L’UNESCO et l’Académie africaine des langues préparent un plan d’action pour l’Afrique de la Décennie internationale des langues autochtones (IDIL 2022 – 2032)

L’UNESCO, conjointement avec l’Académie africaine des langues (ACALAN), ont organisé les 25 et 26 mai derniers, en coïncidant avec la journée mondiale de l’Afrique, la réunion consultative en Afrique pour le développement du Plan d’action global de la Décennie internationale des langues autochtones (IDIL 2022 – 2032).

Avec la participation de plusieurs ONG, militant-e-s et spécialistes à cette réunion consultative en Afrique pour la préparation du Plan d’action mondial de la Décennie internationale des langues autochtones (IDIL2022-2032), qui s’est déroulée par visioconférence en utilisant les installations ZOOM.

L’événement a réuni un éventail diversifié de parties prenantes, d’organisations de peuples autochtones d’Afrique, d’institutions et d’organismes spécialisés de l’Union africaine, d’organisations publiques, d’universités et de membres du groupe de travail mondial pour l’IDIL2022-2032 y peu de représentants de gouvernements nationaux, pour un dialogue constructif sur les langues autochtones et les questions connexes dans la région africaine, afin de renforcer les engagements visant à améliorer les capacités nationales et régionales pour soutenir les langues locales dans le contexte des cadres de développement mondiaux existants, y compris l’Agenda 2063.

Après la cérémonie d’ouverture par une chanson de Tenna (Ibtissem Tigrini) chanté en Kabyle, les travaux ont commencé par les allocutions de M. Lang Fafa Dampha, Secrétaire exécutif de l’ Académie africaine des langues (ACALAN-AU), M. Handaine Mohamed, Président, du Comité de coordination des peuples autochtones d’Afrique (IPACC) et membre du Comité de pilotage du Groupe de travail mondial pour l’élaboration d’une Décennie d’action pour les langues autochtones, Mme Dorothy Gordon, Présidente du Programme intergouvernemental Information pour tous (IFAP) de l’UNESCO, M. Firmin Edouard Matoko, Sous-Directeur général pour la priorité Afrique et les relations extérieures de l’UNESCO sous la modérateur de M. Dimitri Sanga, Directeur du Bureau régional de l’UNESCO pour l’Afrique de l’Ouest – Sahel.

Mme Irmgarda Kasinskaite-Buddeberg, Conseillère pour la Communication et l’Information du Secteur Communication et Information de l’UNESCO a exposé les résultats préliminaires de l’enquête mondiale en ligne pour la préparation du plan d’action global pour la réalisation d’une Décennie d’action pour les langues autochtones. Après il y a eu plusieurs intervenants pour aborder la question des langues autochtones, leur situation actuelle, réalisations et défis pour 2022 – 2032 dont Mme Mariam Wallet Med Aboubakrine, membre de l’African Indigenous Peoples Network (AIPN) et membre du Groupe consultatif du Groupe de travail mondial pour l’élaboration d’une Décennie d’action pour les langues autochtones (Mali).

Après, trois groupes de travail se sont formés pour collecter des contributions des Africains pour l’élaboration des recommandations pour le plan d’action, et discuter des principes clés, des principaux défis et des groupes cibles (1er groupe), du priorités thématiques, résultats attendus et activités proposées (2ème groupe), et déclaration de vision ainsi que la mobilisation des ressources (3ème groupe).

Le jour après, après l’exposition des rapports de ces groupes et des débats soulevés, une table ronde a été organisée sur la construction des partenariats institutionnels et des synergies pour la promotion de la diversité linguistique dans la région africaine dans le contexte de la DILA2022-2032, avec la participation de M. Sammy Beban Chumbow, président de l’Assemblée des académiciens de l’ACALAN, M. Alou Keita, M. Belkacem Lounes, ancien membre du mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones, M. Adama Samassekou et M. Mohamed Handaine.

La clôture a été faite par M. Lang Fafa Dampha, secrétaire exécutif de l’Académie africaine des langues (ACALAN-Union Africaine) et M. Jaco du Toit de l’UNESCO.

Ci-contre l’allocation de M. Mohamed HANDAINE, Membre du comité directif de la DILA (UNESCO), membre de la région africaine du comité directeur de la décennie internationale des langues autochtones :

« Monsieur le président:

M. Lang Fafa Dampha, Secrétaire exécutif, Académie africaine des langues (ACALAN-AU)

Mme Dorothy Gordon, Présidente du Programme intergouvernemental Information pour tous (IFAP) de l’UNESCO

M. Firmin Edouard Matoko, Sous-Directeur général pour la priorité Afrique et les relations extérieures, UNESCO

Mme Kadiatou Konaré, ministre de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme, Gouvernement du Mali (Mali),

