Pour un Maroc Nouveau : La révolution éthique de l’«Opération Mains Propres»

Dr. Mohamed Chtatou

« La vertu politique est l’amour de la patrie ; c’est une disposition à s’intéresser à la chose publique. Cette vertu fait que le citoyen est prêt à sacrifier ses intérêts particuliers pour le bien public. » — Montesquieu dans De l’esprit des lois.

Introduction

Dans le contexte actuel de mutation institutionnelle et sociopolitique, le Maroc se trouve à la croisée des chemins : entre la fidélité à ses fondements historiques et la nécessité impérieuse d’un renouveau moral et politique. L’« Opération Mains Propres », slogan devenu synonyme de transparence et de redressement éthique, s’inscrit dans cette logique d’assainissement de la vie publique et de moralisation de la gouvernance.
Elle n’est pas une simple campagne judiciaire, mais une dynamique civilisationnelle visant à refonder la confiance entre l’État et les citoyens, à consolider la probité institutionnelle et à faire du Maroc un modèle d’intégrité dans le monde arabe et africain.

Maroc moderne : Grandiose Complexe Moulay Abdellah à Rabat

Le Roi Mohammed VI a, à maintes reprises, rappelé que la corruption est « un frein au développement et une atteinte à la justice sociale ». Dans le discours du Trône du 30 juillet 2018, il affirmait :

« La corruption est une trahison de la confiance publique. Elle mine la cohésion sociale et discrédite l’action de l’État. »

Cette déclaration royale résume la philosophie même de l’« Opération Mains Propres » : replacer la responsabilité, la reddition des comptes et la vertu au centre de l’action publique.

Le poids de l’histoire et du système makhzénien

Le clientélisme au Maroc s’inscrit dans une longue tradition de médiation sociale propre aux sociétés segmentaires et hiérarchisées. Le Makhzen — institution pluriséculaire de gouvernement et de régulation — s’est historiquement appuyé sur des réseaux de loyauté personnelle, de notabilité locale et de redistribution des faveurs. Comme le souligne Ernest Gellner (1969), le pouvoir, dans les sociétés maghrébines traditionnelles, s’exerce moins par des structures impersonnelles que par des chaînes de dépendance personnalisées.

Cette structuration a favorisé l’émergence d’un système où l’autorité s’incarne davantage dans des personnes que dans des institutions, et où la légitimité découle du don, du prestige et du lien social. La colonisation n’a fait que consolider ces réseaux, en s’appuyant sur les notables locaux pour gouverner indirectement (Burke, 1976). L’indépendance, loin de rompre avec cette logique, l’a modernisée : le clientélisme est devenu un instrument d’intégration politique, permettant la stabilisation du jeune État par la cooptation des élites régionales.

Lecture sociologique : le don, la dette et la réciprocité

Marcel Mauss, dans son Essai sur le don (1925), a montré que dans toute société, le don crée une obligation de retour. Cette logique archaïque persiste dans le champ politique : accorder un emploi, une bourse, ou un marché public n’est pas perçu comme un acte administratif neutre, mais comme un don chargé d’affect. Le bénéficiaire devient ainsi débiteur symbolique du patron.

Pierre Bourdieu (1980) a, quant à lui, théorisé le capital social comme ressource d’influence et d’accès différencié aux opportunités. Dans un contexte où les institutions sont faibles ou perçues comme inéquitables, le capital relationnel supplante la règle du droit. Le clientélisme est alors une économie morale de la survie, un mode d’adaptation à la rareté et à l’incertitude.

Le défi de la modernité institutionnelle

Max Weber (1922) distingue trois formes de domination : traditionnelle, charismatique et légale-rationnelle. Le Maroc contemporain se trouve à la croisée de ces trois logiques : la tradition nourrit encore les réflexes de loyauté personnelle ; le charisme du leadership royal structure la confiance nationale ; mais la rationalité bureaucratique, indispensable à la modernité administrative, peine à s’imposer dans l’ensemble du champ institutionnel.

La transition démocratique suppose donc une désincarnation du pouvoir et une impersonnalisation de la faveur — un passage du royaume des hommes à celui des règles.

