« La seule conclusion que nous pouvons tirer aujourd’hui en Libye est que cette guerre va s’intensifier, s’élargir et s’approfondir avec des conséquences dévastatrices pour le peuple libyen », a prévenu, ce matin, devant le Conseil de sécurité, la Représentante spéciale par intérim et Chef de la Mission d’appui des Nations Unies dans ce pays (MANUL). En violation de l’embargo sur les armes imposé par la résolution 1970 (2011), a précisé Mme Stéphanie Williams, l’on constate une accumulation alarmante de matériels militaires, l’envoi par des « donateurs étrangers » d’armes de plus en plus sophistiquées et meurtrières et le recrutement d’un nombre croissant de mercenaires par les forces du Gouvernement d’entente nationale et l’« Armée nationale libyenne » du général Khalifa Haftar.
Distanciation sociale oblige, c’est chacun dans sa Mission que les 15 membres du Conseil font leurs déclarations et dialoguent avec leurs invités, grâce à un système de visioconférence spécialement pour eux. Outre la Représentante spéciale par intérim, l’Allemagne a pris la parole en sa qualité de Président du Comité créé en vertu de la résolution 1970 sur l’embargo sur les armes, l’interdiction de voyager et le gel des avoirs financiers imposés à la Libye et à certains de ses ressortissants.
« Ne laissez pas glisser la Libye », a plaidé la Représentante spéciale par intérim, avant que la délégation libyenne ne fustige « l’attentisme » du Conseil de sécurité devant les crimes commis par « la milice » du général Haftar. Le problème, a-t-elle martelé, ce sont les divisions au sein même du Conseil et le refus de dénoncer ceux qui soutiennent les criminels de guerre. Le plus inquiétant, a renchéri l’Afrique du Sud, c’est le mépris flagrant de l’embargo sur les armes alors que des engagements ont été pris à la Conférence de Berlin au début de cette année.
Les violations de l’embargo et le déploiement de mercenaires sont une source « majeure » de préoccupations pour les voisins immédiats de la Libye et l’ensemble de la sous-région, a fait observer le Niger. Il faut craindre, a-t-il ajouté, que les milliers de jihadistes présents en Libye ne déferlent sur tout le Sahel comme l’avaient fait les « formidables arsenaux » de l’ancienne armée libyenne, à l’origine de la déstabilisation régionale actuelle.
Le Niger a insisté sur la qualité du travail du Comité spécial de haut niveau sur la Libye créé par l’Union africaine et a espéré le succès de la Conférence de réconciliation interlibyenne que l’UA prévoit d’organiser au mois de juillet de cette année. Il est grand temps, s’est impatientée la Tunisie, d’inverser la tendance actuelle et d’axer tous les efforts sur la relance d’un processus politique inclusif dirigé par les Libyens eux-mêmes.
Les Nations Unies, a promis la Représentante spéciale adjointe, n’épargneront aucun effort pour obtenir des leaders politiques et militaires libyens qu’ils assument leurs responsabilités et s’engagent en faveur d’un cessez-le-feu et d’un règlement politique. À la lumière des derniers développements militaires, la Chef de la MANUL a vu une occasion de redynamiser certaines activités politiques. Elle a indiqué que la Mission a travaillé avec le Gouvernement d’entente nationale et l’« Armée nationale libyenne » à un accord sur le cessez-le-feu au sein de la Commission militaire conjointe « 5+5 ». La Mission est en train d’analyser les commentaires du Gouvernement sur un projet qui pour le moment est « la base la plus solide » pour la reprise des discussions.
Mme Stéphanie Williams a espéré pouvoir compter sur les participants à la Conférence de Berlin pour mettre fin à l’appui militaire extérieur. Elle a rappelé que l’Union européenne a lancé une nouvelle opération IRINI le 1er avril dernier, chargée de faire appliquer l’embargo sur les armes à l’aide de moyens aériens, satellitaires et maritimes, en menant des inspections à bord des navires suspects. Cette opération doit être en tout point conforme au mandat de la résolution 2292 (2016), a tonné la Fédération de Russie, qui a catégoriquement nié toute participation russe au conflit en Libye.
Il n’y a qu’une seule voie légitime pour les dirigeants libyens, c’est-à-dire, le processus facilité par l’ONU, qui comprend des réformes politiques, économiques et sécuritaires, ont martelé les États-Unis. Ils ont estimé, en condamnant l’offensive militaire du général Haftar, que toute tentative visant à court-circuiter ce processus serait en contradiction avec les résolutions du Conseil et une défaveur faite aux Libyens. Les deux parties, a déclaré la France, doivent approuver officiellement le projet d’accord de cessez-le-feu conclu par la Commission militaire conjointe 5+5 et avancer pour créer des sous-commissions sur les questions structurelles, telles que le démantèlement des milices.
La priorité, a-t-elle dit, doit aussi être accordée aux questions essentielles telles que les élections, le type de constitution, et l’articulation du civil et du militaire. Ce dialogue politique doit être relancé avec la participation active des pays voisins de la Libye et de l’Union africaine, de la Ligue des États arabes et de l’Union européenne, a encore souligné la France. Ce qu’il faut, a conclu la Représentante spéciale par intérim, c’est une pression « cohérente et crédible » des membres du Conseil sur les acteurs régionaux et internationaux qui alimentent le conflit. « Nous ne pourrons écrire une autre fin à cette histoire triste que si nous avons la volonté collective de le faire. »
La Section des communiqués de presse ne couvre que les déclarations faites en visioconférence dont les textes ont été transmis à temps par la Division des affaires du Conseil de sécurité.
