Maroc-France : une amitié séculaire et un amour infini et sincère

DR. MOHAMED CHTATOU: Anthropologue et linguiste

Le Maroc et la France c’est des siècles de contacts, d’échanges, de complicité mais aussi de frictions, de coups de gueule et de mésentente. Le Maroc et la France, dans leur long parcours sinueux, se sont fait la guerre avec passion, mais ils ont aussi fait des guerres ensembles en toute camaraderie, pour défendre les causes de la liberté et des centaines de Marocains sont morts pour que la France vive libre, digne et démocratique, hier, et des milliers œuvrent quotidiennement aujourd’hui, avec amour et abnégation pour le bonheur de leur patrie la France qu’ils portent en eux amoureusement et intégralement.

Amitié séculaire

A travers la longue histoire des relations maroco-française des hommes comme le consul Chénier[1] ont laissé une empreinte indéniable dans l’imaginaire populaire. Dans un essai intitulé : Rabat, rue des Consuls, Jean-Claude Bonnet[2] découvre la pérennité de cet homme :

« La première visite proposée au coopérant français, à son arrivée à Rabat, est généralement pour la rue des consuls située dans la plus ancienne partie de la ville et donnant sur la kasbah des Oudaïas qui surplombe l’embouchure du Bou Regreg en face de Salé. Après quelques pas dans ce qui fut une ancienne enclave consulaire et demeura jusqu’en 1912 le lieu de résidence obligé des représentants des puissances étrangères, le visiteur ne peut que sursauter à l’annonce immanquable et intempestive de tel ou tel jeune cicerone improvisé : « M’sieur, M’sieur, ça c’est la maison de M’sieur Chénier ». Il découvre alors une ruelle en pente, lai et bleutée, qu’une plaque désigne comme l’« impasse du consulat de France » et qui vient buter, au-delà de deux arcs andalous, sur la porte noire d’une maison où résida effectivement Louis Chénier, le père du poète, de 1768 à 1782. Cet hommage lointain à un fils fameux qui n’a pas eu de tombe, ne devrait pas surprendre le voyageur occidental habitué depuis longtemps à ce qu’on lui fasse voir les demeures auxquelles est attaché le souvenir des grands hommes et plus particulièrement celui des écrivains. »

Il est quelque peu choqué par l’influence culturelle qu’un tel homme politique[3] à laissé, pour la prospérité, sur le Marocain moyen : une marque d’amour et de confiance qui verge presque sur une forme d’adoration aveugle :

« Mais la stupéfaction du promeneur de Rabat tient à la force de conviction avec laquelle le jeune guide marocain évoque la « maison de M’sieur Chénier » comme si celui-ci n’était parti que d’hier ou même comme s’il était encore là et allait surgir inopinément. Cette assertion est, en effet, d’autant plus stridente et péremptoire qu’elle est dénuée de toute notion historique des choses. Elle est de l’ordre de ce présent perpétuel qui confère aux toiles d’Hubert Robert une profonde poésie de l’immémoré et aux petits personnages qui les animent une familiarité inconsciente avec les ruines : le pâtre ignore, à l’évidence, qu’il mène boire son troupeau dans des auges romaines et la lavandière ne sait rien de l’inscription au revers de la dalle sur laquelle elle bat son linge. »

Depuis l’indépendance du Maroc et la fin du protectorat français en 1956, le peuple marocain n’a pas eu de rancœur ni de haine à l’encontre de l’hexagone, au contraire il a beaucoup d’estime pour ce pays. Bon gré, mal gré on entend toujours le Marocain moyen se lamenter : « Ah au temps de la France il y avait l’égalité, l’équité et la justice… » il faut pas voir dans ses lamentations des critiques acerbes du système politique actuel mais plutôt un brin de nostalgie et d’affection pour le bon vieux temps des Français au Maroc.

Depuis la fin du Protectorat, le Maroc et la France forment un couple et comme tous les couples ils ont eu depuis des hauts et des bas, des passes d’humeurs, des brimades, des conflits, des moments difficiles mais aussi beaucoup de bonheur, de joie, d’amitié, d’amour, de respect et de coopération. Les Marocains ne considèrent pas les Français comme des étrangers mais plutôt comme des membres de la famille: ahl dar. C’est indéniablement un grand signe d’estime et d’amour.

J’ai toujours étais témoin de la conversation  suivante, quelque peu banale :

Marocain : Vous êtes d’où ?

