole, le Maroc capitalise sur l’avantage comparatif de ses entreprises et de ses banques. Les trois banques marocaines – Attijariwafa Bank (AWB), Groupe Banque Centrale Populaire (BCP) et Banque Marocaine du Commerce Extérieur (BMCE) – dominent par exemple le secteur en Afrique de l’Ouest francophone.

Casablanca Finance City (CFC) a été lancée pour transformer le centre économique du Maroc en une plateforme financière régionale et une porte d’entrée vers les marchés africains à croissance rapide.

Culture

Au cours des deux dernières décennies, le Maroc a été témoin d’une augmentation et d’un renouvellement considérables des institutions culturelles telles que les musées, les galeries, les monuments, les festivals, les foires d’art et les théâtres. Le gouvernement, les entreprises et la société civile sont impliqués. Les nouvelles institutions racontent des histoires d’identité locale ou nationale, sont de puissantes expressions de consommation ostentatoire, tentent d’attirer des touristes de qualité et de forger des relations internationales stratégiques. [v]

Le gouvernement marocain a fait pression avec succès pour que l’UNESCO reconnaisse les sites du patrimoine et les pratiques culturelles. Récemment, les États du Maghreb ont réussi à transformer leur rivalité au sujet de la reconnaissance du couscous en tant que patrimoine immatériel en une alliance régionale. [vi] Le Maroc utilise la culture dans ses revendications de leadership politique et économique en Afrique. [vii] Au niveau local, les associations tentent de promouvoir leurs propres intérêts en revendiquant le patrimoine matériel et immatériel, en partie sous la forme de paysages, de nature et de biens immobiliers, tout en contestant les récits officiels. [viii]

Ces nouveaux développements font du Maroc une étude de cas intéressante pour une approche critique des études muséales et politiques sous plusieurs angles.[ix] Récemment, les moyens de coopération culturelle entre les Pays-Bas et le Maroc ont été considérablement accrus, dans le but de renforcer les liens bilatéraux et la société civile marocaine.

Au sujet de la diplomatie culturelle marocaine Fatima Zahraa Boutabssil écrit : [x]

[‘’La diplomatie culturelle est l’échange d’idées, d’informations, de valeurs, de systèmes, de traditions, de croyances et d’autres aspects de la culture dans l’intention de favoriser la compréhension mutuelle (Cummings, 2009, p. 1). Pratiquée par des acteurs étatiques, des acteurs non étatiques ou même par le biais d’initiatives privées, la culture reste un facteur déterminant dans l’élaboration des politiques.

Après son accession au trône, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a souligné l’importance de la diplomatie culturelle dans la politique étrangère du Maroc et la nécessité de l’intégrer dans les relations internationales. Conscient de son importance, Sa Majesté a insisté, à travers son discours à la Conférence des Ambassadeurs en 2013, sur l’importance d’apporter à la diplomatie culturelle marocaine le soutien et l’encouragement qu’elle mérite.

la diplomatie culturelle marocaine le soutien et l’encouragement qu’elle mérite à travers la création des Maisons du Maroc et des Centres Culturels Marocains (CCM) à l’étranger, l’intensification des activités artistiques, l’organisation de foires et d’expositions, et la promotion du patrimoine civilisationnel et culturel du Maroc.’’]

Les dirigeants marocains souhaitent promouvoir le pays nord-africain comme un bastion de progrès et de stabilité dans une région instable.

La renaissance artistique de Rabat est cruciale pour l’entreprise colossale du Roi Mohammed VI, vieille d’une décennie, visant à faire du pays un centre majeur pour les arts et la culture sur le continent africain.

À l’instar des centres culturels du monde entier, la capitale marocaine, vieille de 900 ans, reprend vie à mesure que sa scène artistique émerge de la pandémie, et cette résurgence se répercute au-delà des murs anciens de Rabat.

Bayt Dakira, institution historique, religieuse, culturelle et universitaire située au cœur de l’ancienne médina d’Essaouira, cherche à conserver la mémoire juive marocaine et à promouvoir les valeurs du judaïsme et à promouvoir les valeurs de paix et de tolérance illustrées par l’histoire de la coexistence judéo-musulmane de la ville et du pays. En tant qu’institution dédiée à la conservation de la culture d’un peuple qui a pratiquement émigré du Maroc. Bayt Dakira est un exemple d’institution apolitique utilisée pour faire avancer des agendas politiques nationaux et internationaux.

