Qui bloque l’Union des Etats de Tamazgha?

Par: Rachid RAHA, Président de l’Assemblée Mondiale Amazighe (AMA)

A l’occasion du 26ième anniversaire de la journée internationale de l’adoption du drapeau amazigh, qui a eu lieu à Tafira de Las Palmas de Grande Canarie, le 30 août 1997, j’aimerais, fort bien, aborder de nouveau cette grande question, qui est celle de savoir qui est vraiment derrière le blocage de l’Union de nos Etats nordafricains de Tamazgha.

Nous avons, tous, suivi cette immense campagne politico-médiatique, déclenchée par le régime militaire algérien, afin que l’Algérie fasse partie du bloc des BRICS. Malgré le gaspillage d’énormes fonds financiers et des déplacements organisés en personne par le président «illégitime» d’Abdelmajid Tebboune et de son chef des Armées, le Général Said Chengriha en Russie, en Chine et au Brésil, ils n’ont guère réussi l’intégration à ce bloc politico-économique, alors que ce qui était le plus normal c’était qu’ils auraient dû s’investir simplement, et à moindres frais, à la reconstruction du bloc régional géographique où ils se trouvent, à savoir, celui de l’Union économique des pays du Maghreb.

Effectivement, cette artificielle Union du Maghreb Arabe (UMA) a totalement échouée, non pas seulement à cause du fait qu’elle se base sur de fausses bases idéologiques et sur des régimes autoritaires, sinon surtout du fait que les hauts officiers militaires algériens s’obstinent, à contre-courant, à soutenir la création d’un supposé et irréalisable état « arabe » en territoire afro-saharo-amazigh (lorsque tout le monde sait que l’Arabité appartient essentiellement au continent asiatique) par les mercenaires sahraouis du Polisario, qu’ils financent et à qui ils leur dédient entièrement les affaires diplomatiques de leur pays !.

Cependant, il est clair que les généraux algériens se trouvent profondément déçus et attristés du rejet de leur pays de faire partie du club des Etats de BRICS. Ces derniers leur reprochent de ne pas pouvoir réussi à diversifier leur économie nationale, et ça ne sert à rien à s’entêter toujours à appauvrir économiquement leur pays à cause de cette incessante course à l’armement et aux achats pharaoniques et sans fin d’armements russes, démodés et obsolètes ! En effet, et c’est là où se trouvent leur grand problème, c’est que ces honteux généraux ne se préoccupent guère du bien-être social de leurs plus de quarante millions de leurs compatriotes algériens qui n’arrivent pas à trouver suffisamment des produits alimentaires de base sur les étagères des épiceries !.

Antérieurement, j’avais pris des initiatives de dénoncer, à travers mes précédentes correspondances au président français, Emmanuel Macron, du 17 mai 2021 et du  25 août 2022 (1) et de mes emails aux eurodéputés, que malgré la signature de l’accord d’association de l’Algérie avec l’Union européenne à Valencia le 22 avril 2002, dans l’esprit du processus de Barcelone de novembre 1995 et qui avait pris  effet le 1er septembre 2005, son premier article énonce : «l’encouragement de l’intégration maghrébine en favorisant les échanges et la coopération au sein de l’ensemble maghrébin et entre celui-ci et la Communauté européenne et ses États membres». Tout en énonçant dans l’article 2 que: «Le respect des principes démocratiques et des droits fondamentaux de l’homme, tels qu’énoncés dans la déclaration universelle des droits de l’homme, inspire les politiques internes et internationales des parties et constitue un élément essentiel du présent accord».