Français : De la France

Marocain : Ah, vous vous n’êtes pas étranger vous faites partie de la maison et  du décor haha…

Français : Ah c’est vrai. Je suis honoré et au faite je me sens chez moi, à vrai dire.

Maroc, pays francophone par excellence

Au Maroc la langue française est plus qu’une langue de communication et d’échange, c’est un mode de vie et de pensée, un outil de travail qui fait partie de l’identité composite d’un Maroc multiculturel.[4]

En effet la constitution de 2011, dans le préambule atteste le pluralisme culturel marocain en des termes très clairs dans laquelle l’identité méditerranéenne est mentionnée sans ambages :[5]

« État musulman souverain, attaché à son unité nationale et à son intégrité territoriale, le Royaume du Maroc entend préserver, dans sa plénitude et sa diversité, son identité nationale une et indivisible. Son unité, forgée par la convergence de ses composantes arabo-islamique, amazighe et saharo-hassanie, s’est nourrie et enrichie de ses affluents africain, andalou, hébraïque et méditerranéen. »

Dans les années 1970, un ministre de l’Education du Parti de l’Istiqlal (conservateur et nationaliste), au temps du feu Hassan II, a procédé, dans l’esprit du panarabisme à la mode, dans le temps, à l’arabisation de l’enseignement. Cet arabisation  à outrance a formé des Marocains monolingues, qui au vu de leur idiome, se sont tous orienté vers l’Orient arabe pour l’identité culturelle et dont beaucoup se sont convertis à l’islamisme pur et dur qui les a mené en Afghanistan, Irak et Syrie.

Pour Hassan II, un amoureux de la langue et de la culture française, un individu qui parle une seule langue est un individu qui est illettré. Pour lui le pluralisme linguistique est signe d’ouverture sur le monde et d’acceptation de l’autre dans sa différence. En réalité Hassan II était un globaliste avant la globalisation. Certes, il était un homme attaché à l’Islam et à la culture arabe mais il était aussi ouvert sur les autres cultures et un grand amoureux de la culture française.

40 ans plus tard, les décideurs politiques du Maroc ont reconnu que l’arabisation à outrance de l’enseignement des années 70 du siècle dernier à conduit à sa faillite et à la montée de l’extrémisme religieux[6] et ont entamé ainsi la francisation progressive du système éducatif.

A ce sujet Omar Brouksy (Contributeur, Le Monde Afrique, Rabat) écrit que le royaume a décidé, sans publicité aucune, de « franciser » notamment l’enseignement des mathématiques, des sciences naturelles et des sciences physiques :[7]

« Le 1er décembre 2015, le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, apprend que le ministre de l’éducation nationale, Rachid Belmokhtar, un proche du palais, avait présenté au cabinet royal un important programme visant à « franciser » l’enseignement des mathématiques, des sciences naturelles et des sciences physiques. Ce projet, qui prévoit aussi l’enseignement du français dès la première année du primaire au lieu de la troisième actuellement, a été préparé en catimini et présenté par le ministre au roi sans que Benkirane en soit informé. »

Lycée Lyautey à Casablanca

La langue française a une grande place dans le Maroc multiculturel ouvert sur le monde. Dans l’enseignement privé, on retrouve le Français en grande place dans les cursus scolaires mais il y aussi l’Arabe et l’Anglais.

Toutefois, bien que l’Anglais est en train de prendre beaucoup de place dans le Maroc du troisième millénaire, n’empêche que le Français reste une grande langue de référence. En effet, le Français a pris une grande place dans le langage quotidien. Dans leurs échanges quotidiens, les Marocains ont tendance à utiliser allègrement un mélange d’Arabe et de Français[8] qu’on appelle communément : 3aransiya  العرنسية,  un peut comme le Franglais :

  • Bonjour ! ça va achnou katdir aujourd’hui « bonjour ! ça va. Qu’est ce que tu fais aujourd’hui
  • Ana mkonekté f l’internet m3a s7abi kanchatiw «  je suis connecté sur internet avec mes amis, on chatte »
  • Krazatu tomobile ou dawh f lambulans lsbitar « il s’est fais écrasé par une automobile et on l’a emmené en ambulance à l’hôpital »

Ce qui rend fou le plus, les défenseurs de la langue arabe et les Islamistes pour qui cette langue et l’idiome du paradis est le fait que les agences de communication utilisent la 3aransiya العرنسية dans leurs publicités et il y a toujours un débat, linguistiquement violent, sur ce sujet dans la presse et à la télévision et la radio.