Lorsqu’on croit avoir touché le fond en Libye, l’on arrive toujours, on ne sait comment, à de nouveaux abysses de violence, d’insensibilité et d’impunité, s’est désolée Mme STEPHANIE WILLIAMS, Représentante spéciale par intérim du Secrétaire général pour la Libye, et Chef de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL). Malgré les efforts déterminés de la Mission et l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu immédiat pour permettre aux Libyens de répondre à la menace commune de COVID-19, il n’y a aucune accalmie dans les combats entre le Gouvernement d’entente nationale et l’« Armée nationale libyenne » (ANL) du général Haftar. Bien au contraire, les combats se sont intensifiés avec une augmentation sans précédent du nombre des tirs indirects dans les zones urbaines.
Du fait de l’intensification des hostilités et l’impact socioéconomique désastreux de la COVID-19, un million de personnes ont désormais besoin d’une forme ou l’autre d’aide humanitaire dont 400 000 déplacés et 654 000 migrants, réfugiés et demandeurs d’asile. Les deux millions d’habitants de Tripoli auront à faire face à la menace de la COVID-19 dans les pires conditions. Nous continuons, a alerté la Chef de la MANUL, d’assister à une accumulation alarmante de matériels militaires et à l’envoi par des donateurs étrangers d’armes de plus en plus sophistiquées et meurtrières, sans parler du recrutement par les deux parties d’un nombre croissant de mercenaires.
Après avoir réussi à reprendre six villes à l’ouest de Tripoli en avril dernier, les forces du Gouvernement d’entente nationale cherchent désormais à déraciner l’ANL du sud de Tripoli. Fort de ces succès, le Gouvernement s’est montré réticent à répondre favorablement à la cessation unilatérale de toutes les activités militaires annoncées par l’ANL, le 29 avril à l’occasion du Ramadan. Ses forces ont réussi à prendre le contrôle de la base aérienne stratégique de Wutiya, le 18 mai, risquant de déclencher une nouvelle escalade et de transformer le conflit libyen en guerre par procuration. Nous avons constaté, s’est expliquée la Représentante spéciale adjointe, la participation directe de parties étrangères, en violation flagrante de l’embargo sur les armes.
Depuis le 24 avril, Tripoli, et en particulier l’aéroport de Mitiga, est soumis à des bombardements quotidiens quasi continus, dont un bombardement effectué par les forces du général Haftar contre des hôpitaux chargés de recevoir les patients de la COVID-19, dans une violation du droit international humanitaire qui pourrait constituer un crime de guerre. La MANUL a recensé au moins 248 victimes civiles, dont 58 morts et 190 blessés, entre le 1er avril et le 18 mai, soit une augmentation de 89% par rapport aux trois premiers mois de l’année. La grande majorité des pertes civiles sont imputables aux forces affiliées au général Haftar.
Notant qu’il n’y a que 65 cas confirmés de COVID-19 au 18 mai, dont 3 morts, elle a dit que le risque d’une aggravation de la pandémie reste très élevé selon l’OMS. Elle a fait observer que si 75% des centres de santé sont ouverts, seuls 20% fonctionnement véritablement. La Représentante spéciale adjointe a rappelé que seul 14% du Plan de réponse humanitaire est financé cette année. L’impact des combats, aggravé par la COVID-19 et le blocus pétrolier, pose un défi sans précédent à la situation socioéconomique déjà difficile de la Libye avant de noter que le blocus lui-même a déjà coûté à la Libye plus de 4 milliards de dollars.
Les Nations Unies, a promis la Représentante spéciale adjointe, n’épargneront aucun effort pour obtenir des leaders politiques et militaires libyens qu’ils assument leurs responsabilités et s’engagent en faveur d’un cessez-le-feu et d’un règlement politique. À la lumière des derniers développements militaires, il semble qu’il y a une occasion de redynamiser certaines activités politiques. Le 23 avril, a-t-elle rappelé, le Président de la Chambre des députés a annoncé une nouvelle initiative politique, appelant l’est, l’ouest et le sud du pays à élire leurs propres représentants au Conseil de la présidence à trois, sous la supervision des Nations Unies. Malheureusement le même jour, le général Haftar a déclaré une nouvelle fois, nuls et non avenus l’Accord politique libyen et le Conseil de la présidence, et a appelé les Libyens à choisir une institution pour diriger le pays pendant la période de transition. Quatre jours plus tard, il a accepté ce qu’il croit être un « mandat populaire ».
La Représentante spéciale s’est réjouie de ce que le 5 mai, le Premier Ministre ait salué toutes initiatives politiques appelant à un règlement politique et a exhorté toutes les parties à reprendre les pourparlers dans le cadre de l’Accord politique ou d’un accord sur la tenue des élections, dans un cadre constitutionnel agréé. Si les pourparlers se tiennent dans le cadre de l’Accord, le Premier Ministre a parlé de la restructuration du pouvoir exécutif. La Mission, a poursuivi la Représentante spéciale adjointe, a travaillé avec le Gouvernement et l’Armée nationale à un accordl’accord sur le cessez-le-feu au sein de la Commission militaire conjointe 5+5. La Mission est en train d’analyser les commentaires du Gouvernement sur un projet qui, pour le moment, est « la base la plus solide » pour la reprise des discussions.
La Représentante spéciale a espéré pouvoir compter sur les participants à la Conférence de Berlin pour mettre fin à l’appui militaire extérieur, en violation de l’embargo sur les armes. Elle a rappelé que l’Union européenne a lancé une nouvelle opération IRINI le 1er avril dernier pour contribuer à la mise en œuvre de l’embargo. Elle a aussi expliqué que la raison d’être du Comité de suivi sur la Libye est de veiller au respect des engagements pris à Berlin.