En tant que lieu d’échange culturel et académique officiellement apolitique, Bayt Dakira est un lieu idéal pour l’organisation d’événements culturels et académiques et pour développer des liens avec d’autres nations, instaurer la confiance avec elles et jeter les bases de la formation d’une nouvelle génération d’étudiants et jeter les bases d’initiatives économiques et politiques conjointes. En tant qu’institution apolitique de promotion des valeurs de la paix mondiale, Bayt Dakira est également une scène non menaçante à partir de laquelle les Marocains peuvent s’exprimer et à partir de laquelle les diplomates marocains peuvent critiquer, d’un point de vue apparemment moral, les conflits à l’étranger. En célébrant la diversité du Maroc, Bayt Dakira construit également une identité nationale qui unit tous les Marocains sous l’égide de la Constitution et du Roi.

Dans le préambule de la Constitution de 2011, il est indiqué que le Maroc est un État musulman souverain, attaché à son unité nationale et à son intégrité territoriale, le Royaume du Maroc entend préserver, dans sa plénitude et sa diversité, son identité nationale une et indivisible. Son unité est forgée par la convergence de ses composantes arabo-islamique, berbère [amazigh] et saharo-hassanique, nourrie et enrichie par ses influences africaine, andalouse, hébraïque et méditerranéenne. La prééminence accordée à la religion musulmane dans la référence nationale est conforme à l’attachement du peuple marocain aux valeurs d’ouverture, de modération, de tolérance et de dialogue pour une compréhension mutuelle entre toutes les cultures et les civilisations du monde.

Le riche passé historique du Maroc se reflète dans sa culture actuelle. La nourriture, les langues, l’art et les monuments du Maroc sont une fusion des différentes ethnies, religions et nationalités qui ont marqué la culture marocaine.

Le Maroc a toujours été un modèle exceptionnel de coexistence culturelle et d’interaction entre l’islam, le judaïsme et le christianisme. Cette tradition remonte à l’époque où les dynasties marocaines régnaient sur l’Espagne (Andalousie). Ce riche passé historique, combiné à une longue tradition de diversité religieuse et de tolérance, l’a amené à jouer un rôle de pionnier dans le dialogue interconfessionnel et dans l’alliance des civilisations.

Religion

Sous l’impulsion du Roi Mohammed VI, le Maroc a développé un mode d’influence original en Afrique subsaharienne : la diplomatie religieuse. Dirigée personnellement par le Roi, elle exploite les canaux d’influence traditionnels et nouveaux et s’est avérée efficace pour rétablir le rôle politique du Maroc aux niveaux régional et panafricain. Elle a également renforcé le vecteur africain de son expansion économique et pourrait devenir un élément important de l’équation sécuritaire au Sahel.

L’islam officiel marocain, soutenu par l’État, reste le principal atout du pays en matière de soft power. Elle combine l’adhésion à la tradition juridique sunnite malékite (prédominante en Afrique musulmane), l’école théologique ash’ari et le soutien au soufisme, une approche mystique de la religion. Ces éléments sont combinés à la reconnaissance du leadership religieux du monarque. Son titre traditionnel de ‘’Commandeur des Croyants’’ amîr al-mu’minîn fait de lui la plus haute autorité religieuse du Maroc, ce qui a trouvé un écho historique dans certaines régions de Mauritanie, du Sénégal et du Mali. [xi]

En Afrique, certains attributs de l’islam marocain – même s’ils ont été rendus officiels et liés à l’État – sont considérés comme plus autochtones que le wahhabisme-djihadisme, pour lequel ces éléments sont considérés comme non islamiques. Le Maroc a cherché à accroître sa crédibilité en essayant de contribuer à la résolution des conflits d’intérêt mondial : en 2015, il a parrainé l’accord de Skhirat entre les factions libyennes pour établir le gouvernement d’entente nationale. Puis, à la mi-2020, le Maroc a tenté une médiation entre le président malien Ibrahim Boubacar Keïta (renversé par un coup d’État) et l’imam Mahmoud Dicko, chef salafiste de l’opposition. [xii]

Entre 2002 et 2006, le Roi Mohammed VI a nommé d’éminents soufis à la tête du ministère des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq et Abdellatif Begdouri Achkari, expert en affaires africaines, afin de renforcer l’attrait du pays pour les 240 millions de musulmans [xiii] d’Afrique subsaharienne. Quelque 25 à 30 % d’entre eux appartiennent à des confréries soufies qui rejettent la violence et s’appuient sur la loyauté envers certains érudits charismatiques, considérés comme des hommes saints et des guides spirituels.

