Le Printemps démocratique du monde arabe et les Imazighen

Dr. Mohamed CHATATOU

Le Printemps démocratique du monde arabe et les Imazighen

Lecture critique du livre de Bruce Maddy-Weitzman intitulé: Amazigh Politics in the Wake of the Arab Spring

Tout d’abord, il y a eu le Printemps berbère : Tafsut n-Imazighen

Entre mars et juin 1980, les provinces du nord-est algérien de la Kabylie sont devenues le théâtre d’un violent drame social et politique qui allait être connu sous le nom de Printemps berbère (ou Tafsut n-Imazighen en berbère/tamazight) qui a ouvert la voie au mouvement culturel transnational amazigh. La Kabylie a une histoire de résistance à l’autorité de l’état et, depuis l’indépendance, elle est le centre de défense des droits culturels et linguistiques des Berbères dans un état officiellement arabophone. [i]

Le 10 mars 1980, les autorités locales ont interdit une conférence sur la poésie berbère ancienne, qui devait être donnée à l’université de Tizi-Ouzou par l’écrivain et ethnologue Mouloud Mammeri. En réponse, les étudiants se sont mis en grève, manifestant dans tout le pays pour mettre fin à la « répression culturelle », et le 7 avril, ils ont occupé l’université. Lorsque, le 20 avril, l’armée a pris d’assaut l’université, arrêtant et blessant des centaines de manifestants, une série d’affrontements violents entre la jeunesse kabyle et la police a éclaté. Bien que le calme soit ensuite revenu, les manifestations antigouvernementales se sont poursuivies jusqu’à ce que le dernier des étudiants arrêtés soit libéré le 26 juin. [ii]

Le Printemps berbère a fait du berbérisme une force politique dans l’Algérie postcoloniale et, plus largement, en Afrique du Nord. Les commémorations de ces événements sont devenues l’activité indispensable des associations culturelles berbères du monde entier et ont été des moments d’élaboration de programmes politiques et, dans le cas du Printemps noir d’avril 2001, [iii] de nouvelles confrontations avec les autorités étatiques.

D’après Jane Goodman les événements d’avril 1980 ont été rendus possibles par la convergence de quatre réseaux institutionnels et voies de diffusion en pleine expansion : [iv]

  • Le programme d’arabisation mis en œuvre dans les écoles publiques algériennes ;
  • Un petit réseau de collectifs culturels établi à Paris dans la décennie qui a suivi l’indépendance ;
  • Les modes de gouvernance étudiante pratiqués dans les universités algériennes ; et
  • La presse internationale et les organisations de défense des droits de l’homme.

Les événements de 1980 ont été si dramatiques que de nombreuses personnes, tant des militants que des universitaires, restent convaincues qu’il y a eu des morts. Des rumeurs de décès ont circulé dans la presse française dans les jours qui ont suivi les événements. Cependant, elles n’ont pas été confirmées dans les rapports ultérieurs, et un compte-rendu publié dans le journal algérien Algérie Actualité une semaine après les événements a confirmé qu’il n’y avait pas eu de morts. [v]

De plus, les comptes rendus d’universitaires et d’activistes berbères, qui, en principe, font autorité (et qui auraient un fort intérêt politique à signaler des décès) ne mentionnent aucun décès. Enfin, les témoins oculaires présents lors des événements ont confirmé qu’il n’y avait pas eu de décès.

Le fait que les écoles et les associations culturelles aient émergé comme double lieu de circulation du discours amazigh n’est pas fortuit et n’est pas non plus un phénomène exclusivement postcolonial.

La révision de la Constitution du 28 novembre 1996 a reconnu pour la première fois l’amazighité comme l’une des trois « composantes fondamentales » de l’identité algérienne, aux côtés de l’islam et de l’arabité). [vi] Le 12 mars 2002, le Président Bouteflika a annoncé que la langue tamazight serait constitutionnellement reconnue comme une langue nationale (mais non officielle) de l’Algérie, aux côtés de l’arabe (qui reste la langue nationale et officielle) ; un amendement constitutionnel a été adopté à cet effet le 3 avril 2002 par le Conseil constitutionnel et le 8 avril 2002 par le Parlement algérien. Le tamazight est désormais enseigné de manière limitée dans certaines écoles publiques algériennes.

Si le Printemps berbère a finalement été violemment réprimé par les autorités algériennes, il a laissé un héritage durable à la Kabylie et aux Berbères d’Afrique du Nord. De nombreux politiciens et militants kabyles éminents se sont fait connaître lors des événements du Printemps berbère, et des organisations telles que le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et le Mouvement culturel berbère (MCB) ont été créées plus tard par des militants du Printemps. Le Printemps a également été un événement important pour la communauté naissante des droits de l’homme en Algérie, y compris en dehors des cercles berbères.

Depuis le démantèlement du système à parti unique du FLN en 1989 – suivi d’une démocratisation avortée et d’une guerre civile -, quelques revendications du Printemps berbère ont été satisfaites par l’état. En 2016, la langue berbère est devenue une langue officielle de l’Algérie, aux côtés de l’arabe, quoique d’autres points de discorde subsistent.

Depuis janvier 2011, un activisme berbère massif a ré-émergé en Afrique du Nord dans le sillage de la révolution tunisienne et du renversement du président tunisien Ben Ali, dans ce que les Berbères appellent parfois le Printemps berbéro-arabe. Cette fois, les activistes berbères ont été beaucoup plus actifs et se sont fait entendre dans les rues du Maroc et de la Libye plus qu’en Algérie. En Libye, les rebelles berbères ont contribué à renverser Mouammar Qaddafi, car l’offensive qui a permis de prendre Tripoli et de mettre fin à la guerre civile dans ce pays provenait des montagnes berbères de Jabal Nafousa.

Qui est Bruce Maddy-Weitzman ?

Bruce Maddy-Weitzman a été Senior Fellow du programme du Foreign Policy Research Institute sur le Moyen-Orient. Il est professeur associé au Département d’histoire du Moyen-Orient et de l’Afrique et chercheur principal au Centre Moshe Dayan d’études moyen-orientales et africaines de l’Université de Tel-Aviv.

Les recherches de Maddy-Weitzman portent sur l’histoire contemporaine du Moyen-Orient, les relations interarabes et le Maghreb moderne. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages :

  • Amazigh Politics in the Wake of the Arab Spring (University of Texas Press, 2022);
  • A Century of Arab Politics (Rowman & Littlefield, 2016);
  • The Berber Identity Movement and the Challenge to North African States (University of Texas Press, 2011), qui a reçu le Prix L. Carl Brown de l’American Institute for Maghrib Studies en 2013; et
  • The Crystallization of the Arab State System, 1945-1954 (Syracuse University Press, 1993)

Il est éditeur ou coéditeur de treize volumes sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord modernes.

Bruce Maddy-Weitzman est un historien israélien qui travaille sur les Imazighen et leurs mouvements culturels et politiques en Afrique du Nord depuis plusieurs décennies sans parti-pris. Il est connu et estimé pour sa rigueur scientifique, la limpidité de ses analyses et son sens poussé du travail de terrain, sans oublier pour autant sa perspicacité.

