Assemblée Mondiale Amazighe
Communiqué relatif aux durs jugements émis contre les détenus de la contestation populaire du Rif
Un procès injuste et des jugements de vendetta
C’est avec atterrement et consternation que l’Assemblée Mondiale Amazighe a accueilli les durs jugements vengeurs de la cour d’appel de Casablanca en confirmant les lourdes peines, prononcé en première instance à l’encontre des détenus de la contestation populaire rifaine. Jugements qui cumulent (300 ans) trois siècles de prison ferme pour les prisonniers déplacés à Casablanca, après leur participation aux manifestations pacifiques et civilisationnelles comme en a témoigné le monde. Ceci fait suite au broyage horrible du citoyen « Mouhssine Fikri » dans la benne d’un camion d’ordures le 28 octobre 2016 et à la revendication des droits culturels, économiques et sociaux pour la population de la région du Rif qui souffre de marginalisation, d’exclusion et d’un embargo sécuritaire et économique depuis les années cinquante du siècle passé.
Au lieu du dialogue et de la prise en considération des revendications justes des manifestants et l’élan de solidarité nationale et internationale, l’Etat marocain continue malheureusement dans son obsession à opter pour une approche sécuritaire répressive, et de vendetta ! Et au moment où l’on s’attendait à un apaisement dans ce dossier juridique et ne méritant pas ces procès injustes et à la libération de tous les détenus pour entamer une véritable réconciliation avec le Rif par le biais du développement, la réconciliation et la justice transitionnelle en pansant les blessures de la population du Rif et en répondant au dossier revendicatif de la contestation qui comporte essentiellement des revendications économiques, sociales et culturelles tout en rompant avec la politique des années de plomb, nous sommes surpris de nouveau par la confirmation en appel de ces durs jugements vengeurs émis par le tribunal de Casablanca, ce vendredi 5 avril dernier à l’encontre de Naser Zefzafi et de ses compagnons, et qui, rappelant le, ont atteints plus de 3 siècles.
Ces lourdes peines qui nous replonge dans les années des atteintes graves aux droits de l’homme et les années de plomb que nous croyions révolues suite à l’institution de l’organisation Equité et réconciliation, ne peuvent être que vengeurs et méprisants pour les citoyennes et citoyens amazighes du Rif. Ils entérinent la politique de ségrégation entre les citoyens et les régions, renforçant la marginalisation et l’exclusion de la région du Rif en poussant sa jeunesse à affronter les vagues d’émigration en direction de l’Europe pour fuir la misère qui les cerne de tous les côtés en plus de la propagande relative à leur accusation de traitrise et de séparatisme qui a accompagné les manifestations populaires rifaines menée contre le Rif par différents partis politiques ! S’y joignent ces jugements iniques et vengeurs qui constituent une nette régression en matière de droit et une atteinte flagrante aux droits et libertés qui nous fait reculer de plusieurs décennies. Atteintes payées chèrement par l’Etat et dont les effets continuent à se sentir lors des rencontres internationales et auprès des organisations internationales des droits de l’homme.
L’Assemblée Mondiale Amazighe tient à remercier profondément la solidarité exemplaire des eurodéputés Miguel Urban Crespo, Kati Piri, Bart Staes, Xabier Benito Ziluaga, Lynn Boylan, Matt Carthy, Eleonora Forenza, Tania Gonzalez Penyas, Martin Hausling, Maria Heubuch, Anne-Marie Mineur, Edouard Martin, Luke Ming Flanagan, Ana Miranda, Liadh Ni Riada, Lola Sanchez Caldentey, Judith Sargentini, Estefania Torres Martinez, Kathleen Van Brempt, Marie-Christine Vergiat et Petra De Sutter d’avoir envoyé un courrier au Ministre de la Justice Mohamed Aujjar, le 2 avril afin de lui demander la libération immédiate de tous les activistes rifains comme un signal de bonne volonté.
De même, l’Assemblée Mondiale Amazighe salue fortement la solidarité, les efforts déployés et le courage exprimé du ministre des Affaires Extérieures des Pays Bas Stef Blok, qui avait même élaboré un rapport sur le Hirak du Rif, et déplore le silence incompréhensible des autres ministres des pays européens et plus particulièrement celui de France, Jean-Yves Le Drian, ceux d’Espagne Alfonso Dastis et Josep Borell et de l’Union Européenne, Mme. Federica Mogherini.
Partant de cela, l’Assemblée Mondiale Amazighe déclare de nouveau ce qui suit :
- Affirmons que ces jugements de vendetta émanent d’une justice partiale suite à des procès iniques et non équitables comme en témoignent la défense et les organisations de droit.
- Affirmons que ces jugements sont une preuve implacable inhérente à « l’apostasie juridique » et un recul en matière des droits de l’homme au Maroc qui infirme la réforme du système de la justice.
- Demandons à mettre fin à cette mascarade et à ces jugements formels et la libération immédiate de tous les détenus de la contestation rifaine ainsi que la clôture de ce dossier définitivement, le rétablissement de la justice et la revalorisation de la région du Rif et de ses populations.
- Demandons la satisfaction immédiate du dossier revendicatif de la contestation rifaine, en coupant avec la politique de vengeance et le tempérament sécuritaire dans la gestion des revendications justes et légitimes des citoyens du Rif tout en choisissant la réconciliation avec le Rif, au lieu de la politique de vengeance.
- Affirmons de nouveau que ce qui s’est passé dans le Rif est le résultat naturel et inévitable de soixante ans de marginalisation et d’exclusion, de répression et de terreur renforcées par un embargo économique qui a poussé, – et qui continue à pousser-, la population à émigrer vers l’Europe.
- Exprimons notre solidarité totale avec tous les détenus et leurs proches ainsi qu’avec toutes les populations rifaines et insistons sur la légitimité de leurs revendications et le caractère pacifique et civilisationnel de leurs manifestations.
- Renouvelons notre demande relative à l’octroi d’une autonomie politique élargie dans la gestion de leur région dans le cadre d’un Etat fédéral uni et pluriel, qui garantit le droit à une vie digne pour tous ses citoyens ainsi que leur droit de profiter de leurs richesses, en coupant avec la logique de l’Etat jacobin centralisé qui n’a contribué qu’à davantage de marginalisation et d’exclusion des zones et des régions à spécificités culturelles et linguistiques.
Pour l’Assemblée Mondiale Amazighe