L’AMREC proteste les résultats de recensement de 2024 sur la langue amazighe

Communiqué de l’Association Marocaine pour la Recherche et l’Échange Culturel Concernant les résultats du Recensement Général de la Population et de l’Habitat 2024 relatifs à la langue amazighe

Suite à l’annonce officielle le 17 décembre 2024 par le Haut-Commissariat au Plan (HCP) des résultats du Recensement Général de la Population et de l’Habitat 2024, indiquant que 24,8 % des Marocains parlent la langue amazighe (19,9 % en milieu urbain et 33,3 % en milieu rural), l’Association Marocaine pour la Recherche et l’Échange Culturel exprime ses doutes quant à la crédibilité de ces chiffres. L’association souligne le manque de rigueur scientifique dans la méthodologie utilisée pour la collecte des données, ce qui a impacté négativement l’analyse et les résultats, ne reflétant pas précisément la réalité linguistique des Marocains.

L’association avait auparavant exprimé sa vive désapprobation face à l’exclusion systématique de l’amazighité lors de la préparation du recensement de 2024. Cette exclusion s’est manifestée par l’ignorance de l’amazighe en tant que langue officielle et par l’absence d’implication de la société civile, des spécialistes et des chercheurs en études amazighes dans le processus de préparation. Leur expertise en matière de diversité linguistique et culturelle aurait pu être mise à profit pour élaborer un questionnaire conforme à la réalité sociolinguistique marocaine et au cadre constitutionnel actuellement en vigueur. Par ailleurs, les institutions nationales chargées de gérer la diversité linguistique et culturelle n’ont pas été invitées à participer à des discussions scientifiques publiques visant à élaborer une méthodologie multidimensionnelle. Cette omission a réduit le recensement à une simple collecte de données et à la publication de statistiques brutes, au lieu de créer une base de données susceptible d’éclairer les politiques publiques linguistiques et culturelles nécessaires à la construction d’un Maroc démocratique.

En suivant le déroulement du recensement, l’association a constaté que les données collectées, qu’elles proviennent des questionnaires courts ou longs, ne permettent pas de formuler une politique publique respectant les dispositions constitutionnelles, en particulier celles relatives à l’amazighe en tant que langue, culture et identité commune à tous les Marocains. Ainsi, l’association conclut que les résultats manquent de crédibilité : ce qui repose sur des bases biaisées ne peut produire des résultats valables.

L’association estime que le HCP a échoué à interpréter les dispositions constitutionnelles relatives à la diversité linguistique au Maroc. Il confond l’arabe standard moderne et le darija marocain (arabe dialectal), qui sont pourtant distincts. De plus, il persiste dans les erreurs passées lors de chaque opération de recensement, en classant les Marocains en fonction des langues qu’ils parlent, une démarche davantage ethnique que démographique. Cette approche fausse l’histoire et la réalité en produisant des résultats qui minimisent le nombre de locuteurs amazighophones au Maroc. Par exemple, les résidents urbains sont souvent classés comme arabophones, tandis que les variations régionales du darija sont ignorées, contrairement à la segmentation appliquée aux variétés de l’amazighe (rifain, atlasique, soussi, etc.).

L’association considère que les chiffres publiés par le HCP, même s’ils étaient supposés exacts, confirment les points suivants :

  1. L’État marocain a échoué dans la gestion de la question amazighe, et la poursuite de cette approche pourrait conduire à l’extinction de la langue amazighe.
  2. Les politiques publiques ont été inefficaces pour intégrer l’amazighe dans l’éducation, les médias, l’administration et la vie publique, comme le montrent les taux d’utilisation de l’amazighe dans les résultats du recensement.
  3. Il est urgent d’accélérer la mise en œuvre effective des dispositions constitutionnelles relatives à l’amazighe en tant que patrimoine commun, dans le respect de l’unité nationale et de la diversité, tout en suivant les directives royales à ce sujet.
  4. Une nouvelle approche, incluant des mesures d’action positive en faveur de l’amazighe, est nécessaire pour corriger les erreurs des politiques publiques depuis l’indépendance du Maroc, qui ont conduit à la situation actuelle alarmante de l’amazighe.
  5. Chaque acteur doit assumer sa responsabilité historique et considérer les conséquences potentielles des politiques publiques d’exclusion continue envers l’amazighe, qui pourraient entraîner des développements et des issues imprévisibles.
  6. Il est impératif de revoir fondamentalement les politiques publiques adoptées et d’élaborer un plan national véritable pour promouvoir l’amazighe en tant que langue, culture et identité.
  7. Il est essentiel d’ouvrir un débat public national sur la situation et l’avenir de l’amazighe et de mobiliser les efforts nationaux pour sauver l’amazighe en tant que caractéristique fondamentale de l’identité marocaine. Dans un monde globalisé qui efface les spécificités nationales au profit de langues et cultures étrangères dominantes, la langue amazighe, qui a survécu sur son territoire pendant des siècles, est désormais menacée d’extinction à court terme.

Signé :
Imad Al-Mniari
Président de l’Association Marocaine pour la Recherche et l’Échange Culturel

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