
Cinq collectifs de jeunes du Mouvement amazighes de cinq régions du Maroc ont publié un communiqué où ils déclarent « le gel toutes leurs activités au sein du cadre de la dynamique Gen Z 212 », invoquant les propos stigmatisants et discriminatoires d’un des invités, en l’occurrence Boubker Jamai, arabo baathiste notoire et rejeton d’une des familles arabo-andalouses collaborationnistes, de la plateforme ainsi que le traitement raciste et expéditif de l’intervention d’un des militant du mouvement amazighe.
Il s’agit de mon point de vue d’un sursaut salvateur qui témoigne de l’éveil de la jeunesse amazighe et de sa prise de conscience quant à son «instrumentalisation» délibérée par des groupuscules qui distillent un discours de façade lénifiant qui cache et oblitère des revendications existentielles que les Amazighes revendiquent depuis leur exclusion de l’après-indépendance et la construction d’un Etat niveleur et théocratique.
Il n’est que temps. Cet éveil auquel les intellectuels, les militants et les activistes amazighes doivent servir de vecteur et de relai, induit une rupture et un changement radical dans le processus du combat identitaire amazighe. Le jeunesse amazighe doit rompre avec des attitudes naïves et l’autosatisfaction factice guidée par l’émotion. Comprendre que leur engagement pour des causes qui ne sont pas les leurs les réduit au statut de « goumiers » ou de « mercenaires » au service des autres, auxquels ils servent de carburant pour des combats exogènes qui en font un « troupeau » de moutons qui bêlent pendant qu’il est mené vers l’abattoir.
La jeunesse amazighe, pour recouvrer sa souveraineté et son autonomie, doit cesser son suivisme déraisonné et sa posture de « serviteur » corvéable qui anesthésie sa réflexion et annihile ses capacités d’analyse. Nos grands-parents, illettrés, guerriers et naïves ont mené une résistance suicidaire face à l’artillerie et à l’aviation coloniales françaises, pendant que l’élite citadine dont les rejetons dominent la plate-forme « Gen Z 212 », traitait et pactisait avec le colonialisme, célébrant ses victoires face à la résistance par des galas arrosés de champagne au rythmes de musique andalouse.
Que la jeunesse amazighe observe les noms des invités de la plate-forme: les Boubker Jamai, Ben Chemsi , un certain Balafrej et peut-être bientôt un Sbihi ou autres Torres… Tous sont des rejetons de familles arabo-andalouses dont la collusion avec le colonisateur n’est plus à démonter.
Le Balafrej invité par GenZ a déclaré, lors de son mandat de députation, que son référentiel idéologique sont les nationalistes (dont faisait partie le Balafrej tétouanais, alié d’un certain Ouazzani). Ces personnes dont il revendique l’ascendant idéologique furent des agitateurs très actifs lors de la campagne menée contre le Dahir de 1930. Ce sont des collaborateurs des forces coloniales face à la résistance amazighe.
La jeunesse amazighe ne doit pas céder à la manipulation et endosser le statut de « forces auxiliaires » au service des courants arabo baâthiste ou islamo-fasciste qui constituent la négation de leur identité.
La jeunesse amazighe devra prendre conscience des dangers de l’aliénation et du déracinement qui la visent en la subordonnant à des groupuscules ou collectifs de tous bords (associatifs, politiques…) qui les manipulent et s’en servent comme instruments « jetables », comme leurs parents résistants, renvoyés aux vestiaires après l’indépendance.
Leur combat doit faire de l’amazighité et de la langue amazighe leurs références et leurs repères centraux. Ils doivent être à la tête et non à la queue. Guider et non être guidé. Tenir les devants et non servir de masse informe qui ferme la marche. Ils peuvent le faire en faisant taire leurs dissensions, agissant en commun pour des objectifs structurants.
La jeunesse amazighe, pour concrétiser les objectifs de son combat identitaire, doit faire de l’usage de l’amazighe un réflexe spontanée, une attitude naturelle. Elle doit se libérer des scrupules démagogiques et comprendre que l’amazighe est la langue des Amazighes et l’arabe la langue des Arabes. Se battre dans la langue des autres ne devrait pas être ni une obligation ni une priorité.
La question de « la langue du combat » s’est posée à tous les mouvements de libération dans le monde (en Afrique, en Asie, en Amérique latine…). C’est un choix cruciale au niveau de la re-construction identitaire. D’autant plus que l’amazighe a acquis le statut de langue officielle dans le texte fondateur du pays.
La réussite du combat de la jeunesse amazighe est tributaire de son degré d’autonomie qui lui confère la souveraineté de la décision pour définir et prioriser ses revendications et ses objectifs. C’est ainsi, me semble-t-il, qu’elle aiguisera sa pensée, concevra sa stratégie et comprendra le processus de domination dont elle est l’objet.