Le pourquoi de L’initiative nationale pour la mise en œuvre populaire de l’officialisation de l’amazighe

iniL’amazighe, quatre ans après l’officialisation… Une réalité lamentable caractérisée par la marginalisation et l’atermoiement

Quatre ans sont passées après l’officialisation de l’amazighe dans la constitution marocaine, réformée, suite aux contestations de la jeunesse marocaine en 2011. Et la réalité de l’amazighe au Maroc n’a connu aucun changement digne d’être évoqué. Bien plus, tous les chantiers s’y afférant, ont été suspendus, y compris ceux lancés une année avant l’officialisation.

La ségrégation contre l’amazighe continue de manière inédite. Dans ce sens que s’exprimer en amazighe au sein du parlement fut interdit depuis 2012. En plus du recul au niveau de l’enseignement de l’amazighe et l’absence de l’amélioration de la situation de l’amazighe dans les médias et son exclusion totale dans le processus de son intégration dans les secteurs de l’Etat marocain.

Et ce, en dépit de ce qui suit :
– L’officialisation de l’amazighe dans la constitution marocaine depuis quatre ans ;
– Les Discours du Roi Mohammed VI dans lesquels il a appelé à activer l’officialisation de la langue amazighe ;
– La substitution du vocable « Maghreb arabe » par le vocable « Grand Maghreb » dans le préambule de la constitution ;
– La création de l’Institut Royal de la Culture Amazighe depuis 2001 ;
– La consécration du caractère tifinaghe comme caractère officiel pour écrire l’amazighe depuis 2003 ;
– L’intégration de l’amazighe dans le système éducatif depuis 2003.

Et continue ce qui suit :
– L’ignorance et la non consécration du nouvel an amazighe comme fête nationale et officielle et congé payé, bien que les jours de naissance de Jésus et de l’année de l’hégire furent consacrés comme fêtes officielles ;
– L’ignorance totale de la mise en œuvre du caractère officielle de la langue amazighe via la promulgation de sa loi organique. En effet, suite à la déclaration du Chef du gouvernement quant à la promulgation de cette loi durant le mandat législatif actuel qui dure jusqu’à 2016, ce dernier est revenu dans sa déclaration, de l’année dernière, pour affirmer que la mise en œuvre de l’officialisation de l’amazighe, est entre les mains d’instances Suprêmes et qu’il n’est pas responsable à lui seul. L’on s’interroge sur la nature des « instances Supérieures », du fait qu’au sein des instances de l’Etat n’existe aucune dénommée « instances supérieures ». Ce fait est en contradiction avec les déclarations ultérieures du chef du gouvernement. Et se référer à des instances indéfinies, constitue un désengagement dangereux quant à la responsabilité du gouvernement et une défaillance relative à ses prérogatives qui lui sont attribuées par la constitution ;
– L’ignorance du Ministère de l’intérieur de la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe et du caractère tifinaghe au sein des institutions s’afférant à sa gestion directe et celles soumis à sa tutelle, y compris la simple écriture des noms de rues, d’avenues et des enseignes de circulation ainsi que les plaques d’informations et celles des institutions sécuritaires qu’il dirige – voitures et sièges- en langue amazighe. De même que la re-nomination de diverses villes et lieux, par leurs noms amazighs authentiques et qui ont été arabisé à dessein.
– L’ignorance du Ministère de l’équipement de la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe et de son caractère tifinaghe dans tout ce qui relève de sa tutelle (gares routières, moyens de transport, auto-routes…) ;
– L’ignorance du Ministère de la communication du viol de la constitution et des cahiers des charges relatifs au pourcentage de diffusion en amazighe dans les médias audiovisuels, en plus de la continuité d’un nombre de chaines et de radios ainsi que les sites officiels, à propager un discours d’avant l’officialisation de l’amazighe, fondé sur les slogans du nationalisme arabe, à titre d’exemple : l’usage du vocable « patrie arabe » ou « nation arabe ou « Maghreb arabe » ;
– L’indifférence du Ministère de l’enseignement qui tâtonne et recule au niveau de l’enseignement de l’amazighe, en plus du plan élaboré par le même ministère, qui s’étale jusqu’à 2030 et qui se base sur l’arabe sans citer l’amazighe, bien que l’intégration de ce dernier dans l’enseignement remonte à 2003. A cela s’ajoute le rapport du Conseil supérieur de l’éducation relatif à la réforme de l’enseignement qui ignore totalement la place de l’amazighe dans l’enseignement sous prétexte de la non promulgation de loi organique s’y afférant ;
– L’ignorance du Ministère des affaires étrangères de l’officialisation de l’amazighe dans le domaine de ses politiques éducatives, médiatiques et autres qui ciblent la communauté marocaine à l’étranger. Bien que cette communauté amazighe, dans sa majorité, ne parle pas arabe mais parle la langue amazighe au côté des langues de pays du monde où elle vit ;
– La continuation du Ministère de la culture de sa politique d’avant l’officialisation de l’amazighe qui se base sur le soutien aux travaux et productions écrits en langue arabe, sans fournir aucun effort pour consacrer le nouveau Maroc qui a adopté deux langues officielles pour le pays ;
– La continuation du Commissariat ministériel des droits de l’homme et le Conseil national des droits de l’homme à ignorer le génocide culturel et linguistique dont les Amazighes sont l’objet durant six décennies ainsi que la réalité de la nouvelle constitution qui a officialisé la langue amazighe ;
– La continuation de l’ignorance des manifestations des Amazighes au Maroc pour revendiquer leurs droits et, particulièrement à Imider où les Amazighes tiennent un sit-in pour la troisième année, le plus long dans l’histoire du Maroc, en plus de l’incarcération des détenus du mouvement culturel amazighe à la prison de Toulal de Meknès ;
– Absence complète de l’amazighité dans les actions et initiatives du ministère des Habous et des Affaires Islamiques comme les programmes de l’alphabétisation des adultes, avec la continuation de l’exploitation des mosquées où des discours continuent à se faire contre les amazighes.
– La même chose pour le ministère du Développement Social de la Famille et de la Solidarité qui ignore totalement la langue et l’identité amazighes, et ne se préoccupe guère d’intégrer l’enseignement de celle-ci dans l’éducation informelle.
– La continuation des interventions violentes des forces de sécurité et la répression des contestations des amazighes dans différents régions du Maroc : arrestation et humiliation de dizaines de manifestants Amazighes.
En conclusion, nous affirmons ce qui suit :
– Nous considérons le report de la consécration des droits amazighes comme aventure dangereuse qui hypothèque l’avenir du Maroc et des générations futures, du moment que nous constatons l’indifférence de l’Etat à l’égard de la dynamique amazighe qu’il minimise, au moment où les Amazighes s’attendent à une politique de discrimination positive à l’égard de leur langue et culture comme compensation à plus d’un demi siècle de racisme et de marginalisation. Ils sont choqués par la non mise eu œuvre d’acquis fragiles obtenus après des luttes et des sacrifices dures durant des décennies ;
– Nous affirmons que nous nous adressons, dans le cadre de l’initiative de la mise eu œuvre populaire de l’officialisation de l’amazighe, au peuple marocain dans ses différentes composantes et à ses institutions civiles, syndicales et politiques, suite à l’échec des institutions officielles traditionnelles, gouvernement et parlement, qui n’ont pas assumé leur devoir constitutionnel et juridique, vis-à-vis de millions de citoyens amazighes.

Assemblée Mondiale Amazighe Maroc

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