Plus de 150 participants et participantes ont bénéficié de la formation dans le domaine des droits de l’homme au Forum National des Amazighe du Maroc

Ateliers, entrainements et appels à consolider les rangs du mouvement amazighe

Plus de 150 participants et participantes ont bénéficié des altiers de formation et de sessions d’entrainement sur les mécanismes de plaidoirie sur les droits de l’homme, organisés par le journal « Le Monde Amazighe » en collaboration avec « L’Association de la femme pour le développement et les affaires sociales » et « Le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie au Maroc », en partenariat avec la fondation allemande « Friedrich Naumann » pour la liberté, à l’hôtel Annakhil de Nador.

Les participantes et les participants ont bénéficié d’une série de sessions de formation dans le cadre des activités du premier Forum National des Amazighes du Maroc, organisé sous le thème « Encadrement des jeunes et formation des femmes aux mécanismes de plaidoirie relative aux droits de l’Homme ». Activité qui s’est déroulé durant trois jours, du 09 au 11 décembre 2016.

Ouverture :

Après la réception des participants et participantes, le soir du vendredi 09 décembre 2016, l’ouverture des travaux du Premier Forum National des Amazighes du Maroc, a eu lieu le samedi matin 10 décembre, à l’occasion de la Journée Mondiale des Droits de l’Homme, par l’allocution de la directrice du journal « Le Monde Amazighe », Mme. Ibnou-Cheikh Amina, la représentante de « L’Association de la Femme pour le Développement et les Affaires Sociales » et ainsi que le représentant de  « L’Assemblée Mondiale Amazighe » du Grand Atlas, M. Mohamed Boussaidi.

Amina Ibnou Cheikh, directrice du journal « Le Monde Amazighe », a évoqué, en recevant les participants et les participantes, l’importance  du moment où est organisé le Premier Forum des Amazighes du Maroc et qui nécessite le renforcement des rangs du mouvement amazigh et la consolidation de son existence et de sa position.

La directrice du journal « Le Monde Amazighe » a insisté sur la nécessité de ce qu’elle appelle « le cadre militant » caractérisé par l’émotion, vers un combat de plaidoirie à résultats institutionnels, dans le cadre de l’action démocratique, en se basant sur ses mécanismes et ses styles. Ceci, à partir des textes juridiques de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, ainsi que tous les documents s’y référent.  Du fait qu’ils sont une référence et une plate-forme pour la formation et au renforcement des capacités en matière des droits de l’homme, qui constituent une garantie pour la coexistence et le respect de l’Autre et de la personnalité, d’autant plus qu’elle oblige les institutions à respecter ces droits.

Amina Ibnou Cheikh, dans son allocution lors de l’ouverture des travaux du Forum, a insisté sur le fait que l’objectif du Forum est l’acquisition des mécanismes de plaidoirie sur les droits de l’homme. Ces dernières doivent être acquises, dans un contexte nouveau et une nouvelle constitution qui fait de l’amazighe une langue officielle, en dépit des lacunes inhérents à ses articles.

Quant à Mme. Allali Soumia, de l’Association de la femme lutte contre la discrimination, dans son allocution, elle a évoqué les objectifs de son association et les domaines de son action. Elle a insisté que l’Association de la Femme pour le Développent et les Affaires Sociales s’intéresse aux causes de la femme et à la lutte contre les formes de discrimination qui la visent. Outre, elle soutient la femme.

De son côté, Mohamed Boussaidi, Président délégué de l’Assemblée Mondiale Amazighe au Grand Atlas, a affirmé  l’importance de la rencontre organisée dans le cadre du Premier Forum National des Amazighes du Maroc, en dépit des difficultés et des obstacles. Ceci confirme, ajoute Boussaidi, l’existence d’une volonté, au sein des composantes du mouvement amazighe, pour renforcer les rangs, comme c’est le cas pour l’Assemblé Mondiale Amazighe, en tant que cadre œuvrant dans le domaine de la cause amazighe, pour défendre leurs droits individuels et collectifs, économiques et politiques, et plaider, à différents niveaux, nationalement et internationnalement. Dans son allocution, M. Boussaidi a évoqué, lors de la cérémonie d’ouverture du Forum, la campagne agressive et l’invasion flagrante, des investisseurs orientaux, des terres des habitants d’Ifrane, fait qui constitue une menace pour l’existence des Amazighes sur sa terre et pour son identité.