La Tijaniyya est la plus grande des confréries soufies africaines, historiquement répandue à travers le Sahara du Maroc. Alors qu’en Afrique de l’Ouest et dans certaines parties de l’Afrique centrale, la Tijaniyya est un mouvement de masse populaire représentant la moitié des musulmans sénégalais et plus de 30 % dans des États comme le Tchad, le Niger ou le Cameroun. La préférence notable du Roi Mohammed VI pour la Tijaniyya lui permet d’être considéré comme son protecteur par les puissants soufis subsahariens. [xiv]

Pour renforcer sa reconnaissance en tant que leader musulman africain, le Roi Mohammed VI a effectué près de 50 visites en Afrique subsaharienne avant 2017, plaçant la région au centre de son activité internationale. Au cours de ces voyages, le Roi a cimenté des relations avec les personnalités clés de la confrérie, ainsi qu’avec les chefs d’autres traditions soufies, notamment la Qadiriyya (la plus ancienne d’Afrique), la Muridiyya (la plus visible et la plus riche du Sénégal) et d’autres branches de Tijaniyya. Il dirigeait régulièrement les prières du vendredi dans des mosquées prestigieuses, souvent affiliées à la Tijaniyya.

Les visites ont également consisté à distribuer des exemplaires gratuits du Coran, imprimés par la Fondation Mohammed VI pour l’édition du Saint Coran, fondée en 2010. Ses textes sont normalisés en fonction de l’école Warch d’écriture et de récitation, prédominante au Maroc et différente de la version de l’école Hafs trouvée dans les éditions du Moyen-Orient (par exemple, saoudiennes). Les visites ont également consisté à faire des dons à des mosquées (Bénin, Guinée, Mali, Sénégal, etc.) et à des projets sociaux et de développement par le biais de l’Agence marocaine de coopération internationale (AMCI), principalement tournée vers l’Afrique.

Pour amener davantage les musulmans africains sous l’influence de l’islam tolérant, l’Institut Mohammed VI de formation des imams, morchidines et morchidates (prédicateurs hommes et femmes) a été fondé en 2015. Il accueille 1 300 stagiaires en rotation, dont 100 femmes, à la fois, venant du Mali, Sénégal, Nigéria, Guinée, Gambie, Tchad, Côte d’Ivoire et la diaspora africaine en France. Outre une formation strictement religieuse, les stagiaires reçoivent des cours de géographie, de droits de l’homme, de sciences sociales et de compétences pratiques. [xv]

Entre 2012 et 2016, le Maroc a signé 36 accords sur des questions religieuses avec des États africains (contre 18 en 2000-2011) et en 2017, il a annoncé le lancement d’un fonds de 108 millions d’euros pour la construction et la réhabilitation de mosquées en Afrique. Outre les institutions contrôlées par l’État, des arènes religieuses populaires telles que le Forum de la modération d’Afrique (touchant certains cercles salafistes) ont également été mobilisées pour soutenir l’expansion du Maroc. [xvi]

Sport

Avec un classement footballistique inférieur au top 20 avant la compétition, un historique de contre-performances dans les grands tournois et l’absence de joueurs de renom, les attentes n’étaient pas élevées. Mais la Coupe du monde de Qatar s’est avérée être un triomphe pour le Maroc, sur le terrain et en dehors.

La manière joyeuse et sans tabou dont l’équipe a concouru a généré une valeur considérable en termes de pouvoir d’attraction, tout comme certains des joueurs individuels. Le spectacle du milieu de terrain Sofiane Boufal dansant sur le terrain avec sa mère après la victoire de son équipe sur le Portugal a été un acte de famille et de solidarité qui a trouvé un écho dans le monde entier. Nombreux sont ceux qui ont ensuite adopté les Lions de l’Atlas comme deuxième équipe préférée.

Cela n’a jamais été aussi évident que dans le monde arabe, le Maroc ayant progressé plus loin que n’importe quelle autre équipe du Moyen-Orient ou d’Afrique du Nord. Le soutien public des joueurs marocains à la Palestine a également permis à l’équipe de nouer des liens avec les supporters de toute la région.

