Tamazight, une langue risque de s’éteindre…

Par: Aissa Jabbour

Beaucoup de gens pensent que tamazight occupe récemment une place considérable et que la conscience identitaire commence à se développer.  Mais en réalité, ce n’est qu’un changement en apparence qui n’a pas encore touché le fond.

La généralisation de tamazight est une revendication majeure et la plus essentielle pour le mouvement Amazigh depuis sa naissance. L’introduction de tamazight dans le système éducatif est une arme plus efficace et unique pour rendre vie à cette belle langue qui est en train de s’effriter devant nos yeux. C’est la seule institution pour sauver cette langue des autochtones d’Afrique du Nord. Il est à noter que l’absence de la langue maternelle dans notre école vient de pousser le système éducatif vers l’impasse. Ceci même va jeter l’enfant dans un abîme fangeux où il deviendra aveugle devant sa langue maternelle.

En 2003, il y avait déjà une tentative de l’insérer à l’école primaire. Mais cette introduction n’a été pas généralisée, car les enfants qui ont bénéficié de cet enseignement en première année du primaire, s’ébahissent qu’en deuxième année cette langue n’existe plus. Ce refus de généralisation de tamazight nous explique que son enseignement n’est qu’une succession de bricolage qui n’aboutit à rien, et qui va produire et former dans un proche temps un élève arabophone d’origine amazigh. Nous citons à ce propos, le sociologue français Pierre Bourdieu, qui a bien affirmé que « L’école est un outil pour organiser et légitimer la domination sur les classes dominées. C’est à travers l’école on peut imposer un modèle culturel comme norme légitime ».

Dès le début, nous attendons avec patience que cette langue soit enseignée sérieusement de 1 ère année à 6 ème année, et elle soit généralisée à l’échelle nationale. Pourtant, la continuité de son enseignement au collège reste comme un spectre. Pour eux, ce n’est qu’une matière secondaire qui ne sert à rien. Cela s’explique par l’expression qui circule dans de la société « tamazight ne donnera de pain ». Dans le cadre idéologique, cette parole discriminatoire et raciste se répète beaucoup par les islamistes qui n’ont jamais privilégié tamazight hormis l’arabe. Ces derniers essayent toujours de stopper et juguler le développement de cette langue qui représente un élément commun à tous les marocains sans exception.

Jusqu’à présent, il n’existe aucun indice qui nous montre l’introduction progressive de tamazight dans l’enseignement. Sauf, une dénégation qui arrive ces dernières années, cela nous dit que tamazight tombe de Charybde en Scylla , et que la reconnaissance n’a pas produit qu’un effet de boomerang.

Pour finir, Si Auguste Molièras a bien prévu l’arabisation des djebela vers le milieu du XX ème siècle, nous de notre part, nous confirmons que l’arabisation de l’Atlas va arriver dans un proche temps. Ceci est dû, dans un pays qui met à l’écart toute une langue ancestrale qui représente la mémoire collective d’un peuple millénaire.

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Un Commentaire

  1. Il est temps d’agir d’emblée sur tous les plans aujourd’hui et non pas demain. Tamazight doit être enseignée pour tous les niveaux primaire, secondaire jusqu’au baccalauréat, comme une matière obligatoire. Il est sage d’utiliser le latin provisoirement pour les grands élèves et garder le Tifinagh pour le primaire. Il faut bannir les obstacles psychologiques causés par le Tifinagh aux grands élèves.
    L’IRCAM seul ne suffit pas et ne peut pas couvrir tout le pays. Il faut créer d’autres structures dans les autres villes.
    L’Amazigh doit avoir la même valeur que l’arabe dans l’administration.

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