L’Assemblée Mondiale Amazighe dénonce la continuation des politiques de ségrégation des états de «Tamazgha» à l’encontre des Amazighs

AMA_Ifran_Nov15Les Amazighes de Tamazgha (Afrique du Nord) et du monde ont célébré au mois d’avril passé le trente-sixième anniversaire du Printemps amazighe, dans un contexte caractérisé par la continuation  des politiques de ségrégation et de racisme contre ses constituants, ainsi que la poursuite des systèmes politiques d’apartheid anti-amazigh des Etats d’Afrique du Nord « Tamazgha »,  de la répression des Amazighes en les privant de leurs droits, comme ce qui suit :

En Algérie :

En dépit de l’officialisation de la langue amazighe, suite aux amendements constitutionnels algériennes annoncées fin décembre 2015, le pouvoir perpétue sa politique de ségrégation et de répression contre les Amazighs  et qui se manifeste comme suit :

  • La continuation de la répression du Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK) et la liquidation de ses militants, en plus du refus total de réponde à ses  revendications, en dépit de sa popularité au sein des Amazighs de la Kabylie. Et nous, au sein de l’Assemblée Mondiale Amazighe, nous dénonçons fermement la politique du système algérien et exprimons  notre solidarité et notre soutien total au Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie.
  • La continuation de l’arrestation de trente militants amazighs des droits humains dans la région du M’Zab, depuis six mois, sans qu’ils soient déférés par les autorités algérienne au tribunal ou procédés à leur relaxation. Et en dépit de la souffrance qu’un nombre d’entre eux endure en raison de maladies chroniques, ils ne reçoivent pas les soins nécessaires. Figure parmi eux le Docteur Kamal Eddine Fekhar qui souffre d’hépatite, sans oublier la souffrance d’autres  militants quant à la détérioration de leur situation psychologique, en particulier les plus âgés et qui dépassent les soixantaines.
  • Les militants amazighes arrêtés appartiennent au Mouvement de l’Autonomie du M’Zab et sont objet de dix-huit accusations, dont certaines conduisent à la prison à perpétuité ou à la peine de mort. Les autorités algériennes, jusqu’à présent, n’ont présenté de preuves accablant les détenus.
  • Le pouvoir algérien n’a entrepris, durant les années passées, aucune démarche pour améliorer la situation de l’amazighe et son intégration dans les départements de l’Etat, en opposition avec ce qu’il a fait pour les langues arabe et française.
  • L’Algérie exploite son conflit avec le pouvoir marocain sur la Sahara, comme moyen pour piéger les militants amazighes d’Algérie qui sont contre le système. Elle accuse les militants qui participent aux activités du Mouvement amazighe au Maroc de collaboration avec la Maroc et de traitrise.  Dans la cadre d’une guerre préventive contre l’émergence d’organisations amazighes fortes au sein de l’Algérie.

Nous réaffirmons, au sein de l’Assemblée Mondiale amazighe, que le choix unique du pouvoir algérien, pour garantir un avenir prospère du peuple, est l’application du système fédéral. L’option sécuritaire et répressive ne mène qu’à la dégradation de la situation qui menace l’avenir du peuple et l’unité du pays.

En Libye :

En Libye, en dépit de notre soutien à la signature de plusieurs parties libyennes, d’un accord politique pour résoudre la crise que connaît le pays à Skhirat, mi décembre 2015, nous constatons, avec grand étonnement, l’exclusion des Amazighs du dialogue politique libyen par l’ONU et par les pays qui parrainent ce dialogue. Nous constatons également le refus de l’instauration des droits amazighes et la reconnaissance de l’identité amazighe de la Libye.

