Rapport MNLA sur les violations de droits de l’Homme/Mars 2016

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«Mise à niveau non exhaustive sur la situation des crimes et violations graves de droits humains en Azawad»

Brève Présentation :

Depuis Mars 2015 et après la signature de «l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali», l’actualité reste animée par des violences sporadiques qui n’ont pas été sans graves conséquences sur le respect des Droits Humains en Azawad. Ces violations de droits humains généralement commises à l’encontre de personnes civiles, sont l’œuvre de groupes armés pro-gouvernementale membres du processus de paix, par des unités des forces armées maliennes mais aussi par des groupes terroristes d’AQMI, d’Ançar-Dine et du MUJAO. Le mode opératoire de ces acteurs sont sans grande différence (exécutions sommaires, décapitations, pendaisons, brulures à mort, séquestrations…).

Au moins 170 personnes civiles dans les zones et localités comme Ménaka, Kidal, Tombouctou, Goundam, Tessalit, Ber, Aguel-Hoc, Zouera, Anefif, Talatayte, Gourma Rharous, Gao, Méma, Abeybara et d’autres ; seraient atteintes entre Mai 2015 et Mars 2016.

Les populations civiles dans ces régions, vivent sous la peur permanente d’actions répressives dirigées par les forces armées régulières maliennes et alliés milices, mais aussi par les groupes terroristes. Elles demeurent exposer à des violations à chaque fois ques les FAMa sont visées par des groupes terroristes ou que les forces françaises mènent des opérations anti-terroristes.

Pendant cette même période, Les groupes terroristes d’AQMI, d’Ançar Dine et du MUJAO ont effectué près de 7 attaques d’envergure contre des unités combattantes du Mouvement National de Libération l’Azawad (MNLA) et plus d’une trentaine d’assassinats ciblés contre des gradés, des cadres politiques et notabilités coutumières proches du Mouvement.

Dans la zone du Méma, près des régions de Ségou et Mopti jusqu’aux abords de la frontière avec la Mauritanie, des membres du FLM (Front du Libération du Macina), un groupe proche d’Ançar-Dine, commettent de graves violations à l’égard de personnes civiles généralement d’origine peuls. Avec un mode opératoire semblable à celui des autres groupes terroristes mentionnés ci-dessus, ce front sème une forte peur dans les villages et hameaux de nomades peuls et touaregs présent dans cette région. Des vagues de déplacements civils loin du champ d’activité de ce groupe, atteignent parfois le territoire mauritanien. Ces refugiés et déplacés ne faisant pas objet de sujets dans les medias locaux maliens, très décidés à cacher la réalité, tombent dans les oubliettes.

La majeure partie de ces violations graves de droits humains, bien que transmises et communiquées, apparaissent à peine dans certains rapports publics de la MINUSMA et de certaines organisations de droits de l’Homme présentent à Bamako et juste symboliquement dans les villes de Gao, Tombouctou et Kidal.

Enfin, il faut rappeler la situation de personnes encore détenues du fait du conflit. Ils sont plusieurs dizaines à ne pas avoir été relaxés mais aussi des arrestations arbitraires de civils se poursuivent dans certains lieux où circulent les forces régulières maliennes en Azawad.

Ces personnes détenues, essentiellement des « civiles » et non des « prisonniers de guerres » vivent dans des conditions inhumaines comme : la torture, l’entassement dans les cellules, les mauvaises conditions de santé et d’hygiène, l’absence de contact et de visites, l’absence de procédures judiciaires indépendantes auprès des juges, décès et disparitions durant la détention…

A part quelques libérations réalisées suite à des opérations d’échanges contre des soldats et miliciens maliens « prisonniers de guerres » détenus par la CMA, ces personnes détenues payent des « rançons » fixées par leurs bourreaux pour retrouver la liberté.

  • Tin-Hama et Zinzene : L’absence d’enquêtes pratiques et transparentes, réduit les espoirs de justice pour les victimes.

Les crimes d’agressions commis en mai 2015 à Tin-Hama, malgré leur gravité juridique au plan international et qu’ils aient étés constatés par une mission de l’EMOV (Equipe Mobile, d’Observation et de Vérification) à la quelle participe la MINUSMA ; jusqu’ici aucun rapport d’enquête permettant d’appréhender les responsables, n’a été réalisé. Cette affaire de Tin- Hama impliquant à suffisance des membres de milices pro-gouvernementales dont des militaires de l’armée régulière malienne détachés auprès du GATIA, exprime une passivité presque complice dans le retard et l’étouffement des faits.

