A l’aimable attention de
Mme. Audrey AZOULAY
Directrice générale de l’UNESCO,
Objet : Félicitations et comment résoudre la problématique de l’éducation au Maroc et dans les pays de Tamazgha.
Madame la Directrice générale,
Vous venez d’être officiellement nommée le vendredi 10 novembre en tant que nouvelle Directrice générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), après la confirmation par la Conférence générale, à l’occasion de sa 39e session et dont vous venez de prendre vos fonctions à partir de ce mercredi 15 novembre.
A cette occasion, je tiens, avant tout, à vous féliciter vivement et à vous souhaiter nos meilleurs vœux de succès dans l’exercice de vos fonctions dans cette nouvelle et noble responsabilité à la tête de l’UNESCO.
Madame la Directrice générale,
Du fait que vous allez mettre un programme où l’éducation figure parmi vos urgentes priorités, j’aimerais bien vous interpeler sur ce secteur, délicat et sensible, dans nos pays d’Afrique du Nord, caractérisé par une accumulation préoccupante d’échecs successifs, à cause d’interminables réformes qui ne reposent guère sur la réalité culturelle, ni sociologique, ni anthropologique, ni historique, ni linguistique de nos pays d’Afrique du Nord, et où nos politiciens s’obstinent à s’accrocher à une idéologie moribonde, obsolète et importée du lointain Proche Orient. Prenant par exemple, le cas du royaume du Maroc, dont sont originaires vos parents amazigho-juifs.
Même si le Directeur du Rapport mondial de suivi sur l’éducation, M. Manos Antoninis, a affirmé, au siège des Nations Unies, le 26 octobre passé, que « Le Maroc est un exemple des pays qui ont fait des progrès énormes dans l’éducation au cours des dix dernières années et initié des réformes sur la problématique de la langue d’enseignement », il continue à être, au contraire, l’un des pays qui a effectivement reconnu son cuisant échec dans ce domaine, du fait que chaque année plus de 400 000 élèves abandonnent l’éducation primaire, et plus de 100 000 répètent la première année. Seulement la moitié des élèves du primaire arrivent au collège et ils ne sont que 13% à franchir le cap de bac ! Et cela malgré le fait que le département de l’éducation absorbe une part très significatif du budget. Pour l’ année prochaine, l’actuel gouvernement a réservé un budget pour le ministère de l’Éducation nationale de plus de 59 milliards de dirhams, qui est le plus gros poste de dépenses avec 54,4 milliards de dirhams en 2017, et une augmentation de 9% pour 2018, soit plus de 22% du budget total de l’état. Des chiffres qui donnent froid de ces abandons de masse d’élèves que l’école publique marocaine n’arrive pas à maintenir ni à intégrer, et qui dans une grande partie de ces enfants terminent dans les filets de la délinquance, qui connait des proportions alarmantes ! Pire, certains tombent directement dans les filets de salafisme djihadiste !
Dernièrement, à la suite des attentats de Barcelone du 17et 18 août passés, la presse espagnole n’a pas arrêté d’attaquer ouvertement le royaume du Maroc comme étant la principale source de djihadisme international, à tel point que l’une des unes de l’hebdomadaire « Jeune Afrique » l’a intitulé ‘‘ Terrorisme. Born in Morocco’’ (1). Le journal « La Razon » est allé encore plus loin en affirmant que : ‘‘70% des terroristes djihadistes qui ont attaqué en Europe au cours des quinze dernières années sont de nationalité marocaine. Le royaume alaouite est devenu le berceau de la radicalisation pour les jeunes engagés dans le djihad’’ (2). De ce fait, c’est exagérément anormal que le Maroc qui compte sur une population de 35 millions de personnes, sur une population mondiale de musulmans de plus de 1,6 milliard de personnes, s’accapare 70% des djihadistes islamistes qui ont commis des attentats atroces en Europe !
