El fin del Polisario / Polisario, basta

Dr. Mohamed Chtatou

Le Polisario, un groupe terroriste ?

Face aux activités croissantes des groupes terroristes en Afrique et à la menace qu’ils font peser sur la sécurité et la stabilité des pays, des voix s’élèvent dans les couloirs de la politique américaine, non seulement pour traduire en mesures concrètes le soutien de Washington à la souveraineté du Maroc sur ses provinces méridionales, mais aussi pour adopter une position décisive à l’égard des menaces terroristes en Afrique du Nord, en particulier le terrorisme du Front Polisario séparatiste, et le placer ainsi sur les listes américaines des groupes terroristes.

La désignation de cette organisation séparatiste, qui entretient des liens suspects avec des groupes takfiri et djihadistes au Sahel et au Sahara, comme groupe terroriste entraînerait, selon les observateurs intéressés, aura un changement qualitatif dans le cours du conflit sur la question du Sahara en renforçant la proposition marocaine et en rompant avec la situation sécuritaire fragile dans la région, qui menace non seulement la stabilité des pays africains, mais aussi les intérêts des puissances internationales dans ce continent, y compris Washington.

A cet égard, l’homme politique républicain John Wilson, membre de la Commission des Affaires étrangères du Congrès, a exprimé, en marge d’une réunion avec le ministre marocain des Affaires étrangères, l’attachement de l’administration américaine au partenariat stratégique avec le Royaume du Maroc et son soutien à ce dernier pour faire face aux menaces posées par les terroristes du Front Polisario, alors qu’il avait précédemment révélé les liens entre ce mouvement soutenu par l’Algérie et l’agenda subversif de l’Iran dans la région.

Ces déclarations révèlent une tendance croissante parmi de nombreuses composantes de la scène politique américaine à adopter une position ferme à l’égard de cette entité afin de protéger le partenariat avec l’allié de Washington en Afrique, le Maroc. Ce scénario est devenu incontournable au sein de l’administration américaine, bien qu’il n’ait pas été adopté par les autorités officielles de manière définitive et publique, considérant que tout pas dans cette direction servirait la position de Rabat sur la question du Sahara au détriment de l’Algérie.

La lutte contre le terrorisme et les acteurs non étatiques violents est l’une des constantes de la politique intérieure et extérieure des États-Unis. La milice terroriste du Polisario, par ses activités illégales, son réseau de connexions et d’extensions suspectes au Sahel et au Sahara, et sa coordination opérationnelle avec le Hezbollah et d’autres milices fonctionnelles iraniennes, est en conflit flagrant avec le droit humanitaire international et les programmes internationaux et régionaux de lutte contre le terrorisme.

L’implication du Polisario terroriste dans la menace qui pèse sur la sécurité de la région est devenue presque certaine pour un large éventail d’acteurs politiques dans le monde, en particulier aux États-Unis d’Amérique. Il existe une tendance atlantiste à inclure cette organisation dans les listes de terroristes, à la lumière de nombreuses données fournies par les services de renseignement et les rapports internationaux qui ont surveillé ses liens avec les groupes terroristes au Sahel et au Sahara.

La milice du Polisario est devenue un mercenaire régional qui met en œuvre les agendas iraniens en Afrique du Nord, en accord avec les objectifs algériens en Méditerranée occidentale et au Sahel, en essayant de déclencher une guerre régionale majeure qui menace les mécanismes de paix et de sécurité en Europe du Sud et sur la façade atlantique de l’Afrique.

Les conditions pour qualifier la milice du Polisario de groupe terroriste ont été réunies par cette organisation dès sa naissance au début des années 1970, ses éléments ayant perpétré de nombreux crimes de guerre contre des civils au Sahara marocain.

La désignation de la milice du Polisario comme organisation terroriste aura des répercussions majeures sur la stabilité régionale, car elle contribuera à son isolement international et réduira le soutien d’alliés traditionnels tels que l’Algérie et l’Afrique du Sud, qui sont des États incubateurs de groupes terroristes, renforçant ainsi la position du Maroc aux niveaux régional, continental et international.