Ses différents ouvrages et ses articles de grande valeur sur la question amazighe renseigne à la fois le lecteur lambda et le chercheur chevronné sur les Amazighs et leur activisme effréné pour la reconnaissance de leur culture et langue dans un monde arabe qui ne reconnait que du bout des lèvres les autres ethnies qui existent dans cet immense espace géographique. [vii]

Bruce Maddy-Weitzman a su avec sa méthodologie de haute facture séparer l’ivraie du foin dans ses travaux de grande valeur, sans tomber dans les écueils du sentimentalisme du chercheur subjugué par le sujet de sa recherche ou se laisser emporter par trop de formalisme scientifique. En un mot, on peut dire qu’il a opté dans ses travaux pour le juste milieu, une sorte de wasatiyya dans laquelle tout un chacun trouve son compte.

On peut, aussi, dire que ce chercheur est un homme de dialogue et d’intermédiation qui analyse les faits du terrain avec grande droiture et énormément de sincérité en évitant les conclusions hâtives qui peuvent donner naissance, des fois, à des clichés malencontreux. Par conséquence son travail titanesque sur les Imazighen inspire confiance et respect par tout le monde.  

Bruce Maddy-Weitzman a su avec sa méthodologie de haute facture séparer l’ivraie du foin dans ses travaux de grande valeur, sans tomber dans les écueils du sentimentalisme du chercheur subjugué par le sujet de sa recherche ou se laisser emporter par trop de formalisme scientifique. En un mot, on peut dire qu’il a opté dans ses travaux pour le juste milieu, une sorte de wasatiyya dans laquelle tout un chacun trouve son compte.

On peut, aussi, dire que ce chercheur est un homme de dialogue et d’intermédiation qui analyse les faits du terrain avec grande droiture et énormément de sincérité en évitant les conclusions hâtives qui peuvent donner naissance, des fois, à des clichés malencontreux. Par conséquence son travail titanesque sur les Imazighen inspire confiance et respect par tout le monde.  

Le Printemps démocratique du monde arabe en question et la cause amazighe

Pour Cleo Jay, [viii] depuis le début du « Printemps arabe » à la fin de 2010, les soulèvements qui ont balayé l’Afrique du Nord ont fait couler beaucoup d’encre. Cependant, le rôle des militants Amazighs dans les manifestations et leur soutien précoce aux mouvements de contestation populaire ont été à peine reconnus, malgré les drapeaux et les bannières distinctifs utilisés dans toute la région. Ces symboles visaient à la fois à affirmer leur identité distincte et à contester le récit du Printemps démocratique du monde arabe comme un phénomène uniforme causé par des circonstances similaires dans différents états.

Ce qui est important dans cette perspective historique, c’est que ce Printemps a montré au monde entier que les Amazighs reflètent leur nationalisme non pas à l’échelle de leur groupe ou pays mais à l’échelle supranational de Tamazgha ce qui semble contrarier le point de vue de l’anthropologue social Gellner, pour qui les minorités berbères ne se percevaient pas comme faisant partie d’une communauté transnationale. Il a écrit, à ce propos : [ix]

[« Le Berbère se voit comme un membre de telle ou telle tribu […] et non comme un membre d’un groupe ethnique linguistiquement défini. »]

“The Berber sees himself as a member of this or that tribe […] and not as a member of a linguistically defined ethnic group.”

Le Printemps démocratique du monde arabe a incité les Berbères à revendiquer leurs propres droits politiques et culturels, avec un certain succès – ils ont obtenu la reconnaissance officielle de leur langue au Maroc. [x] Mais la nouvelle ouverture politique a également amené au pouvoir leurs ennemis implacables, les islamistes, ce qui pourrait ouvrir la voie à un nouveau conflit dans une région déjà instable. [xi]

Pour Allen Fromherz [xii] le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord sont toutefois loin d’être des monolithes ethniques. Une minorité ethnique et linguistique importante, les Berbères, qui forment une grande partie de la population de l’Algérie, de la Libye et du Maroc, doivent se débattre entre les régimes autoritaires actuels qui n’ont reconnu que récemment leur identité, et la perspective d’une gouvernance islamiste qui menace de réintroduire l’arabisation, le nationalisme islamique et le renversement de gains durement acquis. [xiii] À cet égard, le souvenir et la pertinence du printemps « berbère » de 1980 semblent s’accommoder assez mal des conséquences persistantes du printemps dit « arabe » de 2011.

La politique amazighe au lendemain du printemps arabe (Amazigh Politics in the Wake of the Arab Spring)

Beaucoup d’intellectuels et d’activistes amazighs sont contre l’idée d’appeler les soulèvements de la région MENA sous l’appellation ethnique : ‘’Printemps arabe’’ sachant pertinemment que beaucoup d’autres ethnies ont pris part à cet événement politique. Cela montre une certaine myopie politique de la part du monde occidental qui, pourtant, utilise la cause des Berbères, des Kurdes, etc. pour ces propres fins politiques, quand c’est leur intérêt politique ou économique qui est en jeu. Donc, appeler ce tsunami politique de la région MENA ‘’arabe’’, c’est occulter l’apport de beaucoup d’autres peuples dans la région. En principe au lieu de dire : ‘’Printemps arabe’’ on aurait pu dire ‘’Printemps politique de la région MENA’’, l’appellation est, certes, longue mais elle est politiquement correcte.

Comme à l’accoutumé, Bruce Maddy-Weitzman a, indéniablement, produit un travail de haute facture sur la cause amazighe : un ouvrage soigné, méticuleux et rigoureux qui ne verse aucunement dans le sentimentalisme primaire. Il est vrai que l’auteur a un petit faible pour la cause amazighe, mais, toutefois, son ouvrage reste au-dessus de tout un travail scientifique hors-pair.

C’est un travail de 3600 d’envergure englobant presque toute l’aire géographique de Tamazgha du nord :

  • Vers une seconde république ? L’Algérie et la question amazighe ;
  • Fin de l’obscurité : les Imazighen libyens au grand jour dans une ambiance politique timorée ;
  • Tunisie : Le facteur amazigh entre en scène ; et
  • Les Imazighen marocains et le Makhzen : de la reconnaissance au malaise.

Et une partie de Tamazgha du sud :

  • Azawad : la république avortée.

Ce travail de longue haleine, ne fait point dans la dentelle, il s’attaque de front aux problèmes auxquels font face les Imazighen en Algérie ou le Hirak a été étouffé par les militaires au pouvoir et qui essayent du coup de marginaliser le mouvement amazigh quitte à le remplacer par un autre docile et sympathique au régime en place. En Lybie bien que l’obscurité et la peur dans lesquels vivaient les Amazighs s’est dissipée, les défis sont énormes dans un contexte politique difficile marqué par le manque de stabilité et de clarté de vue. En Tunisie, par contre, les Amazighs ont pointé du nez sur la scène nationale, mais n’empêche que le mouvement est à ses premiers balbutiements timides. Au Royaume chérifien, les succès amazighs d’il y a une décennie semblent s’estomper à cause de la cooptation massive à tel point que l’IRCAM, hier symbole de l’espoir, est aujourd’hui un simple meuble de la maison, pour beaucoup d’activistes amazighs. Dans la Tamazgha du sud, les Touaregs du Mali qui rêvaient hier de l’indépendance, n’ont même pas pu décrocher l’autonomie. Ils sont à la fois manipulés par le pouvoir central, d’un côté, et par les Jihadistes d’un autre.