Personne n’arrive à donner des explications convaincantes à ce phénomène bizarre, mais qui revient en dernière instance au rôle néfaste de l’école marocaine (et par extension des écoles nord-africaines). Personnellement, j’ai essayé d’en offrir une certaine explication à travers ma lettre ouverte envoyée à Mme. la Chancelière allemande Angela Merkel à propos du sujet de « L’avenir de l’Europe, l’émigration nord-africaine et l’international islamiste », au mois d’avril dernier. Je lui ai souligné que : « … Les gouvernements européens ne savent quoi faire ni comment apporter des solutions adéquates à la crise économique ni au chômage des jeunes, ni aux flux ininterrompus de réfugiés et des émigrés, ni encore moins au problème épineux du terrorisme rampant. Les terroristes n’ont pas hésité de frapper en plein cœur de l’Europe, comme les attentats meurtriers de Paris du 13 novembre 2015 et de Bruxelles du 22 mars 2016 et la ville de Berlin du 19 décembre 2016. Après Londres, personne ne sait quelle est la prochaine cible…
L’opinion publique européenne a la sensation que l’UE, soixante ans après le traité de Rome, est devenue impuissante à stopper le recrutement de certains jeunes citoyens européens qui font allégeance à Daech, qui intègrent ses cellules ou en agissent comme des loups solitaires, provoquant de plus en plus d’attentats barbares et choquants non seulement en Syrie, en Iraq, en Libye… Pourquoi des jeunes d’origine nord-africaine tombent dans les réseaux terroristes islamistes et commettent ces attentats portant atteinte et préjudice à leurs familles, à l’image de leur religion et à la stabilité de leurs communautés dans les différents pays nord-méditerranéens, qui les ont bien accueillis, qui leur ont octroyé la nationalité et qui leur ont permis de jouir des mêmes droits individuels et d’un certain bien-être social ?
Comment remédier à cette situation ? Il faut comprendre pourquoi des jeunes, dont les valeurs ancestrales condamnent toute type de violence, arrivent à tomber dans les filets des réseaux terroristes, et commettent des actes sanglants, sachant bien qu’ils portent de graves préjudices à leurs familles, au message de paix de leur religion musulmane et à la stabilité et convivialité de leurs communautés dans vos différents pays.
L’extrême droite ne ménage aucune opportunité pour attribuer directement ces maux à la religion islamique, alors qu’en réalité, cette problématique revient en grande partie à un autre phénomène. L’historien français, Pierre Vermeren ne cesse de nous rappeler que la majorité des auteurs des attentats de Madrid de 11 mars 2004, ceux de Paris et de Bruxelles sont d’origine marocaine, et plus précisément sont originaires de la région du Rif (3). Mais ce qui est encore plus dangereux, c’est le fait qu’au cas où certains jeunes rifains, déjà à la tête du trafic du cannabis du Maroc vers l’Europe, tombent en masse aux mains de l’Etat islamique ou d’Al Qaida, ils arriveront, sans aucun doute, à déstabiliser tout le Maroc et toute l’Europe (4).
Effectivement, si vos services de sécurité essayent de procéder à enquêter en profondeur sur l’origine de ces plus de 800 jeunes allemands que Daech a réussi à recruter, ils réaliseront qu’il s’agissait plutôt de jeunes d’origine marocaine, alors qu’ils devraient normalement être d’origine turc, du fait que la communauté musulmane la plus importante en Allemagne est évidemment turc. Plus nombreuse que celle d’origine marocaine. Disons-le clairement : les raisons de ce recrutement ne sont pas vraiment liées à la religion, mais plutôt et prioritairement à la question de « la crise d’identité » (5). Si le fait religieux y contribue dans une certaine mesure, c’est parce qu’on a permis aux imams wahhabites du Proche Orient de gérer des mosquées fréquentées majoritairement par des musulmans malékites d’Afrique du Nord, comme c’est le cas de la grande mosquée de Bruxelles, sachant que la grande majorité des musulmans européens d’origine nord-africaine sont de doctrine malékite, une doctrine qui respecte la vie humaine, et qui a été diffusée par la dynastie amazighe des almoravides.