Avec le carnage de ces 15 derniers mois, nous sommes, a prévenu la Représentante spéciale par intérim, dans un nouveau tournant du conflit. L’afflux massif d’armes, d’équipements et de mercenaires vers les deux parties montre que cette guerre va s’intensifier, s’élargir et s’approfondir avec des conséquences dévastatrices pour le peuple libyen. Alors que les interventions étrangères s’intensifient, les Libyens eux-mêmes se perdent et leurs voix sont étouffées. Le Conseil, a-t-elle dit, ne peut laisser glisser la Libye. En joignant ses forces, il peut garantir la sécurité collective qu’il est chargé de maintenir en exerçant une pression cohérente et crédible sur les acteurs régionaux et internationaux qui alimentent le conflit. « Nous ne pourrons écrire une autre fin à cette triste histoire que si nous avons la volonté collective de le faire », a-t-elle conclu.
En tant que Présidente du Comité du Conseil de sécurité relatif à la résolution 1970 (2011), l’Allemagne a fait le point sur les activités menées pendant la période du 30 janvier au 19 mai 2020. Le Comité, a-t-elle précisé, a mené ses travaux en utilisant la procédure d’approbation tacite dans le but de faciliter la mise en œuvre des sanctions.
L’Allemagne a rappelé qu’aux termes de la résolution 2509 (2020), adoptée le 11 février, les autorisations et mesures assorties de délais visant à empêcher les exportations illicites de pétrole, y compris le pétrole brut et les produits pétroliers raffinés, ont été prorogées au 30 avril 2021. L’embargo sur les armes, l’interdiction de voyager et le gel des avoirs ne sont pas limités dans le temps et continuent de s’appliquer. La résolution a également prorogé le mandat du Groupe d’experts jusqu’au 15 mai 2021, et le 10 mars, le Secrétaire général a nommé six personnes pour siéger au sein du Groupe. Les nouveaux experts n’ont pas pu se rendre à New York pour présenter leur programme de travail et ont dû le faire par visioconférence, le 15 mai, avant de discuter avec les membres du Comité.
Depuis le précédent rapport de son Président, le Comité a reçu sept mises à jour écrites du Groupe d’experts, dont cinq portant sur des aspects de la mise en œuvre de l’embargo sur les armes et deux sur des événements liés aux exportations de pétrole brut de Libye et à l’importation de carburant de type Jet A-1 pour avions. En ce qui concerne l’interdiction de voyager, le Comité a examiné et approuvé une demande de modification des dates de voyage de Mme Safia Farkash Al-Barassi, pour les voyages déjà approuvés au cours de la période précédente. Le Comité a également reçu, au cours de la période considérée, une communication de son point focal libyen conformément à la résolution 2146 (2014). En achevant son exposé, l’Allemagne a rappelé que la responsabilité principale de la mise en œuvre des sanctions incombe aux États Membres.
Le Royaume-Uni a fait siennes les préoccupations de la Représentante spéciale par intérim face à l’escalade des hostilités et à l’intensification des combats dans les quartiers résidentiels. Les conséquences sur les civils et les dégâts infligés aux infrastructures sont tout simplement inacceptables, a prévenu la délégation. Les attaques contre les habitations et les hôpitaux, qui sont une violation du droit international, doivent cesser. Au moment où tous les pays font face ensemble à la pandémie de COVID-19, il est impensable, s’est indigné le Royaume-Uni, que les hôpitaux soient ciblés. Le pays s’est dit préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire et les coupures délibérées d’électricité, de gaz et d’eaux, sans compter les pénuries provoquées qui sont toutes des violations potentielles du droit international humanitaire. La délégation s’est aussi dite particulièrement préoccupée que des acteurs étrangers continuent de fournir des équipements, du matériel et des mercenaires. Tous les États Membres doivent respecter leurs obligations internationales, y compris les résolutions du Conseil de sécurité, a-t-elle insisté, en prenant note des nouveaux rapports du Groupe Wagner dont les activités continuent d’aggraver le conflit et de prolonger les souffrances du peuple libyen. Tous les membres du Conseil doivent respecter les résolutions qu’ils ont eux-mêmes adoptées.
Le Royaume-Uni a aussi condamné le blocus des raffineries de pétrole qui a fait perdre, aujourd’hui, 4 milliards de dollars à la Libye. L’importation illégale de kérozène en Libye est inacceptable et il revient à toutes les parties de respecter l’intégrité de la société nationale du pétrole. Il n’y aura pas de victoire militaire parce que les acteurs étrangers n’ont aucun intérêt à mettre fin à la guerre. Une solution politique inclusive, telle qu’exposée à la Conférence de Berlin, est le meilleur espoir pour la stabilité et la prospérité que le peuple libyen mérite. Le Royaume-Uni a demandé à l’Armée nationale libyenne d’adhérer au document sur le cessez-le-feu rédigé par l’ONU, le 23 février, comme vient de le faire le Gouvernement d’entente nationale.
La Fédération de Russie a estimé que le niveau de méfiance entre les parties libyennes est si élevé qu’il est pratiquement impossible de faire respecter un quelconque cessez-le-feu malgré les appels lancés par plusieurs personnalités, dont le Secrétaire général de l’ONU. En même temps, la menace du coronavirus est devenue un autre problème difficile en Libye, en raison de la situation humanitaire sur le terrain et de la destruction du système sanitaire. Les parties continuent de multiplier les rhétoriques agressives, alors que le Président de la Chambre des députés a appelé à la cessation des hostilités pendant le mois sacré du Ramadan, dans une déclaration qui contient de nombreuses propositions constructives pour sortir la Libye de la crise.