Pour la majorité des Marocains, le Français fait partie de chacun d’eux, la preuve en est que le nombre d’emprunts français dans la darija est très élevé et cela n’est pas le fait d’un colonialisme linguistique mais plutôt l’expression de l’ouverture sur les autres cultures.

La complicité maroco-française est irréprochable

Entre Rabat et Paris il y a un axe, une entente sur tous les sujets, une coopération économique exemplaire et une alliance militaire sans équivoque. La preuve en est que la première visite de travail du Président Macron, fraichement élu président, était indéniablement  pour le Maroc pour faire connaissance et ouvrir un nouveau chapitre de cette alliance agissante.

La coopération économique entre les deux pays est au beau fixe, des centaines de sociétés françaises opèrent au Maroc profitablement pour les deux pays : Renault, Peugeot, Alstom, Avera etc. Ces sociétés créent de la richesse et beaucoup d’emplois mais aussi et surtout un transfert d’expertise, de connaissances et de technologie. En 2018, le Maroc mettra sur rail le premier TGV africain de Tanger à Marrakech conçu entièrement par la France.

Si la France s’affaire à mettre en service le TGV marocain, le Maroc emmène avec lui la France en locomotive dans son Safari économique Africain sous la forme des sociétés françaises implantées au Maroc pour entreprendre une coopération sud-sud qui profite à tout le monde.

Sur le plan militaire et logistique, le Maroc a accompagné la France au Mali par un hôpital militaire, pour administrer des soins gratuitement aux civils de ce pays déstabilisé par une insurrection islamiste au nord Touareg.

Le Maroc est présent aussi en mode « casques bleus » en Centre Afrique et en Côte d’Ivoire. En Côte d’Ivoire, il est en train d’aider la France à mettre le pays en marche sur le plan économique et sécuritaire. D’ailleurs le Roi Mohammed VI a fait plusieurs déplacements vers ce pays ces cinq dernières années pour mettre en chantier des projets économiques bénéfiques pour la Côte d’Ivoire et la France n’est jamais loin dans les réalisations marocaines.

Le couple Maroco-Français manie à merveille sentiments, amitié, respect, intérêts et politique. Au sujet du Sahara marocain, la France a montré son vrai amour et sa vraie passion pour le Maroc, depuis belle lurette, en soutenant, sans équivoque, le projet d’autonomie au risque d’aliéner l’Algérie.

Le colonialisme français

La Conférence de Berlin de 1884 donna le coup d’envoi de la partition et de la colonisation de l’Afrique : Scramble for Africa (1884-1885)[9]. Le Maroc du temps : Empire Chérifien modéré et en bonne intimité avec les puissances européennes était hautement respecté et craint.

Sultan Moulay Abderrahmane (Eugène Delacroix (1845))

L’Algérie fut investie en 1830, la Tunisie en 1881 tandis que le Maroc fut épargné par respect à son standing et son long parcours d’empire, mais avec le jihad de l’Emir Abdelkader (1808-1883) contre la France coloniale et la création de son état islamique dans l’ouest algérien entre 1836 et 1839 et ses succès militaires entre 1830 et 1837, et son intronisation par les tribus de l’ouest « émir du jihad » et « commandeur des croyants » en 1832, le Maroc se retrouvait émotionnellement pris, malgré lui, dans cette guerre. Moulay Abderrahman (1778-1859)[10] , qui fut Sultan du Maroc entre 1822-1859,[11] sous la pression des oulémas et des tribus prêta main forte en hommes et armes à l’émir Abdelkader, au nom de a solidarité islamique agissante. La France irrité par cette intrusion marocaine inattendue commença à revoir sa politique vis-à-vis du Maroc et c’est ainsi qu’un conflit éclata et aboutit à la défaite des troupes marocaines à Isly le 14 août 1844 et par le traité de Tanger, le sultan reconnut la présence française en Algérie, et déclara le chef religieux algérien hors la loi.

Bataille de Tétouan (Toile de Salvador Dali (1982))

Entre 1859 et 1860 la guerre éclata entre le  Maroc et l’Espagne, les Espagnols encouragés par la défaite d’Oued Isly en 1844 et sachant que l’empire chérifien  était affaibli par cette bataille, avaient leurs yeux rivés sur le nord du Maroc. Ils prétendirent que la tribu Anjra insulta leurs soldats et demandèrent au Sultan Mohammed IV de les punir ce qu’il refusa catégoriquement. Pour soi-disant laver l’insulte, ils envoyèrent un corps expéditionnaire de 48 000 et 14 navires de guerre et ce fut la Bataille de Tétouan  en 1860 que le Maroc perdit, aussi, et fut contraint de payer des dommages de guerre de 20.000 douros (100 millions de francs or) en contrepartie de l’évacuation de Tétouan et de sa zone.

