Le Rif dans tous ses états

Par: DR. MOHAMED CHTATOU: Anthropologue et linguiste

Le Rif s’est embourbé, malgré lui, dans une révolte pacifique depuis la mort du poissonnier Mohcine Fikri fin octobre 2016,[1] une situation dramatique qui ne semble pas avoir d’issue pour le moment. Pire il y a une fuite en avant du Hirak et du gouvernement : Nacer Zafzafi,[2] l’icône de la mouvance populaire rifaine s’est maladroitement attaqué à la sacralité de la religion musulmane dans un pays très conservateur,[3] et le gouvernement a procédé automatiquement à son arrestation et celle de son cercle de lieutenants et décideurs.

Manif à Alhoceima

Il semble que des deux côtés l’impulsivité l’a largement emporté sur la sagesse et le bons sens et, par conséquence, le fossé va s’grandir davantage, pourtant le dialogue apaisée est responsable aurait pu résoudre le conflit sachant que le gouvernement à mis la main à la poche et a promis de mettre 1 milliard de dollars sur la table, une somme faramineuse, pour le développement et le désenclavement de la ville et de ses environs. Somme toute aucune ville ou région du Maroc n’a eu la chance d’une telle générosité gouvernementale d’un coup et aussi vite. C’est une aubaine pour le Rif si la promesse est respectée.[4]

Mais, toutefois, il faut dire ouvertement que le Rif souffre en silence depuis un siècle. Il a souffert depuis le début d siècle dernier du joug d’un colonialisme pur et dur et depuis l’indépendance en 1956 du mépris de l’état central sans oublier pour autant la dureté de la nature et tout cela on peut le lire sur le visage des Rifains pétris de pauvreté et d’injustice.

Handicaps structurels

Le Rif en tant que région et entité culturelle est confronté, depuis belle lurette, a une brochette d’handicaps a la fois d’ordre naturel et humain :

Handicap géographique :

Il s’étend de la côte de l’océan atlantique au nord du pays et borde la méditerranée de ses côtes rocheuses. Vers le sud, il s’abaisse doucement en basses collines. Le djebel Tidighine, qui est le plus haut sommet du Rif atteint 2456 m. La chaîne montagneuse est compartimentée en vallées encaissées, courtes et étroites qui délimitent des massifs aux pentes abruptes travaillées par l’érosion. Ce type de relief rend les tâches agricoles pénibles, et beaucoup d’habitants partent désormais vivre dans les grandes villes. A l’ouest la végétation est composée de sapins, de pins, et de cèdres. En se dirigeant vers l’est, vers la Méditerranée, les steppes arides et les maquis prennent le pas.

Montagnes du Rif

Le Rif est une région majoritairement montagneuse et très escarpée donc généralement accidentée. Elle comporte peu de plaines. Les pentes du sol sont souvent très fortes et supérieures à 50%. Les sols sont peu perméables et très sensibles à l’érosion.. Bien qu’il a accès à une pluviométrie importante en une année humide, toutefois il est aride et manque terriblement d’eau. Le Rif dans sa totalité est sujet à une érosion dévastatrice et continue.

Dans les années 60 et 70 du siècle dernier un projet a été mis en place pour arrêter cette érosion : le Projet DERRO. Ce projet,[5] qui signifie développement économique et rural du Rif occidental (DERRO), a commencé en 1960, dans le double but de sauvegarder les sols de l’érosion, et d’améliorer le niveau de vie des paysans. Vingt ans après, une étude soigneuse des milieux naturels, de la société locale, et des réalisations du projet DERRO à Taounate et dans l’Oued Mellah, conduit a la conclusion que les objectifs initiaux sont loin d’être atteints.[6] Beaucoup de mauvaises langues parlent de détournement de fonds par les officiels responsables de Rabat.

Handicap culturel :

Dans l’imaginaire populaire, les Rifains sont à la fois des gens très braves et très honnêtes, chefs de familles responsables et époux fidèles. Ils sont connus sous l’appellation : chlouh al-‘azz,  les Amazighs/Berbères valeureux.