Toutefois, a poursuivi la Fédération de Russie, aucun progrès n’a été enregistré ni dans les consultations militaires du format « 5 + 5 » ni sur l’aspect politique. La nomination rapide d’un nouveau représentant spécial du Secrétaire général pourrait contribuer à sortir le processus politique de l’impasse, a estimé la délégation qui a réitéré la position selon laquelle toutes les décisions et recommandations doivent être préalablement approuvées par les Libyens. Si nous nous abstenons sur la résolution 2510, a rappelé la Fédération de Russie, c’est parce nous étions convaincus que sans l’implication des protagonistes nous courrions à l’échec. Aujourd’hui, les faits nous donnent raison.
La délégation russe a voulu la fin des violations continues de l’embargo sur les armes et du déploiement des mercenaires, consécutif à l’agression illégale de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en 2011. La Fédération de Russie a d’ailleurs dit suivre de près les préparatifs pour le lancement de l’opération militaire de l’Union européenne au large de la côte libyenne. Cette opération, a-t-elle tonné, doit être conforme au mandat de la résolution 2292 du Conseil de sécurité. S’agissant des allégations sur une participation russe au conflit libyen, la délégation s’est réservé le droit d’en dire quelques mots une fois que tous les orateurs auront pris la parole.
Pour la Chine, la priorité actuelle est de parvenir à un cessez-le-feu durable. La Chine a salué tous les efforts menés en faveur d’un cessez-le-feu durable et en réponse à l’appel mondial au cessez-le-feu du Secrétaire général. Elle a aussi encouragé la reprise des travaux du Commission militaire conjointe 5+5. La délégation a invité la communauté internationale à rester attachée au processus politique dirigé par les Libyens et placé sous l’égide de l’ONU. Elle a, en effet, dit soutenir le rôle de chef de file des Nations Unies et a appelé à la nomination d’un nouveau représentant spécial du Secrétaire général, dès que possible, en vue de relancer le processus de paix. Elle a aussi fait valoir que l’Union africaine et la Ligue des États arabes sont particulièrement bien placées pour arbitrer un conflit entre les parties, estimant que ces organisations doivent être soutenues pour jouer leur rôle respectif et créer des synergies entre leurs efforts et ceux de l’ONU.
La Chine a en outre plaidé pour des efforts inlassables dans la lutte contre le terrorisme, soulignant que le problème semble être à l’intérieur et autour de la Libye, et appelant la communauté internationale à rester très vigilante, à renforcer la coordination et la coopération et à travailler ensemble pour relever les défis. Pour la Chine, il est impératif de lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes en Libye, en se prémunissant contre les mouvements transfrontières de combattants terroristes étrangers. Par ailleurs, la délégation a demandé que les sanctions soient utilisées correctement et efficacement, rappelant qu’elles sont un moyen et non une fin en soi. De ce fait, le régime des sanctions devrait toujours servir au règlement politique des questions pertinentes. La délégation a également demandé une application stricte de l’embargo sur les armes imposé à la Libye et de s’abstenir de toute intervention militaire ou de toute action susceptible d’aggraver le conflit. Pour la Chine, ce n’est que si les parties en Libye gardent l’unité et la solidarité qu’elles pourront apporter la paix et la prospérité au peuple libyen et lutter contre la pandémie de COVID-19.
L’Afrique du Sud a regretté que les parties libyennes n’aient pas répondu à l’appel du Secrétaire général à une pause humanitaire pour permettre aux autorités locales de répondre à la pandémie de COVID-19, en particulier pendant le Ramadan. Notant qu’il ne peut y avoir de solution militaire au conflit, elle a réitéré la préoccupation du Groupe de contact de l’Union africaine face à l’impasse politique et à la poursuite des combats. Tous les efforts de médiation doivent viser un processus dirigé par les Libyens eux-mêmes avec le soutien de l’ONU et de la communauté internationale, a insisté la délégation. Elle a jugé préoccupant que des armes continuent d’affluer en Libye malgré les différentes résolutions sur l’embargo.
L’Afrique du Sud s’est également dite préoccupée par l’ingérence étrangère qui perpétue le conflit et menace la souveraineté du pays ainsi que ses efforts pour rétablir l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire. Mais le plus inquiétant, a-t-elle souligné, c’est le mépris flagrant de l’autorité de ce Conseil et de l’embargo qu’il a imposé sur les armes alors que des engagements ont été pris à Berlin au début de l’année. L’Afrique du Sud a appuyé toutes les initiatives visant à renforcer le suivi de l’embargo.
Elle a salué la coopération entre l’ONU, l’UA, la Ligue arabe et l’Union européenne pour trouver une solution durable à la crise libyenne. Elle a attiré l’attention sur le communiqué que le Groupe de contact de l’UA sur la Libye a publié le 19 mai 2020 pour souligner la nécessité d’une coopération étroite avec les pays voisins. Ma délégation, a dit l’Afrique du Sud, attend avec intérêt une coopération étroite entre tous les membres du Conseil pour faire un succès de la conférence de réconciliation interlibyenne, organisée par l’UA au mois de juillet prochain.
La Belgique a demandé au Gouvernement libyen ainsi qu’aux forces du général Haftar de cesser toute action militaire et d’engager immédiatement un dialogue, sur la base de l’accord politique libyen, des principes convenus à Berlin et de l’approche à trois volets de la MANUL. La délégation belge a exhorté les pays qui soutiennent les belligérants à changer de voie: « Plutôt que d’avoir un impact négatif sur les acteurs libyens, utilisez votre influence de manière positive en les encourageant enfin à s’engager fermement et définitivement sur la voie du dialogue ».
La Belgique a estimé que le respect de l’embargo sur les armes est peut-être le meilleur point de départ. « Il appartient à chaque État de veiller à ce que ses exportations d’armes ne soient pas détournées vers des destinations illicites et que les armes exportées vers la Libye en violation de l’embargo ne transitent pas par son territoire. La Belgique a plaidé à cet égard pour une vigilance accrue et une détermination à respecter ses propres engagements. Tout en saluant le lancement par l’UE de l’opération IRINI visant à faire respecter l’embargo, la Belgique a prévenu que cela ne suffira pas à mettre fin à toutes les violations.