Pour l’auteur l’argument principal de son ouvrage est présenté comme suit : [xiv]

[‘’L’argument central de cet ouvrage est que le mouvement amazigh, de plus en plus visible et affirmé, est passé d’une orientation principalement ethnoculturelle à une orientation plus explicitement politique et socio-économique.’’]

‘’The central argument of this volume is that the increasingly visible and assertive Amazigh movement shifted its emphasis from being primarily ethnocultural to one that was more explicitly political and socioeconomic.’’

Toutefois, bien que le mouvement amazigh est devenu beaucoup plus politique dans ses agissements, pourtant il me semble que l’aspect socio-économique est loin d’être bien formulé par celui-ci, soit parce qu’il est coopté par les régimes en place, pour rester loin des sujets qui fâchent, soit qu’il manque de maturité et d’expérience pour traiter convenablement les problèmes dans une aire ou la périphérie est complètement occultée par le centre.

En effet, l’Amazighland dans Tamazgha reste royalement en dehors du développement socio-économique pour manque criard d’infrastructure de base. Les gouvernements en place ont toujours allégrement fait usage de la ‘’composante berbère’’ pour embellir la carte postale du pays sans pour autant s’atteler à améliorer le quotidien des populations concernées. Ainsi, le pays Amazigh, reste un hinterland pauvre et totalement dépossédé comme il a toujours été en dépit des promesses officielles de développement. [xv]

L’auteur entreprend une comparaison, fort intéressante, entre le mouvement amazigh et les mouvements kurde et catalan dans leurs cheminements respectifs. Toutefois, malheureusement, il semble ignorer que les Kurdes ont été épaulé à tous les niveaux par les Etats Unis et l’Europe, surtout depuis leur guerre contre Saddam Hossein, par contre, les Amazighs n’ont eu aucun soutien parce que les occidentaux ne veulent nullement antagoniser les régimes arabes sur place. Quant au mouvement catalan, la situation est différente : ils sont autonomes et ne manquent de rien parce qu’ils font partie d’une Europe riche et majestueuse.

Un autre point important à révéler c’est que si les associations ne s’adonnent pas à cœur de joie à convertir les populations à l’amazighité c’est parce que soit ses associations sont lourdement cooptées ou soit elles manquent de moyens matériels pour entreprendre un tel travail : [xvi]

[‘’Les groupes ethno-nationaux non dominants s’affirmant de plus en plus dans le monde, les militants amazighs ont souvent établi des parallèles avec les Kurdes, l’autre principale communauté ethnolinguistique du Grand Moyen-Orient qui n’a pas obtenu le statut d’État et l’autodétermination. Des drapeaux kurdes ont même été brandis lors de manifestations amazighes. Ils considéraient également les Catalans d’Espagne comme un modèle d’émulation et d’inspiration. En retour, le gouvernement régional catalan a apporté un certain soutien financier et moral aux groupes amazighs. Mais en dehors de programmes ethno-nationaux similaires, le mouvement amazigh était à des années-lumière derrière les Kurdes et les Catalans lorsqu’il s’agissait de comptabiliser les réalisations. En outre, le programme du mouvement était encore loin d’être universellement accepté par les populations amazighes elles-mêmes. En fait, les Berbères se retrouvent dans tout l’éventail politique, y compris dans les échelons supérieurs des élites dirigeantes et dans les éléments islamiques radicaux. Bien sûr, il s’agit là d’un phénomène familier dans l’histoire des mouvements ethno-nationaux – dans lesquels la première tâche des activistes est généralement de persuader les membres de la « nation » de donner la priorité à l’appartenance au collectif et de travailler à sa réussite. Réaliser une révolution conceptuelle qui ferait en sorte que le fait d’être Berbère  » compte  » à grande échelle, même si cela compte de différentes manières pour chaque Berbère, n’était pas une mince affaire, et les obstacles au succès étaient nombreux.’’]

‘’As nondominant ethnonational groups become increasingly assertive around the world, Amazigh activists often drew parallels with the Kurds-the other main ethnolinguistic community in the Greater Middle East that lacked statehood and self-determination. Kurdish flags were even waved at Amazigh demonstrations. They also viewed the Catalans of Spain as a model of emulation and inspiration. In turn, the Catalan regional government provided some financial and moral support to Amazigh groups. But apart from similar ethnonational agendas, the Amazigh movement was light-years behind the Kurds and the Catalans when it came to tallying achievements. Moreover, the movement’s agenda was still far from being universally accepted by Amazigh populaces themselves. In fact, Berbers could be found all across the political spectrum, including the upper echelons of the ruling elites and radical Islamic elements. Of course, this also is a familiar phenomenon in the history of ethnonational movements- in which the activists’ first task typically has been to persuade members of the  »nation » to prioritize membership in the collective and work for its success. Bringing about a conceptual revolution that would make being Berber  »matter » on a grand scale. even as it very much mattered in different ways to individual Berbers, was not a small task, and the obstacles to success were many.

Aperçu succinct de l’ouvrage

Comme indiqué ci-dessus, l’ouvrage essaye d’analyser la situation de la cause amazighe dans certains pays de Tamazgha méditerranéenne et un pays de Tamazgha sub-saharienne pour mieux cerner les effets du Printemps démocratique du monde arabe sur les Imazighen de ces pays.

Toutefois, en dépit de reconnaissances officielles au Maroc et en Algérie, le développement économique des régions amazighes ne semble être de l’ordre du jour, chose qui a contribué au Hirak du Rif (Amussu aɣerfan n-Arrif) [xvii] entre 2016 et 2017, qui n’est rien d’autre qu’une lutte  contre les injustices sociales et politiques [xviii] et qui ne fait que perpétuer un lourd héritage de contestations de cette région amazighe marginalisée depuis belle lurette.

Le flambeau de ce Hirak fut repris, des plus belles, par les Algériens en 2019, comme c’était le cas des Egyptiens après la Révolution du Jasmin en Tunisie. Malheureusement, la conjonction du Covid-19 et la répression des militaires a eu raison de ce glorieux Hirak appelé ‘’la révolution du sourire’’.

Chapitre 1 : Troubles en Algérie

L’ouvrage a le mérite de bien mettre en évidence les raisons qui ont conduit à l’instabilité en Algérie, qui sont multiples et enchevêtrées. Si l’Algérie a connu une stabilité précaire de 2011 à 2018 (pp. 30-31) c’est parce que le peuple a été écœuré et meurtri par la guerre civile connue sous le nom de ‘’décennie noire’’ (26 décembre 1991 – 8 février 2002). [xix]

L’auteur parle aussi de la radicalisation des Kabyles (pp. 31-39) qui s’est manifestée par l’avènement du Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK) né en juin 2001, et qui s’est transformé par la suite en Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (en kabyle: Amussu i-ufraniman n-tmurt n-iqbayliyen, en tifinagh: ⴰⵎⵓⵙⵙⵓ ⵉ ⵓⴼⵔⴰⵏⵉⵎⴰⵏ ⵏ ⵜⵎⵓⵔⵜ ⵏ ⵉⵇⴱⴰⵢⵍⵉⵢⴻⵏ), depuis la réunion de son conseil national le 4 octobre 2013, au village d’Ath Hamdoune (pp. 32-37). [xx]

Indirectement, en réaction à cet événement il y a eu une mise à niveau conséquente de la constitution (pp. 39-41) qui prônait la séparation des pouvoirs et l’indépendance judiciaire, mais ces changements sont restés lettre morte, comme s’est toujours le cas dans le monde arabe.