Ceci dit, toutefois le Rifain est vu et stéréotypé comme un être louche et infidèle qui peut changer d’avis et de camp vite fait :

  • Riffi gheddar ou 9attal  (le Rifain est sanguinaire et incapable de fidélité);
  • Riffi dirou gouddamek ou ma-tidirou ourak (Le Rifain n’est pas digne de confiance) ;
  • Rifi ighadrek, ighadrek (le Rifain te sera infidèle tôt ou tard), etc.

Ces stéréotypes étranges sur le Rifain sont le résultat de sa pugnacité et son sens inné de la survie dans un environnement géographique inhospitalier. Son visage « cicatrisé » par la vie difficile lui donne l’impression d’être un homme patibulaire et indigne de confiance ayant une propension naturelle à combattre et agresser.

Le Makhzen y est aussi pour quelque chose dans la propagation de ce stéréotype malveillant. En effet en 1984, il y avait un soulèvement à Nador suite au renchérissement des denrées alimentaires de base au Maroc. L’état  écrasa  la révolte dans le sang et feu Hassan II, dans un discours très officiel déversa son fiel sur la population du Rif en les appelant awbaches (barbares et Apaches) et on les conseillant à se tenir tranquille parce qu’ils le connaissent très bien (allusion faite à son écrasement  du soulèvement armé de 1958-59).

Comme résultat de ses soulèvements à succession, feu Hassan II décréta le Rif région non grata et ainsi cette partie du pays est tombée dans l’oubli gouvernemental et les limbes de la monarchie chérifienne. Pour masquer cette approche, l’establishment a maladroitement coopté  certaines élites locales, qui vite perdirent leur virginité et credibilité vis-à-vis du peuple et devinrent, par conséquence, des caisses de résonance de leur maitres à Rabat.

Handicap économique :

La géographie a toujours été peu propice et peu clémente pour le Rif et les Rifains. Ainsi, le système tribal dans sa composante segmentaire était toujours une forme de protection contre autrui mais aussi contre l’inconnu qui peut être soi un ennemi externe ou un fléau naturel.

Pour l’anthropologue américain Carlton S. Coon qui travailla sur la tribu Gzennaya dans les années 20 du siècle dernier[7] et son élève et disciple David M. Hart qui s’intéressa à Ait Ouriaghel dans les années 50 du même siècle[8], dont l’opus fut traduit en Arabe par une association rifaine, Stem van Marokkaans Democraten-Nederland, basée en Hollande[9], le Rif est une région unique dans son genre sur le plan anthropologique distinguée par des qualités surprenantes d’endurance, de fidélité et bravoure.

Le Rif est une région foncièrement pauvre, donc incapable de nourrir les siens. Dans les années 30 du siècle dernier, les Rifains immigraient saisonnièrement, en masse, vers l’Algérie française[10] pour travailler dans les champs agricoles. Ils appelaient ce mouvement chareq « migration vers l’est ». Dans les années 50, ils traversèrent, cette fois-ci, la Méditerranée  pour aller en Europe, en pleine reconstruction après les affres de la Deuxième Guerre Mondiale, grâce à la générosité américaine du Plan Marshall. Ils s’installèrent surtout en Hollande et Belgique mais aussi en Espagne, France, Allemagne et les pays de la Scandinavie. Grace à l’argent durement gagné ils construiront de belles maisons en dur et investiront dans des commerces et dans l’immobilier.

Mais dans les années 80 les Européens fermèrent leurs frontières et les fils du Rif s’investirent dans les études avec l’espoir de faire vivre les leurs. Une fois le diplôme en poche ils se retrouvent au chômage et sur les chaises de cafés ils méditèrent longuement sur des jours meilleurs tout en s’organisant dans des associations de défense de la culture amazighe et les droits de l’homme. Très vite, Alhoceima devint la capitale marocaine des droits de l’homme et de la contestation en gestation et de la fronde.

Pour calmer le jeu, le Makhzen procéda maladroitement à la cooptation de certaines élites locales en mal de leadership et de stardom, mais très vite ces élites perdirent leur virginité politique et se trouvèrent désavoués par le peuple rifain pour ne pas dire bannis à jamais.

La France pendant le protectorat 1912-1956, pour des fins de colonisation, avait divisé le Maroc en Maroc utile, le Maroc des cotes, des plaines agricoles et des richesses minières et le Maroc inutile celui des montagnes et du désert. Cette subdivision coïncidait grandement à une plus ancienne : bled l-makhzen « terres sous contrôle gouvernemental » et bled siba « terres de dissidence ou plutôt les contrées pauvres des Imazighens » qui refusaient de payer les impôts au gouvernement central, pour cause de pauvreté.