Cette décision encouragera davantage de pays à reconnaître la souveraineté du Maroc sur les provinces du sud et à ouvrir des consulats dans leurs villes, renforçant ainsi l’approche globale du Maroc pour la stabilité du Sahel et du Sahara en transformant les provinces du sud en un forum économique géant au service des peuples de la région.

Changement stratégique et alliances régionales

La réaffirmation par les Etats-Unis de leur soutien à la souveraineté du Maroc sur ses provinces méridionales n’est pas seulement une position diplomatique circonstancielle ; elle reflète un changement stratégique dans la doctrine de Washington à l’égard de l’Afrique du Nord.

L’administration américaine en est venue à considérer le Maroc comme un partenaire essentiel pour la stabilité de la région, ce qui s’explique non seulement par la reconnaissance renouvelée de la marocanité du Sahara, mais aussi par le changement qualitatif de la rhétorique américaine à l’égard du Polisario, en particulier après la multiplication des rapports liant ses éléments à des mouvements suspects au Sahel.

Ces déclarations ne peuvent être séparées d’efforts plus profonds visant à pousser l’administration américaine à reclasser les menaces régionales, car le membre républicain du Congrès Joe Wilson ne parle pas seulement à partir d’une position individuelle, mais exprime un courant au sein de l’institution législative américaine qui considère le Polisario comme une menace directe pour les alliés de Washington en Afrique, menés par le Maroc.

La milice terroriste du Polisario

L’inclusion du Polisario dans la liste des organisations terroristes américaines est devenue une possibilité à moyen terme si l’escalade dans la région se poursuit et si les preuves des services de renseignement se multiplient sur l’implication de certains de ses éléments dans des activités qui menacent la sécurité régionale, tout en notant que cette décision n’est pas prise uniquement sur la base de pressions politiques, mais qu’elle nécessite une base juridique et de renseignement solide. Toutefois, l’accumulation de données, ainsi que la pression exercée par les élites politiques et médiatiques américaines, peuvent accélérer cette étape et lui donner une couverture juridique claire.

La pression politique qui peut être exercée par des membres du Congrès comme Joe Wilson, si elle se poursuit de manière systématique et sur la base de rapports documentés, est capable de modifier le cours du débat au sein des institutions américaines, y compris le département d’État et le Conseil national de sécurité. Toute initiative américaine à cet égard ne serait pas seulement une carte dans la main du Maroc ; elle pourrait redessiner la carte des alliances régionales dans la région Sahel-Sahara.

Les camps de Tindouf en ébullition : revendications d’autonomie et de retour au Maroc

Les camps de Tindouf, sur le sol algérien, connaissent des manifestations populaires et une agitation sans précédent après le nouveau massacre commis récemment par les forces de l’armée algérienne contre des civils sahraouis, qui a fait deux morts et au moins neuf blessés.

Selon des sources locales bien informées, ces événements sanglants ont déclenché une vague de protestations populaires à l’intérieur des camps, dans un contexte de condamnation généralisée du silence de la direction du Front Polisario et de son incapacité à jouer un rôle dans la protection des résidents des camps contre les attaques répétées.

Selon les témoignages recueillis à l’intérieur des camps, dont les enregistrements audio sont disponibles en ligne, les familles des victimes ont rapidement organisé des mouvements de protestation et formé des groupes de pression, exigeant une enquête sur les circonstances du crime et que les responsables répondent de leurs actes, surtout avec le sentiment croissant de mécontentement envers les autorités algériennes qui continuent de réprimer la population, à la lumière du silence suspect de la direction du Polisario, qui est maintenant largement perçue comme un organe dépendant qui n’a pas de décision souveraine ou de volonté réelle de défendre ceux qu’il prétend “représenter”.

Les voix en colère dans les camps ont soulevé des slogans sans précédent, exigeant la fin des souffrances de longue date des Sahraouis, appelant à l’acceptation de la solution politique proposée par le Royaume du Maroc à travers l’initiative d’autonomie s’ils continuent à vivre dans la réalité de l’oppression et de la détention perpétuée par la « direction » corrompue.