Atelier matinal sur la jeunesse et la plaidoirie civile :

La période matinale a connu l’ouverture du Forum des Amazighes du Maroc, le Samedi 10 décembre 2016, par un atelier de formation sur « La jeunesse et la plaidoirie civile pour la consécration du respect des droits de l’homme », encadrée par le professeur de l’Université Kadi Ayyad de Marrakech, Dr. Abdellah Elhaloui. Le professeur a sollicité la contribution des présents pour l’élaboration plate-forme contenant les droits culturels et leurs domaines ainsi que la démarche de la plaidoirie pour les défendre. Ce fut une occasion pour les participants de s’intéresser au domaine des droits culturels reconnus par les chartes internationales et de ce qu’offre la consécration de la culture de la diversité et de la différence, de l’égalité et de la justice sociale ; qui s’inscrit dans le cadre des droits linguistiques. M. Elhaloui a mis en lumière sur la définition du concept du droit culturel et les formes de mise en œuvre des acquis et leur protection, par la voie de la plaidoirie en faveur du composant amazighe, pour que ce dernier s’engage avec force, dans la dynamique militante et structurée dans le temps, sur la base d’une méthodologie encadrée par un lobby.

Dr. Abdellah Elhaloui considère que la formation d’un mouvement militant ayant des agendas méthodiques, encadrés par des lobbys, constitue un élément devant pousser les forces civiles, porteuses du combat amazighe, à réfléchir sur des formes nouvelles, qui impactent la décision politique, et exploitent le cumul dans le cadre militant mené par le mouvement amazighe. Outre, il a insisté sur la création d’un front fort basée sur deus appuis : intellectuelle et économique. Du fait que sans projet économique alternatif et efficient qui réponde aux ambitions et attentes de la société et qui renforce son projet politique et sa stratégie visant la satisfaction des droits amazighes et la distribution équitables des richesses, il n’est pas possible que les revendications amazighes soient satisfaites. Le professeur Abdellah Elhaloui a insisté sur le rôle important de la formation, de la qualification et du renforcement des capacités en matière des droits de l’homme et le combat pour la cause amazighe, suivant des mécanismes opérationnels, parallèlement à un projet économique alternatif et attirant.

L’atelier a connu un large débat et des contributions animées par les présents ainsi que des interventions sur les mécanismes en vigueur dans le cadre de la plaidoirie sur les droits de l’homme telle qu’elle figure dans la déclaration universelle des droits de l’homme .

Conférence nationale sous le thème : « Réalités des droits de l’homme après cinq ans de réformes constitutionnelles et les moyens de contribution des amazighes au changement positif au Maroc  » :

L’après midi, une conférence nationale a été organisée sous le thème : « Réalités des droits de l’homme après cinq ans de réformes constitutionnelles et de la reconnaissance de l’amazighe comme langue officielle au Maroc », encadrée par Maître Mounir Benlakhdar, avocat au Barreau de Rabat et M. Rachid Raha, Président de l’Assemblée Mondiale Amazighe et éditeur du journal « Le Monde Amazigh ». Les intervenants ont traité du contexte des réformes constitutionnelles au Maroc.

Rachid Raha, a insisté sur le fait que les négociations actuelles quant au traitement de l’Etat du dossier de la cause amazighe, sont pessimistes. Du fait que l’on continue à stigmatiser  et à douter des efforts du mouvement amazighe et à obstruer ses actions.

