En défense du Mouvement Populaire contre la décision du ministre Nasser Bourita

Par: Rachid RAHA

J’ai été grandement étonné par les accusations d’un certain « site Web » sur la participation de certains membres du parti « Mouvement Populaire » à une réunion dans le Royaume hachémite de Jordanie, qui a été soutenue et financée par la Fondation allemande « Friedrich Naumann », très active au Maroc depuis plus de cinquante ans. Des accusations de trahison à l’encontre de ce parti politique ont été proférées injustement, pour avoir « violé la décision du Maroc de ne pas traiter avec l’ambassade et aucune organisation allemande ».

Cette soi-disant « trahison » intervient au lendemain de la participation de la délégation susmentionnée, malgré l’annonce par le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, à travers une correspondance interne au président de gouvernement, de couper tous les liens avec l’ambassade d’Allemagne à Rabat, en raison de ce qu’il a décrit « des malentendus profonds avec la République fédérale d’Allemagne ».

Dans sa lettre rédigée en français, Bourita a déclaré : «  »En raison des malentendus profonds avec République Fédérale d’Allemagne au sujet des questions fondamentales du Royaume du Maroc, les départements ministériels (…) sont priés de suspendre tout contact, interaction ou action de coopération, en aucun cas ou sous aucune forme, aussi bien avec l’Ambassade d’Allemagne au Maroc qu’avec les organismes de coopération et les fondations politiques allemandes qui lui sont liés ».

Bien que la correspondance de Bourita n’ait pas encore clarifié la nature de ces « malentendus profonds », ni leur « forme » et leurs relations avec les organisations et institutions allemandes qui existent au Maroc, en mentionnant la Fondation Friedrich Naumann pour la liberté, qui est la plus ancienne institution étrangère opérant au Maroc depuis 1969, et qui a déjà fêté ses 50 ans de présence active au Maroc. Il faut dire, toutefois, que cette honorable organisation était à l’origine de la création d’un centre de formation des journalistes en 1969, devenu aujourd’hui l’Institut Supérieur de l’Information et de la Communication et de l’Association des jeunes entrepreneurs marocains en 1999, qui a été adoptée par l’Union générale des entreprises marocaines comme base pour la création de la Fédération des petites et moyennes entreprises et petites et moyennes industries. En plus de soutenir des associations de la société civile et d’établir des partenariats et des relations avec un certain nombre de partis politiques, d’organisations et d’associations marocaines, parmi lesquels le Rassemblement National des Indépendants, le Mouvement Populaire et l’Union Constitutionnelle. Cependant, certains tentent maladroitement de qualifier de « traître » le Mouvement Populaire et d’autres qui coopèrent avec des organisations allemandes, comme si la décision du ministre – qui est juste sa propre décision – était devenue une loi sacrée et incontestable.

En effet, la décision reste une « décision du ministre des Affaires étrangères » et ne concerne personne, même pas le Président du gouvernement. D’ailleurs, le chef du gouvernement vient de souligner, dans une circulaire sous le N° 5/2021 portant sur l’amélioration de la coordination des actions gouvernementales et des relations du gouvernement avec les institutions et organes constitutionnels, que le gouvernement exerce le pouvoir exécutif, sous l’autorité de son chef.

Tant que la décision ne provient pas de la présidence du gouvernement et qu’elle n’est pas officiellement annoncée par les voies diplomatiques reconnues, et tant qu’il s’agit de décision écrite en langue française, et non pas dans les deux langues officielles du pays, en violation flagrante de la constitution marocaine qui reconnaît l’officialité des langues amazighe et arabe, elle reste nulle et non-avenue.

La décision du ministre Bourita est en fait une décision illégale et anticonstitutionnelle à l’encontre d’un état comme l’Allemagne qui constitue le leadership de l’Union européenne, sans parler de notre partenariat et de nos relations économiques avec elle et avec les pays de l’UE, en général, car cette décision nuit sérieusement au Maroc, à ses intérêts, et à sa crédibilité.

Si les malentendus s’agissent vraiment d’un citoyen « djihadiste » que les autorités allemandes ont refusé d’extrader vers le Maroc, alors il y a d’autres citoyens dans un certain nombre de pays qui, sont parallèlement recherchés par la justice marocaine, et ces pays refusent sèchement de les remettre au Maroc, nous n’avons pas vu le ministère des Affaires étrangères, dans ces cas, prendre la même position avec leurs ambassades ni leurs institutions satellites.

Il est, toutefois, nécessaire de rappeler également au ministère que son ministère avait eu l’occasion d’organiser un certain nombre de congrès pour les avocats marocains résidant à l’étranger par le biais d’institutions qui lui sont affiliées, et il suffit simplement la mobilisation d’un de ces avocats, qui détient la double nationalité marocaine et allemande ou européenne, pour intenter une action en justice en Allemagne contre cette dite personne pour apologie de la violence, sans arriver à de tels manœuvres ni incidents diplomatiques.

D’autre part, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, tout en saluant ses efforts diplomatiques et ses succès, notamment dans le dossier du Sahara marocain, pratique malheureusement une certaine politique d’exclusion envers la langue et la culture amazighes, considérées officielles dans la constitution du Royaume depuis une dizaine d’années, en violation des textes et du préambule de la constitution marocaine. Ainsi, il persiste à continuer à utiliser la dénomination raciste du « Maghreb arabe » au lieu du « Grand Maghreb », et continue à marginaliser, du même coup, la langue amazighe au sein de son propre ministère, que ce soit lors de ses conférences de presse, séminaires et rencontres, et exclut la langue amazighe et ses lettres Tifinagh des inscriptions sur les façades des consulats étrangers dont elle a récemment annoncés l’ouverture dans les provinces du sud du Maroc, en plus des écriteaux et des plaques de signalisation des ambassades et des consulats marocains à l’étranger.

Le ministre des Affaires étrangères continue inlassablement sa discrimination à l’encontre de la langue et la culture amazighes. En effet, ses initiatives, relations et accords bilatéraux qu’il conclut avec les pays européens ou avec le reste des pays étrangers, où la langue arabe est enseignée aux enfants d’immigrés, excluent la langue amazighe alors qu’elle est la langue maternelle de la plupart des enfants des citoyens marocains résidents à l’étranger, en plus d’être langue nationale et officielle du Royaume du Maroc.

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