Dans le cadre du suivi des événements relatifs aux droits de l’homme, l’Association sahraouie pour la défense des droits de l’homme -ASADEDH– a condamné ce qu’elle a qualifié d’horrible massacre commis par l’armée algérienne dans le quartier “’Arkoub”’ du camp de Dakhla, dans le sud-ouest de l’Algérie, qui a entraîné la mort de deux personnes et blessé neuf autres, dont trois se trouvent dans un état critique.

Une unité de l’armée algérienne a tiré sans discrimination sur des civils sahraouis non armés dans une zone située à environ 150 kilomètres de Rabouni, ce qui a suscité une grande colère parmi les résidents du camp, en particulier après que l’identité de l’une des victimes a été confirmée par l’association.

Le groupe de défense des droits basé à Madrid a appelé à ‘’une intervention urgente pour protéger les civils dans les camps de Tindouf’’, demandant à toutes les organisations et organismes de défense des droits de l’homme de ‘’condamner ces actes et de dénoncer ce qu’il décrit comme des interventions répétées de l’armée algérienne contre les résidents des camps’’.

Ramadan Massoud Larbi, président de l’Association sahraouie pour la défense des droits de l’homme -ASADEDH-, a déclaré que ce qui s’est passé dans le quartier Arkoub du camp de Dakhla représente “un grave dérapage dans la série des violations contre les civils sahraouis à l’intérieur des camps de Tindouf”, notant que “le silence suspect de la direction du Polisario à l’égard de ce crime sape la confiance restante des Sahraouis dans ceux qui prétendent représenter leur seul représentant légitime”.

“Les protestations qui ont éclaté à la suite du massacre reflètent la colère croissante de la jeunesse sahraouie, qui ne peut plus accepter d’être victime des luttes de pouvoir entre l’armée algérienne et la direction du Polisario”, a-t-il déclaré à Hespress, soulignant que “la situation sécuritaire et humanitaire dans les camps se fragilise de jour en jour, en l’absence d’une véritable protection de la population”.

Concernant les revendications des manifestants, le même activiste des droits de l’homme a noté que ‘’l’escalade des appels au retour au Maroc reflète le changement profond des convictions d’un groupe important de Sahraouis, qui considèrent désormais le rattachement à la mère patrie comme le seul moyen de mettre fin à leurs souffrances, à la lumière de l’impunité persistante et de l’absence de toute perspective de dialogue à l’intérieur des camps’’.

Pour sa part, l’ONG sahraouie Alliance a fermement condamné le crime odieux commis par une unité de l’armée algérienne à l’intérieur des camps de Tindouf, soulignant que ce qui s’est passé est un “meurtre prémédité” en violation flagrante des principes du droit international humanitaire.

Le Ministre Bourita et l’élu républicain John Wilson

Dans un communiqué parvenu à Hespress, la coalition a condamné ce qu’elle a qualifié de ‘’terrible échec’’ de l’organisation du Polisario à protéger les civils dans les camps, accusant directement ses éléments de sécurité d’intervenir pour protéger les auteurs du massacre, de cacher les preuves et de contrecarrer toute demande d’enquête, en l’absence d’un statut juridique ou d’une protection de l’ONU pour les résidents de ces camps entourés de barbelés et de murs de sable, sans supervision internationale pour assurer le respect des droits et des libertés fondamentales.

La même coalition a appelé les mécanismes onusiens et les Etats à compétence universelle à engager des poursuites judiciaires contre les personnes impliquées dans ces massacres, notamment le crime d’incinération de jeunes sahraouis dans un puits d’orpaillage en 2022, et les bombardements aériens qui ont ciblé des civils à la frontière algéro-mauritanienne, soulignant que “le silence international sur ces violations alimente le cycle de l’impunité et compromet les chances d’une solution politique au conflit”.

Dans ce contexte, Abdelwahab Elkayen, président d’Africa Watch et coordinateur adjoint de l’Alliance des ONG sahraouies, a déclaré : “Nous condamnons fermement le ciblage des civils sahraouis non armés dans les camps de Tindouf, lors du massacre d’Arkoub qui a eu lieu le 9 avril 2025, lorsque l’armée algérienne a ouvert le feu sur les résidents non armés du camp de Dakhla, tuant un grand nombre d’entre eux”, soulignant que “cet incident soulève des questions sur la gestion répressive des camps”.

