L’Assemblée Mondiale Amazighe demande la dotation d’un budget spécial pour l’amazighe dans le projet du budget de l’année 2021, la reconnaissance du nouvel an amazigh 2971 et le changement de l’appellation de l’agence «La MAP»

Lettre aux Mesdames et Messieurs Les Députés(es) et Conseillers(es) des deux chambres du Parlement marocain

Mesdames et Messieurs les Député-e-s et Conseiller-e-s,

Pour la quatrième année consécutive et en dépit de la situation sanitaire dû à la propagation de la pandémie de coronavirus Covid19, nous vous écrivons pour vous demander de faire pression sur le gouvernement afin qu’il dédie un budget spécial dans son projet de budget pour l’année 2021, afin d’inclure l’amazigh dans les secteurs de l’éducation et des médias et dans tous les aspects de la vie publique en tant que langue officielle du pays, reconnue dans la Constitution de premier juillet 2011. Nous vous adressons de nouveau cette correspondance du fait que la loi organique n ° 26.16, concernant les étapes de l’activation du caractère officiel de l’amazigh et sur la manière de l’intégrer dans le domaine de l’éducation et des domaines prioritaires de la vie publique, est entrée officiellement en vigueur, après sa publication dans le Bulletin Officiel sous le numéro 6816 et publié le 26 septembre dernier, depuis déjà plus d’une année.

Mesdames et Messieurs les Député-e-s et Conseiller-e-s,

Nous avons l’honneur de vous re-adresser cette requête, eu égard à la situation tragique que connaît la mise en œuvre de l’officialisation de l’amazighe, dans les institutions et les établissements publics. Situation qui va en s’aggravant d’un gouvernement à un autre, en raison des multiples obstacles inhérents à une résistance tantôt politique tantôt administrative. Et parmi les conséquences de cette résistance, à titre d’exemple, l’avortement de l’action d’intégration de l’amazighe dans le système éducatif national et dans les classes de lutte contre l’analphabétisme. Ceci en raison d’un ensemble de décisions dont le retrait de la charge d’enseigner l’amazighe à des professeurs spécialisés qui sont sommés d’enseigner d’autres langues, tels l’arabe et le français. Le manque de formation en langue amazighe. A cela s’ajoute son totale absence de l’enseignement préscolaire et sa régression dans d’autres établissements de l’enseignement primaire, et son arrêt dans certains établissements sous prétexte d’absence de ressources humaines et financières nécessaires.

Mesdames et Messieurs les Député-e-s et Conseiller-e-s,

Le dossier de l’enseignement de l’amazigh est en déclin et nécessite des décisions politiques audacieuses ainsi que des positions fermes et décisives pour sauver et intégrer l’amazigh dans le domaine de l’éducation nationale et dans les domaines prioritaires de la vie publique, afin de pouvoir fonctionner à l’avenir comme langue officielle de l’État. Pour cela, il faut absolument vous rappeler qu’il faut dédier un budget spécial pour l’Amazigh dans le projet du budget de 2021, en considérant que la loi organique de réglementation, publiée au Bulletin Officiel, insiste sur le fait que «  les secteurs ministériels, les conseils territoriaux et les institutions publiques et constitutionnelles élaborent des plans d’action qui incluent les modalités et les étapes de l’intégration progressive de l’amazigh dans leurs domaines respectifs, et cela au plus tard dans six mois à compter de la date de publication de la dite loi organique au Bulletin Officiel », c’est-à-dire au mois de mars prochain 2020. Sept mois se sont déjà écoulés et on trouve rien de concret sur le terrain. Ce qui témoigne d’un contournement de la décision Royale quant à la promotion de l’amazighe, identité, langue et culture, et au renforcement de sa place dans le domaine social, éducatif, culturel et médiatique ; décision annoncée par Sa Majesté dans son discours d’Ajdir le 17 octobre 2001/2951.