Raha a expliqué, dans son intervention,  que la cause amazighe a connu des reculs dangereux durant les dernières années, en dépit de tous les slogans, discours et décisions superficielles.  Il a aussi mis en garde quant à l’échec inhérent à la mise en œuvre du découpage régionale dans sa nouvelle forme ; découpage qui obéit à des considérations sécuritaires, suite au morcellement et à l’éparpillement des régions amazighes, à leur réduction au sein d’espacés régionaux dans le cadre d’un plan prémédité ayant pour but de cerner l’orientation positive du mouvement amazighe, selon son expression. Et dans ce même contexte, Rachid Raha a accusé les médias  écrits et les médias audiovisuels au Maroc, de pratiquer  ce qu’il appelé « l’apartheid »  et le « racisme » contre le mouvement amazighe et les Amazighs.

De son côté, Maître Mounir Benlakhdar, a évoqué le contexte historique  du système juridique depuis la période du Protectorat ainsi que la capacité des zones amazighes à gérer leurs affaires dans le cadre d’un système juridique  coutumier qui a permis l’organisations des transactions et les relations au sein des tribus amazighes, en échange de la tentative de l’Etat central , au temps du Protectorat, d’imposer son pouvoir au travers de lois, dont l’objectif est  d’avantage de domination  et de contrôle ainsi que le blocage de toute tentative qui s’inscrivait en dehors du pouvoir du Protectorat français et espagnole.

Maître Benlakhdar a aussi traité dans son intervention de l’évolution qu’a connu le processus de litige et de lutte entre l’Etat et le Makhzen et l’entêtement du pouvoir à s’aligner sur les dispositions du Dahir de 1935 qui a persisté jusqu’à l’année 1992, Dahir basé sur le répression et le, musèlement des libertés . Il a insisté sur le fait que, après un siècle, aucun système qui prenne en considération les droits de la population autochtone amazighe, n’a vu le jour. Benlakhdar a affirmé que l’Etat, en ce temps, n’a pas pris en considération le cumul positif des lois coutumières dans les zones amazighes  qui ont pu  proposer un modèle de vie et d’organisation basé sur des règles précises. Parallèlement à cela, les législations et les lois qu’a connues le Maroc  jusqu’à présent, obéissent à une logique sécuritaire, qui a exacerbé é la confrontation des Amazighes à l’Etat, et a renforcé un fossé profond dont les impacts se concrétisent par l’absence de propositions juridiques au sein des institutions concernées et auprès de l’acteur politique et partisane.

Maitre Benlakhdar,  pour traiter des réformes constitutionnelles, affirme que : « la société civile, composée des associations amazighes, offre des propositions opérationnelles, bien que la constitution de 2011 propose une approche participative en matière de législation ». Selon son expression.

Et pour enrichir le thème de la conférence, des interventions  et des questionnements des participants  ont souligné les inquiétudes de l’acteur amazighe quant au recul survenu dans le domaine législatif, et les faits concrets de discrimination et de blocage qui visent les initiatives de construction pour l’édification  entre le composant économique et l’acteur amazighe, en dehors de tout exclusivisme.

A la fin de la conférence nationale sur la situation des droits de l’homme, après cinq ans des réformes constitutionnelles et des moyens des Amazighes  de participer au changement positif au Maroc,  la parole fut donnée au représentant de la Fondation allemande Friedrich  Naumann pour la Liberté M. Olaf Kellerhoff. Dans son allocution, il a exprimé sa joie de se retrouver au sein des associations civiles et du journal « Le Monde Amazighe » organisateurs du Forum. M. Olaf  a affirmé la disposition de l’institution allemande pour soutenir toutes les idées  et propositions qui versent  dans le domaine du renforcement des droits démocratiques et des droits et des libertés individuelles, dans le cadre d’une approche  interactive opérationnelle pour des actions civiles garante d’une justice sociale et prometteuse de la paix social.

Atelier sur les capacités de la femme en matière d’équité et la lutte contre la discrimination

Le 11 décembre 2016, un atelier fut organisé sur le thème : « Renforcement des capacités de la femme dans le domaine de l’équité et la lutte contre la violence et  la discrimination » et qui a été animé par Mme. Souad Benkachouh, présidente du Réseau des associations de développement de la province d’Al-Hoceima. Plus de 150 participant et participantes ont bénéficié de cet atelier de formation sur les mécanismes et le renforcement des capacités de la femme dans le domaine de la lutte contre la violence et la discrimination ainsi que des moyens possibles de résistance au phénomène de violence contre les femmes et leurs moyens de se défendre et revendiquer leurs droits. Ont été également abordés les difficultés et les obstacles qui continuent à se dresser face à la satisfaction de leurs revendications en équité et en égalité.