Par la suite, il y a eu des troubles ethniques au Mzab (pp. 41-45) durant lesquelles les populations amazighes ont été agressés par des Arabes créant l’atmosphère d’une mini-guerre ethnique qui semble avoir été ravivée par des forces exogènes. [xxi]

Puis, l’auteur s’attaque au Hirak (pp. 45-51), qui semble être, en tout état de cause, un printemps démocratique qui a touché l’Algérie 8 ans après celui qui sévit toujours dans le monde arabe. Le Hirak a été déclenché par la volonté du régime de reconduire Bouteflika pour un 5ème mandat sachant que l’homme a été diminué par l’AVC, dont il a souffert, et aussi la fin de l’état providence, au vu de la dégringolade des prix du pétrole, l’ingrédient majeure de l’économie algérienne.

Toutefois, il semble que l’avènement du Hirak a été beaucoup plus déclenché par la réduction des subsides du gouvernement algérien qui a affecté considérablement le pouvoir d’achat régalien de la population que le désir de Bouteflika de rempiler. Malheureusement l’ouvrage ne semble pas mettre beaucoup d’accent sur ce point, et donne, au lieu, beaucoup d’importance à d’autres facteurs.

Chapitre 2 : La Libye : succès pour la cause amazighe

La Libye a certes connu l’un des épisodes les plus meurtris du printemps démocratique dans le monde arabe. D’abord Qaddafi, fidèle à lui-même, à essayer de punir militairement les Libyens pour cause de leur soulèvement. Une fois le dictateur liquidé, le pays a semblé se désintégrer en, tribus ethniques et religieuses ou les acteurs mettent en évidence beaucoup plus leur intérêt personnel que celui de l’état. Ce flou subsiste toujours car les acteurs politiques libyens pataugent incessamment dans une mare de problèmes complexes et aucune solution ne semble pointer à l’horizon pour le moment (pp. 63-65).

Et comme le malheur des uns peut faire le bonheur des autres, le printemps démocratique a permis aux Imazighen de sortir de l’ombre (pp. 57-67) et de s’organiser, en conséquence. Les Amazighs ont, sans aucun doute, joué un rôle prépondérant dans le passage du pays de la dictature meurtrière de Qaddafi à un pays qui est, certes, fracturé mais qui veut, de tous ses vœux, devenir démocratique.

Le Printemps démocratique a permis aux Amazighs, d’abord, de sortir de l’état de l’isolement à la lumière du grand jour, ainsi aujourd’hui ils sont opérationnels sur le plan social et politique. Mais bien sur ce n’est que le début d’un long cheminement qui devra aboutir, en fin de compte, à une reconnaissance officielle totale (pp. 65-67).

L’ouvrage a bien cerné les différents aspects de la cause berbère en mettant en exergue à la fois les difficultés et les opportunités. En guise de conclusion de ce chapitre, l’auteur a écrit : [xxii]

[‘’Pour The Libyan Amazigh, la rébellion de 2011 qui a renversé le régime de Kadhafi a eu des conséquences considérables. En prenant les armes pour soutenir la rébellion, Nafusa Imazighen est devenu, presque du jour au lendemain, une partie significative du tissu plus large de l’espace contesté du pays. Leur contribution militaire à la victoire finale de l’opposition ne pouvait être niée et leur a fourni un nouveau degré de légitimité pour faire avancer les revendications dans l’ère post-Kadhafi. En effet, la plupart des jeunes Libyens urbains connaissaient à peine leur existence avant la guerre.’’]

‘’For The Libyan Amazigh, the 2011 rebellion that toppled Gaddafi’s regime had far-reaching consequences. In taking arms in support of the rebellion, Nafusa Imazighen became, almost overnight, a meaningful part of the larger fabric of the country’s contested space. Their military contribution to the opposition’s ultimate victory could not be denied and provided them a new degree of legitimacy for advancing demands in the post-Qaddafi era. Indeed, most young urban Libyans barely knew of their existence prior to the war.’’

Azawad: la république chimérique

Le Mouvement national de libération de l’Azawad (Tamasheq : ⵜⴰⵏⴾⵔⴰ ⵏ ⵜⵓⵎⴰⵙⵜ ⴹ ⴰⵙⵍⴰⵍⵓ ⵏ ⴰⵣⴰⵓⴰⴷ, Tankra n-Tumast ḍ Aslalu n-Azawad) est un mouvement majoritairement composé de membres de l’ethnie touareg, dont certains auraient combattu dans le mouvement libyen pendant la guerre civile libyenne de 2011 (bien que d’autres combattants touaregs du MNLA étaient du côté du Conseil national de transition et sont retournés au Mali après cette guerre). Le mouvement a été fondé en octobre 2011 et avait déclaré qu’il inclut d’autres peuples sahariens (pp. 87-89). [xxiii]

En 2011, après l’effondrement du régime de Qaddafi, les Touaregs qui avaient fait partie de l’armée mercenaire de Qaddafi sont revenus dans le nord du Mali avec des armes sophistiquées. Pour les combattants touaregs, il s’agissait d’un voyage de l’abondance à la misère – ils avaient vu la richesse de la Libye, et maintenant, soudainement, ils étaient de retour dans leur pays d’origine, en proie à la pauvreté, à la sécheresse et à la maladie. Ils ont décidé d’apporter la paix et la prospérité à la région et de faire revivre les pâturages mourants – leur seule source de subsistance. Ils ont formé le « Mouvement national pour la libération de l’Azawad » ou MNLA en 2011 comme plateforme politico-militaire pour poursuivre leur lutte pour l’autonomie (pp. 99-104). [xxiv]

Le gouvernement malien a accusé le mouvement d’avoir des liens avec Al-Qaida au Maghreb islamique, ce que le MNLA a démenti. Au 1er avril 2012, le MNLA et Ansar Dine contrôlaient pratiquement tout le nord du Mali, y compris ses trois plus grandes villes, Kidal, Gao et Tombouctou. Les tensions entre le MNLA et Ansar Dine ont culminé lors de la bataille de Gao, au cours de laquelle le MNLA a perdu le contrôle des villes du nord du Mali au profit d’Ansar Dine et du Mouvement pour l’unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest. [xxv]

Le mouvement Azawad a pris fin en 2013. Le gouvernement du Mali et la coordination des mouvements de l’Azawad, également connue sous le nom de CMA, ont signé l’accord de paix négocié par l’Algérie. Selon l’accord, la CMA respectera « l’unité et l’intégrité territoriale du Mali. » Le gouvernement malien a accepté de mettre en œuvre un système de gouvernement plus décentralisé, avec des assemblées régionales élues au suffrage universel.