En 1898, pour préparer une éventuelle colonisation du nord dans le cas ou les Français vinrent à conquérir le Maroc, les Espagnols déversent un flot surprenant d’armes et munitions sur Le Rif pour quatre raisons essentielles :

  • Raviver les tensions intertribales pour créer un climat de dissidence as-siba ;
  • Aiguiser les conflits tribaux pour rendre impossible la formation de liff (confédérations de tribus) contre une éventuelle intervention espagnole ;
  • Affaiblir les tribus rifaines et les rendre incapables de défendre l’intégrité territoriale du Rif et du Maroc ;
  • Créer le désordre (conflits, vendettas, tueries, etc.) pour justifier une intervention future aux yeux de l’opinion publique.

De 1898 à 1921, le Rif était plongé dans le chaos total : conflits, tueries, vengeances, raids, etc., c’est l’ère de la rifublik/ripublik[12], le temps de dissidence totale mais aussi de conflits intertribaux et en 1912 après la signature du Traité du Protectorat à Fès avec la France, l’Espagne s’empara du nord et arriva à ses fins dans la région.

Ben Abdelkrim et la France

En 1921 Ben Abdelkrim unifia les tribus du Rif, mis fin a la rifublic et déclara le port des armes autre que pour le Jihad contre les Espagnols illégal. Il institua la République du Rif (1921-1926) et déclara la guerre sainte aux envahisseurs Espagnols.

En 1921, avec 3 000 hommes et grâce à la ruse, Abdelkrim parvient en deux jours à vaincre les troupes espagnoles. Pour l’Espagne, la bataille d’Anoual est un véritable désastre : Elle y perd près de 16 000 soldats, 150 canons, 25 000 fusils. De plus, 24 000 soldats espagnols sont blessés et 700 soldats sont faits prisonniers. La victoire d’Anoual a un retentissement dans le monde entier, d’un point de vue psychologique et politique, car elle montre qu’avec des effectifs réduits, un armement léger, et une importante mobilité il est possible de vaincre des armées classiques[13], c’est le début de la technique militaire de guérilla[14].

Auréolés par la victoire retentissante d’Anoual et celle de Dhar Aberrane, les tribus du Rif demandèrent a Ben Abdelkrim d’entrer en guerre contre la France, il refusa mais sous la pression de son oncle il ordonna à ses troupes de s’attaquer aux contreforts Français au sud. Alarmée, Paris décida d’entrer en guerre contre lui malgré, bon gré parce que Ben Abdelkrim jouissait de beaucoup d’estime parmi la gauche française pour ses exploits militaires, sa guerre de décolonisation et sa république moderne dans un environnement tribal et patriarcal.

À partir de 1925, Abdelkrim combat les forces françaises dirigées par Philippe Pétain à la tête de 200 000 hommes et une armée espagnole commandée personnellement par Miguel Primo de Rivera, soit au total de 450 000 soldats, commença des opérations contre la République du Rif. Le combat intense dura une année, mais par la suite alors que l’armée française se refusa d’utiliser l’arme chimique (l’ypérite)  l’armée espagnole s’en donna à cœur joie (gaz moutarde) effests dont la population en subit les conséquences toujours aujourd’hui. Ben Abdelkrim fut vaincu.[15]

A son entrée en guerre, la France sachant que si Ben Abdelkrim est pris par les Espagnols il sera passé par les armes et en signe d’estime qu’elle lui portait même s’il est ennemi, elle confia une mission secrète à un officier français et mis à sa disposition un commando pour planifier à arriver à Ben Abdelkrim avant les Espagnols, chose qui fut faite avec succès et dont Ben Abdelkrim a été reconnaissant jusqu’à la fin de sa vie.

En 1926, Ben AbdelKrim est exilé à la Réunion, où on l’installe d’abord jusqu’en 1929 au Château Morange, dans les hauteurs de Saint-Denis. En mai 1947, ayant finalement eu l’autorisation de s’installer dans le sud de la France, il embarque à bord d’un navire des Messageries Maritimes en provenance d’Afrique du Sud et à destination de Marseille avec 52 personnes de son entourage. Arrivé à Suez où le bateau fait escale, il réussit à s’échapper et passa la fin de sa vie en Égypte. En réalité, il semble que la France dans sa magnanimité  et son estime pour ce personnage hors pair avait arrangé secrètement son accueil en Egypte.