Malheureusement, nous ne constatons aucun intérêt des Nations Unies quant à l’imposition des droits linguistique et culturels des Amazighes de Libye dans la constitution post-révolutionnaire, en plus de la garantie relative à leur représentativité au sein des organes de l’Etat libyen ainsi que ses impacts. Ce qui met en relief cette situation sont les pourparlers de l’Instance d’élaboration de la constitution libyenne, qui se sont déroulé au Sultanat d’Oman, fin mars et début d’avril courant, et qui ont conclu à l’adoption de la constitution libyenne post-révolutionnaire qui ignore l’Amazighe en tant que langue officielle.

Nous sommes attristés que les Nations Unies n’exercent de pression sur les parties concernées, de sorte que la Libye d’après Kadhafi, soit un Etat fédéral et démocratique, respectueux des chartes et pactes internationaux des droits de l’homme et des peuples.

En Tunisie :

Nous avons déjà noté, concernant la république de Tunisie, notre dénonciation quant à la marginalisation totale et absolue de l’identité amazighe dans la constitution post-révolutionnaire. Excepté l’autorisation donnée à un certain nombre d’associations amazighes. Nous constatons l’absence de décisions étatiques en relation avec l’amazighité et nous notons ce qui suit :

  • La république tunisienne ne reconnaît pas officiellement aucune forme d’existence amazighe dans le pays ;
  • Les différents secteurs ministériels de tous les gouvernements tunisiens, depuis la révolution, n’ont initié aucune décision relative à la protection et à la promotion de la langue et de la culture amazighes, en dépit de la réalité lamentable s’y afférent ;
  • Les responsables politiques de la Tunisie continuent à classer leur pays parmi les pays dits « arabes », il en est de même de la majorité des partis politiques et des associations tunisiennes, alors que c’est un pays africain et amazigh.
  • L’Etat tunisien ne reconnaît pas toujours aucun droit des droits amazighes, tels que revendiqués par les Amazighes de Tunisie, conformément aux pactes et conventions internationales des droits de l’homme et des peuples ;

En Azawad :

  • Evoquant le refus d’octroyer à la région de l’Azawad une autonomie élargie, nous avons constaté, depuis la signature de l’accord de paix et de réconciliation entre le Mali et la Coordination des mouvements azawadiens, issus du processus algérien en mai 2015, suite à des pourparlers globaux, par l’intermédiaire international, présidée par l’Algérie, un gel dans la situation. Et nous n’avons pas observé de progrès relatif à la solution des différents problèmes dont souffrent les citoyens touarègues ou à l’intégration des leaders azawadiens au sein des structures de l’Etat conformément à leurs ambitions  légitimes et à l’ouverture de négociations relatives au traité de paix ;
  • Bien que la coordination des mouvements de l’azawad ait confirmé que sa signature en lettre sur le pacte de paix et de réconciliation, conformément au processus algérien, le 01 mars 2015, issu du processus algérien, diffère du pacte définitif juridiquement, et que le document du 01 mars 2015, ne doit pas être considère comme « pacte définitif », et son exécution ne devrait être appliqué avant « un pacte définitif ». Son application ne devrait pas se faire avant d’aboutir  à un pacte accepté par les deux parties. Mais de nouvelles négociations n’ont pas eu lieu entre les azawadiens et le Mali, après signature dudit pacte, Jusqu’à aujourd’hui, pour valoriser les revendications des azawadiens, en dépit de l’engagement du gouvernement malien et de l’intermédiation  internationale, quant à la mise en ouvre.
  • Nous réitérons la nécessité d’ouvrir un dialogue relatif aux détails du pacte sus mentionné, entre les azawadiens et le Mali, supervisé internationalement, ainsi que la célérité quant aux opérations relatives aux aspects humanitaires et sociaux, qui ont fait l’objet d’un consensus pour leur application dans la région de l’azawad, de la part des parties engagées.
  • Nous insistons sur le fait que la continuation de la paix et de la stabilité dans la région de l’Azawad, ne peuvent se concrétiser sans la réponse totale aux aspirations du peuple azawadien. Particulièrement, que le Mali soit un Etat fédéral et que la région de l’Azawad bénéficie d’une autonomie politique avec des prérogatives larges.