Mesdames et messieurs les participants,

C’est un grand plaisir pour moi de prendre la parole dans la séance d’ouverture de cette rencontre très importante pour la promotion des langues autochtones africaines, et la préservation de la diversité linguistique et culturelle. Si la décennie internationale des langues autochtones est un événement important, elle est pour l’Afrique, plus que d’autre continent, un événement historique étant donné que l’Afrique est considérée comme le berceau de l’humanité. Les Archéologues ont découvert en 2017 au Maroc l’ancêtre de l’humanité l’homo-sapiens le plus ancien du monde remonte à 315000 ans. Cette « autochtonie » africaine nous donne à la fois la fierté d’être africain, mais aussi une grande responsabilité d’être au niveau de notre civilisation plusieurs fois millénaire. L’Afrique du Nord est fier que le nom « Afrique » est venu du mot amazigh. C’est la raison pour laquelle l’Afrique contient un trésor universel des langues autochtones et des savoirs traditionnels incontournables pour la préservation de la biodiversité et la lutte contre le changement climatique. Nous avons plus de 2000 langues autochtones en Afrique. Ces langues ont côtoyé avec le processus historique, plusieurs langues. Les Africains ont inventé une assimilation marquante et une Cohabitation linguistique remarquable avec d’autres langues qui sont arrivés avec l’histoire, elles deviennent aujourd’hui des langues africanisées et constituent le paysage linguistique africain, et une richesse linguistique qui marque la spécificité africaine.

Cependant, après l’indépendance les langues autochtones n’ont plus les moyens de continuer le chemin de la cohabitation linguistique. Le paysage linguistique africain risque de perdre son équilibre. Le déséquilibre linguistique est une menace sérieuse pour les sociétés à ne pas sous-estimer. C’est dans ce cadre que la communauté internationale s’est rendu compte de l’importance des langues autochtones pour l’avenir de l’humanité. C’est dans le même cadre que le Maroc et l’Algérie ont officialisé la langue amazighe la plus ancienne langue autochtone d’Afrique. C’est une expérience à saisir pour les autres langues africaines.

La préparation du plan d’action de la décennie internationale des langues autochtones 2022-2032 doit être une opportunité de réflexion sur l’avenir des langues autochtones africaines et doit être aussi une occasion des actions participatives ou tous les acteurs vivants de la société africaine doivent participer.

 Nous devons nous, Africains, changer nos paradigmes et voir dans la décennie internationale des langues autochtones une chance pour l’Afrique, une chance pour le développement durable. Nos forêts de l’Atlas jusqu’aux forêts des grands lacs sont préservées grâce aux savoirs traditionnels, notre bétail a pu résister grâce à nos savoirs faire de nos ingénieurs de pastoralisme, les maladies les plus incurables sont traités par ces savoirs traditionnels a pu éviter des épidémies terribles durant les siècles précédents. Mais comment voulez-vous maintenir tout ce trésor universel sans la promotion des langues autochtones qui sont le seul moyen de transmission de génération en génération ?

Ce message est venu des coins les plus reculés du continent pour que l’Afrique se réconcilie avec ses langues et ses traditions, dans un esprit de tolérance de paix et de solidarité. Nous voulons une solidarité linguistique et pas une compétition linguistique.  Ne nous devons pas laisser brûler nos bibliothèques devant nos yeux.

Avant de finir, je tiens à remercier l’UNESCO, en particulier Irmgarda Kasinskaite-Buddesberg, ainsi que les responsables d’ALCALAN qui font un travail énorme pour les langues africaines et je souhaite à nos travaux un grand succès. ».

Ladite réunion a connu la participation active de plusieurs militants et ONG amazighs dont l’Assemblée Mondiale Amazighe et l’Espace Culturel Berbère Européen Afus Deg Wfus…

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Un Commentaire

  1. Ma participation à la réunion (virtuelle – Dakar) de consultation de la décennie internationale des langues autochtones. UNESCO

    Aujourd’hui 26 mai 2021 lors de ma prise de parole, j’ai rappelé l’article 13,14 et 16 de la déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. J’ai rappelé que l’Algérie et le Maroc ont officialisé la langue amazighe dans leur constitution mais qu’elle n’est pas incluse dans l’enseignement général et officiel. Je n’ai pas oublié de rappeler mon plaidoyer pour l’usage du Tifinagh qui a été publié en octobre 1995 par l’Hebdo Tidmi dirigé par feu Mass Mahjoubi Aherdan ancien ministre du royaume, plaidoyer où je demandais l’introduction de notre langue avec son propre alphabet Tifinagh dans la carte d’identité, le passeport, la monnaie et dans tous les documents officiels des pays d’Afrique du Nord; J’ai rappelé qu’à ce jour notre langue malgré son statut officiel est toujours exclue de tous les documents officiels. Enfin j’ai exhorté les instances onusiennes présentes de faire pression sur les gouvernements pour l’application du véritable statut de langue officielle pour notre langue amazighe.

    Azulations militantes et fraternelles

    Le Président d’Afus Deg Wfus
    Mohand Ouramdane KHACER

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