Apres l’indépendance cette subdivision persista, aujourd’hui on peut distinguer entre deux Maroc, à deux vitesses différentes : Un Maroc du triangle d’or et un Maroc du triangle du désespoir. Celui du triangle d’or s’étend de Laayoune à Tanger et à Fès et tout ce qui est en dehors de ce  triangle c’est le monde du désespoir, généralement le monde amazigh, sans ressources et sans infrastructures.

Depuis l’indépendance le gouvernement a maladroitement dirigé tous les investissements vers le triangle d’or créant de multiples possibilités de travail donc de  richesse. Par contre en dehors de ce triangle, la jeunesse oisive broyait du noir et criait à qui voulait l’entendre à la hogra (humiliation).

Handicap historique

Historiquement parlant, le Makhzen ne s’est jamais intéressé au Rif sauf pour l’obliger à payer les taxes, faute de quoi il organisait une harka envoyait une mehalla pour punir la population et piller le peu de ses richesses.

Après la bataille de Tétouan de 1860,  perdue par le Maroc chérifien, l’Espagne l’avait obligé à payer des réparations de guerre et se rendant compte de son impuissance militaire et de la vétusté de son armement avait à l’esprit la colonisation du Rif. Ainsi, vers les années 1880 l’Espagne déversa sur le sol marocain du nord un nombre énorme d’armement de tous calibres avec munitions à gogo. Les tribus rifaines s’armaient à cœur joie et ce fut le début de ce qui fut appelé rifublik (république) ce qui voulait dire que les tribus du nord étaient libres et ne dépendait plus du Makhzen politiquement et militairement. Cette période de grand banditisme et dissidence continua jusqu’en 1920 avec l’arrivée de Ben Abdelkrim al-Khattbi qui décréta l’interdiction de port d’armes, autre que pour la guerre sainte Jihad.

Mohammed Ben Abdelkrim al-Khattabi connu localement sous le nom Moulay Mohand (1882-1963)

En 1921, ben Abdelkrim al-Khattabi (1882-1963)[11] unifia les tribus du Rif,  institua la fameuse République du Rif et déclara son intention de bouter les Espagnols hors de la région. Chose dite, chose vite faite. Grace à la guerre de guérilla dont il est l’inventeur, il humilia l’armée d’une puissance coloniale de la taille de l’Espagne à Anoual et Dhar Aberrane. Galvanisé par ses succès militaires, Ben Abdelkrim s’attaqua à l’armée française au sud. Après quelques succès, la France alarmée par l’appétit féroce de cet émir guérillero[12], décida de le contrer sur le terrain.

Ben Abdelkrim, auréolé par ses succès militaires demanda au sultan Moulay Youssef de rallier sa cause. Mais celui-ci, sous l’influence de la résidence générale française à Rabat, refusa de lutter contre les puissances coloniales. Dès lors, jugeant le sultan illégitime, Be Abdelkrim se proclama amir al-mou’minine, commandeur des croyants et selon le Général Lyautey[13] :

«Abdelkrim est considéré ouvertement comme le seul et unique sultan du Maroc depuis Abdelaziz, vu que Moulay Hafid a vendu le pays à la France par le traité du Protectorat et que Moulay Youssef est seulement un fantoche entre mes mains»[14].

À partir de 1925, Ben Abdelkrim combattit les forces françaises dirigées par le maréchal Pétain à la tête de 200 000 hommes et une armée espagnole commandée personnellement par le général Primo de Rivera de 300 000 hommes, soit un total de 500 000 soldats[15], qui commencèrent les opérations contre la République du Rif. Le combat intense dure une année et aboutit à la victoire des armées française et espagnole contre les forces de  Ben Abdelkrim.

Dans les années 1970, une délégation de la centrale palestinienne Fatah alla rendre visite au général nord vietnamien Vo Nguyen Giap (1911 –2013), héros de la guerre du Vietnam, pour lui demander des conseils sur l’aspect militaire de la révolution palestinienne. Celui-ci amusé, les informa que la technique militaire que ses troupes utilisent contre une armée américaine plus nombreuse et suréquipée vient directement de leur région, le nord du Maroc pour être précis. En bref, de la Guerre du Rif (1921-1926) de Ben Abdelkrim al-Khattabi contre les forces coloniales de l’Espagne et la France fut un exemple pour les pays du monde dans leurs luttes anticoloniales.