“L’armée algérienne est intervenue directement au centre des camps dans une violation flagrante des droits de l’homme”, a-t-il dit, ajoutant que “les milices du Polisario n’ont pas condamné cette attaque, mais ont aidé à réprimer les manifestants qui demandaient que les responsables soient poursuivis”.

‘’Les femmes qui manifestaient ont été violemment réprimées par les forces du Polisario, qui les ont menacées avec des armes à feu pour les intimider et les empêcher de protester contre le meurtre de civils’’, a-t-il déclaré à Hespress, soulignant que ‘’cet incident montre l’escalade des violations dans les camps et l’absence de toute obligation de rendre des comptes ».

Proposition de loi républicaine au Sénat américain pour classer le Polisario comme groupe terroriste

Le représentant républicain John Wilson, membre de la Commission des Relations extérieures du Congrès américain, a annoncé qu’il soumettrait une demande législative formelle au Congrès américain pour classer le Polisario comme organisation terroriste.

Joe Wilson a écrit sur son compte X :

« Je suis d’accord avec le Secrétaire Rubio que l’autonomie authentique sous souveraineté marocaine est la seule solution possible pour le Sahara, je vais introduire une législation pour désigner le Front Polisario comme une organisation terroriste. L’Iran et Poutine prennent pied en Afrique par l’intermédiaire du Polisario. »

Le député américain Joe Wilson, du parti du président américain Donald Trump, a salué la réaffirmation du soutien américain à la souveraineté pleine et entière du Maroc sur son Sahara.

I agree with @SecRubio genuine autonomy under Moroccan sovereignty is the only feasible solution for the Sahara.

I will introduce legislation to designate the Polisario as terrorists.

Iran & Putin gaining a foothold in Africa via Polisario. Connect the dots: axis of aggression. https://t.co/pTEGfIlc8d

Le Ministre Bourita et le secrétaire d’Etat américain Rubio

A l’issue d’une rencontre, mercredi 9 avril, avec le ministre des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des expatriés marocains, Nasser Bourita, l’élu républicain a souligné que les entretiens ont porté sur ‘’notre partenariat de longue date et notre engagement en faveur de la paix dans la région, notamment la stabilité au Sahara contre les terroristes du Polisario.’’

Dans un post sur la plateforme « X » (anciennement Twitter), accompagné des drapeaux des deux pays alliés, Joe Wilson a souligné que ‘’les Etats-Unis soutiennent le Maroc pour parvenir à la paix.’’

Les États-Unis ont réaffirmé mardi leur reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara, renforçant ainsi la position communiquée par le président américain Donald Trump à Sa Majesté le Roi Mohammed VI.

Cette position a été réaffirmée lors d’une rencontre tenue mardi 8 avril à Washington entre Bourita et le secrétaire d’État américain Marco Rubio.

Mot de fin

La question du Polisario est complexe et profondément ancrée dans les dynamiques géopolitiques du Maghreb, de l’Afrique et au-delà. Bien que certains signes semblent avoir affaibli le Front Polisario ces dernières années, il serait prématuré d’annoncer sa « fin », même si son influence semble diminuer.

Le Polisario n’a pas disparu, mais il est affaibli politiquement, diplomatiquement et militairement. Le rapport de force est clairement en faveur du Maroc, qui capitalise sur son initiative d’autonomie, le développement régional et le soutien croissant de la communauté internationale.

Tant que l’Algérie continuera à le soutenir, le Polisario restera présent, mais de plus en plus isolé. En revanche, si l’administration de Trump l’inscrit sur la liste des organisations terroristes, l’Algérie, protectrice de cette organisation, tentera de s’en débarrasser de peur de s’attirer les foudres de l’Amérique et du monde occidental.

L’ancien ambassadeur américain à Rabat David Fischer devant la carte intégrale du Maroc en 2020

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