Au lieu d’une seule assemblée élue, l’Azawad en comptera désormais cinq – une pour chacune des régions de la zone, à savoir Tombouctou, Gao, Kidal, Taoudeni et Ménaka, les deux dernières devant être nouvellement créées. L’accord prévoit également une représentation accrue des régions de l’Azawad dans les institutions de l’État malien, ainsi que des investissements économiques plus importants.

Cependant, toutes ces promesses du Mali en faveur d’une plus grande autonomie politique pour les Touaregs du nord ne se sont jamais concrétisées. Par conséquent, le gouvernement malien est toujours confronté à d’énormes défis pour contrôler la situation dans la région et il n’a pas réussi jusqu’à présent à développer la confiance parmi les Touaregs.

En conclusion, l’auteur écrit : [xxvi]

[‘’Seul le temps dira si l’entité territoriale dominée par les Touaregs réapparaîtra et s’avérera plus durable que le para-état de l’Azawad de 2012. En examinant la chaîne des événements, il est clair que les circonstances étaient peut-être propices au lancement d’une rébellion, mais que la capacité à la maintenir et à établir un État indépendant fonctionnel dépassait les capacités du MNLA. Une foule de facteurs ont milité contre eux : l’absence d’un véritable consensus entre les groupes ethniques de l’Azawad au nom desquels le MNLA prétendait parler ; la détermination des groupes salafi-jihadi à imposer leur propre programme ; le rejet total de l’indépendance de l’Azawad par la communauté internationale ; et, peut-être le plus important, les divisions internes et les rivalités profondément enracinées au sein de la société touarègue.’’]

‘’ Only time will tell whether the Tuareg-dominated territorial entity will reemerge and prove to have more staying power than the Azawad parastate of 2012. In looking back at the chain of events, it is clear that the circumstances may have been propitious to launch a rebellion, but the ability to sustain it and establish a functioning independent state was beyond the MNLA’s capacity. A host of factors militated against them: the absence of a real consensus among Azawad’s ethnic groups for whom the MNLA claimed to speak; the determination of the Salafi-jihadi groups to impose their own program; the complete rejection of the Azawad’s independence by the international community; and, perhaps most important, the deep-rooted internal divisions and rivalries within Tuareg society.’’

Chapitre 4: Les Amazighs tunisiens entrent en scène sur la pointe des pieds

Le nombre de Tunisiens qui parlent actuellement l’Amazigh est une question controversée, car aucune statistique officielle n’est disponible. Certains militants estiment le nombre de locuteurs à plus de 500 000, tandis que d’autres estimations le réduisent à 200 000, soit presque 2% des 12 millions de Tunisiens (estimation de 2022). [xxvii] La grande majorité d’entre eux sont originaires d’une vingtaine de villages des provinces méridionales de Matmata et de Tataouine, ainsi que de l’île de Djerba (pp. 111-115). [xxviii]

L’existence d’une dizaine d’organisations culturelles comme l’ACTA (pp. 120-121) est le principal changement observé en Tunisie en ce qui concerne la question amazighe après la révolution de 2011 qui a déposé le dictateur Ben Ali. La création d’associations amazighes, tout comme les partis d’opposition ou les médias indépendants, était auparavant interdite et sévèrement punie. Huit ans plus tard, la Tunisie est le seul pays de ce que l’on appelle les printemps démocratiques du monde arabe qui a pu soutenir un processus de transition démocratique sans sombrer dans la guerre civile ou le coup d’état (bien que pour beaucoup d’analystes la situation politique actuelle avec le président Kais Saeid, est un mini coup d’état déguisé). En fait, la transition est déjà dans l’une de ses dernières étapes (pp. 115-119).[xxix]

La nouvelle, en mai 2019, de la création du premier parti amazigh de Tunisie, du nom d’Akal, qui signifie « terre » en Amazigh, a secoué le paysage politique tunisien. Certaines voix se sont élevées pour avertir qu’elle comportait un danger pour l’unité et la cohésion nationales, un vieil argument utilisé par les dictateurs. Le gouvernement a même démenti l’information, dans une tentative de calmer les nationalistes arabes. ‘’Aucun parti amazigh légal portant le nom de « Akal » n’existe en Tunisie« , a proclamé le ministre chargé des relations avec les instances constitutionnelles, la société civile et les droits de l’homme (pp. 120-121).

Akal est né après qu’un groupe d’étudiants, de militants et de chercheurs amazighs soit arrivé à la conclusion que le travail des ONG n’était pas suffisant pour la récupération de la langue et de la culture. Cette voie était déjà épuisée, selon eux, et le mouvement amazigh devait entrer en politique pour obtenir de nouveaux droits.

La priorité du manifeste d’Akal est d’obtenir la pleine reconnaissance de l’identité amazighe dans les institutions publiques et dans la Constitution, ce qui implique de modifier son premier article. En outre, un grand centre de recherche sur la culture amazighe devrait être créé, et l’enseignement de la langue dans les écoles et son utilisation dans les médias devraient être garantis.

Pour Bruce Maddy-Weitzman, l’irruption timide des Amazighs tunisiens sur la scène politique était un combat très difficile, sans aucun doute : [xxx]

 [‘’ La dimension amazighe de la Tunisie s’est lentement imposée sur la scène publique au cours de la décennie qui a suivi le renversement du régime de Ben Ali. La révolution de 2011 a permis aux militants amazighs de créer ouvertement des associations pour promouvoir leur langue et leur culture, pour la première fois depuis l’indépendance du pays en 1956. En tant que communauté ethnolinguistique menacée et historiquement marginalisée, sa lutte pour la reconnaissance et le soutien des autorités publiques et de la société civile a été ardue. Il était encore plus difficile de mobiliser le grand nombre d’Amazighs arabisés pour qu’ils s’identifient et participent à cet effort. La première initiative modeste visant à entrer dans la sphère politique électorale en 2019 a été controversée au sein de la communauté et au-delà, et n’a eu aucun impact tangible.’’]

‘’ Tunisia’s Amazigh dimension slowly made its way onto the public stage in the decade following the toppling of the Ben Ali regime. The 2011 revolution made it possible for Amazigh activists to openly establish associations to promote their language and culture for the first time since the country achieved independence in1956. As an endangered and historically marginalized etnolinguistic community, its battle for recognition and support from state authorities and civil society was arduous. Mobilizing the large number of Arabized Amazigh to identify with, and participate in, such efforts was even harder. The first modest initiative to enter the electoral political sphere in 2019 was controversial within the community and beyond, and it made no tangible impact.’’

Les Imazighen du Maroc: reconnaissance, Hirak et incertitude [xxxi]

La cause amazighe a été une composante dynamique des protestations qui ont émergé au Maroc dans le cadre de l’agitation populaire qui a gagné la majeure partie de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient en 2011. Le mouvement, qui regroupait des associations diverses, s’était joint aux manifestants du 20 février pour réclamer la liberté et la fin de la corruption (pp.131-135).

