L’élection présidentielle du 7 septembre 2024 en Algérie, organisée par l’administration d’un régime autocratique dans un contexte de répression frappant des centaines de militants politiques, syndicaux, associatifs… et de fermeture des espaces médiatique et politique, s’inscrit dans la longue tradition des mises en scène électorale visant à empêcher l’expression du libre choix des Algériens.
Les chiffres officiels annonçant une victoire du chef d’État sortant avec près de 95% des voix, un score digne des scrutins à la brejnévienne, sont loin des résultats réels dont le taux de participation ne dépasserait pas, selon plusieurs sources, 10 %, confirmant ainsi une désaffection persistante de l’électorat. Cette baisse constante de participation des Algériens à la vie politique, plus structurelle que conjoncturelle, se confirme au fur à mesure que les scrutins s’enchainent, et ce depuis, notamment l’élection du 12 décembre 2019.
Fragilisé par un déficit chronique de légitimité démocratique, les dirigeants n’ont pas cessé d’organiser des consultations électorales, mais qui s’apparentent davantage à des mises en scène qu’à de véritables scrutins devant traduire les choix réels des citoyens. Les différents scrutins présidentiels organisés jusque-là participent d’une démocratie procédurale qui empêche toute alternance politique par l’élection.
L’autoritarisme, la gestion répressive et administrative de la société, les irrégularités entachant régulièrement les déférents scrutins, l’incurie et l’incompétence des dirigeants, la corruption généralisée et encouragée… sont autant de facteurs qui ont fini par transformer définitivement la séparation en divorce entre les Algériens et leurs dirigeants dans l’ensemble des régions du pays y compris la diaspora.
À l’instar des précédents scrutins, cette élection n’est et ne sera d’aucune utilité politique ; elle servira simplement à donner l’illusion d’un fonctionnement démocratique des institutions et en l’occurrence l’institution présidentielle, alors que la réalité du pouvoir lui échappe, elle est détenue ab initio par la hiérarchie militaire.
Le droit de vote, devant traduire l’expression libre de la volonté du peuple, est vidé de sa substance. Les conditions politiques, médiatiques et électorales indispensables à l’expression du libre choix des Algériens sont absentes. Dans ce contexte, une transition politique authentique portée principalement par le Hirak et la jeunesse est une exigence pressante et qui doit émerger d’un dialogue inclusif réunissant toutes les forces représentatives de la société.
L’aspiration à une véritable transition politique
Riposte Internationale appelle à la libération immédiate de tous les détenus politiques et d’opinion et à la cessation de toutes les poursuites judiciaires contre les militants, les journalistes, les syndicalistes… La réhabilitation des prisonniers d’opinion est une condition sine qua non pour qu’une véritable transition politique puisse s’opérer.
Il est urgent de rouvrir l’espace politique, associatif, syndical, médiatique et social. Les libertés fondamentales ne doivent plus être bafouées et l’abrogation de l’article 87 bis du code pénal ainsi que de l’ensemble de l’arsenal législatif répressif s’impose.
Riposte Internationale dénonce le harcèlement systématique des Algériens résidant à l’étranger par la police aux frontières. Ces pratiques, qui visent à semer la terreur et à empêcher toute forme d’opposition et d’expression dissidente, doivent cesser sans délai.
Réformes institutionnelles et respect des droits
Les Algériens doivent pouvoir s’exprimer, circuler et s’organiser librement pour que leur génie créateur se révèle et se déploie. Les plus hautes autorités de l’État doivent non seulement se soumettre au droit étatique, mais aussi et surtout respecter les engagements internationaux auxquels l’Algérie a souscrit en matière de droit humains.
L’engagement de Riposte Internationale
En ces temps difficiles d’incertitude, de restriction des libertés et d’érosion drastique du pouvoir d’achat, Riposte Internationale réaffirme son soutien aux Algériens et s’engage à poursuivre sa lutte pour une transition démocratique en vue d’un État de droit et d’une société dans laquelle la justice, la liberté et la dignité seront effectivement respectées.