Riposte internationale dénonce les graves violations des droits humains en Algérie en 2023

Introduction :

A partir du 22 février 2019, des millions d’Algériens ont manifesté dans les grandes villes du pays pour s’opposer à Abdelaziz Bouteflika, qui se présentait à sa propre réélection pour une 5e fois. Après avoir œuvré à destituer le président et bloqué toutes les tentatives de réforme superficielle du régime, le peuple algérien a exigé un changement radical du système afin de pouvoir exercer pleinement sa souveraineté en choisissant librement son mode de gouvernance.

Toutefois au fil des mois et au prix de plusieurs luttes de clans, le régime a eu le temps de se réorganiser. Un clan a eu raison de l’autre. Celui du général-major Ahmed Gaïd Salah prend le dessus sur les derniers fidèles des fidèles à Bouteflika. Après deux échecs, une pseudo-élection présidentielle est organisée en décembre 2019. Abdelmadjid Tebboune, plusieurs fois ministres et éphémère Premier ministre sous le long règne de Bouteflika est adoubé.
L’agenda du nouveau président était clair : la répression des activistes et la mise au pas de la société. Reconfiguré après une lutte interne féroce, le régime lance alors une véritable traque des activistes et citoyens les plus engagés dans la dissidence populaire.
Il réprime, interdit les manifestations, emprisonne des innocents et restreint durement la liberté de la presse. La société civile tient le coup. Malgré cette répression indiscriminée, les intimidations et les tentatives de division orchestrées par le pouvoir, chaque vendredi et chaque mardi, les manifestants répondent par d’importantes mobilisations pacifiques, faisant preuve d’un civisme exemplaire pour réclamer avec insistance un changement radical dans le système de gouvernance.

Dès lors, la répression s’intensifie avec des arrestations massives et des mesures de répression policière, puis survient l’épidémie de coronavirus, suspendant ainsi ces manifestations.

Cette période a été marquée par une accentuation des arrestations et d’intimidations visant les activistes du Hirak. En l’espace de quelques semaines, les Algériens ont assisté à la généralisation des arrestations, voire des enlèvements et tortures, le tout accompagné d’un étouffement drastique des libertés fondamentales.

Quatre ans après le début du Hirak pacifique, le pouvoir persiste dans l’intimidation et la répression, remettant en cause tous les acquis démocratiques obtenus après de durs et longs combats par plusieurs générations de militants. En ce début de l’année 2024, tous les leviers du balbutiant système démocratique algérien sont démantelés. Si les textes fondamentaux du pays assurent l’essentiel du fonctionnement d’un Etat démocratique, la réalité est tout autre.

Un constat partagé par tous les militants des droits humains : la situation des droits de l’homme en Algérie est dégradée. Les sévères restrictions des libertés d’association et d’expression sont particulièrement préoccupantes. Les nombreuses violations des libertés individuelles et collectives constituent une atteinte avérée à la Constitution et aux textes ratifiés par l’Algérie. Les fondements de l’État de droit et de la démocratie sont sérieusement compromis depuis quatre ans au moins.

L’indignation est généralisée face au désespoir et à la résignation qui gagnent l’esprit des militants les plus déterminés. Certains détenus ont été graciés, d’autres ont été libérés après avoir purgé leur peine. Cependant, plusieurs dizaines d’Algériennes et d’Algériens croupissent encore dans les prisons pour leurs opinions.

A ce sombre tableau s’ajoutent les ex-détenus placés sous contrôle judiciaire et tous les citoyens placés sous interdictions de sortie le territoire national (ISTN), une mesure souvent prise sans que le concerné ne soit informé.

Des centaines de militants, journalistes, défenseurs des droits de l’homme, et membres d’organisations associatives sont touchés par l’article 87 bis, qui définit le terrorisme de manière vague et donne au magistrat le pouvoir d’interpréter les faits pour lesquels le détenu est poursuivi.

La liberté de la presse, bien qu’inscrite dans la Constitution, est remise en question dans la réalité. Plusieurs médias et journaux ont disparu depuis le printemps 2019. Des journalistes tels que Khaled Drareni, Rabeh Karèche, Hassan Bouras et Mohamed Mouloudj ont été emprisonnés, tandis que d’autres sont intimidés et poussés à l’autocensure. El Kadi Ihsane, rédacteur en chef de Radio M et de Maghreb Émergent est condamné en juin 2023 à un peine de 7 ans de prison dont deux avec sursis. Les locaux de ces deux médias qu’il dirigeait sont fermés pour des raisons fallacieuses.

RIPOSTE INTERNATIONALE – RAPPORT SUR LA SITUATION DES DROITS HUMAINS 2023 EN ALGERIE (Version PDF)

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Un Commentaire

  1. Très intéressé par vos publications, analyses et les commentaires de ceux qui vous suivent.Merci pour vos éclairages.Bonne continuation.

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