Pour ce qui est du leadership sportif marocain en Afrique et dans le monde arabe, Samia Errazzouki a écrit : [xvii]

[‘’Alors que l’Algérie commençait à être sous les feux de la rampe grâce à ses ressources en gaz, la performance historique du Maroc à la Coupe du monde a déplacé l’attention mondiale et régionale, au grand dam des dirigeants algériens. Les utilisateurs des médias sociaux ont fait circuler des images et des clips des médias d’État algériens couvrant la victoire du Maroc sur l’Espagne et le Portugal à la voix passive, ce que le caricaturiste Damien Glez a satirisé dans une représentation d’un présentateur algérien déclarant : « La qualification en quart de finale d’une équipe africaine qui n’est ni le Cameroun, ni le Ghana, ni le Sénégal, ni la Tunisie… » Le directeur de la télévision publique algérienne, Chabane Lounakel, a été limogé sans explication officielle. Les médias d’Etat pro-marocains ont cependant rapporté que ce licenciement était dû à la couverture de la victoire du Maroc sur le Portugal. Les médias pro-marocains ont également fait état de l’arrestation par les autorités algériennes d’un certain nombre de soldats algériens en uniforme pour avoir posté sur TikTok une vidéo félicitant la victoire du Maroc sur le Portugal. Selon ces informations, les soldats algériens risquent jusqu’à 10 ans de prison et devront comparaître devant un tribunal militaire pour avoir « utilisé les médias sociaux depuis la caserne ». Pendant ce temps, une foule d’Algériens s’est rassemblée le long de la frontière fermée avec le Maroc pour célébrer avec les Marocains rassemblés à quelques mètres de là.’’]

Les Lions de l’Atlas ont bénéficié d’un soutien massif alors qu’ils se frayaient un chemin jusqu’à la demi-finale de la Coupe du monde de football au Qatar, devenant ainsi la première équipe arabe ou africaine à aller aussi loin. Leur popularité dans la rue arabe a été renforcée par le fait que les joueurs et les supporters ont brandi des drapeaux palestiniens après les victoires marocaines, ce qui a été vu par des millions de téléspectateurs en direct dans le monde entier.

Cela a constitué un coup diplomatique pour le Maroc face à son grand rival et voisin, l’Algérie, qui, pendant des décennies, s’est considérée comme le principal défenseur de la cause palestinienne en Afrique du Nord. Le royaume avait déjà l’habitude d’utiliser la « diplomatie du football » pour renforcer ses liens avec les pays africains, en signant au moins 30 accords de coopération avec d’autres fédérations. L’équipe nationale et les supporters n’ont fait que confirmer cela au Qatar, notant que les Palestiniens avaient même inventé des chants à la gloire de l’équipe marocaine.

Les gains diplomatiques du Maroc vont bien au-delà de la cause palestinienne et du monde arabe. L’extraordinaire parcours du Maroc à la Coupe du monde a bien sûr redoré l’image du pays, qui utilise depuis des années le soft power pour se faire une place sur la scène internationale. Il y a tout juste deux ans, Rabat a suscité des critiques dans le monde arabe pour avoir rétabli des liens avec Israël.

Mohamed Nouri écrit dans Atalayar : [xviii]

[‘’Avoir la photo de l’équipe et le nom du pays en première page des journaux et magazines les plus prestigieux du monde n’a pas de prix. L’impact de ce dopage d’image s’étendra au tourisme, aux investissements étrangers et à la projection internationale du pays. En effet, il est acclamé par l’ensemble du monde arabo-musulman, par l’ensemble du continent africain, par des millions de citoyens à travers le monde, et alléluia, par les Palestiniens et les Israéliens ! Grâce à ses exploits imprévisibles, l’équipe nationale marocaine a démontré que non seulement « rien n’est impossible » comme on le savait et le disait, mais, comme pour donner raison à la publicité d’une marque de baskets que nos yeux croisent à chaque match de cette Coupe du monde, « l’impossible n’est rien » non plus, c’est-à-dire que l’impossible peut être ignoré et traité sur un pied d’égalité.’’]

C’est presque un axiome que le succès dans le sport renforce l’unité et la fierté nationales. Mais au Maroc, cela transcende les frontières nationales – à la fois réelles et imaginaires.

Cette victoire converge avec l’objectif des conférences de Fès, Marrakech et Tanger : montrer que le Maroc – dont les maillots de football nationaux n’ont pas d’étoiles au-dessus de l’écusson de l’association comme celui du Brésil ou de l’Espagne – n’a peut-être pas (encore) remporté de Coupe du monde mais il joue un rôle actif dans la carte globale.