La dorure amazighe au Maroc a brillé après le discours prononcé par le monarque Mohammed VI en octobre 2001, à Ajdir, dans la région de Khenifra. Ses propos ont dégonflé le déchaînement des militants et intellectuels amazighs qui, une année auparavant, avaient frappé aux portes du Palais avec un document : Le Manifeste Amazigh, qui réclamait la reconnaissance nationale et juridique de l’identité amazighe (pp. 131-135). [xxxii]

Les changements apportés à la constitution concernant les demandes amazighes ont signalé un changement potentiel dans la politique amazighe de l’état. Des voix amazighes éminentes ont accueilli les révisions reconnaissant la langue et la culture amazighes comme le plus grand accomplissement du mouvement depuis des décennies (pp. 129-131). Cependant, ils ont tempéré leur optimisme par un profond scepticisme, [xxxiii] conscients des efforts précédents de l’establishment pour coopter le mouvement (pp. 135-139). [xxxiv]

Lorsque le roi du Maroc Mohammed VI a inauguré l’Institut royal de la culture amazighe -IRCAM- en 2002, certains ont interprété cette initiative comme une tentative de monopoliser l’agenda amazigh et de fragmenter la cause. Les concessions royales ont à plusieurs reprises divisées les Amazighs au fil des ans, séparant ceux qui sont prêts à jouer le jeu de la politique d’état de ceux qui se méfient de l’establishment et de son habitude de monter les adversaires politiques les uns contre les autres (pp. 151-153).

Désormais, l’alphabet adopté par l’IRCAM, le Tifinagh, est déjà visible sur les panneaux de signalisation des autoroutes, dans les institutions, dans les médias et les publicités commerciales. De plus, dans la capitale, Rabat, un imposant bâtiment entouré de larges esplanades, l’Institut royal de la culture amazighe du Maroc, illumine, comme un phare, une identité avec sa propre langue et sa propre culture (pp. 129-131). [xxxv]

Ces 20 dernières années, le pays s’est ouvert à l’acceptation de son identité amazighe, l’IRCAM promeut la langue, mais sa mise en œuvre réelle et officielle reste en suspens – Les changements coexistent avec des protestations sociales imprégnées d’amazighisme : le Hirak du Rif (pp. 143-150). [xxxvi]

Au fur et à mesure que l’activisme culturel amazigh augmentait, la présence amazighe dans la vie politique augmentait également. Alors que de nombreux partis politiques amazighs qui ont émergé au cours de la première décennie du 21ème siècle ont été fermés parce que la Constitution marocaine interdit aux partis politiques de se former sur la base de l’ethnicité, certains ont trouvé un moyen de contourner l’interdiction ethnique (pp. 150-151).

Par exemple, bien que son programme ne s’adresse pas uniquement aux Amazighs, le parti Mouvement Populaire (MP), l’un des plus grands partis du Parlement marocain, est largement associé à la communauté amazighe. En effet, le MP, qui a été fondé en 1957, travaille en étroite collaboration avec des militants amazighs et a mobilisé le soutien du mouvement amazigh à travers le pays, en plaidant pour la reconnaissance des pratiques culturelles amazighes et la protection des droits des Imazighen. [xxxvii]

En rétrospective du mouvement amazigh au Maroc, Bruce Maddy-Weitzman nous apprend que :

[‘’La décennie 2011-2022 a été riche en développements qui ont affecté la grande et diverse communauté amazighe du Maroc de multiples façons. Du mouvement du 20 février et de la proposition d’une nouvelle constitution qui a donné un statut officiel à Tamazight et à l’identité amazighe, aux protestations populaires et aux activités associatives en faveur des droits sociaux, économiques et culturels des Amazighs, au Hirak rifain et à la lutte pour la loi organique, le facteur amazigh faisait désormais partie intégrante de la sphère publique marocaine de plus en plus contestée. Il est également un élément de plus en plus légitime de la vie culturelle du pays. Dans le même temps, le makhzen reste maître de la sphère politique parlementaire et de l’économie. Le F20 s’est dissipé, les doléances locales et les actions de protestation sont restées lettre morte, le Hirak a été écrasé et les divisions internes sur la tactique et la stratégie ont entravé la capacité du mouvement amazigh à faire avancer son programme.’’]

‘’ The decade covering 2011-2022 was packed with developments affecting Morocco’s large and diverse Amazigh community in myriad ways. From the February 20 movement and the propagation of a new constitution that gave official status to Tamazight and Amazigh identity; to the grassroots protests and associational activities on behalf of Amazigh social, economic and cultural rights; to the Rifian Hirak and the struggle over the Organic Law-the Amazigh factor was now an integral part of Morocco’s increasingly contested public sphere. It was also an increasingly legitimate part of the country’s cultural life. At the same time, the makhzen remained in control of the parliamentary political sphere and the economy. F20 had dissipated, local grievances and protest actions remained just that, the Hirak had been crushed, and internal divisions over tactics and strategy hampered the ability of the Amazigh movement to advance its agenda.’’

Conclusion

Bruce Maddy-Weitzman, grand spécialiste du Maghreb et de la question amazighe vient de nous gratifier avec un ouvrage hors-norme qui a trait à l’impact du Printemps démocratique du monde arabe sur les Amazighs et l’amazighité. L’ouvrage est, certes, dense et très bien documenté, ce qui fait de lui un travail académique de grande facture scientifique, qui fera à la fois le bonheur des chercheurs universitaires aussi bien que celui du lecteur néophyte.

Le chercheur porte un regard critique sur l’état des lieux sans tomber dans le parti-pris ni le piège de la condescendance académique. Par conséquent ces arguments sont percutants, son verbe frais et convaincant et sa démarche purement scientifique.

Bien sûr comme dans toute recherche de ce genre il y a quelques manquements, minimes de portée et d’impact, mais le travail reste, en fin de compte, de grande fraicheur informative et de grande valeur académique.

Notes de fin de texte :

[i] Roberts, Hugh. « Towards an Understanding of the Kabyle Question in Contemporary Algeria. » The Maghreb Review 5, nos. 5–6, 1980, pp. 115–124.

[ii] Jay, C. ‘’A Berber Spring: the Breakthrough of Amazigh Minorities in the Uprisings’ Aftermath’’, in: Gerges, F.A. (eds) Contentious Politics in the Middle East. Middle East Today. New York: Palgrave Macmillan, 2015. https://doi.org/10.1057/9781137530868_14

[iii] Chabani, Hamid. Le Printemps noir de 2001 en Kabylie. Le cas de la coordination communale d’Aïn-Zaouia. Paris : L’Harmattan, 2011.

Suite au décès d’un jeune dans les locaux d’une gendarmerie en Kabylie en avril 2001, de violentes émeutes ont lieu pour dénoncer les abus et les injustices commises par la gendarmerie. C’est le printemps noir de Kabylie. L’auteur relate les événements de 2001 et nous plonge au cœur de ces manifestations en étudiant le cas de la coordination d’Aïn-Zaouia, un creuset et un laboratoire de démocratie participative.