La Belgique s’est dit préoccupée par la situation sur le terrain, dont la présence d’équipements militaires et de mercenaires étrangers fournis aux deux parties, même après la Conférence de Berlin et l’adoption de la résolution 2510 (2020). « De nouveaux fronts ont été ouverts et des opérations militaires se déplacent dans de nouvelles régions de la Libye », a regretté la Belgique en ajoutant que l’artillerie lourde est maintenant utilisée régulièrement, en particulier contre les infrastructures civiles et à proximité immédiate des zones densément peuplées. En outre, la délégation belge a répété qu’il appartient à toutes les parties de protéger les civils. Elle a assuré de son engagement à veiller à ce que les crimes les plus graves commis en Libye ne restent pas impunis, que ce soit devant les tribunaux nationaux ou devant la Cour pénale internationale.
La Tunisie s’est dite profondément préoccupée par l’escalade de la violence en Libye, et en particulier l’intensification des attaques aveugles contre des civils, y compris le personnel médical et les établissements de santé, qui rendent d’autant plus difficile la lutte contre la propagation de la pandémie de COVID-19. Elle a tenu à rappeler les obligations des belligérants en vertu du droit international humanitaire et les a appelés à garantir un accès sans entrave à l’aide humanitaire sur tout le territoire libyen. Il n’y a pas de solution militaire en Libye, a martelé la délégation, en voulant pour preuve les neuf dernières années de conflit et leurs effets dévastateurs sur tous les aspects de la vie quotidienne des Libyens. La Tunisie a appelé toutes les parties concernées à s’engager immédiatement dans la trêve humanitaire et à mettre fin à toutes les opérations militaires, afin de permettre un cessez-le-feu durable et de créer des conditions propices à la reprise du processus politique et à la réconciliation nationale.
À cet égard, tout en appelant les parties à examiner sous un œil favorable le résultat des pourparlers de la Commission militaire conjointe 5+5 de février 2020, elle a exhorté la communauté internationale à user de toute son influence pour obtenir des parties libyennes une désescalade des tensions et un cessez-le-feu immédiat, durable et pleinement respecté, en vue d’empêcher toute nouvelle détérioration de la situation et toute attaque contre les civils. La délégation a salué le travail de la MANUL auprès de tous les représentants libyens sur les trois volets, en vue de reprendre les réunions dès que possible. Elle a également souligné le rôle important du Comité international de suivi dans la promotion des conclusions de Berlin.
La Tunisie a également exprimé sa préoccupation profonde face aux violations persistantes de l’embargo sur les armes, redoutant que tant que ces armes continueront à affluer vers la Libye, la violence et l’escalade militaire se poursuivront et le conflit s’aggravera au détriment de la voie politique, de la paix et de la sécurité non seulement en Libye mais dans toute la région. La Tunisie a donc insisté sur la nécessité de respecter l’embargo et de s’abstenir de toute ingérence dans le conflit armé et les affaires intérieures de la Libye. Également préoccupée par la participation croissante des combattants étrangers en Libye, la délégation a souligné l’urgence de faire face aux menaces et défis qui y sont liés, ainsi qu’au danger que représentent les groupes terroristes qui profitent de la situation. Il est grand temps d’inverser la tendance actuelle, s’est impatientée la Tunisie qui a voulu que l’on axe tous les efforts sur la relance d’un processus politique inclusif dirigé par les Libyens eux-mêmes, sur le dialogue et sur une véritable réconciliation nationale. La Tunisie a réaffirmé son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale de la Libye.
Le Niger a regretté la poursuite de l’ingérence extérieure et rappelé à tous les acteurs les engagements qu’ils ont pris lors de la Conférence de Berlin. La délégation a exhorté les membres du Conseil à ne ménager aucun effort et à exercer toute leur influence pour contribuer à la conclusion d’un cessez-le-feu et créer un environnement propice aux pourparlers politiques, conformément à la résolution 2510 (2020). Le Niger a prévenu que les violations de l’embargo sur les armes et le déploiement de mercenaires étrangers pour combattre aux côtés des différentes factions ne feront qu’intensifier l’escalade de la violence. Ces actes sont une source de préoccupation majeure pour les voisins immédiats de la Libye, comme le Niger en particulier, et pour l’ensemble de la sous-région du Sahel en général, a insisté le Niger. Il a dit craindre que les milliers de jihadistes présents en Libye aujourd’hui ne se propagent dans tout le Sahel de la même manière que les « formidables arsenaux » de l’Armée libyenne ont alimenté la déstabilisation à laquelle la région est confrontée.
Sur le plan économique, le Niger s’est dit préoccupé par les conséquences du conflit sur la compagnie pétrolière libyenne. Il a félicité l’Union européenne d’avoir mis en place l’opération Irini, conformément à la résolution 2292. Il a espéré que cette opération travaillera en étroite collaboration avec les Libyens, les pays voisins et l’Union africaine pour garantir le respect de l’embargo sur les armes, la lutte contre la criminalité organisée, le trafic de migrants et l’exportation illégale du pétrole libyen. Le Niger a aussi appuyé les travaux du Comité ad hoc de haut niveau sur la Libye créé par l’Union africaine et exprimé l’espoir que la conférence de réconciliation nationale inter-libyenne sera organisée très prochainement sous l’égide de l’Union africaine. Il a estimé que le moment est venu de faire preuve de courage et d’imagination pour trouver une solution durable à la grave crise libyenne. Il a rappelé que la Libye, qui était autrefois un modèle de stabilité et de paix, est maintenant un pays de chaos, de guerre et de détresse, dont les immenses ressources sont pillées « de la manière la plus abjecte ».