En effet, la course historique du Maroc fait vraiment écho à la tentative célèbre mais insuffisante du président de la FIFA, Gianni Infantino, de repousser les critiques du Qatar accueillant le tournoi. Le Maroc joue maintenant pour tous les Africains, pour tous les Arabes, pour tous les musulmans, pour tous les outsiders – et pour nous tous qui croyons romantiquement au Beau Jeu et chérissons les vertus de ce sport.

Diplomatie

Le Maroc, pays d’Afrique du Nord peuplé d’Amazighs et d’Arabes et de musulmans et juifs, a préconisé à la fin des années 1950 la création d’un forum politique panafricain. Cela a conduit à la création de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) en 1961, qui s’est transformée en 2002 en Union africaine (UA). Cependant, les liens initialement forts avec l’Afrique subsaharienne ont été rompus dans le cadre des retombées des crises au Sahara occidental. Le Maroc a libéré la majorité de ce territoire anciennement colonisé par l’Espagne en 1976, mais l’OUA a reconnu l’indépendance du Sahara occidental et l’a accepté comme État membre en dépit de la situation sur le terrain. Cela a conduit le Maroc à se retirer de l’OUA en 1984 et à concentrer sa politique étrangère sur l’Europe et le Maghreb. Cependant, sa demande d’adhésion aux Communautés européennes a été rejetée en 1987 parce qu’elle ne répondait pas aux critères géographiques. D’autre part, les hostilités entre le Maroc et l’Algérie, qui soutenait les aspirations du Sahara occidental, ont conduit à la fermeture définitive de la frontière entre le Maroc et l’Algérie en 1994. Toutefois, le Roi Mohammed VI, qui a accédé au trône en 1999, a trouvé des moyens de surmonter ces limitations géographiques et politiques pour mener une politique étrangère fructueuse.

Depuis l’arrivée au pouvoir du Roi Mohammed VI, Rabat a également multiplié les offensives diplomatiques à travers l’ouverture de nouvelles représentations marocaines dans des pays jusque-là ignorés, en plus de la mobilisation des liens religieux historiquement liés au royaume, à l’instar des confréries soufies implantées dans tout le sud du Sahara.

Il est difficile de dire que le Maroc s’est découvert une vocation africaine. En fait, cette vocation ne l’a jamais quitté. Il est tout aussi difficile de contester un regain d’intérêt du Maroc pour l’Afrique, comme en témoigne le retour de Rabat au sein de l’Union africaine en 2017, 34 ans après avoir quitté l’Organisation de l’unité africaine (OUA, aujourd’hui UA) en 1984 sur fond de divergences avec certains pays sur la question du Sahara. Mais il n’est pas évident de dire que le royaume a l’ambition de jouer un rôle de leader sur le continent, d’autant que les responsables ont toujours été très prudents sur cette question, avec le Roi à la tête.

Le Maroc considère le jihadisme violent comme la principale menace pour sa sécurité nationale depuis que les attentats à la bombe de 2003 à Casablanca ont fait 45 morts et que le nord ingouvernable du Mali est devenu un refuge pour les militants islamiques de toute la région, y compris les Africains de l’Ouest. Le renforcement de la résilience des sociétés sahéliennes face à la pression de l’extrémisme militant constitue donc une mesure préventive pour protéger le pays contre d’autres attaques.

Le Maroc tente de renforcer ses références diplomatiques en proposant ce qu’il appelle une formule culturellement pertinente pour un règlement pacifique dans la région. La demande mondiale pour cette approche est apparue après l’échec des efforts de la France, de l’ONU, de l’UE et des États-Unis pour stabiliser le Sahara-Sahel par une action militaire à la suite du printemps arabe et de la guerre du Mali de 2012-2013.

Avec une coopération maghrébine au point mort, une économie trop dépendante du commerce avec l’Europe et une adhésion à l’UE hors de portée, le Maroc a réorienté ses aspirations régionales. Le Roi Mohammed VI agit comme le patron d’un pivot économique et politique vers l’UA et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Ce réengagement doit cependant éviter d’entrer en conflit avec les positions de l’UA.