[iv] Goodman, Jean. ‘’Reinterpreting the Berber spring: from rite of reversal to site of convergence’’, The Journal of North African Studies, 9:3, 2004, pp. 60-82, DOI: 10.1080/1362938042000325813

[v] Blidi, M. « Tizi-Ouzou : La sérénité », Algérie Actualité 756, 1-7 mai 1980, p. 4.

[vi] La Constitution de la République algérienne démocratique et populaire. Alger: Conseil constitutionnel algérien, 1996.

[vii] Hourani, Albert. Minorities in the Arab World. London: Oxford University Press, 1947.

[viii] Jay, C. ‘’A Berber Spring: the Breakthrough of Amazigh Minorities in the Uprisings’ Aftermath’’, in: Gerges, F.A. (eds) Contentious Politics in the Middle East. Middle East Today. Op. cit.

[ix] Gellner, E. “Introduction”, in Arabs and Berbers: From Tribe to Nation in North Africa, ed. Gellner, E. & C Micaud. London: Duckworth, 1973, p. 13.

[x] Oiry-Varacca, M. “Le ‘Printemps arabe’ à l’épreuve des revendications amazighes au Maroc: Analyse des enjeux territoriaux et politiques des discours sur l’identité,” L’espace Politique, 2012. http://espacepolitique.revues.org

[xi] Silverstein, Paul A. “A New Morocco? Amazigh Activism, Political Pluralism and Anti–Anti-Semitism”, The Brown Journal of World Affairs, vol. 18, no. 2, 2012, pp. 129–40. JSTOR, http://www.jstor.org/stable/24590868

[xii] Fromherz, Allen. ‘’Between Springs: The Berber Dilemma’’, Wiley Online Library, 24 juillet 2014. https://doi.org/10.1111/muwo.12054

[xiii] Medici, Lorenzo. ‘’The promotion of linguistic rights before and after 2011: UNESCO’s role in the Maghrib’’, The Journal of North African Studies, 23, 3, 2018, pp. 440-459.

[xiv] Maddy-Weitzman, Bruce. Amazigh Politics in the Wake of the Arab Spring. Austin, Texas: University of Texas Press, 2022, p. 4.

[xv][xv] Chtatou, Mohamed. ‘’Le monde amazigh, l’éternel oublié du développement au Maroc’’, Le Monde Amazigh, 13 mars 2018. https://amadalamazigh.press.ma/fr/le-monde-amazigh-leternel-oublie-du-developpement-au-maroc-2/

[xvi] Maddy-Weitzman, Bruce. Amazigh Politics in the Wake of the Arab Spring. Op. cit., p. 14.

[xvii] Wolf, Anne. « Morocco’s Hirak movement and legacies of contention in the Rif », The Journal of North African Studies, 24, 1, 2019, pp. 1–6.

[xviii] Aadel, Mohamed, & Azzedine Hajji. ‘’Hirak du Rif : une lutte sociale et politique contre les injustices systémiques au Maroc’’, La Revue Nouvelle, vol. 8, no. 8, 2018, pp. 22-29.

[xix] Souaïdia, Habib. La sale guerre, Le témoignage d’un ancien officier des forces spéciales de l’armée algérienne, 1992-2000. Paris : La Découverte, 2001 (Cahiers Libres).

[xx] Direche-Slimani, Karima. « Le mouvement des âarch en Algérie : pour une alternative démocratique autonome ? », Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, nos 111-112,‎ 31 mars 2006, pp. 183–196. https://journals.openedition.org/remmm/2873

‘’Le début des années 2000 est marqué, pour l’Algérie, par une contestation populaire ambitieuse et originale : les âarch. Née en Kabylie et prétendant à une représentation nationale, elle a pour objectif de dénoncer publiquement les maux qui malmènent la société algérienne en interpellant directement les représentants de l’État. En court-circuitant les relais politiques traditionnels et en adoptant des pratiques de représentation politique puisées dans l’organisation sociale passée du monde berbère, le mouvement des âarch propose une mobilisation et une dynamique de la contestation unique dans l’histoire du Maghreb contemporain. Mais son ancrage régional et le discours identitaire cristallisé sur la langue berbère ainsi que la stratégie de « pourrissement » adoptée par l’État algérien enferme rapidement le mouvement dans une interprétation ethnicisée de la contestation sociale.’’

[xxi] Chaouchi, Mohamed. ‘’Algérie. Violences intercommunautaires à Ghardaïa : quels enjeux ?’’, Diploweb, le 4 janvier 2015. https://www.diploweb.com/Algerie-Violences.html

‘’L’autre fait marquant de ces événements est la cause berbère qui est mise en avant par certains activistes mozabites. Ces émeutes intercommunautaires cacheraient une tentative du pouvoir central algérien « d’arabiser de force » la vallée du M’Zab. La société berbère mozabite a été, dès l’indépendance du pays en 1962, mal perçue par Alger, qui la considérait comme rétrograde et sectaire. Dans une démarche politique de mise en place d’un Etat-nation algérien fort, à partir des années 1960, le gouvernement a facilité le déplacement massif de nomades arabes vers la ville de Ghardaïa. Cette installation d’une communauté non berbérophone et non ibadite dans la capitale des Mozabites aurait pour finalité l’assimilation à long terme des Mozabites au reste de la société algérienne. Il est délicat de confirmer ou d’infirmer cette perception obsidionale, mais quoi qu’il en soit, l’existence de celle-ci est à prendre en compte pour comprendre les tensions.’’

[xxii] Maddy-Weitzman, Bruce. Amazigh Politics in the Wake of the Arab Spring. Op. cit., p. 83.

[xxiii] Mann, Gregory. « The Mess in Mali », Foreign Policy, 5 avril 2012. https://web.archive.org/web/20141029103350/http://www.foreignpolicy.com/articles/2012/04/05/the_mess_in_mali

[xxiv] Zounmenou, David. ‘’The National Movement for the Liberation of Azawad factor in the Mali crisis’’,

African Security Review, Vol 22: 3, 2013, pp. 167-174. https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/10246029.2013.823794

Le Mali est un champ de bataille depuis plus d’un an maintenant. Si le conflit armé est survenu à la suite de la crise libyenne qui a laissé l’environnement sécuritaire régional appauvri, il a également servi de catalyseur à l’effondrement de l’autorité de l’État au Mali. Cela a créé des conditions propices à la prolifération et aux attaques de groupes armés religieux radicaux dans les régions du nord du pays, notamment le mouvement armé touareg : le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Mais, loin d’être un phénomène nouveau, l’insurrection armée menée par les Touaregs dans les régions du nord est aussi vieille que l’État malien postcolonial, et continue de poser d’énormes défis en Afrique de l’Ouest et dans la région du Sahel pour les acteurs régionaux et extrarégionaux. La crise récente dans la région du Sahel est considérée comme l’une des plus graves depuis la fin de la guerre froide, et l’on s’attend à ce qu’elle ait des conséquences désastreuses à long terme sur la sécurité de la région et au-delà. Alors que l’attention se concentre principalement sur la défaite des groupes djihadistes qui ont menacé la survie de l’État malien, il ne faut pas perdre de vue que le « facteur touareg », tel que représenté par la rébellion lancée par le MNLA, reste crucial à la fois pour apprécier la détérioration de la situation et pour tenter d’élaborer des solutions durables. L’article soutient que le recours persistant des Touaregs à la rébellion contre Bamako doit être compris dans le cadre d’une trajectoire historique qui prend en considération trois paramètres clés : premièrement, l’État postcolonial du Mali et les relations de ses dirigeants africains avec les descendants des communautés touaregs ; deuxièmement, l’amalgame créé par la soi-disant guerre contre le terrorisme ; et, enfin, les contradictions du processus de démocratisation des années 1990. [Résumé du journal].