Saint-Vincent-et-les Grenadines a fermement condamné les attaques incessantes contre la population et les infrastructures civiles, qui ne font qu’aggraver les souffrances du peuple libyen. Il est extrêmement inquiétant à ses yeux, qu’environ trois mois après l’adoption de la résolution 2510 du Conseil, la situation en Libye demeure la même : la situation en matière de sécurité est extrêmement volatile, la situation humanitaire se détériore, l’économie s’affaiblit et l’impasse politique persiste, une situation qui ne peut durer. Par conséquent, Saint-Vincent-et-les Grenadines a appelé toutes les parties belligérantes à désamorcer les tensions, à s’engager à un cessez-le-feu et à engager un dialogue interlibyen pour résoudre le conflit pacifiquement.
Le cessez-le-feu est essentiel pour garantir un accès humanitaire sans entrave afin de lutter contre la pandémie de COVID-19, a fait valoir la délégation, ainsi que pour rétablir la stabilité en offrant un espace de dialogue et de négociation, notamment en faisant progresser l’initiative en trois volets des Nations Unies et le travail de la MANUL. La délégation attend également avec intérêt la nomination du nouveau Représentant spécial du Secrétaire général. La délégation a réitéré son soutien aux conclusions de la conférence de Berlin et s’est félicitée des progrès accomplis par le Comité international de suivi. Elle a appelé à respecter scrupuleusement le droit international, en particulier l’embargo sur les armes, et a exhorté tous les acteurs extérieurs à apporter leur assistance à cet égard. À cette fin, elle dit attendre avec intérêt la convocation de la conférence de réconciliation interlibyenne dirigée par l’Union africaine.
L’Allemagne a condamné les attaques contre des civils et des cibles civiles. Elle a demandé que les auteurs de ces violations du droit international humanitaire soient poursuivis, avant d’appeler tous les pays impliqués en Libye à respecter les principes du droit international et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité adoptées à l’égard de la Libye, et à s’abstenir de toute forme de soutien qui pourrait conduire à de nouvelles escalades. La délégation a rappelé que le respect de l’embargo sur les armes reste une condition préalable essentielle pour faire taire les armes. Notant que ce conflit ne peut être résolu que par le biais d’une solution politique, l’Allemagne a rappelé les engagements pris par les participants à la Conférence de Berlin de s’abstenir de toute ingérence dans le conflit en Libye. « La résolution 2510 (2020), qui approuve les conclusions de la Conférence de Berlin, reste l’instrument clef pour œuvrer à une solution politique durable », a insisté l’Allemagne.
La délégation a rappelé que la mise en œuvre des conclusions du processus de Berlin est un processus continu et noté que le Comité international de suivi, chargé de superviser l’approche de l’opérationnalisation des engagements pris à Berlin, s’est réuni la semaine dernière. L’Allemagne a précisé que le comité international de suivi sur la Libye et ses groupes de travail poursuivent les travaux du Processus de Berlin en appui à la MANUL. En outre, l’Allemagne a souligné l’urgence de reprendre des pourparlers politiques entre les parties libyennes. Elle a invité tous les États Membres à compléter l’opération EUNAFOR MED IRINI lancée récemment par l’UE pour limiter les flux d’armes et perturber les itinéraires de trafic de migrants, et ainsi ouvrir la voie à une Libye plus sûre et plus stable.
Dans le contexte de la pandémie de Covid-19, la France a appelé les parties libyennes à cesser les hostilités et à trouver une solution politique au conflit. Les deux parties devraient approuver officiellement le projet d’accord de cessez-le-feu conclu le 23 février dans le cadre du Commission militaire conjointe 5+5, a-t-elle préconisé soulignant que ce projet d’accord de cessez-le-feu est un document appartenant à la Libye et qu’il a été approuvé par les délégués des deux camps. Il est également important qu’une nouvelle réunion du Commission militaire conjointe 5+5 se tienne dans les meilleurs délais et sans conditions préalables, en vue de finaliser cet accord, a poursuivi la délégation, et de créer des sous-commissions sur les questions structurelles, telles que le démantèlement des milices. Ce sont là les messages que le Ministre français des affaires étrangères a transmis aux dirigeants libyens des deux camps. Il n’y a pas de solution militaire en Libye, a réitéré la France condamnant le bombardement de zones civiles à Tripoli. Les deux parties devraient s’abstenir d’alimenter les tensions et éviter toute escalade, tandis que les interférences militaires devraient cesser, a plaidé la délégation.
À cet égard, la France a regretté qu’aucun élément sur la surveillance d’un éventuel cessez-le-feu par la MANUL n’ait été inclus dans le dernier rapport du Secrétaire général, en l’absence d’un rapport spécifique, qui avait été demandé par le Conseil de sécurité dans la résolution 2510. Les parties doivent reprendre dès que possible des pourparlers politiques inclusifs sous les auspices de l’ONU, a-t-elle recommandé expliquant que des questions essentielles telles que les élections, le type de Constitution, l’articulation du civil et du militaire devront être discutés en priorité. Ce dialogue politique devrait être relancé avec la participation active des pays voisins de la Libye et de l’Union africaine, de la Ligue des États arabes et de l’Union européenne, a encore proposé la France. Elle est également en faveur d’un soutien collectif à la mise en œuvre des réformes des institutions économiques et financières, à commencer par l’audit de la Banque centrale de Libye, afin de restaurer une gouvernance saine et transparente. La répartition équitable des ressources pétrolières et la levée du blocus pétrolier sont également des questions prioritaires.