Les politiques orientées vers l’Afrique ont permis au Maroc de renforcer sa position vis-à-vis des institutions intergouvernementales continentales. Le Maroc, depuis 2001, est membre de la Communauté des États sahélo-sahariens (CEN-SAD), constituée de 28 États, lancée et longtemps dominée par le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. Après sa mort en 2011, le Maroc a accueilli un certain nombre d’événements du groupement, dont la Conférence régionale CEN‑SAD de 2013 sur le renforcement de la sécurité aux frontières entre les pays du Sahel et du Maghreb et le sommet de 2014. [xix] Le forum, qui n’implique pas l’Algérie, s’est avéré utile pour se rapprocher de l’UA.

L’image panafricaine du Maroc a été renforcée avec Royal Air Maroc qui a maintenu ses vols vers le Libéria touché par Ebola tout au long de l’épidémie de 2014-2015, le seul opérateur africain à le faire. Enfin, en 2016, le Maroc a demandé l’adhésion à part entière à l’instance continentale. Le 30 janvier 2017, les dirigeants africains présents au sommet de l’UA à Addis-Abeba ont convenu de laisser la question du Sahara occidental pour l’ONU  et ont accepté le retour du Maroc. [xx]

Après avoir rejoint l’UA, le Maroc a créé le poste spécial de ministre délégué aux Affaires africaines en 2018. L’année suivante, le ministère des Affaires étrangères s’est rebaptisé ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains expatriés, ce qui a encore souligné l’importance de la dimension africaine dans la politique étrangère du pays. Tout en rendant le problème du Sahara occidental indécis dans le contexte de l’UA, le Maroc tente simultanément d’obtenir le soutien direct des États africains sur sa position sur la question. Ceci est envisagé par un nombre croissant de consulats étrangers s’installant à Laayoune, capitale du Sahara marocain. Sur plus de 30 bureaux de ce type ont été ouverts à Laayoune et Dakhala, 15 ont été ouverts par des États africains, récemment par la Zambie et Eswatini. Les pays d’Afrique australe ont bénéficié, ainsi que 13 autres sur le continent, de l’assistance médicale marocaine liée au COVID 19. [xxi]

Immédiatement après la réadmission de l’UA, le Maroc s’est fixé un nouvel objectif : rejoindre la CEDEAO, bien qu’il ne partage pas de frontière avec les pays du bloc – uniquement à travers le territoire du Sahara marocain où le Maroc borde la Mauritanie, qui a quitté la CEDEAO en 2000 mais a été associée à depuis 2017. Par conséquent, la géographie rend difficile de penser que l’adhésion à la CEDEAO est viable. Pourtant, la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Mali et le Sénégal, pays fortement ciblés par le soft power religieux, soutiennent fortement les aspirations du Maroc. Ceci, cependant, rencontre le scepticisme du Nigeria, la centrale électrique de la CEDEAO, car il craint de perdre sa position dominante au sein du bloc. Néanmoins, le Maroc a pu participer au sommet extraordinaire du bloc consacré à la lutte contre le terrorisme à Ouagadougou (Burkina Faso) en septembre 2019. [xxii]

Conclusion

Le soft power peut être mesuré à la fois en termes conventionnels et non conventionnels, en s’appuyant sur la recherche en matière de politique étrangère, de communication politique, de confiance et de capital social. Les mesures conventionnelles comprennent les échanges internationaux de migrants, de visiteurs, d’éducation et de culture.

A long terme, il pourrait être possible de créer un ensemble de mesures de soft power basées sur des données collectées de manière transparente et pouvant être répétées dans le temps, à l’instar des données qui génèrent le produit intérieur brut national dans le domaine de l’économie. Les mesures non conventionnelles du soft power y compris le suivi de la génération de contenu numérique, la façon dont il est physiquement connecté, le sens qu’il génère.

Dans la littérature sur la politique étrangère, le soft power commence par la définition de Joseph Nye, à savoir l’influence d’un pays par l’attraction ou la persuasion, et non par la coercition ou le paiement. Une grande puissance douce se manifeste par une diplomatie réussie. Les raisons d’une diplomatie réussie sont nombreuses, notamment une grande puissance militaire (coercition), une grande puissance économique (paiements) et une grande habileté diplomatique.

La puissance douce soft power est le terme qui englobe tout le reste. Cette qualité de « fourre-tout » du concept se reflète dans les recherches menées jusqu’à présent. Pour de nombreux chercheurs, les sources de la puissance douce soft power comprennent la culture, les valeurs, l’éducation, les médias et la religion, qui ne sont pas faciles à définir ou à mesurer. Le centre d’intérêt de la littérature sur le soft power, reflétant ses racines dans l’étude du pouvoir militaire et économique, se concentre sur le pays qui projette le pouvoir. Les caractéristiques du pays soumis à l’influence du soft power font l’objet de beaucoup moins d’attention. Des concepts issus des domaines de la communication politique et de l’étude de la confiance et du capital social seront abordés.