Louis Hubert Lyautey (1854-1934)

Le 30 mars 1912, la France imposait la signature du traité de protectorat au sultan Moulay Hafid, représentant le Maroc. L’événement a coïncidé avec l’arrivée du célèbre résident général Louis Hubert Lyautey, surnommé Sidi Lyautey. L’historien Daniel Rivet revient sur ce personnage dont le passage continue de fasciner les Marocains un siècle plus tard :[16]

« À l’époque du protectorat, Louis Hubert Lyautey est déjà l’objet d’une concurrence entre Français et Marocains. Les premiers célébrant le maréchal, l’homme de guerre, les autres se souvenant de celui envers qui les oulémas font dire des prières quand il tombe malade, en 1922, à Fès. Il a en fait été complètement absorbé dans l’imaginaire des élites marocaines, même parmi les nationalistes. Certainement à cause de son discours sur le Maroc : un vieux pays avec une histoire singulière, des élites intellectuelles, économiques et politiques, qu’il voulait préparer à prendre en main les leviers de l’économie et de l’État. Le résident général prône et pratique une politique d’association, tout en flattant le patriotisme confessionnel des Marocains de son temps ».

Pour beaucoup de Marocains Lyautey est Marocain avant d’être Français. En tant que premier Résident général de France au Maroc il s’attela à moderniser le Maroc dans sa tradition millénaire : un enjeu monumental et difficile mais dont il réussira la réalisation avec brio. Ainsi, il va sans le dire qu’il est l’architecte du Maroc moderne.

Lyautey,[17] était un amoureux de la tradition et un respectueux de la religion islamique. Il interdit l’accès aux mosquées aux non-Musulmans sur tout le territoire à l’exception d’une mosquée-musée à Meknès, dont l’accès est toujours possible d’ailleurs aujourd’hui.

En hommage à ce grand homme qui a porté tout le Maroc dans son cœur et que beaucoup croient, pour la petite histoire, qu’il était Musulman dans le secret, un portail de Rabat  d’informations touristiques, culturelles et historiques se fait appeler : « Rabat de Lyautey à Mohammed VI » en hommage à ces deux icônes du pays.[18] Pour ce site, la ville de Rabat, en dehors de la Médina, est une pure création de Lyautey. Elle fut choisie par les Français au début du Protectorat pour devenir capitale du royaume en punition pour Fès qui s’insurgea contre les Français en 1912 et Lyautey fut son architecte.

Par respect à son personnage, les Marocains l’appelaient Sidi Lyautey et quand il tombait malade, les oulémas priaient pour sa guérison. Il était presque un saint en vie.

Maroc-France : pour une alliance stratégique

Le nouveau président français Macron, fraichement élu, consacra sa première visite à l’étranger après l’Allemagne au Maroc, au risque de déclencher le courroux de certains pays. C’est tout un symbole : le couple maroco-français est réel et solide : une coopération à toute épreuve qui peut servir d’exemple à d’autres pays de la région.

Cette coopération bénéfique pour les deux pays se décline en plusieurs aspects :

  • Coopération politique et diplomatique ;
  • Coopération militaire ;
  • Coopération économique ;
  • Coopération scientifique et académique ;
  • Coopération professionnelle et sociale ; etc.
Nécropole mérinide de Chellah à Rabat

Toutefois, les choses sont ce quelles sont dans un monde hostile et dangereux : racisme, terrorisme, extrémisme religieux, immigration clandestine, banditisme international, trafics de tout genre, etc. le Maroc et la France doivent impérativement mettre la main dans la main pour faire face aux challenges, périls et dangers du troisième millénaire. Il faut une concordance de vues dans tous les domaines au haut niveau pour agir en toute urgence quand il le faut.

Conséquemment, le Maroc et la France sont obligés, aujourd’hui, de passer à la vitesse supérieure : une alliance stratégique qui répondra aux attentes des deux peuples et aux exigences du monde moderne et ce dans les plus brefs délais.

Une amitié responsable est une amitié qui sait se muer quand il le faut sans attendre et ce moment c’est aujourd’hui dans un monde sous multiples tensions.

Est-ce que le Maroc et la France vont relever ce défi maintenant, seul le temps le montrera et le prouvera ?

 

Notes :

[1]  Chénier, L. 1787. Recherches historiques sur les Maures et Histoire de l’Empire de Maroc. Paris.