Si la majorité des jeunes issus de l’émigration tombe dans la délinquance, – dont une infime partie a été séduite par ces thèses du djihadisme-, c’est que « l’école allemande » du pays d’accueil n’a pas réussi leur intégration scolaire. C’est qu’ont observé vos responsables éducatifs dans les années soixante et soixante-dix, et qui ont eu le mérite de développer et d’appliquer le programme éducatif basé sur l’ELCO, à savoir « l’enseignement des langues et cultures d’origines » (6). Ce qui a poussé votre ministère de l’éducation nationale à l’époque de passer des accords avec les pays émetteurs de l’émigration, pour dispenser de manière complémentaire des cours de langues espagnole, portugaise, italienne, polonaise, turque et arabe… Les résultats étaient spectaculaires : les écoliers d’origine espagnole, portugaise, italienne, … y inclus ceux qui sont musulmans et d’origine turc, ont tous amélioré leur rendement, l’échec scolaire s’est réduit notablement, et par conséquent, ils ont bien réussis leur intégration sociale et socioprofessionnelle; cela n’a pas été le cas des élèves d’origine marocaine, dont les résultats sont devenus pire qu’avant.
La réponse se trouvait dans le simple fait que ces enfants d’origine marocaine n’étaient pas des « Arabes », ils n’étaient pas de culture arabe ni connaissaient la langue arabe. Ils ne comprenaient rien aux enseignants marocains parce que ces enfants étaient (et le sont toujours) presque tous des Amazighs, des berbères originaires des montagnes du Rif. Si les élèves turcs comprenaient parfaitement les enseignants envoyés par le gouvernement d’Ankara, les élèves d’origine marocains ne comprenaient pas du tout les enseignants arabophones. Ces derniers ont permis d’accentuer leur « crise d’identité », de les sous-valoriser et de les condamner aux marges de la société, à élargir les poches de la délinquance, à multiplier les réseaux du trafic de drogue et dont certains terminent fatalement à se convertir en ‘bombes humaines’ (7).
Ainsi, et dans l’intérêt général, pour mieux intégrer les enfants égarés et déracinés, il fallait (et il faut toujours) des enseignants en langue amazighe. De même, par exemple, pour mieux intégrer les enfants des refugiés syriens et irakiens que les autorités allemandes ont accueillis, il faut inclure dans l’ELCO, à côté de l’enseignement obligatoire de la langue allemande, leur langue maternelle : la langue arabe pour les sunnites, perse pour les chiites et kurde pour les réfugiés kurdes.
Par contre l’idée de la ministre française Najat Vallaud-Belkacem, elle-même amazighe d’origine rifaine, qui voudrait enseigner l’arabe dans les écoles françaises, est une idée parfaitement contreproductive. Au lieu d’intégrer prioritairement sa langue maternelle, qu’est la langue amazighe, au lieu d’aider les enfants d’origine nord-africaine à récupérer les valeurs originelles de leur millénaire identité amazighe, basée sur la tolérance, la liberté, et l’égalité, comme le préconisent les valeurs de la République Française, elle veut leur imposer l’enseignement de l’arabe classique, en aliénant les citoyens Amazighs d’Europe d’origine des montagnes de la Kabylie, de la vallée du Souss, des montagne du Rif et des cordillères de l’Atlas. Ainsi, elle essaie de leur imposer «une politique d’arabisation idéologique», qui a déjà ruinée le système éducatif du Maroc et de tous nos malheureux pays de Tamazgha d’une façon impitoyable et irréversible. On dirait que la ministre française ignore que le déracinement et l’acculturation, commencés dans le pays d’origine et qui continuent dans le pays d’accueil, poussent inéluctablement les jeunes musulmans, selon la pertinente étude de Manuel Llamas réalisée à la ville de Melilla, à la radicalisation en faveur des mouvances islamistes (8). »
En définitive et en fin de compte, les écoles de toute l’Afrique du Nord ont complétement échoués pour la simple raison qu’elles n’ont jamais respecté les recommandations formulées déjà en 1962 par votre institution de l’UNESCO, à savoir de préconiser l’insertion de la langue maternelle dans l’enseignement primaire dès les premières années, ainsi que leur utilisation dans l’alphabétisation des adultes. Comme le souligne sociolinguiste Ahmed Boukous (9):
1- La langue maternelle assure la continuité entre l’environnement familial et le milieu scolaire.