Le Maroc à l’heure de la refondation morale

L’histoire des nations enseigne que les grandes transitions ne sont jamais uniquement économiques ou politiques : elles sont avant tout morales et culturelles.
Le Maroc du XXIᵉ siècle, engagé dans une trajectoire de modernisation ambitieuse, se trouve aujourd’hui confronté à un défi essentiel : rétablir la confiance entre le citoyen et l’État, entre l’éthique et la gouvernance.
L’« Opération Mains Propres », amorcée ces dernières par le roi Mohammed VI, ne constitue pas une campagne ponctuelle de lutte contre la corruption, mais bien le point de départ d’une révolution éthique, un processus d’assainissement profond qui s’attaque aux racines structurelles du mal administratif, économique et moral.

Casablanca : Mosquée Hassan II

Le concept de « Mains Propres » s’inscrit dans la continuité des grandes initiatives royales visant à refonder le rapport entre pouvoir, responsabilité et transparence. Il s’agit d’une opération systémique, symbolique et civilisationnelle. En redéfinissant la probité comme norme sociale, le Maroc ambitionne de transformer sa culture politique, de moderniser son administration et de réhabiliter le sens du service public.

Ainsi, le Maroc entre dans une phase de gouvernance morale, où l’intégrité devient le levier principal de la crédibilité de l’État et du développement durable.

Genèse et signification politique de l’« Opération Mains Propres »

Lancée dans un contexte marqué par une exigence populaire croissante de transparence, l’« Opération Mains Propres » est d’abord une réponse politique et morale à une réalité persistante : le décalage entre les ambitions nationales et les pratiques quotidiennes de certains acteurs publics.

Depuis le mouvement du 20 février 2011, la société marocaine a exigé plus d’équité, de justice et de responsabilité. La Constitution de 2011 a consacré ces valeurs, notamment à travers ses articles 1, 36 et 154, qui érigent la bonne gouvernance, la transparence et la reddition des comptes en principes constitutionnels. Dans ce cadre, l’opération actuelle s’apparente à un processus de purification morale de l’appareil d’État. Elle s’inscrit dans la lignée des grandes réformes menées depuis deux décennies : réforme judiciaire, régionalisation avancée, refonte du modèle de développement, et désormais, assainissement éthique.

Cette dynamique ne se limite pas à la sanction ; elle vise à instaurer une culture institutionnelle de la responsabilité. C’est la différence entre une chasse aux corrompus et une véritable transformation structurelle.

Lancée dans un contexte d’essoufflement de la confiance citoyenne, l’ « Opération Mains Propres » s’enracine dans une longue tradition de réformes amorcées depuis les années 1990 : réforme judiciaire (1997), réorganisation des finances publiques (2001), puis refondation constitutionnelle (2011). Chaque étape a tenté de répondre à un même impératif : réconcilier l’État avec la morale publique.

La Constitution de 2011, véritable charte morale du Maroc moderne, a érigé la bonne gouvernance, la reddition des comptes et la transparence au rang de principes constitutionnels. L’article 36 stipule explicitement que la corruption, le détournement de fonds publics et les conflits d’intérêts sont passibles de sanctions légales :

« Les infractions relatives aux conflits d’intérêts, aux délits d’initié et toutes infractions d’ordre financier sont sanctionnées par la loi. Les pouvoirs publics sont tenus de prévenir et réprimer, conformément à la loi, toutes formes de délinquance liées à l’activité des administrations et des organismes publics, à l’usage des fonds dont ils disposent, à la passation et à la gestion des marchés publics. Le trafic d’influence et de privilèges, l’abus de position dominante et de monopole, et toutes les autres pratiques contraires aux principes de la concurrence libre et loyale dans les relations économiques sont sanctionnés par la loi. Il est créé une Instance nationale de la probité et de lutte contre la corruption. »

Mais c’est dans les années 2020 que cette volonté prit un tournant plus concret, avec la mise en place de la Stratégie nationale de lutte contre la corruption (2022–2030), pilotée par l’INPPLC et appuyée par la Cour des comptes.
Cette stratégie repose sur un triptyque clair :

  1. Prévention institutionnelle par la digitalisation des services publics,
  2. Répression judiciaire renforcée,
  3. Éducation éthique de la société civile.

Ainsi comprise, l’« Opération Mains Propres » dépasse la seule dimension répressive : elle traduit la volonté d’instituer la vertu comme pilier de gouvernance.

La probité comme fondement de la légitimité politique

Max Weber, dans sa typologie de la domination, distinguait la légitimité rationnelle-légale fondée sur la compétence, de la légitimité traditionnelle fondée sur l’autorité.
Le Maroc conjugue les deux : il puise dans la légitimité historique et religieuse du Trône et cherche à asseoir une légitimité rationnelle issue de la bonne gouvernance. Or, la probité constitue le pont entre ces deux registres : elle traduit la fidélité morale à l’héritage monarchique et l’efficacité moderne de l’État rationnel.