Avec un hard power et des ressources financières limités, le Maroc réussit diplomatiquement et économiquement par le pouvoir symbolique. Le terrain, cependant, reste très compétitif, car les entités religieuses saoudiennes, émiraties, qataris, iraniennes, égyptiennes, turques et algériennes continuent de tenter de gagner de l’influence sur les musulmans africains, y compris sahéliens.

Les décideurs politiques européens devraient chercher à naviguer de manière indépendante dans la constellation changeante des acteurs religieux.

En l’absence de perspectives de succès d’une approche à dominante militaire au Sahel, la recherche de solutions sociales et politiques à la crise est susceptible de s’intensifier. Alors que généralement les activités du Maroc dans le domaine religieux sont conformes aux objectifs européens plus larges, tels que la lutte contre la radicalisation, elles ont des limites. Les perceptions de la religion dans la région et les loyautés qui l’accompagnent sont très fluides.

L’escalade de novembre 2020 entre les forces marocaines et le Polisario [xxiii] a reflété l’importance des relations Maroc-Afrique. Le Polisario a tenté de faire pression sur le Royaume en bloquant la seule route terrestre reliant le Royaume à l’Afrique subsaharienne. Dans le même temps, le Maroc a profité de la confrontation pour s’efforcer d’écarter les voix pro-sahariennes au sein de l’UA. Cela conduirait probablement à la fin de l’adhésion du Sahara occidental, ce qui affaiblirait davantage les perspectives de tout processus politique dirigé par l’ONU sur le territoire.

Notes de fin de texte :

[i] Nye, Joseph S, Jr. Bound To Lead: The Changing Nature Of American Power. New York: Basic Books, 1991

Synopsis: L’Amérique est-elle toujours la première puissance mondiale ? Un éminent spécialiste de la politique internationale et ancien fonctionnaire du département d’État s’oppose à Paul Kennedy et à d’autres et démontre clairement que les États-Unis sont toujours la puissance mondiale dominante, sans aucun adversaire en vue. Mais les analogies sur le déclin ne font que détourner les décideurs politiques de l’élaboration de stratégies efficaces pour l’avenir, affirme M. Nye. La nature du pouvoir a changé. Le véritable défi, sans précédent, consiste à gérer la transition vers une interdépendance mondiale croissante.

[ii] Nye, Joseph S. Jr. Soft Power: The Means to Success in World Politics. New York: PublicAffairs, 2005.

[iii] Libre Entreprise. ‘’Global Soft Power Index 2023 : Le Maroc perd du terrain‘’, 4 mars 2023. https://libreentreprise.ma/flash/global-soft-power-index-2023-le-maroc-perd-du-terrain/.

Rahhou, Jihane. ‘’Morocco Leads North Africa in Soft Power Index’’, Morocco World News, 5 mars 2023. https://www.moroccoworldnews.com/2023/03/354316/morocco-leads-north-africa-in-soft-power-index

[iv] Preuschaft, Menno. ‘’ 3. NATION-NARRATING MONARCHIES: THE RELIGIOUS ‘SOFT POWER’ OF THE MOROCCAN AND JORDAN KINGS’’, in The Struggle to Define a Nation, Demichiles, Marco & Paolo Maggiolini (eds.). Piscataway, NJ : Gorgias Press, 2017.

[v] Graiouid, Said & Belghazi, Taieb. ‘’Cultural Production and Cultural Patronage in Morocco: The State, the Islamists, and the Field of Culture’’, Journal of African Cultural Studies, 25, no. 3, 2013, pp. 261-274.

[vi] Wüst, Andreas & Katharina Nicolai. ‘’Cultural diplomacy and the reconfiguration of soft power: Evidence from Morocco’’, Mediterranean Politics, 2022.