Il est inacceptable que cette icône du tiers-monde et de la lutte anti-coloniale soit totalement ignorée au Maroc. A part, certaines, rues, boulevards ou lycées portant son nom, la figure historique mondiale qui est Ben Abdelkrim al-Khattabi, est totalement inexistante dans le cursus scolaire. Pire, les exploits des batailles d’Anoual et Dhar Aberrane ne sont point célébrées par l’Etat marocain.

Drapeau de la République du Rif (1921-1926)

Aujourd’hui si on pose la question : qui est Ben Abdelkrim al-Khattabi ? aux élèves et lycéens marocains, beaucoup vous citeront des rues ou des établissements scolaires, vu l’oubli officiel de ce grand héros, chose que les Rifains considèrent comme une vengeance du Makhzen sur le Rif pour avoir accepter de suivre Ben Abdelkrim dans son lèse-majesté de «république dans la monarchie» à la monarchie alaouite.

Le Rif brimé par le Maroc officiel

Le soulèvement armé du Rif de 1958-1959 en réalité n’était pas dirigé contre la monarchie mais plutôt contre le Parti de l’Istiqlal, qui voulait s’accaparer du pouvoir pour instituer le parti unique, comme c’était le cas dans plusieurs pays arabes. Dans le temps, le futur roi Hassan II qui était Moulay Hassan, prince héritier, anxieux de devenir roi à la place du roi a vu en ce soulèvement une occasion en or pour affirmer son autorité politique et militaire et se débarrasser à la fois du Rif frondeur et de l’Istiqlal usurpateur. Contre l’avis de son père Mohammed V, plutôt attiré par le dialogue politique et l’intermédiation sociale. Moulay Hassan écrasa militairement le Rif.

À la fin de Janvier 1959, le soulèvement a été réprimé par une force militaire de 30 000 hommes commandée par le prince héritier Moulay Hassan et mise sous les ordres du général Oufkir. Après la fin du soulèvement, le Rif a été soumis à un régime militaire pour plusieurs années et l’héritage le plus ruineux de ce soulèvement fut la négligence complète et la marginalisation de la région par les autorités marocaines au cours des décennies suivantes.

Cette marginalisation allait devenir encore plus accentuée après le soulèvement populaire de 1984 qui fut réprimé, lui aussi, dans le sang parce que pour Hassan II, le Rif était toujours militarisé  et la région toujours en dissidence ouverte contre la monarchie et l’état.

A son accession au trône  en 1999, Mohammed VI avait entamé, de bon cœur, un processus de réconciliation avec le Rif, faisant plusieurs déplacements à Alhoceima et à Nador et inaugurant maints projets d’envergure mais n’allant pas suffisamment dans le sens des besoins de la population. Les bonnes intentions du Roi Mohammed VI pour le développement du Rif ont été totalement exaspérées par les lenteurs administratives, la corruption des élus et le mauvais choix des élites locales.

La goutte qui a fait déborder le vase

Le tremblement de terre émotionnel qu’a connu le Maroc le 30 octobre 2016 à la suite du décès de Mohcine Fikri a été, sans aucun doute un événement très dangereux pour l’avenir du Maroc[15]. La classe politique et l’establishment devaient, dans le temps, en tirer immédiatement les leçons qui s’imposaient pour l’avenir, et il faut le dire que l’avenir est très sombre et l’ « exception marocaine » est en grand danger pour ne pas dire le Maroc en tant que tel.

Le Hirak du Rif est le résumé du ras-le-bol marocain dans sa totalité. Les événements d’Alhoceima c’est le printemps marocain en gestation. Cette mouvance populaire a mis à nu la précarité des Amazighes et la réalité du jeu politique au Maroc. Les partis politiques ont tous été cooptés et, par conséquence, ont perdu leur virginité vis-à-vis de la population et le peuple est devenu l’opposition légitime parce que la nature n’aime pas le vide, et, ainsi, il est descendu dans la rue pour défendre ses intérêts et crier son marasme et son ras-le-bol.