Dans leurs derniers rapports, la MINUSMA ainsi que le Rapporteur Spécial pour les Nations Unies au Mali, ont exprimé la responsabilités des milices et des FAMa dans ces crimes, sans que cela ne permette l’appréhension des coupables. D’ailleurs, comme sous-entendus dans ces dits rapports, les autorités maliennes ferment les yeux sur ces atrocités.

Dans la région de Tombouctou en janvier 2016, après une embuscade tendue à l’armée malienne par des individus non identifiés, des renforts de l’armée malienne venus sur les lieux s’en sont pris à la population habitants le point d’eau de Zenzene, situé à 11 Km de la ville Goundam. Cinq (5) personnes clairement identifiées ont été arbitrairement arrêtées par la même mission militaire le long des petits campements voisinant le site. Deux (2) ont été sommairement assassinées et enterrées dans un endroit connu par des autochtones de Zenzene. Les trois autres ont subi  des tortures et une longue détention à Tombouctou malgré leurs profondes blessures. Parmi eux le jeune  Hamani Ag Mohamedoun, discrètement  hospitalisé aux frais de ses proches à l’hôpital de Kati, près de Bamako.

Jusqu’ici aucune enquête sérieuse et transparente n’a été dirigée pour situer les responsabilités et interpeller les coupables militaires. Durant ces violence dans le site, des biens (Tentes, Bijoux de femmes, argents…) ont été saccagés par les militaires. L’essentiel a été sauvé grâce à la fuite vers la caches-forêt situées aux abords du fleuve Niger.

  • L’assassinat d’un mineur à  Farach :

Une semaine après les violences de Zenzene, c’est dans la localité de Farach, située à 70 km de Tombouctou, une patrouille de l’armée malienne en mission dans le secteur a tirée sur des civils abreuvant leurs troupeaux au point d’eau de la localité. Un jeune mineur du nom de Mahmad Ag Mohamed a succombé aux tirs des FAMa. Un autre arrêté puis torturé ne fut plus tard relaxé à Tombouctou que sous pression de la CMA à Ber.

Dans le même village des tirs en désordre ont provoqué une panique générale et des déplacements massifs de familles vers l’extrême nord de la région. Une zone encore sous activités des groupes terroristes préparant les attaques contre les centres urbains.

  • Point non exhaustif sur de récents crimes terroristes contre des civils proches de la CMA et particulièrement du MNLA.

Généralement suite à des affrontements ayant opposés ces groupes terroristes à des forces combattantes du MNLA, ils se rabattent sur des civils qu’ils jugent proches ou coopérant avec le Mouvement. Très récemment, ces actes ont été fréquents dans la région de Menaka. Ci-dessous des victimes identifiés à traves leurs proches dans la région.

– A Tissalatane : Huit civils tous commerçants incendiés dans leur voiture par des éléments du MUJAO alors se rendant au marché hebdomadaire d’Infoukaretane en février 2016 :

  • Mohamed Ag Akotaye,
  • Aly Ag Mohamed ;
  • Mohamed Ag Tata ;
  • Ahmed Mohamed Ag Aytamo;
  • Ag Iyoule;
  • Aboutboute Ag

Dans la même localité en décembre 2015 Gazoul Ag Mohamed et Adaha Ag ont été tués par des éléments affiliés au MUJAO.

– A Azolagh : Sept civils à motos ont été exécutés par des membres du MUJAO à la frontière du Niger fin février 2016 :

  • Had Mohamed Ag Mohamdine ;
  • Annara Ag Wanzame ;
  • Aly Ag Ahmed ;
  • Mahamed Ag Sidaahmed ;
  • Attawra Ag Tagbot ;
  • Allillate Ag Assadoki ;
  • Issouf Ag ;

Sans une aucune présence pratique sur les lieux des faits, le chef du contingent nigérien de la MINUSMA basé dans la ville d’Ansongo, contacté par RFI (Radio France Internationale), avait à la fois osé nier les exécutions, mais aussi l’implication des groupes terroristes.

NB : Aucune mission d’enquête du dit contingent n’a été sur les lieux pour ni pouvoir démentir ce que tous les groupes armés (CMA, et Plate-forme) reconnaissent, encore moins pouvoir exclure une implication des groupes terroristes. Cette volonté d’étouffement de l’information par l’officier du dit contingent, vient confirmer l’indifférence constatée par les populations quant à la volonté réelle d’exiger des enquêtes et d’une justice équitable.