2- La langue maternelle garantit les conditions de succès de l’accès de l’enfant à un univers sociologique nouveau.
3- La langue maternelle facilite l’acquisition des stratégies d’apprentissage en général et des habiletés de la lecture et de l’écriture plus efficacement qu’une langue seconde ou une langue étrangère.
4- La langue maternelle étant le véhicule naturel de la pensée et de l’expression d’un peuple, son emploi pour l’éducation et l’alphabétisation resserre les contacts avec les sources de sa culture.
5- L’enseignement en langue maternelle se trouve en outre investi d’une fonction de facilitation en jouant notamment le rôle de médiateur entre le référent culturel familial et le référent culturel et social véhiculé par l’institution scolaire….
Ahmed BOUKOUS ajoute que selon les experts de l’UNESCO, les pédagogues et les psychologues de l’enfant, la langue maternelle a des fondements psychopédagogiques solides, du fait qu’: « elle joue un rôle décisif dans son développement cognitif, dans sa relation psychoaffective à son environnement immédiat, dans sa scolarisation et dans le processus d’intelligibilité du monde ».
C’est ainsi que le système éducatif marocain et nord-africain n’auront aucun progrès ni résultats tangibles tant qu’ils n’intègrent pas les langues maternelles, à savoir le tamazight et le darija. Comme l’a souligné le Directeur du Rapport mondial de suivi sur l’éducation de l’UNESCO que : « l’édition de cette année relève que près de 100 millions de jeunes à travers le monde ne savent pas lire, principalement en raison du fait que la langue d’enseignement dans les écoles n’est pas celle que les enfants comprennent ou parlent à la maison ». Dans ce sens, l’ex-ministre de l’éducation nationale Rachid Belmokhtar avait reconnu explicitement que 78 % des élèves qui terminent le cycle primaire ne savent ni lire ni écrire (Assabah 11/11/2015) !
A cela, s’ajoute le fatidique constat que l’école marocaine (et toujours par extension l’école nord-africaine) n’assure plus de mobilité sociale, fondamentalement à cause de la politique de l’arabisation idéologique du système éducatif qui continue à nos jours. L’objectif de celle-ci avoué par le mouvement national et les intellectuels arabistes, à leur tête Allal El Fassi et le pseudo-philosophe Mohamed Abed Al-Jabri, est de provoquer un génocide linguistico-culturel à l’encontre de la langue amazighe, afin de réduire ses locuteurs à une infime minorité. Maintenant que celle-ci est reconnue comme langue officielle, les hommes politiques et intellectuels organiques pan-arabistes et islamistes, ainsi que les responsables ministériels font tout leur possible à mettre des bâtons dans les rues contre sa promotion et sa généralisation dans le système éducatif du primaire à l’université, comme le recommande les instances des Nations Unies lors de l’examen, plus particulièrement le Comité des Droits économiques, sociaux et culturels en octobre 2015, et rappelé par le Conseil des droits de l’homme au vingt-septième session du groupe de travail sur l’EPU (https://digitallibrary.un.org/record/862305/files/A_HRC_WG.6_27_MAR_2-FR.pdf ).