Dans la pensée islamique, la probité (amana) est un devoir sacré. Elle définit le rapport du croyant à la communauté et à Dieu. Le Prophète Muhammad (paix sur lui) a déclaré :

« L’homme sans amana n’a pas de foi. »

Pour un contexte plus détaillé, le hadith dit :
« Il n’y a pas de foi pour celui qui ne respecte pas les dépôts (amana) et il n’y a pas de religion pour celui qui ne respecte pas les pactes » (rapporté par Abou Dawoud et authentifié par d’autres sources).

Ainsi, dans le contexte marocain, la probité est à la fois valeur spirituelle et principe civique.
L’« Opération Mains Propres » ne vise pas seulement à sanctionner les déviants, mais à réhabiliter la morale comme instrument de gouvernement.

Gouvernance, institutions et nouveau pacte social

L’assainissement éthique n’a de sens que s’il s’accompagne d’un renforcement institutionnel.
Depuis 2018, plusieurs institutions clés ont été mobilisées :

  • Le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, garant de l’indépendance des magistrats ;
  • La Cour des comptes, devenue bras moral de l’État ;
  • L’Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption (INPPLC), chargée de la coordination stratégique ;
  • Et plus récemment, le Nouveau modèle de développement (2021), qui fait de la bonne gouvernance une condition sine qua non du progrès.

Le message royal du 29 juillet 2022 insistait sur la nécessité d’un État fort et juste, précisant :

« Le développement n’a de sens que s’il est fondé sur la responsabilité, la transparence et l’intégrité. »

Ainsi, la réforme n’est pas punitive, mais pédagogique : il s’agit d’enseigner à la nation que la corruption est une atteinte à l’identité collective.

Le Palais Royal de Fès

Une justice proactive : l’État éthique en action

Depuis 2018, plusieurs affaires de détournement et de mauvaise gestion ont été instruites par la justice marocaine. Ce mouvement de reddition des comptes a été interprété comme un signe de maturité institutionnelle.
Le pouvoir judiciaire, désormais indépendant depuis la réforme de 2017, agit comme garde-fou moral de l’état marocain.

Les procès de figures publiques, parfois issues de cercles influents, ont eu un effet de catharsis : ils ont démontré que nul n’est au-dessus de la loi, réaffirmant la vision royale d’un État de droit fondé sur l’équité et la transparence.

Mais au-delà de la sanction, cette justice proactive cherche à réhabiliter la confiance dans la loi.
Comme l’écrit Robert Klitgaard (2008), spécialiste de la corruption :

« La corruption disparaît là où la responsabilité devient une culture, non une contrainte. »

La justice marocaine tend ainsi à devenir un outil de transformation civique, rétablissant un équilibre entre autorité et probité.

L’« Opération Mains Propres » repose sur une alliance entre la justice et la morale publique. Plusieurs procès emblématiques ont marqué les dernières années : affaires de malversations communales, détournements de fonds publics ou abus de pouvoir.
Ces jugements, loin d’être anecdotiques, incarnent une volonté d’en finir avec l’impunité.

Mais la justice seule ne suffit pas. Le Maroc doit aussi renforcer la justice sociale, car la corruption prospère dans les interstices de l’inégalité. Le sociologue Abdelkader Zghal rappelait que « la corruption n’est pas seulement un délit ; elle est le symptôme d’un déficit de justice sociale ».

La réforme doit donc articuler moralisation de l’État et équité sociale, pour construire un nouveau pacte de confiance.

L’économie morale du développement

La corruption n’est pas seulement un délit moral : elle est un facteur économique de sous-développement. Selon la Banque mondiale (2023), la mauvaise gouvernance peut réduire le PIB d’un pays de 2 à 3 % chaque année. Selon un rapport de la Banque mondiale publié en 2023, la mauvaise gouvernance, dont la corruption est un élément central, peut réduire le PIB d’un pays de 2 à 3% chaque année. Au Maroc, la corruption entraîne une perte estimée à environ 50 milliards de dirhams par an, soit environ 5 milliards de dollars, ce qui représente entre 3,5% et 6% du PIB.​

De plus, la corruption impacte négativement le développement économique en augmentant les coûts des activités commerciales, en détournant les investissements publics vers des projets rentables pour certains agents, en favorisant la non-conformité aux normes et réglementations, et en créant un environnement peu attractif pour les investissements étrangers.​

En résumé, il existe un consensus scientifique et institutionnel que la corruption constitue un obstacle majeur au développement économique et social, en soutenant la croissance faible, en alimentant les inégalités et en détériorant la confiance dans les institutions publiques.​

Au Maroc, les pertes liées à la corruption — sous forme d’évasion fiscale, de favoritisme ou de marchés publics biaisés — sont estimées à près de 40 milliards de dirhams par an.