– A Inekar-ouest : Exécutions sommaires de Huit civils de ladite localité dont un grand imam de la région du nom d’Alghabasse Ag Assghayar, les autres sont :

  • Ahmadou Ag Mohamed ;
  • Mohamedou Ag Mahamed ;
  • Ahmed Alher Ag Izzatié ;
  • Bazou Ag Mounahi ;
  • Almahmoud Ag Ahmadou ;
  • Almahmoud Ag Abdoussalame ;
  • Ibrahime Ag

Comme dans les cas précédents la MINUSMA ne s’est pas rendue sur le lieu pour mener une enquête. Ensuite contactée à plusieurs reprises pour des explications, aucun avancement sur le dossier n’a été vu à ce jour accusant directement les auteurs des faits.

– Entre Talataye et Tiguerissen : Dix civils abattus en Août 2015 par des éléments de la Plateforme.

  • Ahmadou Ag Alghatek ;
  • Abdollahi Ag Ahmadou ;
  • Zakarya Ag Ahmadou ;
  • Sawala Ag Ahmadou ;
  • Alamy Ag Almouner ;
  • Abdou Ag Almouner ;
  • Ahmadou Ag Ahmed
  • Ahmoudou Ag Abdoussalam
  • Almahmoud Ag Abdoussalam
  • Adoum Ag Abdoussalam

– Indelamane : a été le lieu d’exécutions des civils à plusieurs reprises par des éléments affiliés à la plateforme et au MUJAO : en Avril 2015 Ahmed Ag Almaymoune tué par le MUJAO.

– Entre Indelamane et Tadaykarate en Janvier2016, deux (2) civils répondant aux noms de Adam Ag Alhaj et Hataka ag Mohaya furent exécutés par des éléments du MUJAO.

– Un autre cas près de Tinahamma : Entre le 1er et le deux mars 2016, cinq autres civils tous commerçants exécutés par des éléments appartenant à la plateforme:

  • Hamada Ag Ahmad
  • Ahmadou Ag Adam ;
  • Oumar Ag Aydousse ;
  • Aykani Ag Sidi ;
  • Amouna Ag Adam ;
  • Attentats, attaques et assassinats terroristes contre des militaires et civils membres, proches, militants du MNLA ou pro-Azawad:

Depuis le déclanchement de l’opération serval et l’arrivée des forces internationales de la MINUSMA, les populations proches de la MNLA et des mouvances pro-Azawad, n’ont cessé de subir des enlèvements, tortures et exécutions par des cellules terroristes.

En plus des membres des forces combattantes du MNLA, des dizaines des leaders communautaires, de cadres et des jeunes accusés à tord ou à raison de soutien au MNLA et aux  forces étrangères, ont fait l’objet d’assassinat à domicile ou après un enlèvement.

La région Kidal fait partie des plus touchées vue la présence massive des extrémistes et sa proximité avec la frontière algérienne.

Les zones d’Aguelhok, Abeibara, Talahandakh, Boghassa, Tinzawatene, Anefif, Tabankorte, Tarkint, Ersane Tessalit et Kidal, Tinzawaten, sont les plus marquées.

Les procédés sont entre autres : pauses de mines, tirs de roquettes, attaques de postes militaires du MNLA, embuscades, enlèvements ciblés, menaces visées, assassinats organisés…

Après Kidal, c’est la région de Ménaka, très souvent le théâtre d’affrontements entre des unités du MNLA et les terroristes du MUJAO, qui subit l’acharnement des islamistes sur les populations civiles proches.

Ensuite Dans la partie extrême nord de la région de Tombouctou, plusieurs personnes ont été enlevées, certaines abattues par les terroristes pour les mêmes raisons que dans les autres régions : Collaboration avec les forces internationales ou appartenance au MNLA.

Très récemment dans la dans la localité de Ber, Mohamed Ag Abdallah dit Kanounou, un officier du MNLA a été abattu à bout portant par des membres d’AQMI devant son bureau de police de la ville. Ce fut le cas du jeune bloggeur pro-Azawad, Abdoul Malick Ag Alkher dit Sahara Rebelle et deux (2) de ses amis, tous assassinés le 17 Décembre 2015 dans le centre ville de Tombouctou.

Notre commission droits de l’Homme a réalisée et poursuit un travail d’indentification de toutes victimes et de leurs proches d’ici que soient ouvertes de réelles investigations pour la justice. Des faits que malheureusement plusieurs organisations de défense de Droits de l’Homme mentionnent à peine dans leurs carnets sur les crimes terroristes contre des populations.