Comme le souligne Hassan Aourid dans sa thèse de doctorat d’Etat (10): « Plus grave d’après Mohamed Chafik, la politique d’arabisation est une manœuvre, voire un complot, pour faire des Amazighs de continuels vassaux et de les maintenir dans la dépendance et les tâches subalternes, alors que les promoteurs de la langue arabe mettaient leurs enfants dans le système éducatif français qui leur assurait poste de choix et promotion sociale ». Une triste et fâcheuse réalité confirmée par l’analyse pertinente de Mohamed Boudhan (11), qui assure que : « le véritable rôle d’arabisation, est de préserver les prérogatives et la suprématie d’une telle petite classe fortunée, et d’établir des ‘frontières’ infranchissable entre l’élite et la masse. Il fallait ‘neutraliser’ le rôle de l’enseignement général et gratuit comme moyen de promotion et d’ascension sociale. L’arabisation avait pour but de neutraliser l’ascension des couches défavorisées ». Il ajoute que : « que la fonction véritable, mais cachée, de l’arabisation, est d’établir et de maintenir une division sociale du travail, régie par des rapports de classe: il y a, d’une part, les emplois nobles-tâches consistant à commander, telles que: la gestion, la direction, la supervision, la planification et le contrôle –exercés par la haute classe qui possède, grâce à sa fortune, un niveau d’instruction utile et excellent, la rendant apte à ces hauts postes. Il y a d’autre part, les emplois subalternes de second rang – le plus souvent des tâches d’exécution et de production – laissés aux classes défavorisées, dont les conditions économiques ne permettent pas d’avoir accès au même type et au même niveau d’instruction utiles et excellente, matériellement et symboliquement. Ces classes n’ont accès qu’à l’enseignement gratuit et arabisé, qui n’a pas de valeur sur le marché des emplois estimables et nobles ».
En fin de compte, cette néfaste politique d’arabisation idéologique ne faisait que continuer à perpétuer l’œuvre de la politique de discrimination de la colonisation française que Mohamed Benhlal rappelle dans son formidable étude sur le collège d’Azrou (12) en soulignant que : « le statut et l’organisation de l’enseignement des écoles primaires indigènes consacra la discrimination ethnique et sociale déjà en vogue depuis la timide apparition de l’enseignement moderne au Maroc : les « écoles de fils de notables » destinées à l’élite musulmane et les « écoles populaires » réservées à la masse ».
Madame la Directrice générale,
En définitive, la politique éducative d’ ‘arabisation’ a clairement échoué au Maroc, et au sein de tous les pays de Tamazgha, pour un simple motif c’est que ses habitants ne sont pas des « Arabes ». Comme je l’ai souligné dans ma lettre à la chancelière allemande que : « les chefs de nos Etats nord-africains et les responsables de gouvernements continuent, malheureusement, à mener des politiques de ségrégation injustes à l’encontre de peuple autochtone, que sont les Amazighs, du fait qu’ils s’obstinent à se considérer comme des « Arabes », c’est-à-dire des asiatiques plutôt que des africains, et qu’ils ne ménagent aucun effort pour «arabiser» l’Afrique septentrionale, à cause de leurs idéologies baâtho-islamistes obsolètes et importées du lointain Proche Orient, et qui sont à l’origine de la ruine d’états entiers, comme c’est le cas de la Syrie ou de l’Irak. Tant qu’ils n’assument pas leur vrai amazighité et leur entière africanité, ils continueront à se comporter comme des politiciens de régimes néo-colonialistes aux yeux de nos communautés, alors que la science et la génétique viennent de trancher qu’ils ne sont pas du tout « Arabes ». Les résultats de l’étude d’anthropologie génétique lancée par