Le Conseil de sécurité et, plus largement, l’ONU devraient rester pleinement mobilisés pour trouver une solution à la crise libyenne. À cet égard, la France a demandé au Secrétaire général de nommer un nouveau Représentant spécial dès que possible, alors que presque trois mois ont passé depuis la démission de M. Ghassan Salamé. La délégation a également salué le déploiement par l’UE de l’opération EUNAVFORMED-IRINI, chargé de faire appliquer l’embargo sur les armes qui est continuellement violé par les deux parties, et de contribuer ainsi à la mise en œuvre des résultats de la conférence de Berlin et de la résolution 2510 du Conseil de sécurité. L’IRINI fonctionnant strictement dans le cadre des résolutions pertinentes du Conseil, la France a estimé que le renouvellement par le Conseil de sécurité du mécanisme créé par la résolution 2292 est absolument essentiel.
L’Indonésie a exprimé sa préoccupation sur le fait qu’une nouvelle escalade de violences risque de renverser les progrès fragiles qui ont été accomplis et de compliquer encore plus une résolution pacifique du conflit en Libye. La délégation a déploré que malgré l’appel mondial au cessez-le-feu, les attaques contre les civils et les installations civiles persistent dans le pays, soulignant de plus que les attaques contre les établissements de santé auront un impact considérable sur la capacité de la Libye à lutter contre la pandémie de COVID-19. « Nous appelons toutes les parties à respecter pleinement le droit international humanitaire et à prendre des mesures pour protéger les civils ». La délégation a également demandé l’expansion des couloirs humanitaires pendant le ramadan et la pandémie de COVID-19, afin de fournir l’espace nécessaire aux travailleurs humanitaires.
L’Indonésie s’est associée à l’appel lancé par le Secrétaire général pour que toutes les parties poursuivent leurs communications et le projet d’accord de cessez-le-feu élaboré par la Commission militaire conjointe 5+5. Elle a appelé à la nomination immédiate d’un nouveau représentant spécial du Secrétaire général. En outre, l’Indonésie a dit appuyer le rôle des pays voisins et des organisations régionales, notamment l’Union africaine et la Ligue des États arabes. Enfin, la délégation a dit soutenir tous les efforts internationaux visant à instaurer une paix durable en Libye, avant d’insister pour que ces efforts soient alignés sur les initiatives internationales comme la résolution 2491 (2019).
Les États-Unis ont appelé tous les acteurs du conflit libyen à cesser immédiatement leurs opérations militaires, ainsi que l’acheminement de personnel et d’équipement militaires, y compris les mercenaires du Groupe Wagner, avant de les encourager à répondre aux défis pressants posés par la COVID-19. « Le Conseil de sécurité doit aider rapidement la Libye à trouver un chemin politique vers la stabilité, avec l’appui de la MANUL. » La délégation s’est opposée à l’offensive militaire, longue de plus d’un an, de l’Armée nationale libyenne (ANL) contre Tripoli et a rejeté catégoriquement toute décision unilatérale de modifier les structures de gouvernance du pays. Il n’y a qu’une seule voie légitime pour les dirigeants libyens, c’est-à-dire, le processus facilité par l’ONU, qui comprend des réformes politiques, économiques et sécuritaires, a-t-elle insisté. La mission a estimé que toute tentative visant à court-circuiter ce processus serait en contradiction avec les résolutions du Conseil et serait une défaveur faite aux Libyens. La future gouvernance du pays doit être arrêtée par le biais d’un processus politique représentatif et, au bout du compte, par des élections dirigées par les Libyens. Les États-Unis ont exhorté tous les États Membres à se conformer à l’embargo sur les armes, ainsi qu’à l’interdiction d’exporter illégalement du pétrole et les produits dérivés. Ils ont aussi appuyé l’Opération IRINI de l’Union européenne, destinée à faire respecter l’embargo sur les armes. Enfin, la mission a exhorté le Gouvernement d’entente nationale et l’ANL à rejoindre les pourparlers pour un cessez-le-feu tels qu’agréés à Genève plus tôt cette année.
La République dominicaine s’est dit très préoccupée par les constantes violations de l’embargo sur les armes, qui sapent la capacité des autorités libyennes à gérer les conséquences de l’épidémie de COVID-19. La délégation a plaidé pour un accès humanitaire sans entraves et encouragé un retour à la table des négociations, en vue de parvenir à un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel. « Nous regrettons profondément l’annonce faite le 27 avril par le General Khalifa Haftar s’autoproclamant chef de la Libye. » Ces développements sapent certainement les initiatives de dialogue de l’ONU, a estimé la République dominicaine.
Elle a aussi salué les efforts de l’Union européenne sur la mise en œuvre des conclusions de la Conférence de Berlin et la création de l’opération IRINI, avant de souligner l’importance de consultations étroites avec le Gouvernement d’entente nationale qui est reconnu sur le plan international. Elle a encouragé les négociations dans le cadre du dialogue intralibyen, dans la bonne foi, afin de parvenir à une paix durable. Les innombrables violations flagrantes mentionnées dans les rapports du Groupe d’experts ne doivent pas se poursuivre en toute impunité, a exigé la délégation qui a encouragé les États Membres à partager les informations avec ledit Groupe, à sa demande, et dans les meilleurs délais. Enfin, la République dominicaine a exhorté le Secrétaire général à nommer le plus rapidement possible un Représentant spécial pour la Libye.
Le Viet Nam a jugé vital pour la communauté internationale de continuer à soutenir un processus de paix inclusif dirigé par les Libyens, dans le respect de l’indépendance et de la souveraineté de leur pays et conformément aux trois approches politique, militaire et économique établies dans la résolution 2510 (2020) du Conseil de sécurité. Il est également important de garantir la nomination en temps voulu du représentant spécial du Secrétaire général, a ajouté la délégation. Elle a exhorté les parties concernées à arrêter immédiatement les hostilités, à respecter leur engagement en faveur de la trêve et le droit international humanitaire, à cesser de cibler les civils et les biens à caractère civil et à permettre un accès humanitaire sans entrave pour lutter efficacement contre la pandémie de COVID-19.
