Notre destin amazighe (Ce que je crois)

Par : Moha Moukhlis
Par : Moha Moukhlis

Nous voici donc, nous amazighs, grand peuple généreux éparpillés sur plusieurs Etats dans un espace qui s’étend de Siwa aux Iles Canaries, amenés, par la force des choses et le poids d’une tradition multiséculaire, à assumer dignement notre destin, avec souffrance et combat pour nous inscrire volontairement dans le concert des grandes nations, nous arrimer spontanément, pour ainsi dire, dans la marche inéluctable de la civilisation planétaire, à laquelle souscrivent toutes les sociétés qui avancent vers des lendemains meilleurs.

Au tournant d’une histoire qui se fera avec nous, celle de notre pays et du grand Tamazgha (Iles Canaries, Siwa, Libye, Tunisie, Algérie, Niger, Mali et Burkina Faso en plus de la Diaspora amazighe en Occident), contre les forces obscurantistes, arabo-intégristes anesthésiées par des gloires factices et un passé désuet en rupture avec la modernité qui bouscule les dogmes, pulvérise les repères puérils et les convictions dogmatiques, pose la problématique des identités dans des termes universels.

Dans notre territoire amazighe, souillé par la barbarie de la rhétorique et les fantasmes d’une idéologie obsolète, offrant l’image désolante d’un paysage politique «clanisé», nous aspirons à un avenir meilleur et prometteur, libéré des dogmes fallacieux d’une idéologie moribonde et anachronique. Nous avons consenti tant de sacrifices. C’est notre destin. Nous l’assumerons avec conviction et sans regret aucun. Nous irons de l’avant, la tête haute et fières du legs si précieux de nos ancêtres, si naïve et si généreuse si sincères et si stoïques.

Le drame que nous vivons est le fruit d’une tractation de la honte menée par la partie des droits de l’homme avec une élite esclavagiste et moyenâgeux qui a enfanté la tyrannie que seuls les amazighes pourraient déstabiliser. Remettre sur les rails. Un destin auquel nos ancêtres ont contribué durant notre histoire millénaire. Nous manquons de sens politique et nous nous comportons comme des mercenaires au service des causes des autres. Ceux-là même qui, au nom de la civilisation ou d’une religion nous ont spolié notre souveraineté, avec notre consentement, et nos valeurs.

Triste est note histoire qui témoigne de nos divisions, nos luttes intestines et notre propension à nous entredéchirer, cédant aux mirages d’une idéologie et d’une métaphysique qui nous ont bernés pour nous transformer en chaire à canon et en marionnettes. Triste est l’histoire de la dynastie Almoravide qui s’est cru investi d’une mission divine civilisatrice fondée sur des dogmes religieux iniques qui ont transformé ses odyssées en Afrique du nord et en Andalousie en campagnes intégristes contre les juifs et les chrétiens dont des milliers ont été massacrés. Triste est l’histoire des Almohades qui, au nom des mêmes idéaux despotiques et religieux, ont reproduits les mêmes massacres, sur le même territoire. Triste est également les dynasties des Mérinides et des Wattassides qui restèrent fidèles aux idéaux barbares de leurs prédécesseurs. Triste sera la suite jusqu’à la résistance menée contre la colonisation française.

Nous sommes atteints d’un syndrome grave qui laisse les nations dubitatives : nous avons besoin d’être gouvernés et dirigés par des étrangers. Pour ce, nous n’hésitons pas à nous trahir les uns les autres, jouer le jeu de nos ennemis.

Les conséquences sont lamentables; nous sommes devenus otages des autres, des autres idéologies qui nous assimilent, nous déracinent et nous utilisent comme troupeaux décervelés.

Nous avons abandonné nos valeurs millénaires universelles de tolérance, d’égalité, de démocratie et du vivre ensemble pour adopter des valeurs exogènes, criminogènes et aux antipodes des civilisations qui avancent.

Depuis des années, l’amazighité et ses dépositaires sont dans le collimateur des fossoyeurs de l’identité. Aux interdictions arbitraires se conjuguent la répression, la torture et l’incarcération. Des amazighes croupissent dans les prisons. Des communautés amazighes sont réprimées. La résistance continue.

