Idir s’en est allé

Idir, de son vrai nom Cheriet Hamid est décédé hier, le 02 mai 2020, à 21H30. Un immense ambassadeur de la chanson kabyle, le premier à l’internationaliser, a ainsi quitté la scène de la vie après s’être retiré à pas mesurés de la scène artistique.

Idir a été l’un des acteurs d’une génération qui a su éveiller les consciences et, comme tant d’acteurs à ses côtés, il est devenu un voleur de feu. Du feu sacré. Celui qui réchauffe les cœurs et illumine les sentiers escarpés des montagnes.

Il a compris que l’amélioration artistique avec valorisation du patrimoine ancien, cette combinaison gagnante, est une manière de rendre fiers les Amazighs, principalement kabyles à cette époque.

L’un des objectifs est de réconcilier les Algériens avec leur culture ancestrale et, par-delà la beauté musicale, c’est faire s’interroger les Algériens puis l’ensemble des nord africains sur leur racine, leur identité. C’est le début d’un long périple d’engagement qui, dans des circonstances extrêmement difficile et un environnement politique et étatique très hostile, il a contribué à sortir des sentiers battus. Il faisait partie de quelques-uns parmi ses pairs, aussi courageux et déterminés, que Kateb Yacine avait appelé en ce temps : les maquisards de la chanson.

Cantonné à une région, la chanson kabyle est passée d’un coup de maître à l’universel. Vava Inouva, conte de Benmohamed, a matérialisé ce passage triomphal. Un ami m’a rapporté qu’étant en voyage d’agrément aux Usa l’année 1978, il était étonné et fier à la fois que dans un restaurant de San Fransisco, alors qu’il dinait avec ses condisciples de l’Ena, voilà que Vava Inouva en mode musical envahit l’espace. Demandant au maître d’hôtel de quel pays est originaire cette chanson, celui-ci répondit sûr de lui : Grèce.

L’apport multiple d’Idir, sans doute fondateur, est d’être exigeant dans son œuvre. Il a ouvert la voie de l’excellence. Parcimonieux en termes de production mais tout ce qu’il a fait est frappé du sceau de cette excellence si indispensable à la reconnaissance et à la consécration. Chose indispensable pour être écouté dans le but d’être entendu.

Idir a quitté son pays à la fin des années soixante-dix pour s’installer en France.

L’exil le marquera malgré la présence d’une forte communauté nationale et même maghrébine car Idir est une vedette et une icône chez les Amazighs du Maroc. Et, ses nombreuses participations aux festivals de la chanson, notamment de Timitar d’Agadir, lui ont permis de tisser des liens forts. Il a même arrangé une chanson avec le style amazigh marocain.

Cependant l’exil est marquant. Idir le vit sans doute en son for intérieur comme une part de lui-même qui est mutilée. Idir est revenu, s’est produit à Alger, malgré les critiques, mais vérifiant qu’il est toujours populaire. Fin d’une époque?.

C’est sans doute un adieu à son pays, à ses fans qui, maintenant grâce à lui et à d’autres, ont relevé la tête. Ce retour au pays était-il un signe prémonitoire ? La mort invisible rôde et frappe par surprise.

Un monument s’en va. Il emportera avec lui sa gloire sanctifiée pour son goût de l’innovation et d’avoir mis la chanson kabyle sur un haut réceptacle.

Adieu l’artiste. Merci de nous avoir fait rêver. Ton œuvre est éternelle.

Par: Mira Tarik

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