Zahraoui Abdellah: Extrait de mon livre titré, LES INOUBLIABLES. Imprimerie El Maarif Al Jadida. Rabat, 2019.

Par: Abdelmalek Hamzaoui

Le nom de Zahraoui Abdellah est associé au nom de la diva Hadda Ouâakki, officiellement, depuis 1981, date de la séparation de l’illustre duo Benaceur Oukhouya et sa partisane.

Artistiquement parlant, l’évocation du nom de Hadda Ouâakki appelle le patronyme de Zahraoui Abdellah et vice versa. C’était lui qui a donné un nouvel élan à la diva, susmentionnée, en tant qu’artiste indépendante après qu’elle s’est libérée de sa subordination à son mentor.

C’était, également, grâce à son intelligence et à sa clairvoyance que notre star a connu une grande notoriété…Et l’histoire témoigne et témoignera qu’ensemble, ces deux artistes hors pair, ont su, involontairement, laisser leurs empreintes dans le registre officiel de la chanson amazighe et celle du chant arabe marocain populaire depuis 1981. Ils étaient complémentaires l’un pour l’autre durant une période qui s’est étalée sur presque quatre décennies : un âge d’or plein de création et de production…

M. Zahraoui Abdellah, doté d’une grande faculté mentale, nous a permis de creuser profondément dans sa mémoire. Une forte mémoire capable de se souvenir des moindres détails, des dates, des lieux, des noms et mêmes des différentes rémunérations que chaque membre des troupes, où il a exercé, percevait.

Sa simplicité, sa modestie et serviabilité l’ont érigé au rang de grand artiste relevant de la deuxième génération, lui et sa coéquipière.

Avec lui, à présent, nous allons découvrir son parcours artistique, une vie ‘’professionnelle’’ très mouvementée. Beaucoup d’événements ont marqué sa trajectoire de parolier, compositeur, tambourinaire, poète, chanteur et chef de sa troupe artistique. On peut le qualifier d’as, de génie ou mieux encore d’homme aux multiples talents.

Zahraoui Abdellah est le fils de Mohamed ben Mohamed et de Aicha bent Mohamed. Il naquit en 1950 dans le douar des Ait Sidi Hsaïne, cercle de Moulay Driss Zerhoun, et caïdat actuelle de Sidi Abdellah El Khiyat…Il n’avait jamais fréquenté l’école inexistante à l’époque dans sa petite localité, mais son père l’avait inscrit dans la seule école coranique de sa contrée durant son bas âge. Ayant jugé qu’il était devenu capable de garder le cheptel familiale, son papa l’avait chargé de la fonction de berger. Le jeune Abdellah, comme ses semblables, n’a pas perdu son temps, il s’était inspiré des pittoresques paysages qui faisaient partie de sa région où il conduisait son troupeau de moutons et de chèvres quotidiennement, pour apprendre à jouer de l’ⴰⵍⵍⵓⵏ et à chanter. Son contact direct avec la nature, depuis son enfance, l’avait aussi aidé à accéder au domaine de la poésie mais ceci n’est pas étrange pour un Ouhdiddou d’origine, comme lui…

Nous estimons que pour mieux détailler le parcours artistique de ce maître tambourinaire, il est préférable de le répartir, avec des exceptions, en plusieurs parties :

1- Avant 1971.

Disons de cette étape de sa vie artistique, d’après ses déclarations, que c’était au moment de sa maturité artistique qu’il avait parfaitement maîtrisé la manipulation du tambourin et achevé le raffinement de ses talents de poète. Une phase, donc,
d’amateurisme. Ses débuts officiels en sa qualité de tambourinaire remontent à 1969. où il participait à l’animation de plusieurs fêtes et mariages, d’abord dans son douar et dans les régions avoisinantes puis après dans les villes adjacentes telles, Meknès, Khémisset, Sebâayoune…etc. Pendant cette période, l’artiste en question, toujours d’après ses dires, ne métrisait pas bien l’arabe : ils’ était limité à la poésie et aux chansons amazighes…

2- De 1971 à 1981.

Devant sa volonté grandissante et sa détermination à améliorer son statut d’artiste et ses moyens financiers, il n’avait pas hésité un seul moment à répondre favorablement à la proposition que le violoniste Hamid Ou Sidi Hsaïne, lui avait faite pour l’accompagner à Casablanca, en quête de ‘’travail’’. Rappelons que ce dernier artiste était son ami d’enfance avec lequel il avait, jadis, gardé les moutons dans les pâturages. Ils avaient chanté ensemble, lui avec son bendir et son ami avec son violon traditionnel qu’il s’était fabriqué lui-même.

Nous saisissons cette opportunité pour signaler qu’un volet, à part, sera consacré à Hamid Ou Sidi Hsaïne, dans cet ouvrage.

A la fin des vacances de la fête du mouton (ⵜⴰⴼⴰⵙⴽⴰ) de 1971, Hamid Ou Sidi Hsaïne, s’était vu obligé de quitter son douar et retourner à Casablanca auprès de ses amis les artistes, Benaceur Oukhouya, Hadda Ouâakki et le flûtiste, Houssa Lâayachi, avec lesquels il travaillait comme violoniste dans une boite de nuit à Ain Diab,

Muni de son tambourin, Zahraoui Abdellah est arrivé à Casablanca en 1971 en compagnie de son ami d’enfance. Cette ville, qu’il n’avait jamais visité, avant, le fascina par sa mer, sa côte…et ses lumières. Il intégra, sur recommandation de son ami, la troupe que présidait Benaceur Oukhouya, sans aucune difficulté. Cette année fut son lancement officiel dans le champ artistique comme un artiste professionnel. Peu à peu, ses « coéquipiers » découvrirent ses talents de compositeur et de poète chevronné, ce qui lui a valu, constamment, les félicitations de son chef immédiat…

Zahraoui Abdellah, reconnait avoir participé à la composition de plusieurs des ces ‘’créations’’ telles, – Laalem ya laalem 3lach n tawlou fi lyam – Rgabt 3la 3in Zura u tchawech khatri ouch hal bkit (ce dernier chant fait partie de l’éventail des chants connus dans la ville de Taounant et ses régions sous l’appellation de la, 3ita Jabliya.

Parmi les maîtres de ces airs, nous ferons allusion aux célèbres artistes, Mohamed Laaroussi et Moulay Ahmed El Grefti)

3- De 1981 à la période allant de 2000 à 2004.

Avant d’entamer cette étape de la vie artistique collective du duo, Zahraoui et Hadda Ouaaki, il est à préciser, contrairement à ce que beaucoup de gens prétendent, que la réalité du début officiel de ces deux collaborateurs remonte à 1985 et depuis ils ne se sont jamais séparés, tandis que depuis 1981, les deux alliés se contentaient d’effectuer, ensemble, des enregistrements sur cassettes audio tout en travaillant, séparément et occasionnellement pour la diva dans d’autres troupes…Fin de la polémique d’après leurs propos.

Et comme nous l’avons signalé tout au début de cette modeste recherche traitant de l’artiste Zahraoui Abdellah, il est difficile voir impossible d’évoquer ce dernier sans parler de Hadda Ouâakki, son alliée. Nous jugeons fiable de dresser une liste de son (et / ou de leur) long et riche historique plein d’activités, de mouvements et de déplacements depuis 1981…

Que l’âme de notre grand artiste Amazighe repose en paix.

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