L’« Opération Mains Propres » s’inscrit donc dans une logique de redressement économique fondé sur la transparence.
L’objectif est double :

  • Restaurer la confiance des investisseurs,
  • Assurer une meilleure redistribution des richesses.

Francis Fukuyama (2014) rappelle que les États prospèrent lorsqu’ils associent capacité institutionnelle et intégrité morale. Le Maroc cherche précisément cet équilibre : un État efficace, mais aussi éthique, où la bureaucratie devient vectrice de développement et non d’entrave.

Dimension comparative : le Maroc face aux modèles internationaux

L’expression Mains Propres évoque naturellement l’opération italienne Mani Pulite des années 1990, qui avait bouleversé la classe politique transalpine. Mais contrairement à l’Italie, où la justice a agi dans un contexte de crise du système, le Maroc mène cette opération dans une dynamique de consolidation étatique.

En Indonésie (Commission KPK) et au Rwanda, la lutte anticorruption a reposé sur la combinaison de la répression judiciaire et de la discipline administrative. Le Maroc s’en inspire partiellement, tout en intégrant sa spécificité culturelle : une approche gradualiste, où la réforme s’accompagne d’éducation civique et de communication royale continue.

Cette approche hybride fait du Maroc un laboratoire de gouvernance éthique dans le monde arabe, conciliant autorité morale et processus démocratique.

Sociologie de la corruption : entre culture et structure

Pour comprendre la persistance de la corruption, il faut aller au-delà des lois et examiner les mécanismes socioculturels qui la nourrissent.
Le clientélisme, le népotisme et la recherche de faveurs (Chtatou, 2025, wasta/piston/bak sahbi) ne sont pas de simples dérives : ils traduisent une logique sociale d’intermédiation héritée des structures tribales et du makhzen traditionnel.

Mais cette logique, jadis protectrice, devient aujourd’hui un obstacle à la modernité. Le Maroc doit donc transformer la culture du lien personnel en culture de la responsabilité publique. L’école, les médias et les institutions religieuses doivent être les vecteurs de cette conversion morale.

Pierre Bourdieu parlait de « l’habitus administratif » : les comportements incorporés qui façonnent la pratique du pouvoir. L’« Opération Mains Propres » doit donc aussi s’attaquer à cet habitus en favorisant une nouvelle socialisation bureaucratique fondée sur la performance, l’éthique et le mérite.

Communication, médias et transparence

La loi 31-13 sur l’accès à l’information (2020) a marqué une avancée majeure. Mais la transparence ne se limite pas à la mise en ligne de données : elle suppose une communication éthique. Les médias jouent ici un rôle capital dans la formation de la conscience civique. Un journalisme d’investigation responsable, respectueux de la vérité et de la présomption d’innocence, peut servir de pilier à la démocratie morale.

L’« Opération Mains Propres » doit donc être accompagnée d’un récit public : un discours national sur la vertu, illustré par des figures exemplaires, des réussites transparentes et une communication pédagogique.

Marrakech : la mythique Place Jamaa El Fna

Dans un monde hypermédiatisé, la transparence devient un impératif démocratique. Le Maroc a franchi un pas important avec la loi 31-13 sur l’accès à l’information (entrée en vigueur en 2020).
Toutefois, la transparence institutionnelle ne saurait se réduire à la publication de données : elle implique une communication proactive, éducative et exemplaire.

Les médias, la société civile et les universités doivent participer à cette pédagogie publique de la probité. Les grandes campagnes de sensibilisation — telles que « Zéro Tolérance à la Corruption » — jouent ici un rôle stratégique.

Éducation civique et refondation morale

La lutte contre la corruption commence à l’école. Le système éducatif marocain doit intégrer dans ses curricula des modules sur la citoyenneté, la déontologie et la responsabilité collective. La Vision stratégique 2015–2030 du ministère de l’Éducation nationale souligne déjà l’importance de la valeur éthique dans la formation du citoyen marocain.

