Des associations Amazighes Dénoncent les politiques anti-amazighs du gouvernement marocain

11 associations de la diaspora (de France, d’Espagne et de Belgique) ont envoyé, ce vendredi 2 mars 2018, une lettre au chef du gouvernement marocain et au ministre des MRE pour dénoncer la marginalisation que subissent d’une part les ressortissants marocains Amazighs de l’étranger et d’autre part les artistes Amazighs.

Voir ci-dessous le contenu de la lettre envoyée « en recommandé avec accusé de réception » au chef du gouvernement et au Ministre des MRE.

La copie de cette lettre a été envoyée également, le samedi 3 mars, aux chefs de 9 partis politiques au Maroc (PJD, RNI, PAM, USFP, MP, PSU, UC, PPS et PI).

La lettre:

A l’attention du chef du gouvernement Monsieur Saâdeddine El Othmani et de Monsieur Abdelkrim Benatiq le Ministre délégué aux Affaires étrangères chargé des MRE

En copie:
– Responsables des partis politiques
– Ambassadeurs/ Ambassadrices et consuls du Maroc

Messieurs,
Nous apprenons que votre ministère met en place plus de 180 représentations théâtrales destinées aux marocains résidents à l’étranger avec une absence manifeste d’artistes et de troupes d’expression amazighe. Cette décision est anticonstitutionnelle et discriminatoire. La culture et la langue amazighes sont reconnues comme fondements de l’identité marocaine depuis la constitution de 2011. Cet acquis est le fruit des mobilisations de la société civile et de ses composantes actives dont le mouvement amazigh.

Nous avions suivi avec intérêt l’action du nouveau gouvernement et nous attendions un changement de politique culturelle. Or, l’intégralité de votre action, ainsi que par le passé, semble persister dans une vision diminuée de la culture marocaine. Votre décision est porteuse d’une double injustice ; elle exclut les artistes amazighs du soutien de l’Etat et de la possibilité de se produire devant une partie de leur public. Elle prive d’autre part beaucoup de marocains du monde de s’accéder à leur culture.

Vous n’êtes pas sans savoir qu’une majorité de marocains résidents en Europe et ailleurs dans le monde, sont de culture et de langues amazighes. Ces dimensions y sont absentes dans l’enseignement des langues, dites d’origine, qui se limite à l’arabe. Il en va de même pour l’offre culturelle.

L’amazighe n’est pas qu’une langue, c’est aussi le véhicule de valeurs et de pratiques culturelles qui, durant des siècles, ont constitué un rempart contre les dérives fondamentalistes et conservatrices. Sa transmission à nos enfants est à même d’affermir leur appartenance, de les conforter dans leur identité et de les armer contre les discours intégristes.

En tant qu’amazighs marocains résidants en Europe, nous sommes en droit d’exiger de votre ministère ainsi que de l’ensemble du gouvernement le respect des droits constitutionnels des amazighs et de mettre fin à des politiques discriminatoires dignes d’une époque révolue.

Ainsi, nous vous appelons à :
– Rééquilibrer le programme théâtral en question ainsi que les autres initiatives de sorte à représenter la diversité des expressions culturelles du Maroc.
– Mettre en place un programme sérieux d’enseignement de la langue amazighe à destination des adultes et des enfants des marocains du monde en négociant des accords bilatéraux avec les pays concernés.
– Rompre avec les pratiques d’exclusion des composantes amazighes des marocains résidents à l’étranger dans l’ensemble des manifestations culturelles et associatives,

Associations signataires, le 27 février 2018:

– Amzrouy à Lille (France)
– Assemblée mondiale amazighe à Orléans (France)
– Corso-Berbère à Bastia (France)
– Franco-Amazighe à Mulhouse (France)
– Hiwar asbl à Bruxelles (Belgique)
– Tamaynut France à Clichy (France)
– Tazdayt à Bruxelles (Belgique)
– Thamazgha para la Cultura y el Desarrollo Social – Madrid (Espagne)
– TIDI à Drancy (France)
– Tifawin à Bruxelles (Belgique)
– Tiwizi59 à Lille (France)

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