Le Hirak du Rif est pacifique et légitime, l’état doit impérativement le prendre en charge : écoute, dialogue, intermédiation et réactivité et mettre en sourdine les appels des sirènes sécuritaires qui veulent le diaboliser et pousser le Maroc dans l’incertitude. Le Maroc est un pays du dialogue et du juste milieu, mais il va très mal présentement et la monarchie, comme dans le passé, doit se mettre à son chevet pour le remettre d’aplomb.

Vue panoramique d’Alhoceima

Au Maroc aujourd’hui, il y a deux classes distinctes : la classe gouvernante, qui est faite de politiques, industriels, argentiers, rentiers, bourgeoisie, etc., riches comme crésus et le peuple qui comprend des fonctionnaires endettés jusqu’à l’os et des démunis qui vivent du jour au jour. Pour rappel, la classe moyenne qui sert d’ « absorbeur de chocs » entre les riches et les pauvres, a disparu il y a fort longtemps.

Le PJD, un «paracétamol» qui ne calme plus les douleurs

En 2011, au fort du Printemps arabe, le roi, en bon et loyal pompier, proposa au peuple marocain une constitution-relais pour une monarchie constitutionnelle future. Cette constitution ouvra la porte grande pour l’arrivée des Islamistes au pouvoir, ce qui fut le cas, en grande pompe.

Pendant 5 ans, de 2011 jusqu’à 2016, les Islamistes « paracétamols » calmèrent les multiples douleurs de la société marocaine sans avoir réussi aucunement à diagnostiquer le mal. Pour justifier leur impuissance à résoudre les grands problèmes et maux du pays, à l’approche des échéances d’octobre 2016, ils évoquèrent le concept de ta7akkoum, qui, en des termes clairs, veux dire que les grandes décisions restent entre les mains du shadow cabinet (entourage du monarque), pour ne pas dire les mains du souverain.

Les Islamistes voulaient se dédouaner craignant le backclash du peuple. Il vrai que certaines décisions peuvent être influencées par l’entourage royal mais c’est minimal. Toutefois, à la stupeur de beaucoup, ils furent réélus avec plus de sièges au parlement mais moins de mordant politique, sur un agenda purement religieux et non économique.

Le mal viscéral du peuple c’est le chômage et la 7ogra

Mohcine Fikri, le poissonnier broyé dans la benne du camion à ordure en Octobre 2016

Durant leurs nombrables campagnes électorales, le PJD et le reste des partis font des promesses creuses au petit peuple de lui fournir l’emploi synonyme de dignité.

Généralement tous les partis politiques marocains font des promesses sans se baser sur des études scientifiques préalables. En clair, les partis politiques marocains n’ont point de programme économique ou autre et ne peuvent aucunement créer les emplois tant souhaités par le peuple pour survivre dans un système économique libéral sauvage et inhumain. Ils ont de la littérature politique qu’ils mettent à jour à l’approche des échéances électorales, d’où leur échec populaire strident.

Déçu, depuis plusieurs lunes, de la performance des partis politiques marocains, le peuple ne daigne même pas voter: 7 octobre 2016: 57% d’abstention. L’abstention, toutefois, n’arrange en aucun cas les doléances sempiternelles du peuple marocain qui souffre et souffre en silence de la 7ogra (humiliation).

Que faire ?

Le Hirak, est une mouvance sociale et économique légitime, un cahier de doléances d’une région amazighe meurtrie par la marginalisation politique et économique, mais c’est aussi une bombe à retardement qui peux exploser à n’importe quel moment et déstabiliser le pays, sinon toute la région.

Les gens du Rif sont unionistes et pas séparatistes. Ils sont fiers de leur marocanité. La tribu des Ait Ouriaghel a défait l’Espagne sous Ben Abdelkrim, pour la grandeur du Maroc et la tribu des Gzennaya a défait la France dans le «Triangle de la Mort» en Octobre 1955, pour l’indépendance du pays.

Malheureusement en dépit de ses grands faits d’arme Rabat avait carrément oublié le Rif parce qu’apparemment celui-ci avait blessé Hassan II dans son égo et son amour propre à tel point qu’il avait oublié qu’il était le roi de tout le Maroc avant d’être le citoyen Hassan Ben Mohammed.