[xxv] Pflanz, Mike. « Mali rebels seize Timbuktu », The Telegraph, London, 1 avril 2012. https://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/africaandindianocean/mali/9179392/Mali-rebels-seize-Timbuktu.html

[xxvi] Maddy-Weitzman, Bruce. Amazigh Politics in the Wake of the Arab Spring. Op. cit., p. 104.

[xxvii] https://www.worldometers.info/world-population/tunisia-population/

[xxviii] Ghribi, Asma. ‘’Not Arab, and Proud of It’’, Foreign Policy, 9 aout 2016. https://foreignpolicy.com/2016/08/09/not-arab-and-proud-of-it/

[xxix] Pouessel, Stéphanie. “La revendication amazighe en Tunisie : la tunisianité au défi de la transition politique”. Tilmatine, Mohand, et Thierry Desrues. Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes » : Trajectoires historiques et évolutions récentes des mouvements identitaires en Afrique du Nord. Rabat : Centre Jacques-Berque, 2017, pp. 215-232. http://books.openedition.org/cjb/1365

‘’Si langues et culture amazighes représentent un socle commun à l’ensemble des pays du Maghreb, les revendications qui leur sont liées n’ont longtemps pu s’épanouir publiquement qu’au Maroc et en Algérie. En Tunisie et en Libye, si des velléités militantes pouvaient défier les régimes autoritaires, toute critique sociale ou politique était étouffée par les pouvoirs en place. Dans ces deux pays, il faudra attendre la rupture révolutionnaire de 2011 pour que s’ouvre le champ à la pluralité politique et pour que surgisse le militantisme amazigh sur le devant de ces nouvelles scènes politiques maghrébines.

Dans le cas de la revendication amazighe en Tunisie, dès les lendemains de la révolution, des citoyens se mobilisent en associations qui œuvrent à la sauvegarde de ce patrimoine en voie d’extinction, à la valorisation des traditions et à la reconnaissance de leur spécificité linguistique et culturelle. Cette mobilisation s’inscrit dans la longue lutte des Amazighs en Afrique du Nord mais lui est irréductible tant le contexte national prédomine. En effet, les défis que pose aujourd’hui la question amazighe en Tunisie mettent au jour des problématiques clés du moment tunisien telles que l’ouverture du champ politique, l’islamisme et l’héritage néo-destourien.’’

[xxx] Maddy-Weitzman, Bruce. Amazigh Politics in the Wake of the Arab Spring. Op. cit., p. 123.

[xxxi] Silverstein, Paul, and David Crawford. “Amazigh Activism and the Moroccan State.” Middle East Report, no. 233, 2004, pp. 44–48. JSTOR, https://doi.org/10.2307/1559451.

[xxxii] https://www.axl.cefan.ulaval.ca/afrique/berbere-manifeste-2000.htm

[xxxiii] Maddy-Weitzman, Bruce. “Insécurité à la périphérie : les griefs socio-économiques et le mouvement amazigh au Maroc ”. Tilmatine, Mohand, et Thierry Desrues. Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes » : Trajectoires historiques et évolutions récentes des mouvements identitaires en Afrique du Nord. Rabat : Centre Jacques-Berque, 2017, pp. 195-213. http://books.openedition.org/cjb/1362

‘’Ce que l’on appelle l’insécurité humaine a longtemps été une caractéristique indéniable du quotidien des Marocains vivant dans les régions périphériques du pays, dont la plupart sont peuplées principalement de populations amazighes. Le mouvement identitaire amazigh au Maroc a toujours pris en compte la dimension socio-économique dans son récit dominant de l’abandon et de la répression orchestrés par les autorités étatiques, ce qui lui a permis d’appeler à un changement radical des priorités politiques nationales en faveur de réponses concrètes à apporter aux questions que pose l’insécurité humaine dans ces terroirs. Ce faisant, ces demandes ont eu un écho limité.’’

[xxxiv] Feliu, Laura. ‘’Le Mouvement culturel amazigh (MCA) au Maroc’’, L’Année du Maghreb, I | 2004, pp. 274-285. http://journals.openedition.org/anneemaghreb/313

‘’Le Mouvement culturel amazigh à vocation « nationale », avec des objectifs définis et un militantisme consolidé, naît dans la seconde moitié des années soixante, à l’initiative de l’Association marocaine de recherches et d’échanges culturels (AMREC). Celle-ci a officiellement vu le jour le 10 janvier 1967. La création d’une association reconnaissant de manière explicite son adhésion à l’amazighité étant alors impensable, les termes « berbère » ou « amazigh » n’ont pas été inclus dans sa dénomination. C’est pourquoi, le terme « culturel » est consacré comme un substitut qui assume cette référence.’’

[xxxv] Rollinde, Marguerite.  « Le mouvement amazighe au Maroc : défense d’une identité culturelle, revendication du droit des minorités ou alternative politique ? », Insaniyat, 8 | 1999. http://journals.openedition.org/insaniyat/8325

[xxxvi] Maddy-Weitzman, Bruce. “Contested Identities: Berbers, ‘Berberism’ and the State in North Africa,” The Journal of North African Studies, Vol. 6 No. 3, Autumn 2001, p. 24, pp. 24-47.

L’émergence du mouvement de la culture berbère/amazigh, au Maroc, en Algérie et dans la diaspora berbère, pose d’importantes questions aux régimes et sociétés nord-africains à l’aube du XXIe siècle. En outre, il constitue un terrain fertile pour les étudiants du nationalisme, de la mémoire collective et de l’identité. Les expériences des Berbères en Algérie et au Maroc ont été très différentes l’une de l’autre, et posent donc différents ensembles de questions aux régimes, sociétés et institutions respectifs.

Néanmoins, ces expériences ont abouti à une conscience de soi croissante chez les Berbères en tant que Berbères dans les deux pays, ce qui inclut de plus en plus une dimension politique plus explicite.

Les Amazighs de Kabylie coexistent difficilement avec les autorités de l’État dans une situation d’incertitude générale. Le cas marocain est plus amorphe et moins ouvertement politique, mais il fait néanmoins partie du nouvel « imaginaire » berbère. Le processus de remodelage et de redéfinition de la signification des identités collectives marocaines et algériennes a déjà commencé et sera certainement marqué par des tensionse et de difficultés. La manière dont la conscience collective berbère croissante de soi interagit avec les états marocains et algériens, ainsi qu’avec d’autres segments de leurs sociétés déterminera en grande partie le cours futur des affaires nord-africaines.

[xxxvii] Chtatou, Mohamed. ‘’The Amazigh Cultural Renaissance’’, Washington Institute, 18 janvier 2019. https://www.washingtoninstitute.org/policy-analysis/amazigh-cultural-renaissance

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