Au Maroc :

Au Maroc, l’amazighité est toujours objet de discrimination, cinq ans après la reconnaissance officielle de l’amazighe comme langue officielle dans la constitution. Jusqu’à aujourd’hui, la loi organique pour sa mise en ouvre fait face à un destin inconnu, quelques mois avant la fin du mandat du gouvernement actuel.

En plus de ces faits, la situation de l’amazighité a reculé au sein de l’enseignement et des médias par rapport à sa situation d’avant son officialisation dans la constitution marocaine en 2011. Seuls les deux secteurs sus cités, ont intégré l’amazighe de manière mitigée (depuis 2003 pour l’enseignement et depuis 2010 par la création de la chanine amazighe). Fait marquant, le gouvernement actuel, durant son mandat, n’a pris aucune décision pour améliorer  la situation de l’amazighité dans ces deux secteurs, ni son intégration dans d’autres secteurs. Au contraire, des projets stratégiques qui excluent l’amazighité, ont été avalisés par le gouvernement, sous prétexte que la loi organique relative à l’amazighe n’est pas encore promulguée.  Fait qui mobilise les institutions de l’Etat pour l’exclusion de l’amazighité.

A côté de cela, nous notons ce qui suit :

  • L’Etat marocain a fait recours, plusieurs fois, à la violence et à la force délibérée contre des marches de contestation pacifiques amazighes, dans différentes régions du Maroc, sans avancer d’explications officielles quant aux raisons de la répression. L’Eta marocain a aussi fermé les yeux sur la répression violente  du Mouvement Culturel Amazighe (MCA) au sein de l’université, fait qui a abouti à l’assassinat d’un des militants : Omar Khaleq « IZM », assassiné par des milices estudiantines qui prônent la violence, le 23 janvier 2016. Et continue l’incarcération des détenus politiques de la cause amazighe : Hamid Ouadouche et Mustapha Oussaya.
  • Les autorités marocaines continuent de violer la loi des associations, refusant de délivrer les dossiers de constitutions de cadres amazighes,  les reçus et l’autorisation d’exercice juridique.
  • L’Etat marocain ne reconnaît pas toujours les droits symboliques des Amazighes, particulièrement, la reconnaissance du nouvel an amazighe comme fête nationale officielle, bien qu’il reconnaisse les nouveaux ans grégorien et hégirien.

En définitif, nous appelons tous les Amazighs à renforcer l’action militante pour consolider le « nationalisme amazighe », conformément au contenu du « Manifeste de Tamazgha, pour une confédération démocratique et sociale transfrontalière, basée sur le droit à l’autonomie des régions ».

Nous insistons pour que tous les cadres du mouvement amazighe renforcent  leur coordination, multiplient leurs actions et renouvellent leurs moyens de lutte, tenant en compte les intérêts suprêmes du peuple amazighe en tous lieux, sans perdre de temps dans des questions marginales pour devancer les événements. Particulièrement la situation actuelle qui, en principe, connait des prises de décisions fondamentales concernant l’amazighité. Il faudrait que le contenu des décisions soit en conformité avec les ambitions des Amazighs, et basé sur la référence internationale des droits de l’homme et des peuples.

Ainsi, nous rappelons notre appel à tous les Amazighs d’Afrique du Nord et de la Diaspora, pour profiter l’occasion de l’organisation du Congrès Internationale sur le Climat, à Marrakech – Maroc – pour faire réussir la manifestation, auquel avait déjà appelé l’Assemblé Mondiale Amazighe, le 12 novembre 2016, parallèlement à la célébration de la COP22, qui connaîtra une présence internationale conséquente, pour dénoncer et mettre fin aux violations et atteintes criantes et continues des droits des Amazighs. Et pour consacrer le travail unitaire amazighe pour des actions de terrain.

 Assemblée Mondiale Amazighe

Le Bureau Confédéral

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