Recensement général: manipulation continuelle des données concernant la langue co-officielle amazighe

Comme prévu, et sans grande surprise, le Haut-Commissaire au Plan, Chakib Benmoussa, a présenté les résultats du recensement général de la population et de l’habitat de l’année 2024. Ces résultats révèlent que seulement 24,8 % des Marocains parlent les différentes variantes de la langue amazighe, avec une proportion de 33,3 % en milieu rural et 19,9 % en milieu urbain. Ces chiffres se répartissent comme suit : 14,2 % parlent le « Tachelhit », 7,4 % le « Tamazight » et 3,2 % le « Tarifit ». En outre, les résultats indiquent que seulement 1,5 % des Marocains savent lire et écrire en amazigh avec l’alphabet Tifinagh.

Nous, au sein de l’Assemblée Mondiale Amazighe, avons maintes fois affirmé que l’ancien Haut-Commissaire, Ahmed Lahlimi, avait délibérément falsifié les chiffres concernant les locuteurs de l’amazigh au Maroc lors des recensements de 2004 et 2014. Nous avions également souligné, en marge de ses déclarations lors de la conférence de presse tenue le 29 août dernier pour annoncer le lancement du recensement, qu’une marginalisation et une exclusion systématiques de la langue amazighe étaient évidentes. Cette marginalisation était flagrante dans les documents et campagnes du recensement de 2024. Il n’est donc pas étonnant que ce recensement ait abouti à des chiffres inexacts et erronés concernant les locuteurs de l’amazigh.

Nous avons constaté de nombreuses irrégularités et violations au cours du processus de recensement. Parmi les plus notables : l’utilisation d’un questionnaire court (20 %) qui ne prend pas en compte les langues maternelles des Marocains, tandis qu’un questionnaire long (80 %) marginalise complètement cet aspect. Cette approche constitue un mépris intentionnel des recommandations des Nations Unies. Le même scénario avait été appliqué lors du recensement de 2014.

Les responsables du recensement ont également ignoré les recommandations des Nations Unies relatives aux langues maternelles et les normes internationales applicables en matière de recensement. Ces recommandations, incluses dans le rapport révisé des Nations Unies pour le cycle de recensement 2010, identifient trois types de données linguistiques :

  • La langue maternelle : définie comme la langue parlée par un individu durant la petite enfance.
  • La langue couramment utilisée : définie comme la langue actuellement parlée ou majoritairement utilisée à la maison.
  • La capacité à communiquer dans une ou plusieurs langues.

Compte tenu de ce mépris flagrant pour les normes internationales, il n’est pas surprenant que le nouveau Haut-Commissaire, Chakib Benmoussa, ait présenté des chiffres alarmants. Ces derniers interrogent l’État sur le déclin progressif de la langue maternelle des Marocains et des populations autochtones. Ils soulèvent également des questions sur les politiques éducatives annoncées depuis 2003. Ces chiffres mettent en lumière l’échec total du système éducatif et des mesures prises par les institutions concernées pour protéger la langue amazighe, reconnue comme langue officielle de l’État et patrimoine commun de tous les Marocains.

Nous réaffirmons, au sein de l’Assemblée Mondiale Amazighe (AMA), que les chiffres avancés par le Haut-Commissariat manquent de bases scientifiques et ne reflètent pas la réalité linguistique du Maroc. Il est donc naturel que ces chiffres conduisent à des informations trompeuses sur le multilinguisme au Maroc.

Nous avions averti dès le départ de cette falsification manifeste. Nous affirmons que tout chiffre présenté par le Haut-Commissaire, connu pour ses positions idéologiques concernant les locuteurs de l’amazigh, reste falsifié et inexact. Ces chiffres sont le produit d’orientations idéologiques évidentes.

Par conséquent, nous demandons le retrait de ces chiffres erronés qui déforment la composition linguistique des Marocains. Nous appelons également à la mise en place d’une politique claire pour protéger et promouvoir la langue amazighe, avec un engagement sérieux en faveur de son officialisation, à l’instar de la langue arabe.

Signé :  Rachid RAHA, Président de l’Assemblée Mondiale Amazighe

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