[2]  Bonnet, J-C. 2002. Rabat, rue des consuls in François Moureau, Madeleine Bertaud, Catriona Seth (dir.), L’éveil des Muses. Rennes : Presses Universitaires de Rennes

[3] Brahimi, D. 1982. « Louis de Chénier, homme des Lumières », Cahiers Roucher-André Chénier, n° 2, 1982

[4]  http://www.ircam.ma/sites/default/files/doc/revueasing/mohamed_chtatou_asinag2fr.pdf

[5] http://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/—ed_protect/—protrav/—ilo_aids/documents/legaldocument/wcms_127076.pdf

[6]  http://ggrandguillaume.fr/photo/Qu%E9bec2004.doc

[7]  http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/02/19/maroc-le-roi-mohamed-vi-enterre-trente-ans-d-arabisation-pour-retourner-au-francais_4868524_3212.html

[8] http://article19.ma/accueil/archives/54694

[9]  Deville, V. 1898. Partage de l’Afrique :Exploration,Colonisation, Etat politique. Paris : Librairie Africaine et Coloniale.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k104472p/f1.image

[10] Moulay Abderrahmane », dans Bernard Lugan, Histoire du Maroc : Des origines à nos jours, Ellipses, 2011 – éd. rev. et augm. (1re éd. 2000), 403 p.(ISBN 9782729863524 et 2729863524, OCLC 717543501), p. 201-210

[11] « Moulay ‘Abd er-Rahman », dans Charles-André Julien, Histoire de l’Afrique du Nord : Des origines à 1830, Payot & Rivages, coll. « Grande Bibliothèque Payot », 2001 (réimpr. 1969 et 1994) (1re éd. 1931, rev. et augm. en 1951), 866 p. (ISBN 2228887897 et 9782228887892, OCLC 32160417), p. 619, 620-621 et 679

[12] Hart, David M. 1976  The Aith Waryaghar of the Moroccan Rif: An Ethnography and History. (Viking Fund Publications in Anthropology No. 55). Tucson: University of Arizona Press, for Wenner-Gren Foundation for Anthropological Research.

[13]  Dumas, P. 1927  Abd-el-krim, Éditions du bon plaisir, 1927, Toulouse

[14] Charqi, M. 2003. My. Mohamed Abdelkrim El Khattabi, L’Emir Guerillero Sale, Morocco : Imp Beni Snassen. ISBN 13: 9789981957725

[15]  http://www.laviedesidees.fr/Une-guerre-coloniale-oubliee-le.html

[16]  http://www.jeuneafrique.com/142129/archives-thematique/maroc-sidi-lyautey-un-si-cle-apr-s/

[17]  « Le seul penseur de l’armée française avec de Gaulle »

Au moment où la France impose le protectorat, le Maroc est au bord du chaos. Le sultan, sa dynastie et Fès sont menacés. Entre alors en scène Louis Hubert Lyautey. Ce général de corps d’armée de 58 ans affiche un parcours militaire impeccable : Indochine, Madagascar (aux côtés de Gallieni), puis l’Algérie, où il commande la division d’Oran dès 1908. L’homme acquiert vite une conviction sur l’Empire chérifien : il faut encercler le pays et assurer la conquête par la tactique dite de « la tache d’huile ». Le Maroc est un terrain d’expérimentation pour celui qui en sera le résident général jusqu’en 1925. Lyautey choisit lui-même un nouveau sultan pour mieux le façonner (« Je crois que Moulay Youssef est ma plus belle réussite », dit-il à son ami Albert de Mun) et entend préserver l’apparence d’un pouvoir monarchique. Cet esthète embaume le Makhzen, tout en s’appuyant sur les chefs tribaux qu’il érige en « seigneurs de l’Atlas ». Pourtant, l’Histoire retiendra l’image d’un « intellectuel en uniforme » que l’historien Daniel Rivet qualifie de « seul penseur de l’armée française du XXe siècle avec de Gaulle ». Un homme qui étonne encore par des sentences aujourd’hui anachroniques mais à l’époque quasiment révolutionnaires : « Les Africains ne sont pas inférieurs, ils sont autres. » Peu importe que, selon Jacques Berque, son oeuvre pacificatrice soit d’abord la fiction d’« un système colonial de bonne conscience », Lyautey reste un mythe

Youssef Aït Akdim in http://www.jeuneafrique.com/142129/archives-thematique/maroc-sidi-lyautey-un-si-cle-apr-s/

[18] http://www.rabat-maroc.net/

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