Le professeur Souad Benkachouh a tenté pour que l’atelier « Renforcement de la femme dans le domaine de l’équité et de la lutte contre la violence et la discrimination » soit un atelier de dialogue interactif dont l’objectif est d’enrichir le débat, partager les connaissances sur le thème des droits de l’homme, dans le volet relatif aux droits de la femme et à sa situation, au sein de la société marocaine. Ont été aussi éclairées l’ensemble des pratiques qui portent atteinte à la dignité de la femme. Mme. Benkachouh a mis l’accent sur les formes de lutte contre la violence qui vise la femme et permettre à cette dernière de jouir de tous ses droits économiques, politiques et sociaux, le renforcement de l’égalité et de la discrimination positive. Ce qui garantit le droit à tous et permet aux femmes d’acquérir les mécanismes de plaidoirie et la protection et la défense de leurs revendications et acquis.

La session porte le nom du martyre du mépris « Mouhcine Fikri » :

Les participants et les participantes ont décidé, lors de l’ouverture du Forum, de donner le nom de « Mouhcine Fikri », martyre du mépris – broyé à Al-Hoceima –à la première session du Forum des Amazighes du Maroc. Ils ont également observé une minute de silence à la mémoire du défunt « poissonnier d’ Al-Hoceima». Fait qui coïncide avec le quarantième anniversaire de son broyage. A cette occasion, une délégation de « L’Assemblé Mondiale Amazighe » et du forum, a organisé une caravane de Nador vers Al-Hoceima pour participer à cette commémoration.

Le détenu politique Aadouch honore la femme amazighe :

Dans son allocution de clôture du  premierForum National des Amazighes du Maroc, l’ex- détenu politique de la cause amazighe, Hamid Aadouch, a souligné le rôle de la femme amazighe  quant à son combat pour la langue amazighe et son héritage culturel et humain.  Aadouch a affirmé que la femme amazighe, historiquement, a joué un rôle pour la protection de l’amazighe menacée de disparition. Elle a sacrifié ses enfants en tant que détenus, martyres ou kidnappés. Aadouch a adressé une allocution d’hommage et de respect aux efforts des composantes du mouvement amazighe dans le domaine de la vulgarisation des réussites des Amazighe, particulièrement en ce qui concerne la femme et la jeunesse.

Les participants… le Forum a eu un succès réel

Les participants et les participantes, à l’unanimité, ont affirmé que le Premier Forum national des Amazighes du Maroc a eu un succès réel pour sa première session de formation et d’entrainement sur les mécanismes de plaidoirie sur les droits de l’homme, organisée à Nador les 9, 10 et 11 décembre 2016.En outre, les participants et les participantes ont déclaré que ce forum a eu un grand succès du point de vue de l’organisation, de la qualité et de la quantité. Leurs impressions «  recueillies par le journal « Le Monde Amazighe » soulignent la nécessité de poursuivre ce genre d’initiatives.

Tous les intervenants sont unanimes, par rapport aux ateliers de formation et d’entrainement, a affirmer que l’Etat marocain n’a pas la volonté politique véritable quant à son attitude vis-à-vis de la cause amazighe. Tous sont unanimes a affirmer que l’Etat méprise l’amazighité et marginalise les Amazighes dans leur pays de manière délibérée, selon un des intervenant.

Ceux qui ont bénéficié des ateliers de formation qui ont porté sur la vulgarisation des chartes et pactes internationaux comme la Déclaration universelle des droits de l’homme, les deux Pactes internationaux relatifs aux droits politique, économique et social ainsi que les droits linguistique et culturel des peuple, tous ont souligné que l’Etat ne respecte pas les droits les plus élémentaires : droits linguistique, culturel, politique, économique et social ayant trait avec le peuple amazighe.

Par Montacer Ahouli «Itri»

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