Nous avons suivi, en tant que l’ONG internationale «Assemblée Mondiale Amazighe», les déclarations du Haut-Commissaire au Plan, M. Ahmed Lahlimi Alami, la conférence de presse tenue le 29 août dernier, pour aborder le lancement du processus de recensement, caractérisé, encore une fois, par l’exclusion et la marginalisation de la langue amazighe, qui est la langue officielle de l’État aux côtés de l’arabe, et son remplacement par le français lors de la conférence ainsi que l’absence absolue de l’amazighe dans les documents et campagnes du Recensement Général de la Population et de l’Habitat pour l’année 2024. Ce qui confirme l’intention persistante du Haut-Commissaire de falsifier le pourcentage des locuteurs amazighophones au Royaume du Maroc, à l’instar de ce qu’il avait fait lors des précédents processus de recensement, pour les années 2004 et 2014 (*). Le processus pour cette année 2024 continue à se reposer sur la falsification et la présentation de chiffres complètement trompeurs et incorrects sur le pourcentage des locuteurs Amazighs au Maroc.
Nous suivons également ce qui se passe avec le lancement du ce processus de recensement, en termes de violations et d’abus, et l’adoption d’un formulaire «court» qui ne reprend pas les langues maternelles des Marocains, et d’un autre formulaire «long», dont personne ne connaît le sort, ce qui est considéré comme un non-respect délibéré des recommandations des Nations Unies, et c’est le même scénario qui a été utilisé lors du recensement de l’année 2014, ce qui confirme une fois de plus le mépris de l’article cinq de la Constitution marocaine et de la Loi Organique 26/16 relative à l’activation du caractère officiel de la langue amazighe, ainsi que de la volonté royale que Sa Majesté a toujours accordée à la langue amazighe comme un bien commun à tous les Marocains sans exception.
Les données reçues et les échos accompagnant le lancement du ce processus de recensement confirment également que ceux qui ont supervisé le processus de recensement ont ignoré les recommandations des Nations Unies concernant la langue maternelle, ainsi que les normes internationales liées à la réalisation de statistiques contenues dans le rapport des Nations Unies révisé par la Commission des Statistiques des Nations Unies pour le cycle statistique de 2010, qui a été mentionné concernant la langue : trois types de données liées à la langue qui peuvent être collectées lors d’un recensement sont les suivantes :
* Langue maternelle, définie comme la langue qu’un individu parle dans sa petite enfance.
* La langue couramment utilisée, définie comme la langue qu’un individu parle actuellement, ou le plus souvent, à la maison…
* La capacité de communiquer dans une ou plusieurs langues spécifiques. (**)
Nous affirmons, une fois de plus, que cette négligence de la langue officielle amazighe de l’État, qui a été approuvée par la nouvelle constitution marocaine comme un bien commun à tous les Marocains sans exception, et l’adoption de la langue française à sa place, et ce qui se passe avec le processus de recensement, démontre clairement l’aveuglement idéologique du Haut-commissaire du HCP et son intention claire et manifeste de falsifier, de nouveau, le pourcentage des locuteurs Amazighs. Par conséquent, ce recensement ne reflète pas la situation linguistique et la composition réelle de la société marocaine. En outre, relier le « darija » à la langue arabe manque de précisions scientifiques et de connaissances de la situation liée aux dialectes familiers locaux, ce qui entraînera certainement des données et des chiffres incorrects et trompeurs sur le multilinguisme au Maroc.
L’absence de transparence, de crédibilité, de données exactes, et le non-respect des recommandations des Nations Unies, vident le processus de ce recensement de son contenu et mettent en évidence le vaste écart entre la réalité marocaine plurielle et diversifiée et l’interprétation des positions idéologiques que le Haut-Commissaire a exprimé, en exploitant une institution officielle. En conclusion, le chiffre qu’il fournira concernant la proportion des locuteurs amazighophones au Maroc restera faux et incorrect.
Signé : Rachid RAHA,Président de l’Assemblée Mondiale Amazighe (AMA)
Notes :