Nos divisions persistent. Car nous poussons la démocratie jusqu’à la médiocrité, pour paraphraser Mouloud Mammeri. L’idée de notre union est entravée par nos ancrages tribaux et claniques que nous continuons de perpétuer. Nous n’arrivons pas à dépasser notre vision étriquée rivée sur l’instant, nous manquons de perspective et d’un regard qui transcende la conjoncture. Un regard constructeur ? Nous sommes tous responsables par ignorance. Notre soif de liberté individuelle s’est mutée en égotisme aux relents intégristes. Nos actions sont décalées, inaptes à dessiner un horizon fédérateur. Les bas intérêts priment sur la grandeur d’une perspective novatrice qui rompe avec notre passé.

Nous avons tant souffert. Nous avons épuisé le potentiel qui est le notre, à savoir la patience et la sérénité imbue de sagesse. Nos détracteurs sont sourds. Le pouvoir qui chapeaute la gestion de la cité est englué dans la pourriture. Les icônes qui sont mis en relief ne sont que des marionnettes, des eunuques au service d’une idéologie liberticide. Et les Amazighes y contribuent conséquemment.

Nous amazighs, sommes condamnés à assumer notre destin. Consentir des sacrifices pour sortir notre partie de la morosité qui l’accable et de l’injustice qui la ronge comme un cancer. Seul l’abnégation et le travail pédagogique peut nous apporter des solutions. Un travail destiné aux futures générations.

L’arabo-intégrisme est en décadence. Nous amazighs, sommes tenus de léguer aux futures générations un horizon dégagé, source de fierté et d’espoir. Nous sommes condamnés à assumer notre responsabilité historique. Ce n’est pas un choix, c’est un destin.

Face à notre ennemi désemparé, nous devons maintenir nos constantes et nos repères. Notre unité. L’usure ne viendra pas à bout de l’autochtonie. Nous vivons aux rythmes des bouleversements qui se produisent à l’échelle planétaire. Point de regrets.

L’idéologie arabo-intégriste a instauré un pouvoir en rupture avec nos aspirations légitimes. Elle payera le prix. C’est le destin. Nous ne sommes pas sensés peser le pour et le contre, nous devons nous focaliser sur notre objectif. Advienne que pourra. Place au pragmatisme.

Les eunuques qui nous gouvernent rendront les comptes, au moment opportun. Notre pays est en proie à un politique bâtarde, boiteuse, incertaine qui rêve encore de razzias et de victoires métaphysiques. Nous vivons l’ère des droits humains, l’ère de la transparence et de la clarté auxquelles nous adhérons spontanément.

Nous devons être fiers des sacrifices de notre jeunesse, si pure, si sincère et si déterminée. Elle ravive le flambeau de l’espoir. Disposée, par conviction, à s’investir quelles que soient les conséquences. A nous d’être à la hauteur de ses aspirations. De nos aspirations. Ne reproduisons pas les erreurs du passé.

Le pouvoir marocain mène une politique amazighicide, en collaboration avec la caste des andalous. Il a cru opportun de nous amadouer par des feux d’artifices sans lendemains. Personne n’est dupe. La négation et l’exclusion de l’amazighité sont des actes politiques délibérés, volontaires et programmés. Notre combat fait son chemin. Serein. Il devra être politique.

Le progrès en matière de l’amazighité, galvaudé par le discours officiel, est un leurre. Les changements restent formels. Ce sont des changements au niveau de la gestion de l’amazighité, dans le cadre de la même idéologie, avec ses constantes « nationales » qui, en reconnaissant l’amazighité, la subordonne à l’arabité maladive. L’officialisation de l’amazighe est subordonnée à une loi organique confié à un législatif et à un exécutif dont les soubassements idéologiques sont aux antipodes de la souveraineté amazighe.

Nos droits sont spoliés. Au nom d’une politique. Car, ceux qui décident politiquement sont ou des opportunistes ou des amazighophobes qui, tous, tiennent à leur strapontins. Il est temps pour nous de nous investir politiquement. Au lieu de quémander aux autres, nous pouvons accéder aux postes de décision et satisfaire nos revendications. Nous sommes lestés par la morale qui est aux antipodes de la politique. C’est un choix inéluctable à faire.

Nous vivons l’ère de la décadence des dictatures. A nous d’assumer la transition. Contre les idéologies factices implantées à Tamazgha, contre les pantins téléguidés contre l’amazighité. Notre investissement ne sera pas sans suite. Car la suite, c’est nous. Que l’on se montre digne de l’assumer. Avec courage et abnégation. L’avenir nous appartient. Sans doute. Nous sommes chez nous. Ne l’oublions jamais.

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