Mesdames et Messieurs les Député-e-s et Conseiller-e-s,

Partant de ces données qui témoignent clairement de l’absence d’une volonté gouvernementale pour la promotion de l’amazighe, et dans le cadre de vos prérogatives juridiques,  politiques et institutionnelles en tant que député(e)s et conseillers(e )s des deux chambres de la nation, nous vous sollicitons de nouveau de bien faire pression sur le gouvernement afin de réserver un budget spécifique et conséquent dans son projet de budget de 2021, pour l’intégration de l’amazighe dans les secteurs de l’enseignement et des médias ainsi que dans les autres secteurs de la vie publique, comme il est indiqué dans la loi organique publiée au Bulletin Officiel. Nous vous informons que juste pour enseigner l’amazigh à tous les élèves de la première année du cycle primaire, il faut au moins 5 000 professeurs spécialisés en amazigh, et pour le reste des années du primaire il faut plus de 100 000 professeurs pour les 5 millions d’élèves inscrits, sans compter les professeurs pour les campagnes de l’alphabétisation des adultes et les enfants d’émigrés marocains en Europe, et le budget spécial dont ils ont besoin ainsi qu’une vraie volonté politique. C’est ce qui est repris par le dernier rapport onusien «A/hrc/41/54/ Adb.1», publié par les Nations Unies le 28 mai 2019, au lendemain de la visite officielle au Maroc, de Mme. Tendayi Achiume, rapporteuse spéciale sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée. Elle s’est dit  » elle est préoccupée par leur lenteur et leur insuffisance… Elle a appris non seulement que le nombre de professeurs est insuffisant, mais aussi que l’efficacité de l’enseignement de l’amazigh à tous les niveaux et dans toutes les régions, la promotion de cette langue comme langue d’enseignement et l’intégration de la langue et de la culture amazighes dans les programmes scolaires laissent à désirer« . Comme elle insiste qu’il faut : « intensifier les efforts pour faire en sorte que les Amazighs ne soient pas victimes de discrimination raciale dans l’exercice de leurs droits fondamentaux, notamment en ce qui concerne l’éducation, l’accès à la justice, l’accès à l’emploi et aux services de santé, les droits fonciers et les libertés d’opinion et d’expression, de réunion pacifique et d’association ». (http://amadalamazigh.press.ma/fr/?p=2230).

Mesdames et Messieurs les Député-e-s et Conseiller-e-s,

Dans le cadre de l’autorité législative et politique qui vous est conférée par la constitution marocaine, nous vous renouvelons notre demande de faire pression sur le gouvernement et l’exhortons à approuver le Nouvel An amazigh comme fête nationale et jour férié pour l’année 2971, comme ils fait nos voisins algériens.

Mesdames et Messieurs les Député-e-s et Conseiller-e-s,

Dans le même contexte, nous vous rappelons, Mesdames et Messieurs, que neuf ans se sont écoulés depuis les amendements constitutionnels au Maroc, et que l’agence officielle du Maroc porte toujours le nom «Maghreb Arabe» malgré le fait de sa substitution par l’appellation « Grand Maghreb». Étant donné que la désignation du «Maghreb arabe» portée par l’agence n’est compatible ni avec la nouvelle réalité constitutionnelle, ni avec l’identité du pays ni avec l’identité de l’agence même de presse, qui est considérée comme une agence de presse officielle marocaine, nous vous demandons d’intervenir pour changer le nom de l’agence au nom de l’agence «Grand Maghreb» qui respecte l’identité et la culture plurielles du Maroc et la constitutionnalisation de la langue amazighe, comme elles sont stipulés dans le préambule et l’article 5 de la Constitution.

De plus, un certain nombre de parlementaires et de conseillers continuent d’utiliser la terminologie « Maghreb arabe », en flagrante violation de la constitution. Par conséquent, nous vous demandons de mettre un terme à l’utilisation de l’expression « Maghreb arabe », car la région maghrébine n’a jamais été arabe, et ne le sera plus à l’avenir, surtout depuis la découverte du plus vieux « homo sapiens » a été retrouvé au Maroc, à « Adrar Ighoud », qui remonte son âge à environ 315 mille ans, et qui est finalement considéré comme l’ancêtre de tous les Amazighs, de tous les Maghrébins et de tous les peuples du monde.

Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions de croire en l’expression de nos profonds respects.

Signé : Rachid RAHA, Président de l’Assemblée Mondiale Amazighe (AMA)

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