Alors que d’un côté le nouvel exécutif s’adonne à des consultations tous azimuts, feignant l’ordonnancement d’un changement, de l’autre, la répression s’accélère et s’amplifie. Ainsi, ce vendredi 17 janvier, où l’on a recensé au moins trois interdictions de manifester, à Tiaret, Mascara et Sidi Bel Abbes tandis qu’à Alger plus d’une centaine d’interpellation ont été opérées. Si la majorité des interpellés a été libérée dans la soirée d’hier, quelques-uns seront présentés aujourd’hui devant le procureur ou le juge d’instruction. Or la question des détenus, depuis le début de la révolution citoyenne est considérée par l’opinion publique comme l’un des tests de sincérité ou non du pouvoir de participer au changement. Force est de constater que les signaux sont défavorables, matérialisés par l’instrumentalisation et la soumission des appareils de justice et de sécurité, d’un côté, et la fermeture des medias, de l’autre.
Le maintien en prison d’un certain nombre d’acteurs du Mouvement citoyen et la continuation des interpellations et les détentions arbitraires, contraires à la loi, sont les indices les plus forts d’une non reconnaissance par le pouvoir des revendications portées par le peuple. L’un des objectifs assigné à cette méthode est d’étêter le Mouvement citoyen qui, par sa persévérance, a marqué les esprits nationalement et internationalement.
Les consultations organisés par le nouvel exécutif avec débauchage d’individualités à la clef – tradition oblige – apparaissent dans leur vérité crue. C’est une duperie sciemment organisée, un artifice de plus pour brouiller le message populaire qui exige depuis un an, à cor et à cri, le nécessaire changement radical.
Le système persiste et signe dans sa volonté de créer l’illusion par un changement factice au lieu de renoncer à la politique de l’octroi dont il est coutumier.
Le problème en effet n’est pas dans le renouvellement du personnel mais de l’organisation du processus de légitimation. C’est la légitimité de l’exercice du pouvoir qui est le nœud gordien de la crise politique et de confiance d’aujourd’hui, d’hier et, si le pouvoir persiste dans son autisme, de demain. L’absurde réflexe de se doter d’une nouvelle constitution avec les mêmes méthodes conduit obligatoirement à la fragilisation des institutions et à la négation de l’expression de la volonté populaire A soixante ans près, le système s’est donné sept constitutions. Un triste record mondial, qui a pour résultat le divorce entre le pays réel et le pays légal.
Il est aujourd’hui une nécessité absolue, c’est la fin de la répression. La balle est dans le camp du système. La solution est de redonner la parole au peuple, dont il a été réellement sevré depuis l’accession de l’Algérie à l’indépendance en mettant en place un processus constituant autonome pour faire aboutir les mots d’ordre récurrents du Mouvement citoyen :
– Un Etat civil ;
– Une Algérie libre et démocratique ;
– Un Etat de droit.
La kermesse du pouvoir doit cesser. Elle ne trompe personne. Seule la vérité restera. Le défi est de créer les conditions de l’alternative démocratique. Pour cet objectif, l’élargissement et l’unité d’actions des espaces de la citoyenneté sont à encourager.
Alger, le 19/01/2020.