Collectif des amis du manifeste pour l’Algérie nouvelle (Caman)
Communiqué
Depuis deux mois, l’Algérie vit la plus grande crise sanitaire de son histoire.
Cette crise sans précédent a ravivé chez les Algériens leur instinct séculaire de solidarité et révélé les faiblesses béantes de l’infrastructure médicale. Dans cette épreuve douloureuse et colossale, les médecins, les infirmier(e)s, le personnel médical et para-médical, dans leur majorité, ont fait montre d’un courage certain et d’un engagement admirable.
Cette attitude mérite d’être saluée et prouve qu’il y a encore dans notre pays malmené un esprit civique et même le don de soi. Tous les réflexes positifs n’ont pas été détruits bien que la corruption, le passe-droit et la hogra ont constitué les traits particuliers et permanents d’un régime qui n’en finit pas de mourir.
Alors que les activistes du hirak et la population dans sa majorité s’est laissée convaincre à juste titre de la nécessité du confinement, le pouvoir en place profite de cette situation pour:
- Accentuer la répression par la continuation d’arrestations arbitraires et la soumission de l’appareil judiciaire ;
- Sombrer dans les luttes intestines au sommet pour le contrôle des services ;
- Préparer dans le confinement sa prochaine constitution.
Face à cette situation, nous demandons la libération immédiate et sans conditions des détenus d’opinion, personnes qui n’ont fait qu’exprimer leur point de vue de façon pacifique. La répression et l’asservissement de la justice ne sont au mieux que des pis-aller qui ne règlent en aucun cas les problèmes qui sont d’ordre politique.
Les luttes intestines révèlent la fragilisation du système qui sombre dans une interminable recherche d’équilibre interne. Ces faits renseignent que le vrai pouvoir n’est pas là où il doit être, mais ailleurs. Le pouvoir civil n’est pas dans la qualité du premier magistrat du pays mais dans le traitement et la prise de décision.
Enfin, et depuis tout le temps, nous avons préconisé la fin de l’octroi. Ce qui veut dire que la constitution ne se juge pas d’abord par son contenu mais dans la façon qu’elle est établie. D’ailleurs ce n’est pas la première fois depuis l’indépendance que le pouvoir a recours aux mêmes méthodes avec le résultat que l’on sait. Nous sommes persuadés que seul un nouveau processus de légitimation qui met entre les mains du peuple le pouvoir constituant est le mieux désigné pour résoudre le problème de légitimité. Seule cette voie est plus à même de rendre effective la constitution à élaborer. Rappelons que la constitution en cours consacre tous les droits et libertés mais la nature du régime et la méthode de son adoption ont permis sa violation plusieurs fois.
Aussi la meilleure manière de sortir l’Algérie – notre pays – d’une crise économique, sanitaire et politico institutionnelle sans précédent est de traiter la question de la légitimité en mode de rupture politique. Un processus de transition démocratique et indépendant est indispensable à cet effet.
Alger, le 11/MAI/2020