Malheureusement, le fait que les gouvernements européens, et plus particulièrement le gouvernement français, se taisent sur les flagrantes violations des droits de l’homme en Algérie (2), malgré leurs dénonciations répétitives de la part des ONG, du parlement européen et du Haut-Commissariat aux Droits de l’homme de l’ONU, ils ne font qu’exprimer explicitement leur soutien à ces criminels et corrompus généraux algériens. Ces derniers, non seulement s’efforcent à entraver l’union des Etats d’Afrique du Nord, à fermer les frontières terrestres et aériennes avec le Maroc, sinon alimentent le terrorisme d’Etat, et de ce fait, ils sont, incontestablement, derrière le macabre et vil assassinat des sept moines français de Tibhirin, que le journaliste Hichem Aboud vient de rappeler dans une récente vidéo (3) et que les autorités françaises ne font rien de rien pour traduire en justice leurs commanditaires, en l’occurrence le général M’henna Djebbar !.

Tant que la France et l’Union Européenne n’appellent pas à l’ordre les généraux algériens qui se croient impunis et intouchables. Tant qu’ils ne répondent pas des assassinats commis durant la décennie des années quatre-vingt-dix contre leurs citoyens, des crimes à l’encontre des 126 jeunes kabyles au printemps noir de 2001, à l’assassinat du président Mohamed Boudiaf et contre même les citoyens européens comme les moines de Tibhirin. Tant qu’ils ne seront pas traduits devant la Cour Pénale Internationale de La Haye, tant qu’il n’y ait pas de subordination effective de ces derniers à une autorité civile légalement et démocratiquement constituée, les généraux algériens n’arrêteront jamais de gaspiller tous les économies nationales et les ressources naturelles du peuple algérien, et de la vente de son pétrole et de son gaz en faveur de cette course militaire et de ces vils manœuvres de blocage économique de l’Union des Etats de Tamazgha, ayant comme conséquence le frein des échanges économiques avec les pays de l’Union Européenne, qui comptent sur plus d’une dizaine de millions d’immigrés nord-africains !.

De toute manière, les gouvernements des Etats de l’Union européenne, comme la France, l’Espagne et l’Italie, doivent savoir, clairement, qu’en continuant à acheter du gaz algérien, non seulement, ils contribuent au maintien au pouvoir de cette criminelle «mafia des généraux algériens (4)», sinon qu’ils contribuent à financer la guerre de Vladimir Poutine  contre leur propre allié de l’Ukraine, pour la simple raison que l’argent de vente de ce gaz algérien leur servirait à alimenter l’industrie russe d’armements, comme l’a déjà promis ce «faux et marionnette» président Tebboune lors de son dernier voyage en Russie !.

En définitive, nous, en tant qu’Amazighs, peuples autochtones d’Afrique du Nord, nous continuerons inlassablement à persévérer à lutter  en faveur de la reconstruction de nos états africano-amazighs vers une nouvelle union régionale, alternative à la moribonde de l’UMA, allant de la Mauritanie jusqu’à l’Egypte, englobant le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et la Libye, et qui se baserait sur de nouvelles bases. Une union qui devrait prendre en considération et mettre en place le système politique fédéral, en syntonie avec notre ambitieux projet politique du «Manifeste de Tamazgha (5)» basé sur le droit à l’autonomie des régions. Seul un bloc régional de type fédéral pourrait arriver à régler, définitivement, la question du Sahara occidental marocain et les problèmes régionaux et politiques de la Kabylie, du Mzab, des régions touarègues, et, qui, pourrait fort probablement, mettrait aussi fin à la guerre civile libyenne.

Notes :

(1)-http://amamazigh.org/2021/06/les-amazighs-demandent-au-president-francais-dappeler-a-lordre-les-generaux-algeriens/
(2)- https://amadalamazigh.press.ma/fr/riposte-internationale-denonce-la-situation-alarmante-des-droits-humains-en-algerie/
(3)- https://www.youtube.com/watch?v=gmijQWpzfZU
(4)- Hichem ABOUD : La Mafia des généraux, JC Lattès, 2002.
(5)- http://amamazigh.org/wp-content/uploads/2018/10/AMA_MANIFESTE-DE-TAMAZGHA_5-langues.pdf

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