OUZZIN AHERDAN NOUS QUITTE: Le fondateur de la revue AMAZIGH n’est plus

Par : Moha Moukhlis

Adieu ssi Ouzzin

Il est né au milieu du siècle passé, sous « la tente », au cœur de l’Assoun (campement de la tribu) des Aït Amer d’Oulmès, d’une famille de notables amazighes. Son grand père Muhend Ou Mhend était caïd. Son père et lui-même m’ont affirmé qu’ils seraient originaires de Talssint (Sud-Est). Leurs ancêtres se sont déplacés progressivement pour venir s’installer au Moyen Atlas : ils seront accueillis et intégré par la confédération des Aït Sgougou de Mrirt avec lesquels ils entretiennent des relations de solidarités. Plus tard, ils iront s’installer à Oulmès.

Ouzzin Aherdan s’engagea au côté de son défunt père, Mahjoubi Aherdan, pour la défense de la culture amazighe à partir des années 70. Il fonde la revue AMAZIGH qui eut pour ambition de vulgariser la culture amazighe et à laquelle ont participé, entre autre, les professeurs Mohammed Chafiq, Mohamed Chtatou, feu Abdelmalek Ousadden et feu Sedki Ali Azaykou. La publication par ce dernier, dans le premier numéro de la version arabe de la revue AMAZIGH d’un article sur les Amazighes lui a valu d’être incarcéré et condamné à deux ans de prison ferme. Le Directeur de la revue et Abdelmalek Oussaden seront arrêtés également.

La mouvance arabiste et panarabiste qui bénéficiaient à l’époque du soutien des régimes syrien, irakien, égyptien et libyen ont fait du combat contre les revendications amazighes en Afrique du nord un devoir « nationaliste ».

Ouzzin Aherdan, vivra en direct le « complot » fomenté par le Ministre de l’intérieur de l’époque, Driss Basri, contre le Mouvement populaire, avec la complicité de cadres issus de cette formation. Au début des années quatre-vingt-dix, il fonda la revue TIFINAGH et chapeautera la rédaction du journal TIDMI, puis AGRAW AMAZIGH. Il est fondateur du Congrès Mondial Amazighe et entretient des relations constantes avec les activistes du mouvement amazighe en Afrique du nord et dans la Diaspora : libyens, canariens, algériens, maliens, nigériens…C’est grâce à lui et à ses revues que la question touarègue fut vulgarisé au Maroc.

Ouzzin Aherdan est un militant amazighe qui a refusé toutes les compromissions. Il a préféré vivre en amazighe debout. Le combat pour l’amazighité a constitué sa raison d’être. Sa maison a servi de carrefour à tous les militants. Il a apporté son soutien indéfectible au détenus de l’Association Tilelli de Goulmima en 1994, aux détenus du groupe Hamid Ouadouch, aux activistes Kabyles, libyens et Touaregs. Il a constamment soutenu les majorités minorisées et les minorités culturelles et ethniques dans le monde : indiens d’Amérique, Kurdes, Corses, Catallans…

Il nous a quitté le 29/06/24 et est enterré aux côté de son père et sa mère, au sein de la maison paternelle à Oulmès. La consternation et la sympathie que sa mort a induites au niveau national et transnational, notamment sur les réseaux sociaux, constituent un témoignage édifiant sur un homme qui conjugua la grandeur et la modestie des valeurs ancestrales amazighes : bonté, générosité et fidélité.

Repose en paix ssi Ouzzin. Ton combat fut exemplaire et ton héritage conséquent. Mes sincères condoléances à sa femme Nezha Gharbaoui, ses filles Iswane et Mayssa, son frères Youssef et ses sœurs, la famille Aqqa Aherdan et tous les membres de la grande famille Aherdan.

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