Des tifinaghes et de la langue amazighe standard

Par: Moha Moukhlis

Je souligne que je suis latinisant – pour le caractère latin- mais aussi pragmatique. Je ne suis pas un rêveur, j’ai les pieds sur terre et j’apporte ma modeste contribution (articles, opinions réflexions, analyses…) au combat identitaire amazighe. Je ne me contente pas de critiquer les contributions des autres devant mon clavier d’ordinateur en sirotant un jus ou en buvant un café…ou autre chose. Je ne prétends pas détenir la vérité. Je contribue au débat si vital à notre cause. D’aucuns ne partagent pas mes points de vue. Je les respecte. C’est l’essence de la démocratie amazighe. C’est un rempart contre les idéologies monolithiques et la pensée unique. La diversité est une richesse, elle est l’apanage de la faune et de la flore…de la nature et de l’univers.

Mon propos porte sur deux sujets qui préoccupent les militants, les activistes amazighes ainsi que les personnes qui portent un intérêt quelconque pour la question culturelle et identitaire dans notre pays, et en Afrique du nord en général (je consacrerai un article détaillé à cette question prochainement sur mon mur). Le combat amazighe est une garantie pour l’avenir de notre pays.

Les tifinaghe sont stigmatisés par nos détracteurs et certains de nos militants sincères. Pourtant, c’est notre écriture authentique, sauvegardée par la femme (touarègue). Elle n’est pas exogène. Réprimée durant notre histoire par d’autres écritures – pour des raisons militaires et religieuses -, nos ancêtres lui ont trouvé un refuge – qui perpétue les gravures rupestres qui remontent au Néolithique. Elle l’ont transférée (pour la sauvegarder) dans l’architecture, la tapisserie, le tatouage, la poterie…. Nous déclarons tous être fiers de cet héritage qui fait notre spécificité.

Le Maroc l’a consacré officiellement : un choix (et une aventure) qui nous a épargné de «mouler» notre langue et culture dans le giron d’une arabité délétère et sclérosante. Ce n’est pas du parfait. J’en conviens avec les latinisants. Mais notre poids politique est nul. C’est un miracle pour nous d’avoir évité le caractère araméen dit arabe. Les militants ne s’en rendent pas compte.

Mais le pragmatisme doit nous guider : deux rapports professionnels ont été réalisés au niveau de l’Académie du MEN (ils peuvent être consultés) par des chercheurs de l’IRCAM, des Inspecteurs de l’Amazighe et des enseignants de l’amazighe : ils sont aussi probants qu’édifiants. L’apprentissage et la maitrise du caractère tifinaghes, aussi bien par les élèves arabophones qu’amazighophones, nécessite moins de TROIS MOIS. Quant aux inspecteurs, formateurs et enseignants de l’amazighe, la maitrise de ce caractère nécessite à peine une semaine.

Plusieurs personnes « latinisantes » n’ont jamais fait l’effort d’apprendre cet alphabet (s’agit-il d’un complexe ?). Et pourtant, ils le stigmatisent. Il leur suffit de consacrer une heure par semaine, durant leur temps libre, pour le maitriser. Pour le reste, ils disposent – pour le découpage orthographique (distinguer les verbes, les pronoms, les adverbes…) d’une grammaire de référence élaborée par l’IRCAM (téléchargeable sur le site : www.ircam.ma), d’un manuel d’orthographe téléchargeable sur le même site, d’un Dictionnaire général de la langue amazighe sur internet (IRCAM) et de dizaines d’ouvrages (lexiques et vocabulaires, ouvrages de littérature…) à leur disposition. S’agit-il de paresse ?

Quid de la langue standard ? Une langue orale, et c’est le cas de l’amazighe, pour être intégrée dans le système éducatif, a besoin d’être standardisée, aménagée. Le but étant d’élaborer une norme à partir des différentes variations dialectales. Il ne s’agit pas d’inventer la roue, mais de s’inspirer des multiples expériences de part le monde. C’est ce qu’a fait l’IRCAM. Sur la base de critères objectifs. L’objectif est de stabiliser la norme pour pouvoir l’enseigner. (Je reviendrais sur cette question dans un prochains article).

J’invite les militantes et militants qui suivent mon mur à s’exprimer sur ces questions. Les spécialistes de l’amazighes sont en mesure de nous apporter les réponses adéquates et pragmatiques. Respectons nos spécialistes et évitons l’anarchie.

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