National Geographic, sous le nom de The Genographic Project (13), en 2005, révèle, par exemple, que les tunisiens sont irréversiblement Amazighs à 88%, comportant une infime proportion de gènes d’origine arabe, juste 4% ». Les résultats d’une autre étude d’anthropologie génétique vont encore plus loin, celles de l’équipe de l’immunologue espagnol le Dr. Antonio Arnaiz Villena, affirment que les aïeuls de certains peuples européens du pourtour méditerranéen (basques, espagnols, portugais, italiens du sud, siciliens…) ont les mêmes aïeuls que les africains du Nord, et plus précisément du Grand Sahara (14). En plus, les dernières découvertes de l’une de vos institutions allemandes, en l’occurrence l’Institut Allemand d’Archéologie (KAAK), en collaboration avec l’INSAP marocain, ont réussi à entreprendre des fouilles archéologiques dans le Rif oriental (15) comme celle d’Ifri n Ammar d’Afsou (Mont Arruit à Nador), Hassi Ouinga et Ifri el Baroud (Saka) et démontrent la présence humaine durant toutes les périodes préhistoriques, du paléolithique inférieur jusqu’au néolithique, de la fabrication des bifaces jusqu’à la découverte de l’agriculture. Des résultats qui contredisent catégoriquement la fausse thèse de l’histoire officielle des idéologues arabo-musulmans comme quoi les aïeuls des Amazighs procéderaient de la péninsule arabique et de Yémen ! ». Encore plus, la récente découverte et datation de l’Homme d’Adrar Ighoud, à 100 km de Marrakech, par l’équipe des anthropologues Abdelouahed ben-Ncer Ncer (Insap, Rabat, Maroc) et de son collègue Jean-Jacques Hublin (Institut Max-Planck, Leipzig, Allemagne) font spectaculairement remonter l’âge d’Homo sapiens, l’ancêtre de toute l’humanité, à plus de 300.000 ans.
Et à propos de ce fabuleux site archéologique, qui devrait être reconnu comme patrimoine mondiale, risque d’être détruit à jamais par les exploitants de carrières de roches qui l’entourent, si vous ne prenez pas dans l’urgence des mesures en faveur de sa protection.
Dans l’attente d’interpeller les responsables éducatifs de nos pays de Tamazgha de l’importance de la langue maternelle, veuillez agréer, Excellence Madame AZOULAY, nos salutations les plus distinguées.
Signé : Rachid RAHA,
Président de l’Assemblée Mondiale Amazighe.
Références :
(1).Jeune Afrique n° 2955 du 27 août au 2 septembre, Paris 2017.
(4). Rachid Raha, la revendication identitaire au Rif, Paris, 14 décembre 2014 in https://www.youtube.com/watch?v=GHx7Ron3_IA.
(5). Dr. Mimoun Charqi, L’identité entre revendications légitimes et dérives terroristes, in www.amadalpresse.com/fr/?p=526
(6). Tilmatine, Med (sous la dir.), Enseignement des langues d’origine et immigration nord-africaine en Europe, Langue maternelle ou Langue d’Etat ? INALCO, Paris 1997.
(7). Rachid Raha: Le Maroc produit-il des terroristes ? in http://amadalpresse.com/RAHA/Terroristes.html .
(8). Manuel Llamas, Melilla y el islamismo, Instituto de las Culturas, Melilla, 2011.
(9). Ahmed BOUKOUSS : Le droit à l’éducation en amazighe, in Le Monde Amazigh n° 28 du 31 octobre 2002.
(10). Hassan Aourid : substrat culturel des mouvements de contestation au Maroc ; analyse des discours islamiste et amazighe, thése de Doctorat d’Etat, Université Mohamed V, Rabat 1999
(11). Mohamed Boudhan : l’arabisation de l’enseignement : un subterfuge pour préserver les privilèges de classe ! revue Tifinagh n°7, Rabat septembre 1995.
(12). Mohamed Benhlal : Le collège d’Azrou, la formation d’une élite berbère civile et militaire au Maroc, Editions Karthala et IREMAM, Paris 2005).
(13). https://genographic.nationalgeographic.com/reference-populations/ .
(14). Rachid Raha : Y a-t-il des Arabes au Maroc ? in http://amadalpresse.com/RAHA/Origines.html).