Le Viet Nam les a également exhortées à reprendre les pourparlers de paix sous les trois volets politique, sécuritaire et économique dès que possible, en particulier en répondant au projet d’accord de cessez-le-feu proposé par la MANUL en février 2020. Dans le même temps, la délégation a appelé les États Membres concernés à exercer toute leur influence pour ramener les parties libyennes aux négociations de paix, arguant qu’il ne faut pas laisser l’élan de la Conférence de Berlin se perdre. La délégation a en outre salué le rôle des Nations Unies, de la MANUL, des organisations régionales et des pays voisins de la Libye dans la promotion de la paix dans le pays. Elle s’est félicitée de l’intention de l’Union africaine (UA) de tenir la conférence de réconciliation interlibyenne, avant de se réjouir des efforts de la MANUL et de l’UA pour promouvoir le rôle des femmes dans le processus de paix en Libye.
Sur la question des sanctions, le Viet Nam a réaffirmé l’importance de faire respecter les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, insistant pour que ces sanctions ciblent avec précision les individus et les entités qui menacent la paix et la sécurité en Libye, sans nuire aux moyens de subsistance du peuple.
L’Estonie a dit appuyer pleinement le travail de la MANUL et le processus politique facilité par les Nations Unies en Libye, souhaitant que le nouveau Représentant spécial pour la Libye soit nommé dès que possible. Il est décevant de voir que les combats et les escalades militaires se poursuivent malgré les promesses faites par les deux parties au conflit de respecter l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial face à la pandémie COVID-19, a estimé la délégation, dénonçant le nombre de victimes civiles et la destruction d’infrastructures civiles vitales telles que les établissements de santé et les écoles. Compte tenu de la situation humanitaire déjà désastreuse et de la propagation de la COVID-19 dans le pays, les attaques aveugles contre les hôpitaux sont les plus effroyables, a ajouté la délégation exigeant au passage que la dernière attaque contre un abri pour personnes déplacées à Tripoli soit condamnée avec la plus grande fermeté. Pour l’Estonie, il faut veiller à ce que toutes les violations du droit international humanitaire et du droit relatif aux droits de l’homme soient documentées et que leurs auteurs en soient tenus responsables.
« Les parties au conflit doivent retourner à la table des négociations. » La responsabilité de mettre un terme à l’escalade des tensions actuellement en cours incombe aux parties au conflit, a fait valoir l’Estonie tout en ajoutant que cela revient aussi à la communauté internationale et à ce Conseil. Sur la question de la mise en œuvre de l’embargo sur les armes, la délégation a souligné qu’à moins que les violations flagrantes du régime des sanctions de l’ONU et l’implication des acteurs extérieurs cessent, la Libye n’a aucune chance de paix. Saluant le fait que le processus de Berlin se poursuive malgré les restrictions posées par la pandémie, la délégation a appelé tous les participants à respecter les engagements qu’ils ont pris lors de la conférence de Berlin. Elle a regretté que le projet d’accord de cessez-le-feu négocié par le Commission militaire conjointe 5+5 en février n’ait pas encore été signé.
Nous entendons beaucoup de spéculations sur les prétendus mercenaires russes en Libye, s’est agacée la Fédération de Russie, en reprenant la parole. Le fait que le Royaume-Uni leur impute tous les troubles en Libye est une façon « intéressante » de se départir de ses responsabilités, s’est amusée la délégation. Faut-il rappeler que la principale raison de ces troubles, c’est l’agression de l’OTAN qui a détruit l’État libyen? La Fédération de Russie s’est étonnée que le rapport du Groupe d’experts, pourtant confidentiel, ait fuité auprès de la presse. Elle a demandé au Secrétariat de faire la lumière sur cette situation avant de commenter ledit rapport. Elle a fait observer que l’on ne trouve nulle part dans sa législation le concept de « société militaire privée ».
Le rapport, a-t-elle dénoncé, est truffé de données non vérifiées et clairement inventées de toute pièce, dans le seul but de discréditer la politique russe en Libye. Les experts ont eu recours à des sources non fiables qui ont un intérêt direct en Libye. Parmi les liens Internet qui émaillent le rapport, plusieurs ne fonctionnent pas. La fiabilité des informations, surtout quand elles se fondent sur des « discussions confidentielles », est impossible à évaluer. La plupart des données, en particulier lorsqu’elles concernent des citoyens russes, sont tout simplement infondées et il se trouve que les prétendus « blessés » sont plutôt en excellente santé.
La Fédération de Russie a aussi fait observer que les listes sélectionnées par les experts ont été copiées sur une base de données ukrainienne bien connue nommée « Peacemaker » ou « Mirotvorets ». Il n’a y pas de soldat russe en Libye mais il y a des étrangers et pas seulement des combattants terroristes d’ailleurs. Nous pouvons donner les noms des pays concernés, a menacé la Fédération de Russie qui a aussi relevé des fautes délibérées s’agissant des armes. Des équipements, qui étaient présents depuis longtemps en Libye, sont désormais présentés comme exportés de la Fédération de Russie. Ce rapport, a tranché la délégation, contient tellement d’erreur qu’il ne saurait cacher ses intentions. Il s’agit, a soupçonné la Fédération de Russie, de tromper la communauté internationale sur la nature de notre politique en Libye. Nous comptons, a-t-elle conclu, présenter une analyse plus détaillée des conclusions du rapport « quand le moment sera venu ».