  • Quelques préoccupations actuelles et urgentes en matière du respect des Droits Humains et des structures de justice prévues dans l’accord signé:

En matière de respect de droits humains, l’urgence est l’adoption de mesures sécuritaires temporaires impliquant les différents acteurs membres du processus de paix. Une présence sécuritaire comme par la création de Patrouilles Mixtes prévues à travers le MOC (Mécanisme Opérationnel de Commandement), aiderait à restaurer un minimum de quiétude pour les plus vulnérables.

La sécurisation commune des entrées des centres urbains comme Gao, Tombouctou, Niafunké, Goundam, Ménaka, Léré, Douentza, Diré, Ansongo, Gossi, et Rharous ; celle des axes principaux mais aussi de certaines foires hebdomadaires en zones nomades ; sont d’une urgence capitale.

Il est aussi très important que l’enquête internationale prévue dans l’accord signé, démarre concrètement afin d’alimenter quelques espoirs de justice de plus en plus enlisés.

Quand nous savons qu’avant toute justice et dans le but d’apaiser la conscience des proches des victimes il est nécessaire de dire la vérité.

La collaboration de l’Etat malien dans les affaires de justice et de sécurité des populations est à ce stade non envisageable vue la situation poreuse du terrain. Les organes judiciaires de l’Etat malien sont gangrénés de corruption et sont sous contrôle total des personnes actuellement impliquées dans la gestion politique de l’Etat, mais aussi par des personnes plus ou moins proches du réseau du trafic illicite et affiliées aux groupes terroristes.

La libération totale des personnes civiles détenues à Bamako et dans les régions du fait du conflit, est aussi d’une nécessité indispensable au renforcement des mesures de confiance entre les parties au processus de paix mais surtout pour les familles.

Par ailleurs, il est important que les forces internationales luttant contre les groupes terroristes, assument leurs responsabilités dans la protection de leurs coopérants locaux mais aussi des populations civiles qu’elles exposent en passant temporairement sur leurs sites d’habitations.

La Missions des Nations Unies au Mali (MINUSMA), particulièrement ses services de communication et de droits de l’Homme, se doivent de relayer de manière équitable toutes les informations relatives aux actes terroristes contre des personnes dans le pays, quelques soient leurs camps politiques et zones d’habitation. Une roquette lancée contre la ville de Gao sans faire de victime n’est pas autant plus terroriste qu’un homme enlevé et décapité suivant un mode opératoire terroriste. Comme une embuscade contre des FAMa est autant terroriste qu’une attaque revendiquée par Ançar-Dine ou le MUJAO contre un poste militaire du MNLA.

  • La Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) : Un organe salutaire mais peu rassurant dans ses mécanismes et tutelles :

Sans être prévue dans l’accord signé, la CVJR est une initiative gouvernementale sous tutelle et financement du ministère malien de la réconciliation et ses partenaires directs.

La CMA a acceptée d’y participer à travers des représentants mais avec l’espoir de voir son mécanisme adapté à une politique de transparence et d’ouverture à plus d’acteurs désintéressés dans le conflit.

Ne disposant encore d’aucun démembrement local, la CVJR demeure centralisée à Bamako. Des mois après son installation, elle rode toujours autour de la documentation interne, de sa structuration et des activités symboliques dans la capitale.

Bien que l’expérience ailleurs fait de la justice transitionnelle un des axes à emprunter vers la réconciliation, nous restons convaincus qu’une révision de son mécanisme constitutif, de son champs de tutelle, de fonctionnement et de contrôle, aurait permis d’équilibrer l’espoir. Un espoir qui pour le moment n’est qu’émotionnellement provoqué par l’appellation de ce dit organe.

Conclusion :

Il assez clair que les crimes de guerre et les violations des droits humains devenus presque habituelles en Azawad, n’ont pas flétris.

Les taux et les natures criminelles des violations commises contre des personnes civiles à cause de leur appartenance ethnique, politique, idéologique ou même de leur neutralité, occupent de plus en plus l’actualité en l’Azawad.

Un rappel sur les violations et crimes commis au courant de l’année 2015 à 2016 parait nécessaire, vu qu’une grande partie des crimes commis au courant de ces années n’ont pas été mentionnés et les structures en charge de faire la lumière n’ont pas mené des enquêtes approfondies auprès des victimes.

« Les faits sont têtus et la paix durable dépend aussi de l’indépendance des acteurs sensés assurer la transparence dans la lumière sur ces faits ».

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