Mais il faut aller plus loin : réhabiliter la philosophie morale, valoriser le service public, et créer une nouvelle élite administrative basée sur la compétence et l’intégrité.
Le leadership éthique devient ainsi la clé de la gouvernance de demain.

Vers une culture d’intégrité partagée

Le véritable succès de l’« Opération Mains Propres » se mesurera non pas par le nombre de condamnations, mais par l’émergence d’une culture d’intégrité partagée.
Une société éthique n’est pas celle qui punit beaucoup, mais celle qui n’a plus besoin de punir.

Les réformes doivent donc converger vers la création d’un écosystème vertueux :

  • Éducation civique renforcée ;
  • Formation à l’éthique publique dans l’administration ;
  • Promotion d’un journalisme d’investigation responsable ;
  • Participation citoyenne aux politiques locales.

Le Maroc 2030 : vers une société de confiance

À l’horizon 2030, le Maroc aspire à devenir une économie émergente fondée sur la transparence.
Le Nouveau Modèle de Développement (2021) définit clairement cette ambition :

« Le Maroc de demain sera une société de confiance où la responsabilité est partagée et la corruption marginalisée. »

La révolution éthique en cours repose sur trois axes stratégiques :

  1. Institutionnalisation de la vertu (par la réforme administrative) ;
  2. Modernisation numérique (traçabilité et e-gouvernance) ;
  3. Renouveau civique (éducation et participation citoyenne).

Le défi est donc d’ordre civilisationnel : passer de la culture du soupçon à la culture de la confiance.

Vers une culture d’intégrité partagée

Le véritable succès de l’« Opération Mains Propres » se mesurera non pas par le nombre de condamnations, mais par l’émergence d’une culture d’intégrité partagée.
Une société éthique n’est pas celle qui punit beaucoup, mais celle qui n’a plus besoin de punir.

Les réformes doivent donc converger vers la création d’un écosystème vertueux :

  • Éducation civique renforcée ;
  • Formation à l’éthique publique dans l’administration ;
  • Promotion d’un journalisme d’investigation responsable ;
  • Participation citoyenne aux politiques locales.

Les ONG marocaines jouent un rôle central dans cette dynamique. Transparency Maroc, l’Association Marocaine des Droits Humains (AMDH) ou encore L’Observatoire de la Gouvernance Publique participent activement à la surveillance citoyenne.

Cette vigilance collective traduit une maturation démocratique. Le Maroc n’est plus une société passive ; il devient une société d’imputabilité, où les citoyens exigent des comptes.

Les jeunes, notamment à travers les réseaux sociaux, sont les gardiens de ce nouveau contrat moral. Leur militantisme numérique crée une pression constante pour la transparence.

Conclusion : la probité comme destin national

L’« Opération Mains Propres » n’est pas une campagne de circonstance ; elle est la matrice d’un Maroc nouveau, où la vertu politique devient condition du progrès.
Le projet royal s’inscrit dans une vision à long terme : construire un État fort parce que juste, moderne parce qu’éthique, enraciné parce qu’universel.

Comme le rappelait feu Hassan II :

« La grandeur d’un État ne se mesure pas à sa puissance, mais à la vertu de ses citoyens. »

La réforme de la probité est donc une réforme du sens : elle appelle à une reconquête morale, culturelle et spirituelle.
Le Maroc de demain ne sera pas seulement un pays développé, mais une nation juste et exemplaire, où la main propre devient le symbole de la dignité retrouvée.

L’« Opération Mains Propres » n’est pas une campagne éphémère. Elle marque le commencement d’une révolution tranquille : celle de la conscience éthique nationale.
Un Maroc nouveau naîtra de la rencontre entre la volonté politique, l’exigence morale et l’engagement citoyen.

Il s’agit d’un chantier civilisationnel. En redonnant à la probité sa place dans la sphère publique, le Maroc ne fait pas que corriger des dérives ; il redéfinit le sens même du progrès.

Le Maroc du XXIᵉ siècle se construit sur cette conviction : que la véritable réforme commence dans le cœur et se traduit dans les institutions.

Laayoune

Bibliographie

  • Weber, M. (1978). Economy and Society: An Outline of Interpretive Sociology. University of California Press. (Oeuvres originales publiées entre 1921 et 1922).
  • Zghal, A. (2007). Sociologie politique du Maghreb. Cérès Éditions. Zghal, A. (1995). Le concept de société civile et la transition vers le multipartisme. In M. Camau (Ed.), Changements politiques au Maghreb (pp. 72–82). Paris.

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