Pour éviter l’explosion générale et l’effet domino de la mouvance Alhoceima, il est indispensable d’entreprendre d’urgence ce qui suit ;

A court terme :

  • Intervention royale ;
  • Dialogue tous azimuts avec le Hirak ;
  • Mettre sur pied un Plan Marshall pour le Rif ;
  • Mettre sur pied un think-tank de chercheurs et intellectuels rifains pour fournir des études sur la région (sociologie, anthropologie, histoire, us et coutumes, etc.) qui est mal comprise par le gouvernement central ;
  • Créer des structures universitaires à Alhoceima et Nador ;
  • Rapatrier la dépouille de Ben Abdelkrm al-Khattabi du Caire et lui donner un enterrement officiel et insérer son épopée dans les manuels scolaires ;
  • Célébrer annuellement les batailles d’Anoual et de Dhar Aberran.

A long terme :

  • Créer des « Provinces de Montagne» dans les régions montagneuses du pays, avec budget spécial, pour entreprendre un développement régional équitable ;
  • Créer un centre de recherche pour le développement du Maroc profond;
  • Faire connaitre le Maroc profond;
  • Adopter un fédéralisme dynamique au lieu d’un régionalisme statique.

Notes :

[1] http://article19.ma/accueil/archives/52392

[2] http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/04/28/nasser-zefzafi-l-insurge-du-rif-marocain_5119611_3212.html

[3] http://www.rifonline.net/Tension-dans-le-Rif-Nasser-Zafzafi-denonce-un-imam-qui-s-est-attaque-a-la-mouvance-contestataire-rifaine-pendant-le_a1550.html

[4]  http://fr.le360.ma/societe/al-hoceima-25-milliards-dh-investis-dans-le-developpement-en-12-ans-118797

[5] Le DERRO est le Projet de Développement du Rif Occidental. Il avait été lancé en 1963 dans tout le Rif occidental et avait touché tahar souk de plein fouet, avec l’aide internationale, particulièrement Européenne ; ( France, Belgique, Suède… ), avec comme objectifs principaux :

  • Protéger le Gharb des crues à répétition de l’oued Ouergha et de ses affluents..
  • Développer socialement le Rif en arborisant ses terres et en les protégeant ses flancs d’une érosion destructrice à plus d’un titre.
  • Vulgarisation agricole surtout par l’organisation des petits fellahs dans des coopératives arboricoles notamment et en leur faisant découvrir les biens faits des nouveautés dans les domaines de la recherche agronomiques et l’usage des engrais.
[5]  Yazami-Stait, M. 1988. Le DERRO vingt-cinq ans après: milieux naturels et aménagement à Taounate (1960-1985).420 pages.

[6]  Coon, C. S. 1931. Tribes of the Rif. Cambridge, MA: Harvard African Studies.

[7] Hart, David M. 1976  The Aith Waryaghar of the Moroccan Rif: An Ethnography and History. (Viking Fund Publications in Anthropology No. 55). Tucson: University of Arizona Press, for Wenner-Gren Foundation for Anthropological Research.

[8]  Hart, D. M. 2007. Aith waryaghar, Qabila mena Rif al-Maghribi: Dirasa ithnoghrafiya wa Tarikhiya. Den Haag: Stem van Marokkaans Democraten-Nederland. Volume 1 et 2. Traduit: M. Ouniba, A.Azouzi et A. Rais

[9] Mouliéras, A. 1895. Le Maroc Inconnu. Première partie : Exploration du Rif. Paris : Librairie Coloniale et Africaine.

[10]  Dumas, P. 1927.  Abd-el-krim. Toulouse : Éditions du bon plaisir.

[11]  Charqi, M. 2003. My. Mohamed Abdelkrim El Khattabi, L’Emir Guerillero Sale, Morocco : Imp Beni Snassen. ISBN 13: 9789981957725

[12]  Rapport de décembre 1924 au président Édouard Herriot.

[13]  Maria Rosa de Madariaga, 2009. Abdelkrim El-Khattabi, La lutte pour l’indépendance. Madrid : Éd. Alianza Editorial,

[14]  Laroui, A. 1982. L’histoire du Maghreb: Un essai de synthèse, François Maspero, 1982, p. 326.

[15] http://www.yourmiddleeast.com/opinion/a-fish-vendors-death-almost-triggered-a-moroccan-spring_43922

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