Résumé : Sous le règne du roi Mohammed VI, le Maroc a connu une expansion rapide des liens économiques et militaires régionaux qui ont donné une impulsion graduelle à un changement dans les constellations de pouvoir régionales. Mais dans l’ombre de cette trajectoire de puissance dure, le régime marocain capitalise de plus en plus sur ses ressources de puissance douce. Dans cet article, nous démontrons comment le capital culturel considérable du royaume – issu de la religion, de l’historicité et de la tradition – est devenu un instrument politique pour améliorer l’image du pays à l’extérieur. Le régime utilise notamment des mesures de politique culturelle et de diplomatie publique dans la politique religieuse islamique et juive, à travers la commercialisation du patrimoine culturel matériel et immatériel et à travers l’investissement massif dans l’infrastructure culturelle pour construire une nouvelle marque nationale et, par la suite, consolider la position régionale et internationale du Maroc en matière de soft power. Ceci, à son tour, a permis au Maroc de poursuivre avec plus de succès ses objectifs de politique étrangère, en premier lieu sa quête de souveraineté sur le Sahara occidental. La recherche est basée sur l’analyse des médias et des données originales provenant d’entretiens semi-structurés menés entre février 2020 et février 2021.

[vii] Boum, Aomar. ‘’ “Sacred Week”: Re-Experiencing Jewish-Muslim Coexistence in Urban Moroccan Space’’, in: Bowman, Glenn (ed.); Sharing the Sacra. The Politics and Pragmatics of Intercommunal relations around Holy Places. New York & Oxford: Berghahn, 2012, pp. 139-155.

[viii] Boum, Aomar. ‘’The Plastic Eye: The Politics of Jewish Representation in Moroccan Museums’’ Ethnos, 75, no. 1, 2010, pp. 49-77.

[ix] Berriane, Johara. ‘’Pilgrimage, Spiritual Tourism and the Shaping of Transnational ‘Imagined Communities’: The Case of the Tidjani Ziyara to Fez’’, International Journal of Religious Tourism and Pilgrimage, 3, no. 2, 2015, article 4.

[x] Boutabssil, Fatima Zahra. ‘’ Evaluation of the Impact of Moroccan Cultural Diplomacy: Tools, Challenges and

Insights -The Ministry of Foreign Affairs, African Cooperation and Moroccan

Expatriates as a Case-Study’’, International Journal of Linguistics, Literature and Translation (IJLLT), 2021.

[xi] Sambe, B & Y. Hamdaoui, “Des usages du soft power religieux du Maroc sous le règne de Mohammed VI”, Afrique en Mouvement, 2019, pp. 19-29.

[xii] “Maroc-Mali: le jour où Mohammed VI a évité le pire”, Jeune Afrique, 17 juillet 2020, www.jeuneafrique.com.

[xiii] Triaud, J.-L. “La Tidjaniya, une confrérie musulmane transnationale”, Politique étrangère, no. 4, 2010, p. 840.

[xiv] Moisseron, J.-Y. & J.-F. Daguzan, “Morocco’s Regional Ambitions in Sub-Saharan Africa: Royal Diplomacy”, Joseph Daher Obrevatoire du monde arabo-musulman et du Sahel, Foundation pour la Recherche Stratégique, février 2018.

[xv] Lamlili, N. “Maroc: Institut Mohammed VI… International Imam Academy”, Jeune Afrique, 17 juin 2015,  www.jeuneafrique.com.

[xvi] Hmimnat, S. Morocco’s Religious ‘Soft Power’ in Africa As a Strategy Supporting Morocco’s Expansion in Africa, Moroccan Institute for Policy Analysis, 2018.

[xvii] Errazzouki, Samia. ‘’A Maghreb United in Discord’’, The Tahrir Institute for Middle East Policy, 20 décembre 2022. https://timep.org/2022/12/20/a-maghreb-united-in-discord/

[xviii] Nouri, Mohamed. ‘’Geopolitics of football and other things ‘’, Atalayar, 12 septembre 2022.

[xix] Jaabouk, M. & L. Babas, “Africa: Since 2001, Morocco has been moving slowly up in CEN-SAD,” Yabiladi, 14 avril 2019, https://en.yabiladi.com.

[xx] H. Mohamed, “Morocco rejoins the African Union after 33 years”, Al Jazeera, 31 janvier 2017, www.aljazeera.com.

[xxi] Mackay, C. “Moroccan medical aid is an example of true solidarity between African nations”, The Parliament, 19 juin 2020, www.theparliamentmagazine.eu.

[xxii] Touré, O. “The Accession of the Kingdom of Morocco to the Economic Community of West African States—ECOWAS,” West Africa Institute, 2017, http://wai-iao.ecowas.int.

[xxiii] “Tensions flare in Western Sahara as pro-independents Polisario accuse Morocco of ending ceasefire”, France24, 13 novembre 2020, www.france24.com.

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