Le mythe de la «mort» au versant du Haut-Atlas central (Sud-est marocain)

L’une des vieilles femmes qui nous a quittés il y a quelques années à l’âge de cent ans m’avait raconté un mythe extraordinaire qui s’inscrit dans la mythologie amazighe. Il s’agit d’un mythe qui provient d’un passé lointain.

Le mythe qui traite de l’apparition de la mort s’est déroulé, selon cette vieille, dans un village de montagne où régnait la paix.

On racontait qu’il y avait un homme courageux habitué de la chasse. Il pratiquait souvent cette œuvre pour faire vivre sa famille. Chaque soir, il revint à la maison et demanda à sa femme de préparer le diner parfois avec des lièvres, parfois avec des perdrix ou avec de la viande de gazelle,…etc

Un jour, ayant guetté les gibiers, il attrapa la mort qu’il mit dans sa sacoche. La nuit tombait, il revint chez lui. Là, il demanda à sa femme de faire attention à cette capture rarissime tout en l’avertissant de ne jamais jeter un coup d’œil sur le contenu ou d’ouvrir la carnassière. La femme accepta les conseils et alla cacher la sacoche dans un endroit sûr.

Un jour, pendant que le mari se trouvait loin de la maison comme d’habitude, la femme voulait explorer par curiosité ce que renfermait la gibecière. Ce soir-là, elle attendait le retour de son époux. Elle se morfondait à attendre puis elle décida d’ouvrir la sacoche afin de découvrir ce mystérieux butin. La femme s’étonna, elle cria à haute voix. Le chasseur venait juste de rentrer; il croisa la mort qui tentait de s’enfuir; il cherchait à la rattraper en vain. En lançant sa main en direction de sa tête il l’aveugla avec ses doigts qu’il lui enfonça dans un œil.

Depuis ce jour-là, les Amazighs croyaient fortement que la mort est borne. En effet, elle n’a qu’un seul œil. On dit désormais qu’elle ne tue pas beaucoup de villageois chaque jour parce qu’elle ne reconnaît pas les Hommes comme il faut.

Raconté en amazigh par feue grand-mère Aicha Moha Ouyoussef Ounbark.

Collecté, transcrit et traduit en français par Aissa Jabbour. le 18-08-2017 à Boumalne Dadès (Tinghir).

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Un Commentaire

  1. Très beau récit de notre mythologie sauf que la femme y est présentée comme la source du mal comme Pandore des Grecs et Eve des religions abrahamique

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